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structure de la propriété et des exploitations

sédentarisation et processus d’appropriation

REEQUILIBRAGE ENTRE LES RESSOURCES ET LES BESOINS

1. U NE FORTE CHARGE HUMAINE ET UN ESPACE AGRICOLE LIMITE

1.2. structure de la propriété et des exploitations

Comme on vient de le déclarer, les objectifs de l’étude de l’exploitation agricole ne présupposent pas des réponses à caractères quantitatifs. Néanmoins, les résultats de l’enquête menée en ce sens démontrent une similitude avec les données exhaustives concernant tout le territoire du Sahel évoquées auparavant au chapitre 5.

Tableau : Répartition de la SAU, du nombre des propriétés et des exploitations.

Classe taille SAU

Etat de la propriété Exploitations

nombre SAU nombre SAU

NB. % ha. % NB. % ha. % Sans terre 59 20,77 0,00 - - - - - Moins de 1 ha 40 14,08 18,30 1,61 81 28,52 39,90 3,23 1 – 2 ha 62 21,83 74,50 6,58 78 27,46 95,75 7,75 2 – 4 ha 47 16,54 140,50 12,42 47 16,54 140,50 11,37 4 – 8 ha 32 11,26 170,50 15,07 34 11,57 183,50 14,85 8 – 16 ha 30 10,56 307,50 27,18 28 9,85 283,50 22,95 16 – 32 ha 10 3,32 200,00 17,67 10 3,52 196,00 15,86 32 et plus 4 1,40 220,00 19,44 6 2,11 296,00 23,96 Ensemble 284 100 1131,30 100 284 100 1235,15 100

Source: Enquête personnelle

Le tableau ci dessus devrait faciliter la quantification des catégories socio-économiques au sein des exploitations agricoles. En effet, on remarque une part très considérable de cultivateurs sans terre ou micro propriétaires. En même temps une grande partie de la surface agricole utile est en effet sous l’emprise d’une minorité de propriétaires ou d’exploitants.

1.2.1. la propriété et l’exploitation, des inégalités socio-spatiales.

a- Les exploitants non-propriétaires : On remarque une part très marquée de cultivateurs sans terre ou micro - propriétaire.

20,77% des exploitations revient à des agriculteurs non- propriétaires de terre, prenant des parcelles en gérance ou en association, et qui constituent une autre part de la main de la main d’œuvre rurale dépourvue de moyens de production. La totalité des superficies exploitées par cette catégorie de paysans se situe en dessous du seuil de viabilité177 étant toutes appartenant à la catégorie des exploitations dont la taille ne dépasse pas 2 hectares.

Tableau : Structure des exploitations de non-propriétaires de l’échantillon étudié

Taille Exploitations Superficies Taille moyenne

Nombre % Hectare % Ha / exp.

0,1– 1 1 – 2 41 18 69,5 30,5 20,10 25,25 44,32 55,7 0,5 1,4 Total 59 100 45,35 100 0,76

Source : enquête personnelle

A cette catégorie, il faut aussi ajouter une part - bien que réduite, - de paysans non-propriétaires vivants essentiellement de l’élevage et qui constitue 1,6% de l’ensemble des agriculteurs.

b- les propriétaires (fig.) cette catégorie constitue un ensemble hétérogène, dans lequel on peut repérer une stratification sociale confirmée par des écarts notables au niveau de la taille des exploitations, toutefois avec une remarque essentielle, c’est la dominance de la petite propriété, qui ne dépasse pas la moyenne de 5 hectares en général.

177

Le minimum vital est fixé généralement à 5 ha en sec et 2 hectares en irrigué. Dans notre cas, où presque toutes les exploitations associent entre sec et irrigué, la superficie viable doit alors se situer entre les deux seuils (2 et 5 ha).

Ainsi, deux tiers des propriétés (66,2%) sont des propriétés d’une taille inférieure à 4 hectares, ne contrôlant que 1/5 de la superficie agricole utile. La quasi-totalité des propriétés est située dans la catégorie des propriétés dont la taille ne dépasse, pas en seuil de 32 hectares, puisque seulement quatre propriétés (1,77% de l’ensemble des propriétaires) dépassent le seuil de 32 hectares par exploitation.

Néanmoins, des variations sont à signaler entre les trois sous espaces sujets de l’enquête, puisqu’on a relevé une densité agricole plus élevée dans la région périurbaine d’El Jadida avec 78% de micro propriétés de taille inférieure à 4 hectares, alors que ces dernières ne sont que de l’ordre de 53% et 51% respectivement au Sahel côtier puis au Sahel Intérieur.

La densité démographique pourrait expliquer amplement cette situation. La répartition du phénomène fait relever une certaine superposition de l’augmentation de la densité démographique et de la densité agricole.

1.2.2. l’exploitation agricole au Sahel, morcellement et éparpillement

A l’instar de la propriété, les exploitations étudiées sont très morcelées, imbriquées les unes dans les autres. Le pays du Sahel est le pays de la petite exploitation, c’est que la superficie moyenne générale n’est que de 4,35 hectares par exploitation. Les mêmes phénomènes de morcellement et de concentration relevés auparavant au niveau de la propriété, bien que contradictoires, se produisent encore au niveau de l’exploitation agricole.

Tableau : structure des exploitations enquêtées Classes

de taille

Exploitations Superficies Nbre de parcelles Moy parcelles/ exp. Sup.moy./ parcelle Sup.moy. / expl. Nbre. %cumulé ha %cumulé

01 - 1 81 28,52 39,90 3,23 137 1,7 0,29 0,49 1 - 2 78 55,98 95,75 10,98 265 3,4 0,36 1,23 2 - 4 47 72,52 140,50 22,35 254 5,4 0,55 2,99 4 - 8 34 84,09 183,50 37,20 258 7,6 0,71 5,40 8 - 16 28 93,94 283,50 60,15 229 8 1,26 10,13 16-32 10 97,46 196,00 76,01 51 5,10 3,84 19,60 + 32 6 100 296,0 100 19 3,2 15,57 49,33 Total 284 - 1235,15 - 1208 4,25 1,02 4,35

Source : enquête personnelle

Du tableau ci dessus, on relève qu’une masse considérable d’exploitations se situent dans un état économiquement dérisoire. Plus de la moitié des exploitations (56%) se situe dans la catégorie dont la taille moyenne ne dépasse pas 1,23 hectares en moyenne, plus de 4,5 des exploitations (84,5%) se situent dans la catégorie dont la taille maximale ne dépasse pas 8 hectares par exploitation.

La structure actuelle des exploitations, reflète une répartition inégalitaire de la terre comme moyen de production agricole, c’est qu’elle continue à permettre une concentration poussée et un accaparement sensible de la part d’une minorité de la terre. L’existence de grands domaines (non répertoriés au sein de l’échantillon étudié) appartenant à quelques hauts fonctionnaires de l’état ou notables locaux (parlementaires), comptés aux bouts des doigts, ont une portée largement significative dans ce sens. Le mouvement de concentration des moyens de production, parallèle à l’essor de la production agricole, à l’Oulja notamment, se trouve pleinement confirmé. Des grandes exploitations se sont constitué parfois en annexant des terrains relevant théoriquement du domaine public, essentiellement des terrains sur le cordon dunaire séparant la

dépression de l’Oulja de l’océan. Elles se spécialisent dans une production commercialisable hautement modernisée : Cultures maraîchères et cultures tropicales sous–serres, et utilisant des techniques d’irrigations développées telle que le goutte-à- goutte.

En définitive, environs 2% des exploitations de taille excédant 32 hectares, monopolisent 24% de la surface agricole utile. Par contre, environ 73% des exploitations ne couvrent que 22% de la SAU, correspondent à ce qu’il est convenu de qualifier de microfundium, dont la taille moyenne n’excède pas les 3 hectare par exploitation.

L’opposition entre les deux cas rend insignifiant la moyenne générale comprise selon les trois sous-espaces étudiés entre 2,5 et 5,45 hectares.

A la petitesse des exploitations, s’ajoute un éparpillement très marqué des parcelles de culture. L’analyse des données de l’enquête relatives à la reconnaissance du parcellaire montre que plus de la moitié de parcelles est concentrée chez les exploitations de moins de 4 hectares. La taille moyenne de la parcelle s’élève à 1,02 hectares et augmente avec l’augmentation de la superficie, le nombre moyen de parcelles par exploitation s’élève à 4,25.

Ceci nous ramène à évoquer le rôle de la formation de l’espace agricole du Sahel –à côté de l’accroissement démographique- dans ce phénomène. Ainsi, s’il paraît aisé de définir les principaux territoire du Sahel, on y conçoit difficilement parler de finage dans la mesure où ce terme évoque les liens étroits qui existent entre une communauté rurale traditionnelle et le territoire agricole continu qu’elle cultive et dont l’exploitation exige sa cohésion sociale interne. La formation de l’espace agricole du Sahel, notamment sa frange côtière n’a été que très rarement liée à un finage au sens strict du mot. Soit que les terres de cultures étaient fragmentées

et dispersées sur des distances parfois considérables dans les différentes zones naturelles du Sahel (territoire de parcours, territoire de cultures sèche et territoire de cultures irriguées) d’un territoire agricole continu. Soit que les terres lointaines contrôlées par des groupes ruraux sont en fait cultivées par d’autres collectivités rurales.

1.2.3. Le patrimoine collectif, régulateur des rapports sociaux au Sahel

Les divers systèmes de cultures, ainsi que la nature du processus historique de la formation de l’espace agricole du Sahel, impliquent une possession privée de la terre cultivable. Néanmoins, en continuité avec l’histoire de cet espace, le régime agraire y repose aussi sur la possession collective des terrains de parcours. C’est collectivement, compte tenu de son héritage culturel (au sens large du terme), qu’une grande partie de la population du Sahel exploite les terrains de parcours. Certes les terrains collectifs de parcours ne sont pas sujets de partage entre ayant droit, néanmoins, les droits d’usufruits réaffirment une possession effective d’une masse considérable sur ces espaces, ce qui est en lui-même un fait très révélateur. Les effets négatifs de l’état de dominance de la micro propriété et des inégalités socio-spatiales se voient diminuer relativement, bien que cette possession collective des terrains de parcours ne soit pas sans entraîner des conflits et des effets de dégradation de l’environnement.

1.3. densité agricole indice révélateur de la