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Les déterminants de l’accroissement démographique

SECONDE PARTIE : LE SAHEL CONTEMPORAIN, SEDENTARISATION

D OUKKALA : JUSQU ’ AUX ANNEES SOIXANTE

2. L’ EVOLUTION DE LA POPULATION APRES

2.3. Les déterminants de l’accroissement démographique

La croissance de la population de la région du Sahel et de l’Oulja est évidement le résultat de l’interaction entre dimensions sociales, économiques et culturelles. Les déterminants de cette évolution ; nuptialité, fécondité et mobilité de la population, n’échappent pas à cette règle.

Ainsi, il est nécessaire de signaler d’abord que les données concernent ces derniers, laissent entrevoir l’émergence d’un comportement qui tend vers une baisse du croît naturel de la population locale, similaire à une tendance nationale, et qui marque l’engagement du Maroc dans une phase de transition démographique.

Cependant, au-delà de cette similitude, l’évolution locale de ces déterminants laisse entrevoir aussi des disparités non négligeables, à travers la nature du régime de nuptialité, le maintien d’une forte fécondité, et aussi un solde migratoire probablement diminué.

2.3.1. Évolution et caractéristiques du régime de nuptialité

Au cours des dernières décennies, le régime de nuptialité a progressivement évolué, son calendrier et son intensité ont connu de profonds changements, ce qui ne manque pas d’avoir un effet sur les niveaux de fécondité, et par conséquent sur le rythme de L’accroissement de la population. En effet l’âge moyen au 1° mariage des marocains est passé de 22,4 ans en 1971, à 22,6 ans en 1982, et à 24,9 ans en 1992.

L’évolution de l’âge moyen au premier mariage de la région des Doukkala est presque pratiquement similaire ; l’entrée en premier mariage y est passé de 21,8 ans en 1982 à 24 ans en 1994. Notons bien, d’une façon générale, que l’âge moyen au premier mariage en milieu urbain est supérieur à celui du

milieu rural, et qu’il est plus élevé pour les hommes que pour les femmes.

S’agissant de la région du Sahel des Doukkala, l’attitude de la population vis à vis de la procréation évolue moins rapidement. L’âge moyen au 1° mariage y est encore relativement inférieur à la moyenne nationale ou régionale.

Tableau : Age moyen au premier mariage par sexe et par milieu de résidence (1994)

Masculin Féminin Ensemble

Ensemble Doukkala 29,4 ans 24,00 ans 26,7 ans

Milieu Urbain 30,4 ans 25,40 ans 27,9 ans

Milieu Rural 29,2 ans 23,60 ans 26,4 ans

Sahel 28,4 ans 23,00 ans 25,7 ans

Source : CERED. Direction de la Statistique(94)

Ayant atteint un niveau relativement moins élevé au sein même de la population rurale, l’âge d’entrée en première union de la région du Sahel des Doukkala évolue donc lentement, toutefois, dans les détails, la situation varie d’un sous espace à l’autre ; l’écart entre âges au 1° mariage atteint presque 3 ans en 1994. ce sont donc les zones les plus évolués économiquement où la population se marie, en moyenne, de plus en plus tardivement (Oualidia 27,2 ans. Haouzia 26,04 ans. My Abdellah 25,17 ans. L’âge moyen au 1° mariage dans les zones du Sahel profond est encore inférieur (Od Rahmoune 24,4 ans. Od Hcine 24,8 ans. Od Aïssa 24,7 ans.

94

SECRETARIAT D’ETAT A LA POPULATION : Recensement 1994 de la population et de l’habitat. Série communale- caractéristiques démographiques et socio-économiques de la population. Direction de la statistique. Rabat, 1997.

2.3.2. La fécondité (évolution différentielle de la fécondité)

A l’instar du régime de nuptialité, l’indice de fécondité démontre la tendance transitoire que connaît le rythme de la croissance démographique de la région. Aujourd’hui, le développement accéléré des conditions favorisant la réduction de la fécondité peut être observé, toutefois, avec les mêmes discordances relevées auparavant.

Parallèlement à l’évolution économique et sociale, une tendance de baisse de l’indice synthétique de la fécondité est amorcée au Maroc. Cet indice est passé généralement de 7,2 en 1962, à 5,5 en 1982 puis à 4 seulement en 1994. Mais il convient de préciser encore que cette baisse de la fécondité, s’opère différemment selon les milieux (urbain ou rural), et les caractéristiques socio-économiques des populations.

Ce constat est aussi visible au niveau régional. La région des Doukkala présente le même comportement en matière de fécondité, L’I.S.F. a baissé de 6 enfants en 1982 à 3,8 en 1994.

Tableau : évolution de l’indice synthétique de la fécondité selon le milieu de résidence (1982-1994

Milieu Rural Milieu Urbain Ensemble

1982 1994 1982 1994 1982 1994

Région de Doukkala 7,5 4,2 3,9 2,90 6,00 3,80

Moyenne Nationale 6,6 5,54 4,3 2,54 5,5 3.31

Source : CERED. Direction de la Statistique.

Le tableau ci dessus retrace l’évolution de l’indice synthétique de fécondité. Il en ressort que les taux de fécondité ont connu une baisse au niveau national comme au niveau régional, et en milieu rural comme en milieu urbain, cependant avec un rythme de baisse plus prononcé en milieu rural qu’en milieu urbain. Cette évolution est marquée par une baisse de 3,3 enfants par femme en milieu rural Doukkali, contre 1 enfant par femme en milieu urbain. Cette baisse traduit en elle

la même tendance au niveau national, mais avec un rythme plus accéléré, d’ailleurs cette baisse n’est que de l’ordre de 1,1 et 1,8 enfants par femme, respectivement en milieu rural et en milieu urbain au niveau national.

Dans la région du Sahel des Doukkala, la situation est relativement similaire, avec une hausse peu significative de l’I.S.F., qui est de l’ordre de 4,06 en moyenne. Néanmoins, cette hausse est plus ressentie dans quelques régions, comme le démontre le tableau ci dessus. Par exemple à Sidi Med Akhdim dans le Sahel profond, l’I.S.F. atteint 6,42, tandis qu’il est de l’ordre de 3,62 à Oulad Hcine, 3,8 à Haouzia et 4,2 à My Abdellah.

Tableau :Indice synthétique de fécondité au Sahel des Doukkala en 1994

Communes

Indice de Fécondité

(moyenne) ISF femmes nées 1945/49

Od. Rahmoune 3.47 6.65 Elhaouzia 3.85 6.18 My Abdellah 4.22 6.25 Od. Hcine 3.62 6.67 Sidi Abed 4.12 7.15 Od. Aïssa 4.08 6.53

Sidi Med Akhdim 6.42 7.40

Od. Ghanem 4.64 7.69

Oualidia 4.90 7.37

Moyenne région 4.06 6.50

Source: (voir note95)

95

SECRETARIAT D’ETAT A LA POPULATION : Recensement 1994 de la population et de l’habitat. Série communale- caractéristiques démographiques et socio-économiques de la population. Direction de la statistique. Rabat, 1997.

Ceci dit, il convient alors de préciser que la région du Sahel des Doukkala, comme c’est le cas dans tout le monde rural marocain, est loin de se présenter comme un ensemble homogène96. Nous l’avons souligné à propos de l’évolution de la population, puis du régime de nuptialité d’abord, les disparités aussi en matière de fécondité ont été également observées dans les sous espaces formants la région étudiée.

La hausse de l’indice synthétique de fécondité remarquée dans la région est d’ailleurs plus ressentie dans quelques zones que dans les autres ; à la commune Sidi Med Akhdim dans le Sahel profond l’indice synthétique de fécondité a atteint 6,42 en 1994 au temps où il n’était que de l’ordre de 3,62 3,8 et 4,2 respectivement aux communes Oulad Hcine, Haouzia et My Abdellah qui forment la zone périurbaine d’El Jadida et d’Azemmour.

Les différentiations des rythmes de croissance démographique et de leurs indicateurs, tel que le régime de nuptialité ou de l’indice de fécondité, trouvent leur explication dans l’inégal développement régional et les disparités socio- spatiales qui en découlent.

96

Voir à ce propos : CERED : Situation démographique régionale au Maroc. Direction de la Statistique. Rabat, 1988.