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L’impact des aménagements hydro agricoles de la plaine sur les mutations agraires

commercialisation: cas de la culture de la tomate de primeur au Sahel des Doukkala

1954 avant irrigation

2.3.2. L’impact des aménagements hydro agricoles de la plaine sur les mutations agraires

au Sahel

Le Sahel a constitué pendant une grande période de son histoire, une zone annexe de la plaine. L’ancien système agro- pastoral- transhumant a été à l’origine d’une organisation spécifique de l’espace doukkali, basée sur une complémentarité des terroirs où le Sahel jouait le rôle de terroir de parcours.

2.3.2.1. Aménagement hydro-agricole et mobilité démographique

Les développements récents au cour de ce siècle ont poussé à une indépendance progressive du Sahel. L’évolution démographique et la sédentarisation totale des populations étaient l’un des principaux facteurs dans ce développement.

Toutefois, outre l’évolution locale de l’espace Saheli, l’introduction de l’irrigation moderne dans la plaine, a joué un rôle dans la nature des développements survenu dans cette région. En effet, au fur et à mesure que se développait l’aménagement hydro-agricole dans la plaine, une masse considérable de paysans sans terre s’est vue chassée progressivement de la plaine, où les densités démographiques demeuraient parmi les plus élevées au Maroc. Le développement de la culture de maraîchage et l’extension des superficies agricoles au Sahel, notamment dans sa frange côtière, constituaient pour un nombre important de personnes, une occasion de refaire leur vie. D’ailleurs, le Sahel a été pour longtemps, l’espace le moins peuplé de la région des Doukkala. En réalité, malgré l’ampleur des aménagements, la réussite de la mise en valeur agricole de la plaine des Doukkala a été en général limitée: Au lieu d’exercer une force d’attraction sur sa périphérie (le Sahel essentiellement), elle a continué à émettre un flux migratoire important vers le Sahel. La frange côtière maraîchère de ce dernier a été définie par Noin parmi les

régions essentielles d’immigration au Maroc au temps où des régions de la plaine, tel les Oulad Frej, constituaient des régions de départ des immigrants143.

A ce propos, Noin remarquait que l’exode était plus fort dans les Doukkala, une enquête faite en 1962 dans 40 douars a montré qu’il y avait eu 533 départs en dix ans pour une population de 7585 habitants ; dans certains de ces douars, ¼ de la population avait émigré en l’espace de dix années144

. Éventuellement, c’est Casablanca qui exerçait l’attraction la plus puissante.

En tout cas, il paraît que la capacité d’accueil de la région de l’Oulja dépassait largement celle de la plaine des Doukkala malgré le développement des irrigations et de la modernisation agricole dans cette dernière.

2.3.2.2. aménagement et développements techniques

Les processus dynamiques du changement dans la plaine des Doukkala, suite à l’introduction de l’irrigation moderne, ne peuvent passer inaperçus dans ses régions limitrophes, tel le Sahel.

Certes les systèmes de cultures sont différents, toutefois on peut prétendre à l’existence de relations d’interactions très significatives entre les deux espaces. La diffusion des innovations, qui est un processus éminemment géographique, et qui constitue un des éléments majeurs du changement, s’est

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NOIN, D., 1970. La population rurale au Maroc. Paris : PUF. pp. 243-253. Voir aussi a cet égard M. LEANDRI 1953. L’exode rural dans les Doukkala, étude monographique de la tribu des Oulad Frej. CHEAM, Paris. p440

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réalisée certainement dans la plaine, comme dans le Sahel sous l’effet de facteurs exogènes et en réponse aux exigences imposées par l’accroissement démographique. Cependant, il serait naturel que le développement de ce processus se réalise par l’extension de l’aire de l’adoption des innovations, « la probabilité d’adoption est plus élevée à proximité comme elle diminue avec l’éloignement. L’effet de voisinage accroît les chances de réception, et cela d’autant plus qu’il est complété par une distance sociale réduite » « plus les liens spatiaux, socio-économiques, ethniques, religieux, familiaux… sont étroit, plus la probabilité d’adoption est élevée »145

. Ce sont ces mêmes caractéristiques qui concernent la plaine et le Sahel.

2.3.2.3. Les effets des aménagements hydro- agricoles dans la plaine sur la nappe au Sahel.

Le développement de l’exploitation des eaux de la nappe et les volumes croissants des eaux pompées suite à l’intensification culturale qui a atteint un taux élevé et l’extension des terres irriguées dans la frange côtière du Sahel, seront sans doute à l’origine d’un déséquilibre écologique croissant.

Cependant, au fur et à mesure de ces développements, l’évolution des irrigations modernes à partir des eaux de surface dans la plaine des Doukkala, entraînait progressivement une modification du bilan hydrologique du bassin Sahel- Doukkala en augmentant les apports au système aquifère, selon une étude supervisée par le ministère de l’équipement146

. Ce facteur joue donc un rôle régulateur diminuant ainsi les effets

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BAILLY, A., et BEGUIN, H., 1982 : Introduction à la géographie humaine. Ed. maison et Cie. Paris. pp. 47-49.

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néfastes de la surexploitation des eaux de la nappe au Sahel. L’évolution historique de la piézométrie dans le Sahel, reflète en effet un ajustement progressif des écoulements souterrains pour équilibrer les nouvelles valeurs du bilan hydrologique du système aquifère. Elle se surimpose aux fluctuations naturelles liées principalement à celle de la pluviométrie.

D’ailleurs, la dimension de ces effets est incomparable entre les zones du Sahel. Les résultats de l’étude déjà indiquée démontrent une remontée très limitée de la nappe dans le secteur central du Sahel intérieur. Elle croît par contre rapidement dans la zone de transition entre le Sahel et la plaine mais aussi dans la partie nord ouest du Sahel correspondant à l’hinterland d’El Jadida147

.

3.L

A DIVERSITE ET L

INCOHERENCE DES