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En guise de conclusion, on peut retenir les éléments suivants :

Le Sahel côtier ou Oulja fut très tôt l’objet des convoitises foncières en raison de ses potentialités naturelles. Étant le prolongement de l’espace périurbain d’un pôle urbain régional, il a subi le même processus d’accaparement. Grandes et petites propriétés furent constituées, par des colons européens ou aussi par des notables locaux, sur les terres collectives à travers plusieurs procédés (main mise, achat ou cessions). Ainsi en l’absence d’un cadre juridique des terres collectives, l’appropriation des terres de l’Oulja s’est constitué au cours du début de ce siècle.

Une économie moderne, spéculative se substitua à l’économie traditionnelle : l’Oulja se transforma et se recouvrit de cultures maraîchères.

Ce liseré, grâce à ces potentialités (sol, situation, eau ) est devenu un espace de production privilégié. Dans ces conditions, les hameaux, qui constituaient jadis l’habitat précaire qu’utilisaient les populations dans leur transhumance entre la plaine et le Sahel, se développèrent en habitat stable. Une multitude de douars s’égrena tout au long de la falaise morte, dominant ainsi par leur site, l’espace agricole de l’Oulja d’un côté, et de l’espace pastoral du Sahel de l’autre. C’est un alignement remarquable qui s’étire tout au long de la falaise morte.

Le développement de la région de l’Oulja, ainsi que les transformations portées sur la plaine à la suite des aménagements hydro-agricoles de cette dernière ont poussé à une nouvelle organisation de l’espace. L’Oulja et le Sahel intérieur ne sont plus une annexe de la plaine. La valorisation de l’Oulja s’appuyait également sur la mise en place d’une infrastructure routière dense reliant l’Oulja au Nord et à la plaine (Est). Mais malgré cette infrastructure,

l’Oulja entretient des relations préférentielles avec le nord (El Jadida, Casablanca, l’étranger.) et par conséquent les rapports avec la plaine sont de faible intensité.

Le Sahel intérieur: la situation du Sahel intérieur se présente différemment. L’appropriation des terres et la colonisation étaient plus réduites, car les potentialités, à quelques exceptions près, n’étaient guère intéressantes. L’économie de cet espace ne subit point de grandes mutations, et l’on pourrait même avancer que cet espace n’a connu au cour du siècle présent excepté les quelques aménagements agropastoraux que l’on décrira plus tard– qu’une dégradation continue. L’extension de l’espace agricole et son développement dans la plaine des Doukkala et dans l’Oulja a pourchassé un nombre croissant de cheptels vers le Sahel intérieur, d’où un surpâturage excessif. Les îlots agricoles, trop limités, se situant dans des dépressions inter dunaires, ont conservé leur ancienne agriculture : une monoculture céréalière avec jachère biennale, en association avec l’élevage ovin.

La population y est très réduite en comparaison avec les autres espaces limitrophes. Les grands groupements se situent plus au nord du Sahel intérieur (Oulad Aïssa, Sebt Oulad Douieb ), ou dans la région de contact Sahel - plaine.

C

ONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

Dans l’ensemble, il se dégage assez nettement que, dans l’espace Sahel des Doukkala, les zones qui ont été les lieux d’une croissance démographique plus élevée, sont aussi ceux où des transformations d’une grande ampleur se sont produites. Par ailleurs, et à l’instar de changements survenus dans tout le territoire Doukkali, ces transformations ne découlent pas des mêmes facteurs, leurs manifestations, leurs tendances et leurs trajectoires sont aussi différentes. Au Sahel des Doukkala, nous sommes devant une

multitude de variations liées certainement aux conditions naturelles, mais surtout aux héritages de l’histoire récente et à la nature du développement local où néanmoins le facteur démographique joue un rôle essentiel.

Dans cette région, aux caractères géographiques présentant pourtant une vulnérabilité apparente, la dynamique agraire présente un grand développement des pratiques culturales, des enjeux et des transformations qui en découlent.

Nous l’avons vu, le paysage démographique du Sahel des Doukkala a considérablement évolué. Les répercussions de ce développement sont nettement remarquables. Cela étant, les effets de la croissance démographiques ne sont pas à prouver.

Dans son ensemble, la région Sahel des Doukkala peut être, aujourd’hui, considérée comme une zone de reconversion. De l’extension de l’espace cultivé à travers plusieurs procédés, à la mise en place d’un système d’irrigation basé sur le pompage de la nappe souterraine, la diminution ou la suppression des périodes de jachère, l’intégration de l’élevage au système de culture, et l’adoption de plus en plus maintenue des cultures destinées essentiellement aux marchés, l’intensification de l’utilisation de l’espace agraire est alors le trait commun qui lie toutes les zones de l’espace Sahel des Doukkala, malgré ces différentiations déjà évoquées ci dessus.

Cette région a connu une mutation rapide ; les villes ont grandi, les usines se sont multipliées, et ce sont de nouveaux rapports villes-campagnes qui s’y sont établis.

Cette région s’est révélée aussi, dans bien des cas, incapables d’échapper aux liens qui attachent le Maroc tout entier à l’économie mondiale. Le développement des cultures maraîchères destinées essentiellement à l’exportation, et leur maintien malgré les problèmes de la concurrence, est aussi un trait marquant.

Enfin, cette région, où la sédentarisation et l’accroissement récent de la population, ont aboutit au délaissement du système pastoral transhumant et au développement de l’espace cultivé au détriment des terroirs de parcours connaît, dans une grande partie, un dépérissement des espaces de parcours suite à une accélération de la surcharge et la surexploitation des pâturages.

TROISIEME PARTIE : DYNAMIQUES