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Dégradation du milieu du Sahel et intervention de l’état.

sédentarisation et processus d’appropriation

3.3. le Sahel Intérieur pays de terres collectives

3.3.3. Dégradation du milieu du Sahel et intervention de l’état.

Simultanément, la pression de l’homme et des troupeaux s’accentue, certaines zones du Sahel Intérieur ont atteint des seuils à partir desquels il est difficile d’imaginer une possibilité de reconstitution du couvert végétal et du sol, sans le recours à des prix sociaux très négatifs.

Varnier (G) a sonné l’alarme depuis 1952, considérant le Sahel « une terre en péril ». Compte tenu de ses caractères pédo-climatiques, le Sahel des Doukkala se rattache à l’étage de végétation méditerranéen semi-aride. Cependant, à en croire Varnier, le botaniste qui cherchait à y retrouver l’assortiment type d’espèces de toutes catégories, correspondant à l’une des associations végétales propres à cet étage, ne peut éprouver qu’une déception. Qualitativement et quantitativement, la flore du Sahel est en nette « perte de vitesse »169 le « doum » chamaerops humilis et le « guendoul » chamaecytisus albidus qui sont les espèces ligneuses les plus représentées, sont d’ailleurs en nette régression, en butte le premier à des exploitations abusives, le second à un pâturage effréné170. Cela dit, l’éradication et la cueillette des espèces ligneuses est un phénomène dont la gravité est accentuée, et concerne de plus

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VARNIER (G). 1952. P :17. 170

en plus le système racinaire, anéantissant toute possibilité de régénération de cette végétation.

Le résultat de cette disparition progressive du couvert végétale, suite aux pratiques de la population concernée et de l’accélération de la surcharge des pâturages, est que le sol devient de plus en plus dénudé, ce qui amène à la fois une mobilisation du sol léger que les vents enlèvent facilement, puis un affleurement généralise de la roche mère calcaire. La disparition du doum et du guendoul dans ces terres prive aussi d’autres plantes pastorales d’un abri et un protecteur contre les méfaits du climat.

Face à cette situation, l’Etat avait entrepris, depuis les années cinquante, un programme d’amélioration pastoral au Sahel Intérieur171. Deux phases constituent le projet du Sahel des Doukkala, une première allant de 1951 à 1988, et une seconde phase allant de 1990 à 1995. Le programme a été imité en 1951, par le Service de la Défense et de la conservation des sols, il a été arrêté entre 1971 et 1986 à cause de contraintes budgétaires. Le programme a été repris en 1990 dans sa deuxième phase par un financement de la Banque Mondiale. La superficie traitée jusqu’en 1990 est de l’ordre de 19 637 ha dont la grande partie concerne des terres collectives (16 779), le reste concerne des périmètres domaniaux (2858), à quoi il faut ajouter 2386.5 ha bilan des réalisations de la 2ème phase.

La superficie des terres collectives, concernées alors par ce programme, occupe presque la moitié (48%) de toutes les terres collectives du Sahel Intérieur.

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Les données concernant ce programme présentées ici sont le recoupement des informations relevées des documents inédits suivant : VARNIER (G). 1952. GOUJON. (P). 1954. ADI GERSAR. 1987. REDJALI. M. 1995.

Tableau : bilan des réalisations du programme d’aménagements sylvo- pastoral du Sahel

Périodes Année Sup. réalisée en ha

Phase I 1950-1955 1956-1960 1961-1965 1966-1971 1971-1985 1986-1988 748 5 010 4 756 3 747 0 2 518 Total phase I 16 779 Phase II 1990-1994 6 98.5 Total général 2 386.5

Source : service des Eaux et Forêts El Jadida

Dans sa première comme dans sa deuxième phase, ce programme avait pour objectifs :

La protection du sol contre l’érosion éolienne.

La satisfaction des besoins de la population en bois combustible.

Le maintien et l’extension des améliorations obtenues. L’amélioration des conditions de conduite du cheptel. Les moyens mis en œuvre pour la réalisation de ces objectifs se sont basée sur les techniques d’aménagements pastorales suivantes :

3.3.3.1. La création de brise-vent

Les brises-vent ont été préconisés pour arrêter l’action érosive du vent, diminuer l’évaporation, offrir aux animaux un abri à la fois contre le vent et contre le soleil, et fournir aux usages des ressources en bois d’œuvre et en combustible.

Ces brises-vent tracés dans une direction perpendiculaire aux vents dominant (les alizés), sont constitués d’essences ligneuses à croissance rapide (Eucalyptus) et bordés d’espèces épineuses. Ces dernières devraient offrir un refuge aux espèces

fourragères pendant les périodes de pâturage intensif ou les années peu favorables. Les rideaux plantés sont réalisés sur des bandes de 50 m et distantes de 200 m, les plantes sont écartées de 3 m.

3.3.3.2. L’amélioration pastorale

Cette action a été menée par la reconstitution de la végétation fourragère (arbustes et herbacés), introduite par repiquage ou semis dans les parcelles situées entre les bandes des essences forestières constituées par les brises-vent. Ces parcelles sont mises en défens durant les 4 à 10 premières années de leur création pour permettre la reconstitution de la végétation naturelle et le développement des jeunes plants.

3.3.3.3. L’organisation du parcours aux périmètres d’amélioration sylvo-pastorale.

Les parcours ayant subi des actions d’améliorations sylvo- pastorales sont mis en défens pendant des périodes allant de 4 à 10 ans, après lesquelles, ils sont ouverts pour une durée ne dépassant pas deux mois par an. L’exercice réglementé de ces parcours s’est réalisé aussi par l’établissement de « parcours rotatif », (1/3 des superficies sont mises en défens une année sur deux), cette méthode du pâturage différé permet de faire paître chaque parcelle à des époques différentes, pour permettre aux essences fourragères de se régénérer. En outre, l’usage des parcours est soumis la limitation du nombre de tête, et aussi à une redevance pastorale fixée selon le type d’animaux et leur nombre.

Les aménagements réalisés ont permis de résoudre partiellement de problème de l’érosion éolienne, et une augmentation considérable de la production fourragère. Cette dernière est actuellement de l’ordre de 450 unité fourragère par hectare en moyenne dans les zones aménagées, contre une productivité variante entre 140 et 200 unité fourragères par

hectare par an dans les zones de parcours non améliorés (libres).

Les terrains concernés par cette opération sont utilisés donc par la population ayant droit, mais dans des conditions très restrictives, ce qui permet la préservation du couvert végétal, sa reconstitution, et la lutte contre toutes les formes d’érosion éolienne.

D’après les enquêtes menées auprès des collectivités bénéficiaires des parcours du Sahel, dans le contexte de l’étude réalisé en 1988 par l’ADI/GERSAR172

, le nombre total du cheptel était estimée à 50180 UGB, l’effectif des bovins et des ovins admis aux PASP ne représente que 21.6% des UGB total de bétail.

Tableau : structure du cheptel au Sahel Intérieur en 1988, et cheptel admis dans les PASP.

Espèces UGB Effectif admis au PASP

(UGB) % Bovins Ovins Caprins Équidés et camélidés 33 316 10 885 173 5 816 6 065 4 802 18.20% 44.11% Total 50 190 10 867 21.65 %