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Les stratégies de la réforme économique

Dans le document Rapport de Mission (Page 63-69)

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des sciences, sans oublier qu’elle pos-sède d’innombrables innovations dans le domaine des TIC, une expertise que bon nombre de pays ont déjà commencé à em-prunter ou à copier.

Cependant, malgré les apparences en-vieuses, il existe encore un déséqui-libre entre le secteur privé et public ainsi qu’entre les conglomérats et les PME.

En 2009, un peu moins de trois quarts (74,3 %) des fonds pour la R et D ont été investis par les grandes compagnies pour leurs propres activités, dont la majorité par des chaebols. Il ne reste donc pas une grande part pour les universités condui-sant des recherches fondamentales plutôt qu’industrielles, orientées vers le profit.

De plus, les investissements de la part des PME et des compagnies dans le domaine du service (source indéniable d’innovation et de développement de nouveaux pro-duits à travers le monde) sont particuliè-rement faibles.

Ces quelques chiffres démontrent la fai-blesse de l’écosystème d’innovation pré-sent en Corée en plus de refléter la situa-tion économique dominante des chaebols.

C’est pourquoi d’ici 2017, le gouvernement augmentera jusqu’à 40 % les investisse-ments destinés aux projets de recherche fondamentale principalement conduits par les universités. Les recherches seront prin-cipalement axées sur les domaines des données de masse (big data), du dévelop-pement web, des services sur le nuage et sur les objets intelligents.

De plus, une collaboration entre les univer-sités et le Ministère des Sciences, des TIC et du Développement futur (créée lors de l’annonce du plan de relance économique il y a trois ans) visera le développement de technologies afin de faire converger les TIC dans les domaines industriels. Cette association devrait accroître la produc-tivité des compagnies œuvrant dans ces domaines, spécialement celle des PME.

L’organisation responsable du réseau de transport en commun de Séoul (Seoul transport, operation and information ser-vice, abrégé TOPIS) est un exemple pro-bant de cette convergence récente des TIC dans les services rendus aux citoyens.

Les enjeux du transport en Corée seront plus amplement développés dans le chapitre du rapport couvrant le transport.

De l’aide par le développement Une autre facette du plan relate l’impor-tance de pallier les liens faibles entre les universités, les laboratoires de technolo-gies, les centres de recherches, les chae-bols et les PME. Une meilleure liaison entre ces domaines permettrait de déve-lopper, de partager et de commercialiser plus rapidement de nouvelles idées et de nouvelles technologies.

C’est pourquoi le gouvernement coréen met en place des comptoirs de dévelop-pement national et régional.

Ces comptoirs offriront des programmes de soutien et le partage de technologies à brevet ouvert dans l’optique de donner de meilleurs outils aux start-ups et PME dans le but d’accroître leur compétitivité.

Depuis 2011, la Corée du Sud a mis en place un système national d’innovation très sophistiqué impliquant les universi-tés dans le développement des différents secteurs spécifiques. Ainsi, les chercheurs et étudiants travaillent en étroite collabo-ration avec les responsables de chaînes de production dans le but d’imaginer des solutions aux problématiques actuelles rencontrées dans les secteurs industriels ainsi que de nouvelles technologies pour le maintien de leur compétitivité.

De plus, il sera possible pour les start-ups et les PME d’adhérer à différents pro-grammes, notamment des accélérateurs pour les start-ups, qui leur permettront La salle de contrôle du TOPIS repose sur les TIC pour gérer le transport en

commun de Séoul en temps réel. © MC

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d’augmenter leur visibilité au sein des marchés et faciliter leur financement.

Également, sachant que les PME co-réennes souffrent entre autres de la concurrence chinoise, des mesures gou-vernementales ont été mises en place pour pallier ce contexte économique peu propice au développement.

Ainsi, en juillet 2013, la présidente Park Geun-hye inaugure son troisième marché financier, le KONEX. Dans la politique de soutien aux petites structures figuraient déjà le KOSPI et le KOSDAQ (Mesmer, 2013).

L’établissement de ces marchés financiers est une stratégie globale adoptée dans le but d’accroître le système d’innovation et de favoriser le développement d’une éco-nomie créative attirant des investisseurs.

Les PME coréennes sont également pro-tégées par la commission du commerce coréenne (Korea Fair Trade Commission, abrégé KFTC). La fragilité de l’économie nationale a engendré la mise en œuvre de nouvelles mesures en faveur des entre-prises affiliées aux chaebols, telles que le renforcement des règles applicables aux relations commerciales internes à ces groupes (OCDE, 2014).

Un second miracle de la rivière Han Afin d’atteindre les trois objectifs fixés par le gouvernement, plusieurs autres mesures sont mises en œuvre pour sti-muler les marchés nationaux et changer progressivement la mentalité actuelle vers une plus favorable à l’entrepreneuriat.

Effectivement, l’obsession de la majo-rité des Coréens reste encore aujourd’hui l’éducation et la réussite. Énormément de pression est exercée sur les jeunes pour performer à l’école et décrocher un emploi stable, bien rémunéré et avec de bons avantages sociaux (au sein du gouverne-ment ou d’un chaebol). L’environnegouverne-ment de travail est donc peu ouvert aux risques et par le fait même à l’entrepreneuriat.

Cependant, selon une étude de Global Entrepreneurship Monitor (abrégé GEP) réalisée en 2012, la mentalité commence à changer puisque 59 % des sondés affir-ment que l’entrepreneuriat est une bonne option de carrière.

De surcroît, 70 % d’entre eux affirment que

les entrepreneurs ont un bon statut social.

Malgré cela, 43 % de ces mêmes répon-dants affirment que la peur de l’échec me-nant à la faillite personnelle les décourage de se lancer en affaire puisqu’il est encore difficile de se remettre financièrement en Corée.

C’est en raison de ce tabou culturel et de la volonté du gouvernement de changer ce paradigme qu’un fonds de plus de 4 mil-liards de wons sera investi jusqu’en 2017 pour promouvoir l’esprit entrepreneurial.

En investissant dans un fonds de la se-conde chance, en assurant le suivi des compagnies durant les trois étapes (nais-sance, financement/croissance, maturité) de leur mise en service et en augmentant la sécurité d’emploi, le gouvernement

es-Le portail web Naver est devenu une référence en innovation. © MC

Voies d’investissement

Supporter les entreprises qui promeuvent une économie

créative 2200,0

Encourager une culture de

« deuxième chance » après une tentative infructueuse

773,0

Total 4032,8

Répartition des investissements en économie créative d’ici 2017.

source : Ministry of Strategy and Finance, 2015

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père augmenter considérablement la nais-sance de nouvelles entreprises.

Des centres pour encourager l’entrepre-neuriat sont progressivement mis en place afin d’encourager une économie créative et variée. Dix-sept régions métropolitaines et provinces accueillent ces centres afin de faciliter le développement et le fleuris-sement des talents régionaux.

De plus, cette facette du plan gouverne-mental permet le développement d’un bassin d’entraide technologique. Ce bas-sin contribuera à promouvoir le partage d’information et la stimulation de l’innova-tion régionale en plus de faciliter le déve-loppement et la commercialisation des technologies émergentes.

Un fonds d’appui équivalant à 760  mil-liards de wons sera également créé et le gouvernement investira 460 milliards de wons dans celui-ci. Le fonds sera utilisé pour encourager spécialement les jeunes start-ups et encourager l’investissement des anges.

De plus, afin d’aider la convergence des TIC par le biais de start-ups dans diffé-rentes industries, les investissements pas-seront de 20 milliards à 100 milliards de wons en 2015. Cet investissement permet-tra de financer 120 projets pour les trois années à venir.

Création de marchés inclusifs aux start-ups et PME

Les interventions gouvernementales semblent avoir porté fruits, puisque de-puis 2000, le nombre de start-ups a triplé en Corée du Sud. Le pays ayant gagné en popularité dans les dernières années, il occupe le 28e rang du classement des

en-vironnements d’affaire de 2015 à 2019 réa-lisé par The Economist Intelligence Unit.

Ce rang révèle entre autres l’intérêt accru pour le marché coréen.

La scène entrepreneuriale coréenne est fleurissante et devient de plus en plus in-fluente. Des incubateurs tels que KStartup et SparkLabs témoignent du dynamisme du marché (De Villemandy, 2014).

La concentration géographique d’en-treprises interdépendantes a d’ailleurs fait émerger le concept de création de grappes industrielles (appelés clusters en anglais). En Corée du Sud, la structure la plus importante est le KINOX comprenant 77 grappes industrielles dans lesquelles sont rassemblés 193 incubateurs (Hado-pi, 2015). Elle vise la réduction des coûts d’entrée sur le marché ainsi qu’un soutien financier favorisant la croissance.

La Corée a développé un avantage com-paratif dans le domaine des technologies de l’information et les entreprises misent sur cet outil pour demeurer compétitives.

En effet, l’exploitation du réseau Inter-net permet aux compagnies, notamment celles dans le milieu du transport, de ré-duire les coûts fixes et d’avoir accès à des ressources informatiques adaptées à leurs besoins (OCDE, 2014).

Grappe industrielle (cluster)

Une grappe industrielle est un ensemble d’entreprises et d’institutions réparties sur un territoire géographique défini œuvrant dans un domaine similaire.

Les grappes industrielles peuvent aussi bien comprendre des institutions gouvernementales telles des universités, des agences, des institu-tions de formation et des associainstitu-tions d’affaires que des entreprises et des industries.

La majorité des grappes industrielles en Corée sont axées autour de la recherche et du développement entrepreneurial, com-munément appelé Technopole (Communauté métropolitaine de Montréal, 2015).

Incubateur

Un incubateur d’entreprise est une structure d’accompagnement de projets d’entreprise.

Selon l’avancement du projet, l’incubateur peut offrir de l’appui en termes d’hébergement, de conseils, de technologies et de finance-ment. Leur principale mission est de facili-ter la création d’entreprises afin de stimuler l’innovation et la créativité (Réseau Entrepris-es Canada, 2014).

Ange

Les anges, dans le domaine des start-ups, sont des individus ou des réseaux d’investisseurs qui apportent de l’aide finan-cière aux différentes étapes de vie d’un start-up, soit à la naissance, à la croissance ou à la maturité. Ils fournissent habituellement de l’aide financière en échange d’une dette ou d’une part de la compagnie.

Les anges accordent de l’aide financière gé-néralement à des conditions plus favorables que les banques et autres prêteurs permet-tant ainsi un épanouissement plus rapide des start-ups possédant un certain potentiel de croissance (StartupDefinition, 2015).

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À travers la deuxième moitié du XXe siècle, la Corée du Sud a remarquable-ment développé son industrie en instau-rant des politiques influençant fortement l’économie, créant ainsi des liens très importants entre le gouvernement et les grands conglomérats coréens.

En près de 55 ans, la proportion de l’éco-nomie occupée par les industries a plus que doublé remplaçant graduellement la part occupée par l’agriculture.

La Corée fait aujourd’hui face à un défi démographique important qui aura un impact notamment sur le marché du travail

dans les prochaines années.

De plus, le pays est aux prises avec cer-taines réalités sociales et culturelles limi-tant dans nombre de cas les opportunités et l’accès à l’emploi chez les jeunes et les femmes.

Bref, la situation économique ac-tuelle ainsi que le ressentiment généralisé envers les chaebols ont récemment mené à l’avènement de nouvelles stratégies de réforme économique misant davantage sur le développement de l’entrepreneuriat, la croissance des PME ainsi que l’investis-sement dans le secteur des TIC.

Synthèse

Le nouveau port de Busan, acteur majeur du dynamisme des échanges commerciaux coréens. © MC

« Même si le ciel tombe sur toi, il y a toujours un trou par lequel tu peux t’échapper. »

- proverbe coréen

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