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Hallyu : la déferlante coréenne

Dans le document Rapport de Mission (Page 33-36)

système politique sont ensuite mises en place. D’abord par le Président Kim Young-sam pour que ses prédécesseurs puissent être jugés pour leurs crimes commis lors du coup d’état de 1979 et ensuite lors des soulèvements populaires de Kwangju.

Par la suite, élu en 2002, le programme du Président Roh Moo-hyun est princi-palement orienté vers la lutte contre la corruption récurrente dans les puissants chaebols (conglomérats) et dans les mi-lieux politiques (Encyclopædia Universa-lis, 2015).

Le chanteur sud-coréen PSY a su démocratiser la K-Pop en occident.

© Capture d’écran YouTube

Hallyu ( )

Des racines han ( ) – état d’être coréen – et ryu ( ) – vague ou courant, la hallyu est la vague culturelle initiée par le gouverne-ment de Kim Dae-jung au début des années 2000. Exportant la culture musicale, ciné-matographique, télévisée, technologique et culinaire, ce mouvement vise à diversifier les revenus nationaux et promouvoir internation-alement le Made in Korea, pour ainsi assurer la stabilité économique du pays.

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Parallèlement, beaucoup d’efforts sont mis pour encourager la création de contenu : en 2012, ce sont plus de 1 billion de won (1,1 milliard de dollars canadiens) qui ont été insufflés par le Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme dans l’industrie de la culture (Cho, 2012). Les bénéficiaires vont des studios cinémato-graphiques de Busan aux maisons de pro-duction musicale, telles SM entertainment, YG entertainement ou encore JYP enter-tainement. Son influence est telle en Asie que les célébrités coréennes figurent par-mi les acteurs les par-mieux payés au monde derrière ceux de Hollywood (Faiola, 2006).

Cet univers artistique gigantesque se base sur différents média : la musique (avec la K-pop – de l’anglais Korean pop), les téléromans (K-drama), les films, les technologies et la cuisine.

Sa propagation se fait au travers de moyens traditionnels, par la vente de CD

ou la diffusion de programmes télé et de films, mais est grandement amplifiée par Internet, d’où la course à la connectivité menée par le gouvernement.

Les vidéoclips de K-pop sont vus plu-sieurs dizaines de millions de fois sur les sites de partage comme YouTube, les ad-mirateurs de K-drama s’entraident afin de traduire en plusieurs langues leurs émis-sions préférées, et les films sont dispo-nibles en ligne et sous-titrés. La société coréenne restant très traditionnaliste, ses programmes – surtout ses téléromans – s’exportent très facilement : contrairement aux séries américaines mêlant violence et sexualité, les K-drama demeurent très pudiques et abordent des thèmes pouvant passer aux heures de grande écoute dans le monde musulman, expliquant leur suc-cès dans les pays du Moyen-Orient (Léga-ré-Tremblay, 2015).

Les conséquences de cette vague culturelle sont impressionnantes et visibles dès les balbutiements du programme : de 2003 à 2004, le nombre de touristes étran-gers visitant la Corée du Sud est passé de 2,8 à 3,7 millions (Faiola, 2006), pour atteindre 14  millions aujourd’hui (Office national du Tourisme coréen, 2014).

Un autre effet collatéral de cette vague : une solidification des chaebols. Grâce au place-ment de produits dans les K-drama, les films ou les vidéoclips de K-pop, l’Asie, le Moyen-Orient ou l’Amérique du Sud sont inondés visuellement de produits coréens, les mé-nages de ces pays en développement dési-rant maintenant posséder une voiture Kia, de l’électroménager LG ou le nouveau télé-phone Samsung (Légaré-Tremblay, 2015).

C’est un véritable écosystème socio-écono-mique que le gouvernement coréen a réussi à installer avec sa hallyu.

Les raisons officielles de cette expor-tation culturelle cachent cependant une motivation plus profonde : l’obsession de la première place. Constamment envahie et occupée par ses voisins, c’est la pre-mière fois que la Corée part à la conquête du monde. Entretenu par des années de soumission et d’assimilation, le sentiment du han est omniprésent dans la société du matin levant.

Cet hôtel de Busan, à l’effigie du groupe de K-pop 2NE1, témoigne de la place qu’occupe la hallyu dans la culture coréenne. © MC

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Synthèse

Ce concept, difficile à traduire, est un désir de vengeance, jamais assouvi, propre au peuple coréen (Légaré-Tremblay, 2015).

Ce désir de conquête est donc le résultat

d’un nationalisme exacerbé, nourri par une recherche de pérennité économique.

De plus, la hallyu est considérée par beaucoup comme une tentative de soft power envers la Corée du Nord (Courmont, 2012) : Kim Dae-jung déclarait même que

« si les deux Corées se réunissent un jour, ce sera grâce à cette vague » (Légaré-Tremblay, 2015). Dans les faits, sa vision pacifiste porte ses fruits : dans les rares zones de collaboration des deux régimes comme à Kaesong, des Nord-Coréens risquent leurs vies pour ramener chez eux des biens et des idéologies du Sud (Léga-ré-Tremblay, 2015).

Soft Power

Le soft power – ou puissance douce – est un concept utilisé en relations internation-ales lorsqu’un État, une firme ou toute autre institution ou organisation tente d’influencer d’autres acteurs à l’aide de moyens non coer-citifs. Introduite par Joseph Nye en 1990, cette forme de pouvoir se base sur l’admiration pour ladite organisation, son prestige ou le rayonnement de son idéologie comme force de persuasion sans avoir à user de la force de contrainte ou de menaces (solution qualifiée de hard power).

L’histoire de la Corée et de ses rela-tions avec ses pays limitrophes a forgé l’identité d’un peuple asiatique singulier, aujourd’hui 15e puissance mondiale.

Cette réussite économique exceptionnelle est le fruit d’une culture locale imprégnée par le néo-confucianisme prônant travail et réussite, et par le sentiment de han qui met la rivalité avec le Japon au centre des motivations populaire.

Les 65 dernières années ont particulière-ment marqué la société coréenne, entre héritage d’une occupation japonaise bru-tale, guerres, dictatures et régimes auto-ritaires. La guerre de Corée et la rivalité idéologique face au Nord sont des sources constantes de tensions dans cette pou-drière héritée de la guerre froide.

Pourtant les contraintes économiques actuelles laissent envisager des rappro-chements entre ces deux sœurs, encore une fois dans une logique sud-coréenne de maintenir la péninsule compétitive face aux géants voisins que sont la Chine, le Japon ou la Russie.

Cependant, au-delà d’une identité co-réenne forte, le Miracle de la rivière Han est du à un système politique, dont l’im-portant pouvoir donné à l’exécutif facilite la prise de décision et la mise en place des grandes réformes qui font de la Corée une des plus grandes puissances industrielles actuelles. Et bien que ces reformes aient

été difficiles pour le peuple en raison du recours récurent aux lois martiales par les gouvernements, il faut aussi admettre leur efficacité. Chaque réforme et chaque plan quinquennal s’inscrit dans la logique du précédent. La reforme des territoires soutient le plan quinquennal de dévelop-pement des infrastructures, qui soutient à son tour le plan de développement des in-dustries lourdes, qui soutient à son tour le plan de développement des hautes tech-nologies par l’exportation.

Depuis quelques années, le gouver-nement tente de revoir sa politique écono-mique face aux géants que sont la Chine et le Japon en développant un nouveau plan quinquennal. Car après avoir subit les invasions voisines, c’est à la Corée du Sud d’envahir le monde avec sa culture dont le vecteur est finalement l’industrie élec-tronique dont elle est un des leader mon-diaux. La hallyu en est l’expression et par-ticipe au rayonnement international actuel du pays en s’inscrivant dans un nouveau plan de développement.

Cette dynamique est particulièrement appuyée par les nombreux traités de libre-échange signés par la Corée ces dernières années et dont le dernier a été signé avec le Canada.

Encore une fois, l’efficacité de la stratégie du pays du matin calme semble imparable.

« Le Système du Budget et des Comptes coréen

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