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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Rapport de Mission

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Rédaction Michèle Assi Audrey Bellefeuille Maxime Callais

Alexandre Couture Blackburn Jeremy Cuningham

Kim Gariépy Pascale Girard Sonia Grégoire Camille Hamelin Adriana Houle

Charles-Etienne Lafleur Karl Lepage

Shuang Liang Catherine Marcoux Patrice O’Carroll

Alexandre Paradis-Michaud Philippe Perron-Roelandts Olivier Pettersen

Mathieu Rault

Daniel Santiago Harvey Maximilien Tomé Alexandre Torres Raïssa Umumbu Otmane Zizi

Correction Maxime Callais Sonia Grégoire Camille Hamelin Karl Lepage Catherine Marcoux

Philippe Perron-Roelandts Maximilien Tomé

Mise en page Maxime Callais Camille Hamelin

Philippe Perron-Roelandts Maximilien Tomé

Cartes et graphiques Maximilien Tomé (MT)

Crédits photographiques Maxime Callais (MC)

Shuang Liang (SL) Olivier Pettersen (OP)

Les photos de l’équipe en pages 10 et 11 ont été prises par PolyPhoto.

www.polyphoto.org

Contributeurs

La Mission 2015 en visite chez Naver. © MC

Toute reproduction totale ou partielle de ce document sans autorisation et sans mention de la source est interdite. © Poly-Monde 2015

Mission Poly-Monde 2015, C.P. 6079, succ. Centre-Ville, Montréal, QC, H3C 3A7

+1 (514) 340-4735 www.polymonde.org

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Remerciements

Sans l’appui de tous ses suppor- teurs, la Mission Poly-Monde n’aurait pas eu le succès qu’elle a connu.

Nous tenons d’abord à souligner la contribution des entreprises et institu- tions québécoises et sud-coréennes, tant pour leur aide financière que pour l’accueil et l’intégration des étudiants entre leurs murs. Leur soutien est à la base de la réus- site de ce projet.

Poly-Monde 2015 souhaite remercier Mme Thibodeau-DeGuire, présidente du Conseil d’administration de la Corporation de Polytechnique Montréal, M. Christophe Guy, directeur général de Polytechnique Montréal, M. Pierre Baptiste, directeur du département de mathématiques et de génie industriel, ainsi que les directeurs de départements pour leur support financiers et conseils, année après année.

Ce projet extraordinaire, bien que sous l’entière responsabilité des futurs ingénieurs, est aussi appuyé par le Conseil Poly-Monde, lequel est formé de la prési- dente de Polytechnique, Mme Thibodeau- DeGuire, de la directrice du Bureau des relations internationales (BRIN), Mme Line Dubé, du directeur du département de mathématiques et de génie industriel, M.

Pierre Baptiste, d’un membre de la direc- tion d’Air Liquide Canada, M. Guy Frenette, du professeur responsable, M. Marcelin Joanis, du coordonnateur de la Mission et des anciens Poly-Mondiens, M. François Cartier et Mathieu Panet-Raymond. C’est au Conseil Poly-Monde que revient la res-

ponsabilité du choix des destinations des Missions d’année en année.

Nous souhaitons aussi remercier Mme Myung-hee Kim d’avoir su nous transmettre la beauté et les particularités de la culture coréenne. Sa persévérance fut certainement un élément clé dans l’ob- tention de plusieurs visites d’entreprises en Corée.

La Mission aurait été tout autre sans l’apport du BRIN aux multiples communi- cations avec les entreprises et universités coréennes. Notamment par l’entremise de Mme Dubé, directrice, de Mmes Nathalie Pelletier et Guylaine Larocque, conseil- lères sénior.

L’équipe tient aussi à rappeler la contribution de M. Marcelin Joanis pour son implication au sein de la Mission. Son apport a été plus qu’un soutien permanent.

Bien qu’à sa première expérience avec Po- ly-Monde, il a su plonger pleinement dans l’aventure et nous espérons qu’il pourra superviser les futures Missions pendant plusieurs années encore.

Notons aussi que M. Guy, Mme Dubé, M. Baptiste et Mme Kim ont accompagné la Mission en Corée, offrant leur soutien et leur précieuse expérience aux membres.

Finalement, un merci tout spécial à nos parents et amis qui ont encouragé la réalisation de ce projet et appuyé la Mis- sion à travers leur participation aux nom- breuses initiatives étudiantes.

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La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à

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La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à

Pour en savoir plus :

POLYMTL.CA/FUTUR/ES

POURSUIVRE AUX

ÉTUDES SUPÉRIEURES,

UNE IDÉE DE GÉNIE!

110 PROGRAMMES DE 2

e

ET 3

e

CYCLE :

DOCTORAT MAÎTRISE DESS MICROPROGRAMME

100 %

VALEUR

AJOUTÉE

100 %

(8)

En collaboration avec

Avec la participation de

Département de Génie civil

et de

Département de Génie industriel

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Merci à tous les commanditaires de

la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud

Cirano

Famille Gervais Cuningham Département de Génie biomédical

Famille Zizi Coopoly

Département de Génie chimique Fortigo Freight Services Inc.

La bannière de commanditaires de la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, lors de la visite de l’Université d’Hanyang. © MC

Uber

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Camille Hamelin Génie civil

Échange à Prague, République tchèque

Poly-Monde 2015

L’équipe

Équipe Édition

Maxime Callais Génie mécanique Responsable Édition Directeur du Polyscope Maximilien Tomé Génie civil

Stage à Washington, É-U, volontariat en Australie

Coordination

Philippe Perron-Roelandts Génie logiciel

Coordinateur

Poly-Monde 2014 Allemagne

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Équipe Logistique

Olivier Pettersen Génie civil

Responsable Financement Échange à Taipei, Taïwan

Jeremy Cuningham Génie mécanique

Échange à Lausanne, Suisse Directeur Structure Avion Cargo

Équipe Financement

Daniel Santiago Harvey Génie civil

Trésorier

Trésorier des Jeux de Génie

Karl Lepage Génie civil

Mentor Plan Canada Bénévole Moisson Montréal Mathieu Rault

Génie des mines Trésorier de Polycultures Otmane Zizi

Génie industriel VP Exécutif du CCGP Audrey Bellefeuille

Génie mécanique Équipe mécanique de Smart Bird

Shuang Liang Génie physique

Échange à Taipei, Taïwan VP Finances de PolyÉnergies Charles-Etienne Lafleur Génie mécanique

Consultant junior au CCGP

Raïssa Umumbu Génie chimique

Agente télémarketing de la Fondation de Polytechnique

Pascale Girard Génie civil

Responsable Logistique Échange à Taipei, Taïwan Alexandre Couture Blackburn Génie mécanique

Échange à Málaga, Espagne Sonia Grégoire

Génie civil

Échange à Bruxelles, Belgique VP PolyBuddy de PolyExplore Catherine Marcoux

Génie industriel

VP Réseautage 2013-2014 du CEGIndustriel

Alexandre Paradis-Michaud Génie civil

Stage en Zambie avec Ingénieurs sans frontières Canada

Michèle Assi Génie chimique

Échange à Compiègne, France Présidente de PolyExplore Kim Gariépy

Génie civil

Stage au Cameroun avec le CIPO

Adriana Houle Génie biomédical

Stage chez KAO au Japon Échange à Brisbane, Australie Patrice O’Carroll

Génie mécanique

Échange à Lausanne, Suisse Stage chez Merck, Allemagne Alexandre Torres

Génie biomédical

VP Éducation du CEGBiomed

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Les Missions précédentes

25 ans d’international

JaponAllemagneScandinavieItalie Royaume-UniJaponAllemagneFranceÉtats-Unis et MexiqueBeneluxCorée du Sud EspagneBrésil

ScandinavieSuisseChinePologne et République tchèqueInde Taïwan, Hong-Kong et SingapourRussieDanemark et Pays-BasFranceAfrique du SudAustralieAllemagneCorée du Sud

1990 1995 2000 2005 2010 2015

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JaponAllemagneScandinavieItalie Royaume-UniJaponAllemagneFranceÉtats-Unis et MexiqueBeneluxCorée du Sud EspagneBrésil

ScandinavieSuisseChinePologne et République tchèqueInde Taïwan, Hong-Kong et SingapourRussieDanemark et Pays-BasFranceAfrique du SudAustralieAllemagneCorée du Sud

La visite des installations coréennes de Merck a permis de marquer la transition entre la Mission 2014 en Allemagne et la Mission 2015 en Corée. © MC

Les Missions Poly-Monde sont devenues une tradition à Polytechnique Mon- tréal. Chaque année depuis maintenant un quart de siècle, un groupe sélect de futur(e)s ingénieur(e)s de l’École s’impliquent corps et âmes dans l’organisation d’une mission in- dustrielle à l’étranger. Les étudiant(e)s impliqué(e)s dans ce formidable projet qu’est Poly- Monde se voient donc offrir une occasion unique de faire l’expérience concrète et directe des grandes tendances de notre temps, tant économiques et technologiques qu’environ- nementales ou culturelles.

La 26e Mission Poly-Monde s’est déroulée en Corée du Sud au printemps 2015. Poly-Monde retournait dans ce pays 15 ans après la Mission Poly-Corée en 2000. Cette visite en République de Corée arrivait a point nommé alors qu’a été signé tout récemment l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC). Ce nouvel accord commercial bilatéral ouvre de toutes nouvelles occasions d’échange et de partenariat avec cette importante économie asiatique qui fait déjà partie des 15 principaux partenaires commerciaux du Québec, tant comme client que comme fournisseur.

Comme professeur responsable de l’orientation thématique Projets internationaux à Polytechnique, j’ai le plaisir et l’honneur de superviser le volet académique de la Mission. Dans le cadre de ce volet, les participant(e)s à Poly- Monde ont acquis les compétences requises pour tirer pleinement profit de l’expérience de leur Mission en Corée, des techniques d’analyse économique aux rudiments de la langue coréenne.

Mais au-delà des compétences acquises pendant la phase de préparation et lors de la Mission elle-même, Poly-Monde est un projet d’une grande richesse. Les membres étudiant(e)s de Poly-Monde y font l’apprentissage de tous les aspects de l’organisation de la Mission et de son financement. Dans ces tâches, ils sont épaulés par un conseil d’administration – dont je remercie chaleureusement tous les membres – où s’impliquent notamment des anciens de Poly-Monde, un témoignage concret de l’impact que la Mission a eu sur eux, tant au plan professionnel que personnel.

Alors que tire à sa fin la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, déjà couronnée de succès, j’ai la ferme conviction que ses participants ont su y développer des compétences complémentaires cruciales pour leur formation d’ingénieur certes, mais qu’ils y ont surtout fait des rencontres qui les suivront toute leur vie, tant en Corée qu’ici parmi leurs pairs.

Sur une note plus personnelle, j’ai beaucoup apprécié mes premiers mois à titre de professeur responsable de Poly-Monde. Pour cette première Mission, j’ai pris un train en marche à l’automne 2014. Tant la destination que les participants avaient déjà été sélectionnés depuis plusieurs mois. De surcroit, la naissance de mon fils Émile pendant la Mission – une belle nouvelle certes! – m’a empêché d’accompagner le groupe en Corée (je remercie au passage Myung-hee Kim, Christophe Guy, Pierre Baptiste et Line Dubé, qui ont accompagné la Mission cette année). Malgré cela, j’ai la ferme conviction que mon implication dans cette première Mission Poly-Monde restera gravée dans ma mémoire et servira d’assise solide aux prochaines Missions. J’y ai découvert les rouages bien huilés d’un formidable projet. Mais surtout, j’ai appris à connaitre plusieurs leaders de demain dont je suivrai avec passion la progression et les réalisations au cours des prochaines décennies, sans aucun doute aux quatre coins du monde.

Marcelin Joanis, Ph.D.

Professeur responsable des Missions Poly-Monde et de l’orientation thématique Projets internationaux

Professeur agrégé, Département de mathématiques et génie industriel

Responsable, groupe de recherche en Gestion et mondialisation de la technologie (GMT) Vice-président Développement économique, CIRANO

Mot du professeur

responsable

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C’est avec grande fierté que les membres de Poly-Monde 2015 vous pré- sentent ce rapport de Mission. Cette his- toire débute en avril 2014 alors que 24 étudiantes et étudiants en ingénierie à Polytechnique Montréal sont sélectionnés pour faire partie du projet. L’aventure en sol étranger se termine fin mai 2015 dans une des plus grandes villes portuaires de l’Asie du Nord-Est, Busan. Finalement, après plus d’un an de financement et de travail rigoureux, la Mission prend fin au mois de novembre et ce rapport en est le parachèvement.

Les Missions Poly-Monde

Poly-Monde 2015 est la 26e édition des Missions Poly-Monde, fondées pour pré- parer les ingénieurs de demain au contexte

industriel qui sera le leur. La concurrence internationale et la mondialisation des technologies, bien présentes de nos jours, ne sont pas abordées dans le cursus ty- pique de l’étudiant en ingénierie. Pourtant, des ingénieurs tournés vers l’international peuvent améliorer le développement de nos entreprises, donnant tout son sens aux Missions Poly-Monde.

Les étudiants s’engageant dans le projet ont la chance de recevoir cette for- mation exceptionnelle et de faire des ren- contres hors du commun. Ils ont aussi la responsabilité de la réalisation de leur Mis- sion en prenant en charge la logistique, le financement ainsi que de toutes les activi- tés connexes au projet.

Via l’orientation académique Projets internationaux du département de mathé- matiques et de génie industriel, les étu- diants ont reçu une formation sur l’inno- vation technologique et la compétitivité internationale, qui leur fut des plus utile.

Ainsi, ils ont su profiter pleinement de leur expérience en Corée, leur permettant d’in- tégrer les notions du cours et de mettre en lumière les meilleures pratiques en innova- tion et en stratégie.

Destination Corée du Sud

La République de Corée a été la destina- tion retenue pour la Mission Poly-Monde 2015. Ce pays a connu un essor écono- mique des plus impressionnants durant les dernières décennies en misant princi- palement sur une économie d’exportation.

Jouissant d’une géographie centralisée et stratégique, la Corée a surmonté de nom- breux défis, passant d’un pays démuni à un

Poly-Monde au pays du matin calme

Visite de Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME). © MC La Mission en visite chez Bombardier en Corée du Sud. © MC

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statut de « dragons asiatiques ». Ce pays s’est développé au point de devenir une véritable porte d’entrée vers l’Asie pour les entreprises. Suite à la conclusion toute ré- cente d’un accord de libre-échange entre la Corée du Sud et le Canada, les relations entre les deux nations sont plus fortes que jamais et les occasions d’affaires sont multiples.

La Corée du Sud a su se tailler une place considérable dans cette ère de mondialisation. Non seulement est-elle considérée comme étant un chef de file mondial de technologie de l’information, mais elle excelle également dans le sec- teur du transport. C’est dans cette optique que ces secteurs ont été sélectionnés afin d’être étudiés et comparés lors de la Mis- sion 2015.

Lorsque l’on parle de technologies de l’information, il est difficile d’éviter la Corée du Sud. Ce pays se classe au pre- mier rang mondial en termes de vitesse moyenne de connexion Internet, en plus d’être reconnu comme un géant de l’élec- tronique hautement compétitif à l’échelle internationale.

L’industrie du transport est en constante évolution aussi, tant au niveau de la construction, que de la gestion ou des perspectives de développement du- rable. Tout comme le Canada, la Corée du Sud possède de vastes réseaux de transport d’énergie, de marchandises et de personnes, ce qui fournira une base intéressante de comparaison au plan de la construction des réseaux, de la logistique

et de la gestion de ceux-ci, et des défis ou perspectives futures dans le domaine.

De par son environnement à forte densité de population, sa nécessité à échanger avec d’autres pays par voie maritime en raison de sa situation géopo-

litique et de son énorme besoin d’énergie, la Corée du Sud apporte de très intéres- sants modèles de logistique et de gestion dans de nombreux domaines.

Nous vous invitons à vous plonger dans notre rapport afin de mieux saisir l’ensemble des enjeux que nous avons eu le privilège d’analyser.

Bonne lecture!

La Mission 2015 en visite chez Samsung Electronics. © MC

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Visites au Canada

Visite au Port de Montréal. © MC

Fondamentaux

Conférence de Son Excellence M. Choi Dong-hwan, ambassadeur

de Corée du Sud à Montréal

Rencontre avec Marcel Desjardins Pomerleau

Technologies de l’information

Blackberry Celesica

Bell

Rogers Communication Telus

Telus Santé

Boston Consulting Group McKinsey

YRH Accenture Real Ventures Anges Québec

GSoft Nexalogy

Samsao Transit App

Transport

Deloitte Hatch Scotiabank SNC-Lavalin 8D Technologies

AMT

Bombardier aéronautique

Metrolinx

Canadian Pacific Railways Canada Steamship Lines

Fednav Port de Montréal

Gaz Métro

Hydro-Québec TransÉnergie

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Visites en Corée du Sud

Fondamentaux

Zone coréenne démilitarisée Ambassade du Canada en Corée

Technologies de l’information

Samsung C&T Naver Corp

Alticast Penta Security

Hanyang University KAIST

Samsung Electronics Merk Performance Materials

Transport

Ministry of Land, Infrastructure and Transport

Seoul National Univeristy Electric Vehicle Symposium

(EVS28) Incheon Airport Transport Operation and Information System (TOPIS)

Busan Transportation Corporation

Korail

Bombardier transport (Light rail train)

Hyundai Motors

Daewoo Shipbuilding & Marine

Engineering

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Les explications qui suivent visent à clarifier les conventions d’écriture utilisées dans ce rapport afin d’en faciliter la lec- ture.

Lors de la rédaction de ce rapport nous avons tenté de respecter le plus pos- sible les règles et recommandations de l’Office québécois de la langue française.

Les mots empruntés à la langue anglaise ou coréene sont indiqués en italiques, sauf pour les termes passés dans le langage courant.

Les références présentées à la fin de ce rapport et classées par chapitre suivent la norme APA 6e édition en français Cana- da, version Université de Montréal (créée par Florian Martin-Bariteau).

Traditionnellement, les noms occi- dentaux suivent la forme « prénom nom » et les noms asiatiques suivent la forme

« nom prénom ». Cet ordre est conservé dans le rapport pour plus de fidelité.

Ainsi, la présidente Park Geun-hye porte comme nom de famille « Park » et comme prénom « Geun-hye ».

Symboles

Le dollar ($) fait référence au dollar cana- dien.

Le dollar américain est exprimé par $US.

1 $ = 0,82 $US

Le won sud-coréen est exprimé par . 1 $ = 886,74 

1000  = 1,13 $

Les conversions sont en date du 1er mai 2015.

Toute abbréviation de quantité suit la no- menclature suivante :

t milliers (103) : k (kilo-) t millions (106) : M (méga-)

t milliards (billions en anglais) (109) : G (giga-)

t billions (trillions en anglais) (1012) : T (téra-)

Guide de lecture

Visite des installations du Korea Institute of Energy Research (KIER). © MC

Ceci est une bulle théorique Vous en trouverez au fil du texte.

Les bulles théoriques définissent des termes ou des concepts clés évoqués dans le texte et essentiels à la compréhension de celui-ci.

Les bulles théoriques se trouvent à proximité du terme défini.

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Géopolitique 20 Macroéconomie 36 Microéconomie 52

Transport 110

68

Commerce international

Table des matières

84

Technologies de

l’information

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« Quand les baleines se battent, la crevette se fait écraser »

- proverbe coréen

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Le drapeau coréen flottant au sommet du Bukhansan. © MC

Géopolitique

vaincre les anciens vainqueurs

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La Corée telle qu’on la connaît au- jourd’hui est une péninsule d’Asie du Nord-Est, divisée en deux pays : la Répu- blique de Corée au Sud et la République populaire démocratique de Corée au Nord.

Une démocratie ouverte sur le monde au Sud, un régime communiste totalitaire fer- mé sur lui-même au Nord.

Si le territoire coréen apparait aujourd’hui comme un des derniers vestiges d’une guerre froide que l’on imagine souvent révolue, la région est aussi le lieu du déve- loppement de nombreuses industries de pointe. Afin de mieux comprendre l’envi- ronnement dans lequel les industries évo- luent en Corée du Sud, la compréhension des enjeux géographiques, historiques, politiques et culturels de la région est né- cessaire.

La Corée du Sud est actuellement la 15e puissance économique mondiale (Banque Mondiale, 2013) pour une super-

ficie 15 fois plus petite que celle du Qué- bec. Avec un PIB de 1000 milliards de dollars et une croissance économique qui se maintient à 5 % comme c’est le cas en moyenne depuis 10 ans (OCDE, 2005- 2015), la Corée du Sud pourrait être la 3e puissance mondiale d’ici 2050, dépassant des pays comme l’Inde, le Japon, l’Alle- magne ou le Canada (Pons, 2010).

Avec des ports tels que Busan ( ), Ulsan ( ), Gwangyang ( ) et Incheon ( ), le littoral coréen est le plus dynamique d’Asie de l’Est outre la Chine. Sa position géographique ouverte sur l’océan fournit aux ports de la pénin- sule un avantage stratégique par rapport aux autres ports asiatiques. Un des atouts principaux par rapport au Japon est la pro- tection des ports face aux courants océa- niques, mais aussi la stabilité sismique de la région. Ces zones portuaires ont d’au-

tant plus d’intérêt que la Co- rée du Sud est, à l’origine, un pays de tradition agricole doté de maigres ressources naturelles et qui dépend donc beaucoup aujourd’hui, de ses échanges avec l’ex- térieurs.

Par l’intermédiaire des ports, elle importe les tech- nologies, les capitaux et les matières premières, mais aussi exporte des produits à forte valeur ajoutée.

L’énergie coréenne doit elle aussi se fonder sur les im- portations, notamment de pétrole ou sur le nucléaire depuis les années 1980.

Cette dépendance éner- gétique est l’une des fai- blesses majeures de la puis-

Séoul

Chine

Busan Daejon

Corée du Nord

Japon

Chine

Daegu

Ulsan

Population des agglomérations

Ports principaux 11 000 000 4 000 000 2 500 000 1 000 000 500 000

Incheon

Pohang

Jeonju Gwangju

Zone Démilitarisée (DMZ) La mégalopole Séoul - Busan

La Corée du Sud et ses principales villes. © MT

Mise en contexte

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sante industrie coréenne par conséquent entièrement subordonnée aux pays qui la fournie.

La densité de population en Corée du Sud étant aussi très élevée avec 515 hab/

km2 en 2013 (Banque Mondiale, 2013), les réseaux de circulation s’y sont fortement développés. Qu’ils soient ferroviaires ou routiers, ces réseaux se sont concentrés sur l’axe principal Séoul-Busan et sur l’axe secondaire Séoul-Gwangju. Ils ont aussi été adaptés aux besoins des industries, permettant donc leur évolution.

Sur l’axe entre Séoul ( ), la capitale, et Busan, 11e port mondial (Port de Rotter- dam, 2013), c’est une véritable mégalopole coréenne qui a pris forme. Cet axe est hé- rité de la colonisation japonaise qui avait développée les industries au nord de la péninsule pour les acheminer au sud à Bu- san, port le plus ouvert vers le Japon. Avec 33 millions d’habitants, l’agglomération de Séoul regroupe 70 % de la population pour former la région la plus dynamique du pays et regrouper à elle seule 75 % du PIB sud- coréen. La capitale regroupe les industries textiles, électroniques, électriques et de pointe. C’est 50 % des installations indus- trielles coréennes que l’on retrouve dans cette zone ouverte vers l’extérieur par le port d’Incheon, aussi spécialisé dans les industries lourdes telles que le raffinage (Encyclopædia Universalis, 2015).

Busan, quant à elle, est le centre de la se- conde grande région industrielle du pays.

Le port a un rôle central dans l’organisa- tion des axes littoraux puisqu’il est relié à tous les complexes industrialo-portuaires du Sud de la péninsule.

Entre Séoul et Busan, la ville de Daejeon ( ) joue le rôle de centre de développement technologique. Véritable berceau de la recherche sud-coréenne, la plaine de Daejeon est souvent comparée à la Silicon Valley américaine. La commu-

nication entre ces 3 pôles est encore une fois renforcée par le réseau ferroviaire et la circulation du KTX, le TGV coréen, mis en service depuis 2004 (Encyclopædia Uni- versalis, 2015).

Par sa situation géographique entre la Chine et la Russie au nord, et le Japon au sud, la péninsule coréenne se trouve entre 3 des 5 plus grandes puissances mondiales (Banque Mondiale, 2013). Bien avant d’être le théâtre des relations ten- dues entre ces puissances, il faut rappe- ler que la culture coréenne est le résultat d’une réelle différenciation locale. Depuis plus de 1000 ans, jusqu’à la colonisation par le Japon au début du 20e siècle, de nombreux Royaumes se sont succédés sur la péninsule coréenne. Ce sont ces Royaumes qui ont permis de maintenir une société indépendante politiquement et culturellement distincte des puissances voisines.

Chine

BUSAN

Corée du Nord

Japon

Chine

POHANG

ULSAN CHANGWON

GWANGYANG

sidérurgie

chantier naval - pétrochimie raffinage

mecanique - automobile

acierie #1 mondiale

#11 Port Mondial

Corée du Sud

vers le Japon vers Séoul

vers la Chine

Ports principaux Principales voies de transports terrestres

Le port d’Icheon (Séoul) est directement relié, à l’est, au complexe industrialo-portuaire d’Ulsan regroupant le raffinage, la pétrochimie et des chantiers navals, ainsi que Pohang pour la sidérurgie. À l’ouest, Changwon regroupe la mécanique et l’automobile alors que Kwangyang, 2e port coréen, possède la plus grande aciérie mondiale. © MT La ville de Séoul, vue du sommet du Bukhansan, le plus haut point de la capitale. © MC

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Les premiers peuples sédentaires présents sur la péninsule coréenne sont relatés dans la littérature chinoise dès le 4e siècle avant Jésus-Christ.

Progressivement, ces différents peuples et royaumes ont défini une identité régionale commune. C’est seulement après une période de conflits entre trois Royaumes : Koguryo ( ) au nord, Baekche ( ) au sud-ouest et Silla ( ) au sud-est puis la victoire de Silla, que la péninsule coréenne est unifiée en 668.

C’est sous la dynastie Koryo ( , 918- 1392), dont le nom occidental « Corée » est dérivé, que le territoire atteint les fron- tières qu’il connaît aujourd’hui, Corée du Nord incluse.

La dynastie Choseon ( ), qui oc- cupe le trône de 1392 à 1910, cherche en- suite à consolider les frontières nationales et les pratiques culturelles locales.

Contrairement à la Chine, bien qu’il y ait des différences régionales de moeurs et de dialectes, une réelle homogénéité culturelle fondamentale existe et les ac- cents sont parfaitement intelligibles entre

tous les Coréens. Cependant, du fait de la proximité du puissant empire chinois, un certain héritage culturel en provient et reste présent dans les traditions coréennes que ce soit par les caractères chinois dans le langage écrit ou par l’adoption de la phi- losophie néo-confucianiste par l’élite diri- geante coréenne.

L’influence du confucianisme dans la société coréenne est d’abord visible au ni- veau des relations sociales dont l’harmo- nie résulterait du fait que chaque individu connaisse sa tâche dans l’ordre naturel et que cette tâche soit bien faite.

En adoptant cette idéologie, l’État encou- rage aussi l’éducation, pilier de la phi- losophie de Confucius. De nombreuses écoles sont alors fondées pour enseigner selon l’idéologie traditionnelle. La mérito- cratie est en effet à la base de l’organisa- tion de la structure sociale et de l’accès au pouvoir, régie par des tests d’aptitude écrits.

La capacité à diriger est évaluée par la capacité d’une personne à se gouverner elle-même ainsi que ses sujets à travers l’éducation et le caractère exemplaire de ses décisions. La personne qui gouverne est alors celle qui le fait par vertu et qui cherche à corriger son peuple par bienveil- lance plus que par punitions ou méthodes coercitives (Confucius, Entretiens, II.1.).

La nature culturelle et philosophique de ces rapprochements avec la Chine per- met aussi une entente militaire entre la Chine et la Corée. Sous la dynastie Cho- Détail du toît d’un des palais du complexe de Gyeongbokgung à Séoul. © MC

La Corée avant le 20 e siècle

les 3 Royaumes

Confucianisme

Le confucianisme est la doctrine philos- ophique de Maître Kong, ou Kongfuzi, nom que les jésuites ont latinisé en Confucius.

Le néo-confucianisme en Corée est une évo- lution des pratiques du confucianisme qui est adoptée sous la dynastie Joseon comme idéologie d’État. Durant cette ère, le Boud- dhisme et toute autre religion sont considérés néfaste par l’ordre néo-confucéen.

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Des relations délicates

seon, le Roi coréen entretien un lien étroit avec la Cour chinoise allant même jusqu’à préter allégeance à cet Empire. Cette obé- dience envers la Chine pour une protection militaire et une reconnaissance politique n’est cependant que symbolique, car les Coréens possèdent une réelle autonomie dans leur développement local.

Après les invasions japonaises dévasta- trices du 16e siècle et celles des Mand- chous au 17e siècle, la Corée de la dynas- tie Choseon va jusqu’à développer une

politique pseudo-autarcique limitant les contacts avec l’extérieur à quelques rares missions diplomatiques en Chine et à un port destiné aux échanges avec les mar- chants japonais. C’est ce port qui devient plus tard le Port de Busan que l’on connaît aujourd’hui. 250 ans de paix et de stabilité interne s’en suivent jusqu’au 19e siècle, pé- riode où les pays occidentaux découvrent ce territoire et manifestent de l’intérêt à ouvrir le marché coréen vers l’international (Encyclopaedia Universalis, 2015).

Dans les années 1860, la Grande- Bretagne, la France et les États-Unis tentent, en vain, successivement d’ame- ner la Corée vers l’ouverture au commerce.

C’est finalement le Japon, très récemment ouvert aux relations internationales, qui impose un traité diplomatique à la Corée pour la première fois en 1876. Suit alors une guerre d’influence dans la région entre la Chine, le Japon et la Russie.

La victoire de cette guerre de 10 ans par le Japon lui permet d’annexer la Corée qui est ainsi considérée en 1910 comme une colo- nie nippone. Ce conflit ainsi que plusieurs autres qui ont suivi ont fortement mar- qué et, en quelque sorte, forgé l’identité coréenne. En effet, suite aux nombreuses invasions, un fort sentiment de vengeance s’est emparé du peuple coréen, justifiant par le fait même leur extrême compétitivité (Hong Lai, 2010).

Aujourd’hui, alors que la Corée du Sud est devenue une puissance écono- mique mondiale, plusieurs rivalités et ten- sions avec la Chine, le Japon et la Corée du Nord, demeurent.

« Il faut vaincre les anciens vainqueurs » (Légaré-Tremblay, 2015) Les relations conflictuelles entre le Japon et la Corée du Sud perdurent depuis plus d’un siècle. Les Sud-Coréens entretiennent une volonté profonde de surpasser leur ri- val historique dans toutes les sphères de la société. Par exemple, Samsung considère Sony comme son principal compétiteur,

plutôt que les géants américains Microsoft ou Apple. Alors que le Japon ne semble pas entretenir un tel désir de rivalité, quelle est la motivation réelle des coréens?

D’abord, il faut mentionner que le Japon a réalisé les prémices du dévelop- pement industriel en Corée. Ce sont des industries telles que l’acier, le ciment et les produits chimiques qui sont mises en place dans les années 1920 et 1930, par- ticulièrement dans la partie nord de la péninsule où le charbon et les ressources hydroélectriques sont abondants.

À l’époque où les lois coloniales japo- naises prennent fin, la Corée est le 2e pays d’Asie le plus industrialisé, après le Japon lui-même (Armstrong, 2014).

Or, si le Japon colonise la péninsule au début du 20e siècle contribuant à l’apport de nombreuses technologies industrielles lors de la colonisation, une gouvernance stricte et souvent brutale est exercée.

L’objectif des Japonais est clair : assimi- ler le peuple coréen à la culture nipponne en tentant d’anéantir la langue et l’identité culturelle coréenne (Armstrong 2014).

Par la suite, lors de la Deuxième Guerre mondiale, ceux-ci vont même jusqu’à for- cer de jeunes hommes à s’enrôler dans l’armée japonaise et de jeunes femmes à se prostituer. Naît alors un fort senti- ment de colère des Coréens envers les Japonais, que l’on peut ressentir encore aujourd’hui. Ceux-ci n’ayant toujours pas oublié la présence forcée des Japonais sur leur territoire.

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La fin de l’occupation nipponne sur-

vient alors que le Japon abdique face aux États-Unis et leurs alliés occidentaux en 1945. Officiellement, le traité de paix est signé en 1965 : le Japon alors devient le plus important partenaire commercial de la Corée du Sud (Hong Lai, 2010).

Cependant, les tensions sont tou- jours palpables : le gouvernement coréen actuel critique la rhétorique révisionniste du Japon. En effet, de nombreux actes symboliques de la part du gouvernement japonais dans les dernières décennies, réinterprétant ou niant certains gestes commis durant la guerre, sont venus at- tiser les mésententes des deux peuples (Hong Lai, 2010). Les cicatrices semblent profondes.

En dépits des nombreux différends histo- riques et mémoriels, le Japon et la Corée

tentent d’améliorer leurs relations. De plus en plus de projets communs sont entrepris en vue d’une réconciliation.

Un exemple majeur est l’organisation de la Coupe du monde de football 2012 réa- lisée conjointement entre les deux pays;

un pas vers une coopération essentielle à leur développement économique. En effet, la Corée est un partenaire commercial de poids pour le Japon, et inversement. Elle dépend notamment du pays du Soleil-Le- vant pour de nombreux produits de haute technologie (Hong Lai, 2010).

Outre l’interdépendance économique, les deux pays partagent la même vision en ce qui concerne la sécurité des voies maritimes et les relations avec la Corée du Nord. Les produits culturels japonais et coréens connaissent un succès retentis- sant dans chacun des pays (Heimburger, 2014).

Deux pays en guerre

La guerre de Corée; épisode de la guerre Froide

La fin de l’occupation japonaise sur le

territoire coréen suite à la Deuxième Guerre mondiale marque le début d’une

des plus grandes rivalités de l’Histoire.

Malgré ses allures de guerre civile, la guerre de Corée s’étend à l’internatio- nal, comme la majorité des conflits qu’a connus la Corée. En raison de sa situa- tion géopolitique et de sa position stra- tégique, «un problème coréen n’a existé indépendamment du contexte régional et mondial» (Pak, 2013).

La péninsule coréenne est alors divisée en deux; le Nord communiste et le Sud pro-occidental. À ce moment, les rela- tions entre les deux États antagonistes sont très tendues et la Corée devient le décor des oppositions entre les protago- nistes de la guerre froide.

En effet, ce conflit, opposant les démo- craties occidentales aux régimes com- munistes, n’a pas lieu qu’en Europe. Les disputes territoriales en Asie jouent éga- lement un rôle crucial dans le dénoue- ment des combats entre alliés de l’Union soviétique et des États-Unis (Jean Cer- makian, 2013).

C’est dans cette atmosphère que les Nord-Coréens, appuyés par les armées chinoises et soviétiques, décident d’en- vahir leur voisin du sud en 1950. Cette La frontière très surveillée entre les Corées du Sud et du Nord.

Symbole du conflit coréen, la zone démilitarisée (DMZ) est la frontière terrestre unique longue de 238 kilomètres, doublée de structures militaires permanentes, séparant les deux pays. © MC

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attaque a ironiquement pour but de réunir à nouveau les deux Corées. La guerre de Corée éclate.

Trois ans et quatre millions de morts plus tard, le conflit prend officiellement fin le 27 juillet 1953, alors que l’armis- tice de Panmunjom est signé. Cet ac- cord consacre la division de la péninsule entre les deux états ennemis de part et d’autre d’une zone démilitarisée suivant le 38e parallèle et statue, de façon per- manente, la présence des forces armées américaines en Corée du Sud (Benjebria, 2015).

Ainsi, cette guerre, dont la réunifi- cation était l’objectif, a inversement en- tériné la division.

Relations d’aujourd’hui

Un armistice se décrit comme une convention mettant fin à un conflit entre deux ou plusieurs armées en temps de guerre. Ce n’est cependant pas un traité de paix : les deux Corées sont théorique- ment toujours en guerre.

Ces dizaines d’années de « paix ar- mée » n’ont fait qu’accentuer le contraste entre les deux États. Au nord, la popula- tion est sous le joug d’un régime totalitaire dont les politiques priorisent le dévelop- pement militaire aux dépends des besoins fondamentaux, alors qu’au sud, l’écono- mie est en plein essor et ses politiques favorisent une ouverture sur le commerce international.

Les relations sont conflictuelles et on assiste à des épisodes de forte ten- sion. Cependant, l’arrivée de Park Geun- hye à la tête de la Corée du Sud en 2012 amène une lueur d’espoir en faisant de la réunification une priorité.

Le gouvernement tente d’ouvrir le dia- logue avec le régime de Kim Jong-Un tout en favorisant la sécurité nationale.

La Corée du Sud pourrait alors profiter des nombreuses ressources naturelles des nord-coréens, tandis que ces der- niers auraient accès à la main d’œuvre industrielle très développée sud-co- réenne.

Toutefois, le maintien de l’activité nu- cléaire par Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, se dresse comme un obstacle à cette politique et fige les projets de réconciliation (Benoit Hardy- Chartrand, 2013).

D’un point de vue économique, une réunification serait-elle rentable pour la puissance mondiale qu’est devenue la Corée du Sud? À partir du modèle de la réunification allemande, il est possible de croire qu’une telle démarche coûterait 500 milliards de dollars. Avec un PIB 45 fois plus élevé que son voisin, ces coûts seraient absorbés en quasi-totalité par la Corée du Sud. Il est à se demander si les Sud-Coréens sont prêts à de tels inves- tissements.

Selon une enquête menée par le minis- tère sud-coréen de l’Unification publiée en 2014, seulement 50 % des habitants seraient prêts à consentir des sacrifices financiers pour parvenir à une réunifica- tion (RTL, 2014).

Selon M. Walsh, ambassadeur du Ca- nada en Corée, il y aurait aussi la pos- sibilité d’une intervention économique des pays étrangers supportant la réuni- fication afin de combler la faible capa- cité financière de la Corée du Nord. Les démarches ne sont toutefois pas assez avancées pour que le Canada puisse prendre une quelconque décision. Il ajoute aussi qu’il est probable que la Corée du Nord, pour une question de fierté, ne soit pas réceptive à une telle aide financière (Kim, Kim, Walsh, Dubuc et Poly-Monde, 2015).

Outre le côté économique, il ne faut pas négliger les différences idéologiques et culturelles entre les deux peuples.

Les organisations non-gouvernemen- tale (ONG) venant en aide aux réfugiés nord-coréens s’inquiètent du fait que

« soixante et une années de séparation et d’isolement pour le régime ermite de la Corée du Nord ont éloigné les deux peuples qui, [même] s’ils continuent de se voir comme une seule nation, se mé- fient l’un de l’autre et ont de plus en plus de mal à se comprendre, y compris sur le plan linguistique » (Autere, 2014).

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Dans les rues de Séoul, aucune trace de la guerre n’est ressentie. On perçoit plutôt le succès planétaire que connait la Corée dans la présente décen- nie. Pour les jeunes, la guerre semble ap- partenir au passé. Cependant le conflit est réel et la zone démilitarisée du 38e parallèle marque le fossé important entre les deux Corées.

Les soldats du sud et du nord postés à la frontière rappellent que la réunification ne se fera pas sans conséquences ni sa- crifices (Pak, 2013).

L’influence des puissances mondiales

La Chine et les États-Unis, alliés respec- tifs du Nord et du Sud, sont des acteurs importants dans la question de la réunifi- cation de la péninsule.

Selon les Américains, la Corée du Nord représente un des problèmes les plus dérangeants et persistants pour les po- litiques étrangères. Le régime de Kim Jung-un est perçu comme une réelle menace à la sécurité nationale du pays.

C’est pourquoi, les Américains sup- portent ardemment la vision de la Co- rée du Sud pour une réunification sous le contrôle de Séoul (John-Chul Park, 2014).

La Chine pour sa part ne se positionne pas officiellement sur la question de la réunification afin de protéger ses propres intérêts. En effet, Pékin est de loin le plus

important partenaire économique des Nord-Coréens, leur fournissant plusieurs ressources telles que de l’énergie, des produits de consommations et de luxe, ainsi que de la nourriture. Il est logique de croire que la Chine ne veut pas mettre en péril cette relation particulière avec ses voisins du sud (Kelly, 2014).

La Corée du Sud se retrouve donc dans une situation bien délicate alors que les deux plus grandes puissances mondiales divergent sur la question de la réunifica- tion.

La vision de Pékin sur la question, à l’opposé de celle de Séoul, freine le dé- veloppement des relations entre les deux pays. Cependant, ce développement est inévitable en raison de la montée de la Chine dans les dernières années.

La Corée du Sud fait donc face à un di- lemme stratégique. D’une part, les États- Unis, allié traditionnel assurant leur protection et d’autre part, la Chine, de laquelle la Corée est grandement dépen- dante économiquement. Pour leur propre intérêt national, les Sud-Coréens croient qu’il ne faut, en aucun cas, promouvoir une relation au dépend de l’autre (Han, 2012).

Bref, que ce soit avec le Japon, la Chine ou les États-Unis, la Corée se retrouve dans plusieurs cas le théâtre de confrontations, d’oppositions et de mésententes qui créent un climat d’in- certitudes politiques et sociales. On y voit, encore-là, la source de la méfiance constante, du nationalisme et du senti- ment de vengeance du peuple coréen.

Ces situations conflictuelles poussent la Corée à sortir de l’état d’extrême pau- vreté dans lequel elle s’est retrouvée.

Conséquemment, une doctrine prônant l’ardeur au travail et les efforts constants est inculquée au peuple. Plusieurs an- nées plus tard, cette mentalité persiste et la Corée est gouvernée par la culture du « Ppalli, Ppalli! » (« Allez, allez! »). Cet état d’esprit met de l’avant l’efficacité d’exécution au dépend du bien-être de tous. Une forte compétitivité est alors présente dans plusieurs sphères de la société coréenne.

« Non pas la dernière station depuis le Sud, mais la première vers le Nord. » Comme l’illustre cette pancarte visible dans la gare frontalière de Dorasan, les espoirs de réunification sont encore présents. © MC

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Plus de 50 ans de relations diploma- tiques lient la Corée du Sud et le Canada.

Premiers missionnaires occidentaux à vi- siter la péninsule coréenne au 19e siècle (Foreign Affairs Trade and Development Canada Government of Canada, 2015) (Yoo, 1996), les Canadiens participent à la mise en place d’élections libres par l’entre- mise de la Commission des Nations Unies en 1947 et reconnaissent la République de Corée en 1949 (Foreign Affairs Trade and Development Canada Government of Ca- nada, 2015).

Par la suite, le Canada devient, avec 26 791 troupes, le troisième plus gros contingent étranger lors de la Guerre de Corée en 1950-53, une attention que les Sud-Coréens tiennent encore en estime (Choi, 2015).

Ce n’est qu’en 1963 que les deux pays officialisent leurs relations diplo- matiques. Deux ans plus tard, la Corée du Sud est la première à inaugurer son ambassade à Ottawa (Embassy of the Republic of Korea to Canada, 2015); il faudra attendre 1973 pour qu’une am- bassade canadienne ouvre ses portes à Séoul (Foreign Affairs Trade and Deve- lopment Canada Government of Canada, 2015).

Le développement rapide de la Corée a permis aux deux pays d’étoffer leurs relations au fur et à mesure des années : leurs adhésions communes au G20 (Groupe des vingt), à l’APEC (Coopé- ration économique pour l’Asie-Pacifique, en anglais Asia-Pacific Economic Coo- peration), à l’OMC (Organisation mon- diale du commerce) ou encore à l’OCDE (Organisation de coopération et de déve- loppement économiques) ont renforcé leurs liens diplomatiques, économiques et commerciaux.

C’est ainsi qu’en 2014 la Corée est le 7e partenaire commercial du Canada avec 11,4 milliards de dollars de marchandises échangées (Kim et al., 2015) comprenant principalement de la part de la Corée des voitures, des téléphones mobiles, des

pièces automobiles, des pneus ou encore de l’acier, et de la part du Canada du char- bon bitumineux, des minerais de cuivre, de fer et d’uranium, et de la pâte à papier (Embassy of the Republic of Korea to Ca- nada, 2015).

Afin de favoriser encore ces échanges et de concurrencer les États-Unis et l’Union européenne, un accord de libre-échange Canada-Corée du Sud (ALECC) est signé en septembre 2014. Cet accord, étudié plus en détails dans le chapitre Commerce international de ce rapport, permettra au Canada d’augmenter ses exportations vers la Corée de 32 %, en plus d’injecter 1,7 milliards de dollars dans l’économie canadienne et de créer des milliers d’em- plois (Affaires étrangères Gouvernement du Canada, 2015).

Relations avec le Canada

La Mission 2015 à l’ambassade du Canada en Corée du Sud. © MC

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Évolution du système politique et organisation actuelle

Le développement de la puissante indus- trie sud-coréenne et la croissance rapide du pays est le fruit de politiques de dé- veloppement favorisées par la structure même du pouvoir qui a oscillé entre régime présidentiel et dictature. Il s’agit donc ici de comprendre les évolutions qu’ont ap- portées les six Constitutions coréennes promulguées depuis 1948.

La première Constitution coréenne est promulguée le 17 juillet 1948, suite à l’occupation japonaise qui durait depuis plus de 35 ans. La République de Corée est fondée le 15 août 1948 avec la mise en place d’un gouvernement pro-amé- ricain à Séoul et l’élection du Président Rhee Syngman au suffrage indirect. Sous la gouvernance de Rhee, la Constitution est amendée pour autoriser le cumul des mandats et l’élection du Président au suf- frage universel direct.

À la chute du régime de Rhee, l’Assemblée nationale adopte une nouvelle Constitution

instaurant un système parlementaire bica- méral permettant une meilleure régulation du pouvoir exécutif. C’est le début de la IIe République qui semble dessiner les bases d’un système politique plus équilibré.

Pourtant, le 16 mai 1961, un coup d’état militaire dirigé par le général Park Chung-hee dissout le Parlement et crée un Conseil suprême de reconstruction natio- nale.

Park fait adopter par le référendum du 17 décembre 1962 une nouvelle constitution qui restaure le système présidentiel, c’est la IIIe République.

Dix ans plus tard en 1972, dans l’objectif de pérenniser son pouvoir « à vie », Park fait adopter une nouvelle Constitution pour créer la IVe République qui ne limite plus le nombre de mandats présidentiels. Cette dernière constitution, assurant une élec- tion majoritaire à Park est fortement criti- quée par des Coréens qui souhaitent une réelle démocratie. Jusqu’à sa mort, Park ne réussit alors à gouverner qu’en prenant des mesures d’exception et en proclamant des lois martiales pourtant à l’encontre d’une culture néo-confucianiste profondé- ment anti-coercitives.

À la mort de Park, un Comité spécial de la sécurité nationale est créé et aboutit au vote de la Constitution de la Ve Répu- blique, approuvée par référendum.

Cette République est marquée par la limi- tation du mandat présidentiel à 7 ans et par la suppression du couvre feu qui exis- tait depuis 1945.

En 1987, la Constitution coréenne évo- lue une nouvelle fois pour faire entrer la Corée du Sud dans la VIe République. Elle marque le retour d’une réelle représenta-

L’évolution des systèmes politiques

Bicamérisme

Système d’organisation politique divisant le Parlement en une Chambre basse élue di- rectement par le peuple (assemblée) et une Chambre haute représentant l’État (sénat).

L’ambassadeur Choi en conférence à Polytechnique, soulignant l’amitié canado-coréenne. © MC

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La croissance économique sud-co- réenne est comparée à un véritable miracle pour son efficacité fascinante. Les leaders du pays ne manquent pas une utilisation de ce terme pour éveiller la fierté et le na- tionalisme des Sud-Coréens.

Cette croissance forte a permis une indus- trialisation rapide du pays, des créations technologiques, une urbanisation impor- tante, ou une excellence éducative qui font désormais la fierté du peuple coréen.

Ces évolutions sont cependant les fruits de politiques nationales difficiles.

La réforme des territoires de Rhee Syngman (1953-1961)

Si les politiques de Rhee Syngman sont

critiquées pour leur autoritarisme, le début de la réussite économique coréenne est souvent attribuée à sa reforme des terri- toires. L’objectif de cette réforme est une redistribution équitable des territoires et un accès à la propriété qui se traduit par une nette augmentation du pourcentage de terres exploitées par des agriculteurs propriétaires qui passe de 14 % à 72 % entre 1944 et 1964 (Putzel, 2000).

Cette division équitable de la propriété des terres permet une augmentation et une ré- partition des revenus dans les campagnes.

Trois facteurs majeurs montrent ensuite que cette réforme s’inscrit dans le plan de développement économique sud-coréen : Premièrement, cette réforme crée un envi-

Le miracle de la rivière Han

tion du peuple dans les décisions légis- latives et le choix de leur dirigeant par le suffrage universel qui n’existe plus depuis 1972 et réduit à 5 ans le mandat présiden- tiel (Encyclopædia Universalis, 2015).

Actuellement, le régime sud-coréen est présidentiel et monocaméral, même si peu à peu, le Président a perdu de ses pré- rogatives au profit du Parlement.

Or, si un gouvernement sud-coréen est créé très tôt, une réelle démocratie ne commence à se mettre en place qu’au cours des années 1980 et 1990 pour res- sembler à l’organisation que l’on connaît aujourd’hui (BiblioMonde, 2006).

L’organisation du pouvoir est faite autour d’un pouvoir exécutif, d’un pouvoir législatif et d’un pouvoir judiciaire.

Le pouvoir exécutif est détenu par le Pré- sident de la République, et son Premier ministre doit être considéré comme son premier assistant. Park Geun-hye, la prési-

dente actuelle et fille de Park Chung-hee, a été élue en Novembre 2013.

Le pouvoir législatif appartient au parle- ment d’une seule chambre : l’Assemblée nationale ou Gukhoe ( ). Elle est com- posée de 273 députés dont les deux tiers se font élire au scrutin majoritaire alors que le dernier tiers des sièges est réparti proportionnellement à la représentation de chaque parti lors du suffrage direct. Ils sont élus pour un mandat de 4 ans.

L’Assemblée investit ensuite le Premier ministre proposé par le Président et, même une fois investi, elle conserve le droit de révoquer le chef du gouvernement en place après un an.

C’est aussi à l’Assemblée que les lois sont proposées, débattues et votées (Biblio- Monde, 2006).

Le pouvoir judiciaire est quant à lui consti- tué des cours de district, des cours d’ap- pel et de la Cour suprême, et le Chef de la Justice est nommé pour 6 ans par le Président de la République avec approba- tion de l’Assemblée nationale. Le Chef de la Justice nomme les juges des tribunaux suite à l’approbation du Conseil constitu- tionnel. Une fois nommés, les juges sont inamovibles (BiblioMonde, 2006).

Hangangui Gijeok,

한강의 기적

Monocamérisme

Système d’organisation parlementaire à une seule Chambre (l’Assemblée dans le cas de la Corée).

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ronnement politique et économique plus stable dans les campagnes permettant ainsi à Rhee puis Park de se concentrer sur le développement du secteur industriel (Putzel, 2000).

Deuxièmement, la reforme est essentielle pour l’accès à l’éducation des popula- tions rurales dans les années 60. La tradi- tion néo-confucianiste du pays amène les familles rurales à dépenser la majorité de leurs augmentations de revenu dans l’édu- cation de leurs enfants qui fournissent alors une mains d’œuvre hautement qua- lifiée, ressource de choix pour l’industrie locale en développement.

Finalement, l’augmentation des revenus du secteur rural permet l’expansion du mar- ché local dont l’étendue est fondamentale au début de la période d’industrialisation par substitution des importations du plan quinquennal de Park Chung-hee (Putzel, 2000).

Le plan quinquennal de

développement économique de Park Chung-hee

Amorcé au début de la dictature de Park Chung-hee en 1962, le premier plan quin- quennal de développement économique coréen est mis en place jusqu’en 1966.

Son objectif est l’industrialisation forte du pays par la promotion des exportations et le contrôle d’un État autoritaire.

À travers des plans d’industrialisation de 5 ans, l’accent a été mis progressive-

ment sur des industries légères dans les années 1960, sur des industries lourdes et chimiques dans les années 1970, pour en- fin atteindre le développement des hautes technologies dans les années 1980.

Cette évolution est visible dans la part du PIB de la production industrielle qui passe de 9 % en 1953 à 39 % en 1985.

Mais cette évolution rapide n’est pas sans causer de protestations du peuple qui conduisent alors Park à prendre des mesures pour contenir la population et conserver le pouvoir (Encyclopædia Uni- versalis, 2015).

L’héritage des lois martiales

Le peuple coréen a été fortement marqué par le recours récurent de leurs Présidents aux lois martiales.

Dès son second mandat, le Président sud- coréen Rhee Syngman, anticommuniste virulent, décrète une loi martiale en 1956, ainsi qu’une loi sur la sécurité nationale destinée à opprimer la presse.

Pendant la dictature de Park une seconde loi martiale est là encore mise en place lorsqu’il réalise que son despotisme n’est pas accepté par la société coréenne.

Après sa mort, malgré la volonté de Choi Kyu-hah de prendre des mesures libérales, un nouveau groupe militaire dirigé par le général Chun Doo-hwan prend le pouvoir.

C’est finalement en 1987 que le Président Roh Tae-woo met en place la VIe République et apaise les traumatismes laissés par ces lois en rétablissant le suffrage universel, la liberté de la presse et la liberté syndicale.

Des politiques de purification du Des membres de la Mission en hanbok, l’habit traditionnel coréen. © MC

Chaebol ( )

De chae – richesse – et bol – clan (Merriam- Webster Dictionary, 1984).

Créés après la guerre par le gouvernement Park Chung-hee, ces conglomérats familiaux de compagnies (sous forme de maison mère–

filiales) avaient pour but de relever l’économie nationale en leur confiant le monopole de secteurs donnés. Bien qu’ayant fait de la Corée l’un des dragons asiatiques, les chae- bols sont aujourd’hui critiqués pour leur as- pect ploutocratique (dirigés par l’argent), leurs relations financières complexes et leur poids trop important dans le PIB coréen.

Parmi les principaux chaebols, on peut nom- mer Samsung, Hyundai et LG Group.

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2,3 milliards. C’est le nombre de vues que totalise en mai 2015 le vidéoclip Gan- gnam Style du chanteur sud-coréen PSY (PSY - GANGNAM STYLE ( ) M/V, 2012), lui valant plusieurs records Guinness (Guinness World Records News, 2012). Cette chanson, devenue virale, a démocratisé la musique coréenne en Amérique du Nord et en Europe.

Cette découverte soudaine de l’Oc- cident pour la culture coréenne n’est pas le fruit du hasard, mais d’une entreprise bien plus profonde et calculée du gou- vernement. Car oui, la culture coréenne s’exporte déjà depuis la fin des années 1990, notamment dans le reste de l’Asie, mais également au Moyen-Orient et en Amérique du Sud (Courmont, 2012; Léga- ré-Tremblay, 2015).

Appelée hallyu, cette « vague [culturelle]

coréenne » est l’initiative du gouverne- ment du président Kim Dae-jung (en poste de 1998 à 2003), désirant à l’époque diver- sifier les revenus du pays (Légaré-Trem- blay, 2015). La dépendance aux chaebols devenant un risque d’écroulement de l’économie si l’un de ses géants venait à péricliter, le président Kim décide, après la crise économique asiatique de 1997- 1998, de relancer le pays en concentrant

les efforts non pas sur l’industrie manu- facturière, mais sur la culture. Une ap- proche assez inédite et risquée, rarement entreprise par les gouvernements occi- dentaux, comme par exemple au Québec, où 2,5 millions de dollars ont encore été coupés du budget du Conseil des arts et des lettres du Québec en 2015 (ICI.Radio- Canada.ca, 2015).

Pour mener à bien ce programme, le gouvernement se lance dans le pari auda- cieux de devenir le pays le plus connec- té du monde, défi qu’il relève à peine quelques années plus tard (Légaré-Trem- blay, 2015).

Aujourd’hui encore, la Corée du Sud est l’un des pays précurseurs de nombreuses technologies, comme les normes de télé- phonie mobile CDMA ou LTE, ce qui lui valent le qualificatif de « marché test » pour de nombreuses innovations électro- niques (Ducourtieux, 2013).

Hallyu : la déferlante coréenne

système politique sont ensuite mises en place. D’abord par le Président Kim Young-sam pour que ses prédécesseurs puissent être jugés pour leurs crimes commis lors du coup d’état de 1979 et ensuite lors des soulèvements populaires de Kwangju.

Par la suite, élu en 2002, le programme du Président Roh Moo-hyun est princi- palement orienté vers la lutte contre la corruption récurrente dans les puissants chaebols (conglomérats) et dans les mi- lieux politiques (Encyclopædia Universa- lis, 2015).

Le chanteur sud-coréen PSY a su démocratiser la K-Pop en occident.

© Capture d’écran YouTube

Hallyu ( )

Des racines han ( ) – état d’être coréen – et ryu ( ) – vague ou courant, la hallyu est la vague culturelle initiée par le gouverne- ment de Kim Dae-jung au début des années 2000. Exportant la culture musicale, ciné- matographique, télévisée, technologique et culinaire, ce mouvement vise à diversifier les revenus nationaux et promouvoir internation- alement le Made in Korea, pour ainsi assurer la stabilité économique du pays.

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Parallèlement, beaucoup d’efforts sont mis pour encourager la création de contenu : en 2012, ce sont plus de 1 billion de won (1,1 milliard de dollars canadiens) qui ont été insufflés par le Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme dans l’industrie de la culture (Cho, 2012). Les bénéficiaires vont des studios cinémato- graphiques de Busan aux maisons de pro- duction musicale, telles SM entertainment, YG entertainement ou encore JYP enter- tainement. Son influence est telle en Asie que les célébrités coréennes figurent par- mi les acteurs les mieux payés au monde derrière ceux de Hollywood (Faiola, 2006).

Cet univers artistique gigantesque se base sur différents média : la musique (avec la K-pop – de l’anglais Korean pop), les téléromans (K-drama), les films, les technologies et la cuisine.

Sa propagation se fait au travers de moyens traditionnels, par la vente de CD

ou la diffusion de programmes télé et de films, mais est grandement amplifiée par Internet, d’où la course à la connectivité menée par le gouvernement.

Les vidéoclips de K-pop sont vus plu- sieurs dizaines de millions de fois sur les sites de partage comme YouTube, les ad- mirateurs de K-drama s’entraident afin de traduire en plusieurs langues leurs émis- sions préférées, et les films sont dispo- nibles en ligne et sous-titrés. La société coréenne restant très traditionnaliste, ses programmes – surtout ses téléromans – s’exportent très facilement : contrairement aux séries américaines mêlant violence et sexualité, les K-drama demeurent très pudiques et abordent des thèmes pouvant passer aux heures de grande écoute dans le monde musulman, expliquant leur suc- cès dans les pays du Moyen-Orient (Léga- ré-Tremblay, 2015).

Les conséquences de cette vague culturelle sont impressionnantes et visibles dès les balbutiements du programme : de 2003 à 2004, le nombre de touristes étran- gers visitant la Corée du Sud est passé de 2,8 à 3,7 millions (Faiola, 2006), pour atteindre 14  millions aujourd’hui (Office national du Tourisme coréen, 2014).

Un autre effet collatéral de cette vague : une solidification des chaebols. Grâce au place- ment de produits dans les K-drama, les films ou les vidéoclips de K-pop, l’Asie, le Moyen- Orient ou l’Amérique du Sud sont inondés visuellement de produits coréens, les mé- nages de ces pays en développement dési- rant maintenant posséder une voiture Kia, de l’électroménager LG ou le nouveau télé- phone Samsung (Légaré-Tremblay, 2015).

C’est un véritable écosystème socio-écono- mique que le gouvernement coréen a réussi à installer avec sa hallyu.

Les raisons officielles de cette expor- tation culturelle cachent cependant une motivation plus profonde : l’obsession de la première place. Constamment envahie et occupée par ses voisins, c’est la pre- mière fois que la Corée part à la conquête du monde. Entretenu par des années de soumission et d’assimilation, le sentiment du han est omniprésent dans la société du matin levant.

Cet hôtel de Busan, à l’effigie du groupe de K-pop 2NE1, témoigne de la place qu’occupe la hallyu dans la culture coréenne. © MC

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