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Programme collectif de recherche Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans et Comminges -travaux2014

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Academic year: 2021

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Submitted on 17 Dec 2018

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Programme collectif de recherche Naissance, évolutions

et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés

de Foix, Couserans et Comminges -travaux2014

Florence Guillot, Pascal Audabram, Thibaut Lasnier, Denis Mirouse, Patrice

Tillet, Christiane Miramont, Nathalie Dupuy

To cite this version:

Florence Guillot, Pascal Audabram, Thibaut Lasnier, Denis Mirouse, Patrice Tillet, et al.. Programme collectif de recherche Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans et Comminges -travaux2014. [Rapport de recherche] TRACES. 2014. �hal-01958090�

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1

Resp. Florence Guillot

Programme Collectif de Recherche : Naissance,

évolutions et fonctions des fortifications médiévales en

comtés de Foix, Couserans et Comminges – travaux 2014

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1

Introduction

Ce rapport vous présente l’avancée des travaux de synthèse d’un programme collectif de recherche qui a débuté en 2004 sur le sujet « Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans, Comminges ».

La synthèse n’est pas achevée mais est bien avancée. Le présent rapport est donc un document de travail.

95 % des figures sont réalisées, acquises, et mises aux normes graphiques communes (une charte graphique avait été définie). Elles sont prévues pour une publication noir et blanc en A4, en deux colonnes, soit pour des largeurs de 18 ou 8 cm en portrait et de 27 cm en paysage.

Les textes sont rédigés, sauf la conclusion. Mais manquent :

-le travail d’homogénéisation (vérification des redites, vérification finale du fond et de la forme),

-la correction orthographique, celles des manques de références éventuels et la vérification du suivi des normes communes.

Ces travaux seront réalisés en 2015.

La publication sera ensuite proposée soit à un ouvrage à comité de lecture, soit s’il n’en dispose pas, à un comité de lecture que nous formerons.

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2

Sommaire

Introduction du présent rapport

1

Introduction de la synthèse

3

Le versant nord des Pyrénées Centrales : de la montagne

escarpée aux piémonts et aux vallées du bassin aquitain

9

Des travaux et des textes

14

Bibliographie synthétique

39

Le contexte géopolitique

47

Le bâti

119

Formes typochronologiques des sites

227

Éléments architecturaux des fortifications

322

Les ouvrages dans leurs cadres

449

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3

Introduction

(Florence Guillot)

Cet ouvrage est le fruit des travaux d’un PCR, « Programme Collectif de Recherche », autorisé et soutenu depuis 2004 par le Ministère de la Culture et son service Archéologie ainsi que par le Conseil Général de l’Ariège et le laboratoire CNRS toulousain TRACES1.

Il a été créé en 2004 par Florence Guillot2 pour servir de cadre à la fouille archéologique du castrum de Montréal-de-Sos. Tel que prévu dès l’origine, il dépasse le cadre de cette fouille parce qu’il semblait intéressant de dynamiser la recherche sur un large secteur. En parcourant ces pages, vous vous rendrez compte que ce programme fut d’abord une réussite humaine, tant dans la durée que dans l’intensité.

En quelques phrases, il est difficile de rendre compte de l’ampleur de la synergie des recherches menées par tous les participants, durant 11 années, sans aucun essoufflement, à partir d’un groupe central particulièrement motivé et remarquablement efficient qui a aussi su s’ouvrir à d’autres sans difficulté.

De réunions de travail en visites de sites, d’études de cas en travaux sectoriels, d’études personnelles en travaux de groupes, grâce à des colloques3, cette équipe a construit ses hypothèses de travail, a peaufiné ses recherches et a abouti à cette publication. Dans mon esprit, celle-ci ne constitue nullement une fin, mais une étape nécessaire à la poursuite des travaux du groupe sur des sujets différents et redéfinis.

Nous sommes parvenus à rassembler une quantité de données, mais aussi de questionnements ou d’hypothèses de travail, qui méritent d’être synthétisés et présentés. Elles ne pourront s’enrichir que si de nombreuses et longues opérations de fouilles programmées pouvaient être menées : or nous savons que ce ne sera probablement pas le cas, même si nous aspirons à ce qu’elles aient lieu.

Il est donc temps de présenter ce que nous avons à dire sur la question étudiée : le fait castral et les fortifications villageoises du XIe siècle au XVe siècle dans le versant nord des Pyrénées Centrales.

1

Naissance, évolution et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans et Comminges. Ce programme a regroupé de 2004 à 2014 (entre parenthèses le nombre d’années de participations au programme de recherche) : Pascal Audabram (9 ans), Stéphane Bourdoncle (8 ans), Jean-Philippe Claverie (7 ans), Nathalie Dupuy (7 ans), Sylvie Favre (11 ans), Richard Fitoussi (3 ans), Florence Guillot (11 ans), Yves Krettly (11 ans), Thibaut Lasnier (11 ans), Christiane Miramont (5 ans), Denis Mirouse (11 ans), Pascal Robert-Cols (4 ans), Philippe Rouch (5 ans), Hélène Teisseire (10 ans), Patrice Tillet (9 ans), Salem Tlemsani (3 ans).

Les chercheurs œuvrant au cœur du projet sont : Pascal Audabram, Nathalie Dupuy, Florence Guillot, Denis Mirouse, Thibaut Lasnier. Les autres sont associés en collaboration. Enfin, des amis nous apportent leur soutien et nous les en remercions : Jean-François Ayrault, Jean-Paul Calvet, Patrick Combes, Christine Dieulafait, Laurent Girousse, Christiane Kirche, Yann Ledig.

Un site internet est dédié à ce programme : http://chateaux09.free.fr.

2 Membre associée UMR 5608 Traces-Terrae. 3

Deux colloques ont été organisés par le PCR. Le premier a eu lieu à Seix en novembre 2007. Il a été publié en avril 2009 : Châteaux pyrénéens au Moyen Âge, éd. La Louve. Le second a eu lieu à Foix en décembre 2011. Il a été publié en décembre 2013 : Fortifications médiévales dans les Pyrénées. Comtés de Foix,

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4

Des seigneuries du Comminges à celle du Donezan, les membres du programme ont couvert un territoire relativement large, même si l’exhaustivité spatiale est loin d’être parfaite car certaines zones ne furent pas l’objet de recherches par manque de chercheurs. Elles restent tout de même peu étendues. Tout traiter, partout et sur toute la chronologie, n’a d’ailleurs jamais été notre objectif. Parce que la recherche aurait alors forcément dû passer par un travail liminaire de prospection exhaustive que nous n’avons pas les moyens de mener. Certes cette prospection serait utile, mais elle serait surtout terriblement chronophage et nous nous y serions épuisés. Parce que nous couvrions déjà suffisamment de secteurs et que nos études passées portaient sur un grand nombre de sites, nous avons choisi de construire une démarche analytique directement sur ce que nous avions, certes en l’enrichissant, mais sans tout voir, tout traiter, tout décrire : en triant et en s’adaptant. Au fur et à mesure de la recherche, nos hypothèses de travail nous ont conduites à entreprendre des compléments, à étudier de nouveaux sites, mais ceux-ci furent triés d’après nos besoins, ce qui a permis une plus grande efficacité entre les temps de recherches et les analyses produites.

Le programme regroupe des archéologues, mais aussi des historiens, une archiviste, un linguiste, des architectes, etc. Cette interdisciplinarité est aujourd’hui largement répandue et acceptée dans la recherche parce qu’enrichissante.

Le secteur choisi est celui des comtés de Foix, du Couserans et de la portion orientale de celui du Comminges. Il s’agit en fait d’un ensemble politique de la fin du Xe siècle : la partie pyrénéenne et prépyrénéenne des biens du comte de Carcassonne - Rotger-le-Vieux - à la fin du Xe siècle. C’est un monde de comtés. Il conserve une certaine cohérence jusqu’à la fin du Moyen Âge, tout en développant des disparités ou plutôt des spécificités.

Ce territoire a d’abord connu une genèse politique publique commune liée au renforcement du pouvoir franc du début au milieu du IXe siècle : les élites publiques, jusqu’au moins au XIIIe siècle, furent constituées essentiellement par quelques familles comtales ou vicomtales liées entre elles et issues de l’organisation de l’État carolingien. S’ajoute à cette unité politique une histoire parallèle marquée par la faiblesse des opérations militaires au cours du Moyen Âge central, comparée aux régions environnantes : ces territoires ne furent pas au centre des conflits armés de la Grande Guerre méridionale même si leurs aristocrates y ont parfois été impliqués. Ils subirent l’impact politique de la Croisade mais restèrent éloignés ou périphériques des vraies zones de conflits et des grands changements politiques. Enfin, les événements militaires de la guerre de Cent Ans y furent réels mais bien plus limités que dans la plaine de Garonne, le Lauragais, le Quercy ou la Montagne Noire.

Sur le versant nord des Pyrénées Centrales, les fortifications sont globalement bien conservées car le milieu est resté très rural jusqu’à aujourd’hui. Surtout, elles constituent des éléments médiévaux que l’on peut encore étudier et qui furent structurants dans le paysage et utilisés comme outils de domination politique.

Á l’habitat, s’appliquent les mêmes remarques, si ce n’est que l’évolution du bâti des villages et des villes a évidemment été moins conservatrice que celle des châteaux

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isolés. En outre, les anciens habitats abandonnés sont difficiles à préciser sur le terrain, car l’occupation paysanne fut très dense et active jusqu’au milieu du XIXe siècle et cette suractivité a provoqué le remembrement du paysage agricole, mais aussi parce que les travaux de labourage sont quasiment absents aujourd’hui ce qui ne permet pas de mener des prospections fructueuses. Cinquante pour cent des territoires étudiés sont aujourd’hui couverts de forêts ou de très denses taillis et ce pourcentage monte à 70 ou 75 % en montagne, dans la moitié sud de la zone étudiée.

La chronologie choisie ne s’applique pas à tout le Moyen Âge, mais à sa seconde moitié seulement. Si nous faisons quelques remarques sur le Xe siècle, c’est surtout au XIe siècle que débute timidement notre recherche parce que les études dont nous disposons et la documentation ne rendent pas possible de nous intéresser véritablement sur tout le secteur à une chronologie plus haute4. Mais loin de nous l’idée de dire que celle-ci est l’unique époque des castra, des châteaux et des fortifications villageoises ou urbaines.

C’est sans doute au XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle que se sont d’ailleurs construits le plus grand nombre de « châteaux ». Certes, ce sont des manoirs, et non pas des ouvrages fortifiés, et ils n’ont évidemment pas grand-chose à voir avec les monuments et les ouvrages étudiés ici.

On connait moins la matérialité des fortifications avant le Xe siècle. Elle commence à apparaître en haute Ariège, mais il serait dangereux d’étendre le peu d’informations fournies aux autres territoires, tout particulièrement à ceux de la plaine. Travailler sur les premiers siècles du Moyen Âge apparaît aujourd’hui comme un nouveau centre de recherches en perspective que nous espérons pouvoir mener dès lors que nous aurons achevé la présente publication. Parce que la recherche sur ce territoire et sur ce sujet est aujourd’hui insignifiante à tous points de vue, pour cette période, on a tendance à minorer le nombre de ces ouvrages fortifiés et à minimiser leur importance socio-économique ou politique. Soyons prudent, car, dès lors qu’elles sont plus poussées, les investigations ont souvent montré que les châteaux que nous étudions au Moyen Âge central ont succédés à des ouvrages plus anciens, par exemple en haute Ariège, à Lordat, Roquemaure, Foix, Montréal-de-Sos, dans le Piémont, en Séronais, à Durban-sur-Arize, etc.

Car, finalement, que connaissons-nous vraiment des castra du haut Moyen Âge ? Dans l’état actuel de la recherche en Pyrénées Centrales, le sujet est difficile parce que les témoins de la vie quotidienne sont mal connus, la documentation totalement manquante et les fouilles archéologiques très peu nombreuses ; mais rien ne justifie de penser que les castra du haut Moyen Âge étaient peu nombreux ou n’étaient que des ouvrages d’habitats épisodiques, sortes de refuges mal entretenus. Au contraire, mais encore trop rarement, quand on en a les moyens, soit par l’archéologie, soit grâce à quelques documents, par exemple à Lordat, à Foix ou à Montréal-de-Sos, on possède des indices sérieux de la permanence de l’occupation ancienne de ces fortifications. Certes, cette occupation peut avoir évolué dans la forme et dans l’espace et n’est probablement pas toujours la même. Par exemple, il est possible qu’à Foix5 le site

4

Un inventaire d’ouvrages carolingiens est en cours sur la haute Ariège, mais n’est pas encore réalisable sur les autres secteurs.

5 Guillot (Florence), Revue du Comminges, 2009-1, « Saint-Volusien au Moyen Âge, une abbaye à l’ombre

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fortifié ait changé d’emplacement durant le haut Moyen Âge, depuis la zone plate de confluence vers un verrou rocailleux occupé par le castrum des comtes de Carcassonne puis de Foix, qui est mentionné à partir du XIe siècle. Mais pourquoi y aurait-il eu abandon de toute fortification entre le castrum Fuxi mérovingien, mentionné sur plusieurs émissions monétaires, et le château du XIe siècle ? Á Montréal-de-Sos, la fouille a montré la permanence de l’occupation durant tout le Moyen Âge, jusqu’au désarmement du site à la fin du XIVe siècle. C’est une recherche exemplaire des difficultés que nous connaissons sur les sites du haut Moyen Âge : centrée sur un caput

castri réaménagé au XIVe siècle, à partir d’une tour maîtresse des XIIe-XIIIe siècles, la

fouille a peiné à découvrir les preuves d’une occupation ancienne sans hiatus. Soyons honnêtes, cette opération aurait très bien pu ne pas aboutir à cette conclusion si la recherche était restée limitée à ce cœur castral. Ce sont réellement, les deux dernières années d’une recherche en fait décennale qui ont permis d’envisager la pérennité de l’occupation alto-médiévale. C’est dire si la tâche d’étudier les ouvrages plus anciens est difficile, pour des questions taphonomiques souvent, car sur ces sites de pentes il faut tenir compte de phénomènes érosifs d’ampleur, mais aussi parce que les sols du haut Moyen Âge ont pâti du remue-ménage des constructions et des aménagements du Moyen Âge central. S’ajoute à cela, une évidente méconnaissance des artefacts de ces temps et très certainement aussi, une économie de la récupération qui minimisa les pertes, les rejets, les déchets au sens large, et donc nos possibles découvertes. Ainsi, même sur des sites ayant eu la chance de connaître des fouilles ou des sondages, faut-il être particulièrement prudent sur l’absence de vestiges évidents de ces périodes qui restent aujourd’hui parmi les périodes historiques les plus difficiles à étudier.

Gardons donc à l’esprit que l’absence ici même du haut Moyen Âge est la conséquence des déficiences et des carences de la recherche, et que rien ne prouve que durant cette longue époque, les castra aient été des ouvrages de second ordre. La fortification au haut Moyen Âge, les castra, ou les ouvrages autour des villes, autour des abbayes, autour des fermes, etc. constituent un sujet de recherche qui n’a pas été encore traité dans les Pyrénées Centraleset qui devra l’être en s’inspirant de la recherche exemplaire qui a été menée en Languedoc et en Provence6.

Au-delà, notre travail s’est donc attaché à la seconde partie du Moyen Âge, jusqu’au début du XVe siècle. En espérant que cette base permettra ensuite de s’étendre dans la chronologie.

À l’autre extrémité, nous n’avons pas abordé la seconde moitié du XVe siècle, parce les fortifications changent de style radicalement, accompagnant les modifications fondamentales de la société. Il nous a semblé que la partition plus marquée qui s’effectuent alors entre les ouvrages résidentiels, plus résidentiels qu’auparavant, et quelques ouvrages de caserne, s’éloignant de la résidence aristocratiques pour prendre un profil très centré sur la garnison.

En même temps, la part des fortifications dans la domination politique se réduit notablement car cette domination devient plus mercantile et plus urbaine. Cette étape constitue donc pour nous une fin d’étude, même si le Moyen Âge est officiellement encore d’actualité.

6 Voir, entre autres, les travaux d’André Constant, de Gabrielle Démians d’Archimbaud, de Laurent

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Dans la forme, le plan de l’ouvrage suit le plan de nos recherches. Nous avons résolument voulu pratiquer une archéologie soutenue par la connaissance la plus parfaite possible du cadre historique.

C’est pourquoi notre ouvrage commence par une vaste étude historique, d’analyse des actes, avant d’aborder les ouvrages.

Ensuite nous avons choisi, d’étudier les ouvrages avant de les replacer dans le cadre de l’occupation du sol, dernière partie qui fait, bien évidemment, le lien avec la première. Les résultats sont contradictoires. D’un côté les connaissances que nous vous présentons sont sans commune mesure avec celles dont nous disposions au début de notre travail. Certains secteurs étaient totalement méconnus, ils sont maintenant inventoriés, des typochronologies ont été proposées, des tendances géopolitiques émergent clairement. Mais d’un autre côté, nous ne cessons de nous plaindre du manque d’informations, des lacunes de nos conclusions. En précisant le sujet, nous avons ouverts plus de problématiques que nous n’en avions avant. Malheureusement, sur ces chronologies, nous ne pourrons sérieusement avancer plus en avant que par une augmentation des données fournies par l’archéologie intrusive. Les inventaires, les études de bâti, de plan, les synthèses intégrant le cadre occupationnel et géopolitique ont donné des résultats excellents, mais nous aurons du mal à leur en faire dire beaucoup plus. Or, l’étape suivante est chronophage et demande beaucoup d’énergie et de financements. Elle reste cependant maintenant absolument nécessaire et il faudra que nous nous en donnions les moyens.

Car, finalement, ce que nous avons investi, c’est avant tout la documentation écrite et les sites qu’elle nous cible, ceux qui ont trait à la grande diplomatique, les châteaux-casernes des XIII-XIVe siècles ou les monuments qui conservent des vestiges en élévation, et donc des informations plus aisément lisibles et exploitables. Ce qui ne veut pas non plus dire que tous les types de sites des XIII-XIVe siècles soient bien connus : ceux qui n’ont que d’exceptionnels vestiges et mentions, par exemple les fortifications villageoises des communautés de la fin du Moyen Âge, commencent à peine à être inventoriés et tout ou presque reste à faire. L’habitat dans le castrum ou dans la fortification villageoise est loin d’être une question ancienne et bien étudiée. Elle constitue un des axes actuels de la recherche, notamment en montagne.

Car la montagne est en elle-même un cadre de la recherche future.

Elle a été, jusque récemment, mal étudiée. Elle est certes difficile d’accès, l’archéologie peine à pénétrer les vastes flancs raides couverts de buis et de ronces ou à fouiller les sites qui sont éloignés des routes. Les débuts sont prometteurs : les sites sont nombreux, la vie y a été très dynamique au Moyen Âge et ils conservent donc quantité d’informations sur la vie quotidienne et cette vie peut être différente de ce que l’on trouve en plaine et qui est mieux étudier, ne serait-ce que par l’archéologie préventive. C’est aussi pour cela que la montagne est un enjeu d’intérêt.

La recherche pourrait démarrer malgré l’absence ou la quasi-absence de documentation écrite, et justement pour apporter des informations d’autant plus nécessaires. Il faut regarder ce que font les chercheurs du nord de l’Europe et découpler l’archéologie médiévale programmée des chartes, en osant proposer des recherches sans en asseoir les problématiques sur ce que proposent les chartes. Il faudra donc aussi accepter que ces problématiques soient moins solides au début des recherches et que ce soit l’archéologie qui alimente les sujets et les grandes questions de celles-ci : cette

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métamorphose intellectuelle est peut-être en cours, je l’espère, et c’est là un des problèmes majeurs de nos méthodes.

Aujourd’hui, les moyens humains et intellectuels existent : l’université française forme des chercheurs, qu’elle perd ensuite par manque de fonds. Bien sûr, le problème financier est crucial. Mais là encore, il faudra s’adapter : les financements changent mais existent toujours. Les collectivités territoriales sont aujourd’hui une source nouvelle et majeure d’aide et de dynamisme. À nous de les motiver, de prendre en compte leurs attentes sur l’animation, le développement culturel et touristiques. Je crois qu’il faut que nous tous, chercheurs et passionnés, nous nous ouvrions et acceptions des évolutions de nos façons de faire notre travail, de nouvelles aptitudes et attitudes, une nouvelle dynamique plurielle, en réinventant les formes de collaboration. C’est avant tout de militantisme dont il s’agit pour sortir du marasme actuel, petit train-train routinier alimenté par quelques découvertes ici et là, juste assez pour ne pas disparaître des sujets de recherches, mais trop peu pour avancer.

Or, nous savons parfaitement que les opérations clandestines de tout acabit, celles des détectoristes et des rêveurs, grignotent régulièrement, assidûment et fort efficacement le potentiel de connaissances de ces sites qui ont la chance de ne pas avoir été détruits par l’urbanisation, mais qui n’en seront pas conservés pour autant. Les loups sont là : il va falloir se battre et, pour cela, il faut d’abord changer notre façon de voir les choses ; la balle est dans notre camp, ne rejetons pas la responsabilité sur d’autres et ne soyons pas nos propres fossoyeurs.

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Le versant nord des Pyrénées Centrales : de la montagne escarpée aux piémonts et aux vallées du bassin aquitain (Florence Guillot) (fig. ???)

Fig. ??? pas de légende fichier : paysnoms.ai

Á faire : carte géologique simplifiée

Fig : ??? Crédit photo aérienne panoramique du Plantaurel : Benjamin Ziegler.

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Fig ??? fichier : Pyrenees_relief_map_with_rivers-fr.ai. pas de légende hormis le n° de figure

Fichier melling-226.jpglégende : Antoine Ignace Melling « Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et les départements adjacents », Paris-Strasbourg, 1826-1830. Grotte du Mas

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fig ??? : Le massif du Montcalm et la haute vallée du Vicdessos, haute Ariège. Photo Hélène Dagues. Fichier : IMG_0024.jpg

Fig. ???? Le massif du Valier. Fichier : Mirabat trou boulin valier.jpg Légende : Le Mont Valier depuis l’enceinte du château de Mirabat (Seix). Photo Thibaut Lasnier.

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Le territoire choisi s’étend sur le versant français des Pyrénées Centrales (fig ??? : mettre carte Pyrénées). Il correspond grossièrement à l’actuel département de l’Ariège augmenté de la portion sud-orientale du département de la Haute-Garonne, c’est-à-dire aux bassins versants du Salat et du Ger jusqu’à leur confluence en rive droite de la plaine garonnaise, de l’Arize, de la Lèze, de l’Ariège, de l’Hers, et à une portion de la haute vallée de l’Aude. Il couvre un peu plus de 5000 km² et le point haut culmine à 3143 m (Pic d’Estats, haute vallée du Vicdessos), tandis qu’au nord, les vallées les plus basses, dépassent à peine les 200 m d’altitude.

Les Pyrénées Centrales ont une double réputation, à première vue contradictoire, entre la vision historique - celle d’un massif ouvert vers l’extérieur, dynamique dans ses échanges - et une vision géomorphologique, plus fermée, celle d’espaces d’altitudes moyennes très élevées, particulièrement cloisonnés, dans lesquels la circulation s’effectue surtout suivant un axe sud-nord, vers la plaine aquitaine, et difficilement à la perpendiculaire, d’une vallée à l’autre, et encore plus difficilement vers le versant sud des Pyrénées finalement surtout perméable aux deux extrémités de la chaîne car les reliefs s’abaissent.

On caractérise d’ailleurs souvent le massif pyrénéen de barrière naturelle compacte car les reliefs sont puissants, les vallées étroites et les cols particulièrement élevés (fig ?? Photo vue massif de Pascal L). Ce faciès est spécialement typique du versant nord et de la zone centrale des Pyrénées que nous abordons.

Dans un cœur composé en grande partie de roches cristallines, les montagnes sont hautes et raides, irriguées par de rares vallées étroites de profils glaciaires (fig ??? mettre photos Montcalm et Valier). Ces vallées ont tendance à privilégier un écoulement du sud vers le nord et forment d’étroites entailles qui, souvent, ne confluent qu’au pied du massif. Elles compartimentent donc le massif en blocs parallèles difficilement connectables entre eux avant l’abaissement du relief à l’avant. Elles se regroupent sous la forme d’arbres dont les confluences sont presque toujours tardives à proximité de la naissance de la plaine ce qui amplifie l’impression de cloisonnement.

Les débouchés des vallées majeures, l’Ariège ou le Salat, à l’avant du massif se réalisent dans des profils de cluses rétrécies par le biais de gorges encaissées.

Au Crétacé, avant la seconde grande orogenèse pyrénéenne7, se mirent en place des mers et donc des sédimentations importantes. Á l’Eocène, la collision entre les deux plaques - hispanique et européenne - provoqua la surrection de ces unités sédimentaires en même temps que celles des roches cristallines en place et de l’ancienne pénéplaine. Les roches cristallines eurent tendance à subsister sur le relief central, tandis que les roches sédimentaires furent charriées des deux côtés de la crête centrale ou subsistèrent au niveau des anciennes fosses marines qui avaient permis leur création, à la limite des deux plaques (fig ??? : mettre carte géologique). C’est pourquoi, on retrouve des roches de la couverture sédimentaire en longues bandes ouest-est situées souvent à l’avant du massif, aux débouchés des vallées. Constituées de calcaires durs

7 La première, l’orogenèse hercynienne (-360 à -290 MA) fut quasiment arasée sous la forme d’une

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(car métamorphisés) pour la plupart, ces roches forment des rétrécissements notables des vallées partout où elles sont présentes.

Les vallées pyrénéennes ne sont donc pas des unités s’élargissant au fur et à mesure que l’on descend, mais connaissent souvent un profil inverse, alors qu’elles sont peu évasées - car de morphologies glaciaires - dans leurs portions amonts.

Á l’avant de la zone de haute montagne, les vallées majeures, celle du Salat, de l’Arize, de la Lèze, et surtout celle de l’Ariège, s’élargissent au profit d’un alluvionnement d’origine glaciaire pour l’essentiel. Mais la tendance au regroupement des cours d’eau dans la zone la plus basse de la haute montagne, c’est-à-dire avant leur « sortie » vers des reliefs moins accentués, limite l’impact en surface de ces vallées car elles sont somme toute peu nombreuses. Entre elles, s’étend un paysage collinaire confus (fig ???). Nettement moins élevée que le massif lui-même, cette zone de piémont n’en est pas moins cloisonnée. En effet, les reliefs y sont nombreux et ne connaissent que rarement une organisation interne propice aux déplacements. Au sud, ces reliefs peuvent être importants car ils sont proches du cœur de l’orogenèse et sont taillés dans des roches calcaires dures disposées en grandes crêtes édentées de direction est-ouest, tel le massif du Plantaurel (rive droite et gauche de l’Ariège) (fig. ??? mettre le panorama vue d’avion). Au nord, les formes s’arrondissent peu à peu, elles se développent dans des mollasses et des poudingues. Ces territoires de piémont, nommés Prépyrénées, n’ont pas connu d’ouvrages glaciaires et n’ont pas bénéficié d’un gradient altitudinal suffisant pour bien hiérarchiser les réseaux valléens. Il en résulte un paysage complexe et désordonné, marqué par des phénomènes de cluses perçant tant bien que mal du nord au sud les reliefs calcaires perpendiculaires, voire par des percées souterraines spectaculaires comme au Mas d'Azil (fig ??? mettre photo Mas de Denis).

Entre ces massifs de piémont, s’étendent des vallées basses, souvent peu larges. Á l’ouest de notre étude, même la vallée de la Garonne, cours d’eau majeur de tout le Sud-Ouest, ne mesure que 2 à 5 kilomètres de large à l’amont du secteur de piémont, et toujours moins de 10 km seulement lorsque le piémont s’efface.

Au nord de l’étude, ces vallées n’en constituent pas moins de vrais espaces de plaines, car la faible pente de l’écoulement a permis l’accumulation des sédiments sur des terrasses fluviatiles sur toute la largeur des vallées, qui sont très peu étagées. Ces vallées constituent donc les vrais seuls secteurs plans du territoire que nous avons étudié, mais ne dépassent pas le 1/10e des surfaces.

Le secteur abordé dans cet ouvrage est donc caractéristique d’un secteur montagnard et de piémont, aéré par quelques grandes vallées alluviales jusqu’au bassin aquitain, qui n’est pas pris en compte dans cet ouvrage.

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14 Des travaux et des textes

(Florence Guillot en collaboration avec Pascal Audabram, Thibaut Lasnier, Denis Mirouse, Patrice Tillet)

Sur ces espaces, les recherches concernant les fortifications des XIe-XVe siècles, sont anciennes et nombreuses et c’est dans leur filiation que nous nous situons.

Depuis l’impulsion donnée par Charles Higounet, relayé par André Debord et de nombreux travaux universitaires, notamment ceux de l’Université Toulouse-le-Mirail, les fortifications pyrénéennes de la seconde partie du Moyen-Âge ont été le sujet d’études de qualité dont un des plus grands avantages est maintenant d’appréhender le fait castral dans une dynamique historique globale et non plus de façon monographique. Le « colloque de Pau »8, puis celui de Chauvigny ont récemment permis de réaliser un ample bilan de cette recherche.

C’est dans cette lignée que nous avons essayé de situer nos travaux.

Le fait castral comme thème d’étude

Après une longue période de recherches locales plus soucieuses du fait politique que des éléments d’occupation du sol, les premières enquêtes furent souvent monographiques et le fait d’érudits locaux passionnés (Moulis 1979 et Géraud-Parracha 1993). Nombre d’entre eux se situaient dans un mouvement de renouveau de l’histoire locale et régionale à partir des années 1960.

Malgré des analyses hasardeuses, souvent produits d’une histoire rêvée, leurs ouvrages eurent pour avantage d’inventorier des monuments, dont un grand nombre étaient inconnus ou tout du moins méconnus.

8 Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe - XVe siècles (actes du

colloque de Pau, octobre 2002), sous la dir. de Barraud (Dany) - Hautefeuille (Florent) - Rémy (Christian),

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15

Fichier : miramont.jpg. Légende : Site du château de Miramont (Rabat, haute Ariège). Photo Patrick Combes.

Malheureusement, c’est aussi à partir des années 1970, que se multiplièrent les opérations de fouilles clandestines. Souvent le fait de quelques personnes seulement, œuvrant peu de temps, elles ne sont pas toujours très destructrices ; mais certains sites, ainsi celui de Miramont, à Rabat en haute Ariège (fig. ???), ou les grottes fortifiées accessibles autour de Tarascon-sur-Ariège, devinrent des cibles connues de tous. Leurs sols sont aujourd’hui entièrement labourés, retournés, détruits. Souvent c’est parce que ces endroits sont liés, dans l’imaginaire des chercheurs de trésors, au catharisme, que ces sites attirèrent les dégradations. Car, tout spécialement en haute Ariège, une histoire fantasmée du catharisme9, en lien avec la politique touristique des « châteaux cathares », s’est développée jusqu’à atteindre des sommets d’inventions plus fantaisistes les unes que les autres.

En même temps, apparurent aussi les premières opérations archéologiques sur des châteaux. Mais jusqu’à récemment, elles sont restées exceptionnelles et la documentation les concernant n’a malheureusement pas toujours été conservée.

Le tournant dans l’historiographie des fortifications pyrénéennes est dû à l’œuvre de Charles Higounet, précurseur de l’histoire de l’occupation du sol et de ses méthodes actuelles(Higounet 1950, et 1975).

Dans cette dynamique, le milieu universitaire développa, à partir des années 1980, une importante quantité de travaux, en particulier des mémoires de maîtrises/Master I, de D.E.A./Master II et des thèses, mais aussi quantité d'articles et de communications. L’université Toulouse-le-Mirail a ainsi produit des études nombreuses10, tant sur des sujets d’enquêtes globales d’occupation du sol au Moyen Âge que sur des inventaires des villages castraux, des forts villageois ou des fortifications11.

9

Á ce sujet, voir Brenon (Anne), « Grottes initiatiques et cavernes sépulcrales des cathares en haute Ariège. Une mystification séculaire (XIXe-XXe siècle) », 1er colloque interdisciplinaire de Saint-Martin-le-Vieil, De la spelunca à la roca, Guillot (dir.) juin 2005, 2006, p. 15-17.

10

Réalisées sous la direction de Jean-Loup Abbé, Maurice Berthe, Pierre Bonnassie, Benoît Cursente, Hélène Debax, Jacques Dubois, Sylvie Faravel, Florent Hautefeuille, Mireille Mousnier, Nelly Pousthomis et Gérard Pradalié.

11

Par exemple : Audabram 2008 ; Audabram 2010 ; Dupuy (Marie-Hélène), Inventaire archéologique des

villages castraux, cantons de Saint Gaudens et de Saint Martory (Haute-Garonne), mémoire de maîtrise,

Université Toulouse-le-Mirail, 1991 ; Dupuy (Nathalie), L’occupation du sol au nord du massif forestier de

l’Estelas. Cazavet-Montgauch - 09 et Saleich-Urau - 31 (fin XIIe-XVIIIe siècle, Université Toulouse-le-Mirail,

mémoire de Master I, 2012 ; Fête 1990 ; Galès 2000 ; Guillot (Florence), Enquête archéologique et

occupation du sol en Tarasconnais (Ariège) à l’époque médiévale, mémoire de maîtrise, Université

Toulouse-le-Mirail, 1989 ; Guillot 1990 ; Lasnier 2005 ; Lasnier 2007 ; Maury (Dominique), Enquête

archéologique et occupation du sol au Moyen Âge dans le canton d'Ax-les-Thermes (Ariège), mémoire de

maîtrise, Université Toulouse-le-Mirail, octobre 1990, Tabutaud-Roy(Valérie), Inventaire archéologique et

histoire de l'occupation du sol : canton d'Auterive, mémoire de maîtrise, Université Toulouse-le-Mirail,

1990 ; Roquefort (Valérie), Le castrum d’Arignac (Haute-Garonne), mémoire de Master II, Université Toulouse-le-Mirail, 2012 ?? ; Vidal (Christine), Les villages à plan régulier de la seigneurie de Mirepoix aux

XIIIe et XIVe siècles, mémoire de maîtrise, Université Toulouse-le-Mirail, juin 1988 ; Vidal 1989, Weiss

(18)

16

Parallèlement, ont eu lieu des prospections-inventaires et des travaux archéologiques de plus en plus nombreux au fur et à mesure que l’on se rapprochait de la fin du XXe siècle12, activités, par ailleurs, de plus en plus marquées par la collaboration entre diverses compétences, archéologues, architectes, historiens et spécialistes du bâti et de mieux en mieux publiées.

Mais certains secteurs des comtés de Foix, Couserans et Comminges paraissent mieux éclairés par des travaux de recherche de qualité, tandis que d’autres souffrent d’une carence des sources et des recherches, les deux problèmes s’additionnant le plus souvent.

Ici, les travaux des Programmes Collectifs de Recherche13 n’ont pas abouti à combler tous les manques. Cependant, les zones « pilotes » mieux étudiées ont défini des méthodes et des hypothèses de travail qui ont permis des travaux sur certains de ces secteurs, par exemple le Couserans, dont l’histoire castrale s’est considérablement renouvelée durant ces dix dernières années.

Depuis neuf ans, les travaux de notre groupe ont fait progresser les inventaires et les études de sites, mais ont aussi replacé l’histoire de la fortification dans une dynamique historique sociale et politique, ce qui a ouvert la recherche à de nouveaux questionnements et à de nouvelles découvertes.

Ces travaux, publiés dans des rapports annuels du programme de recherche14, s’appuient sur des recherches sur les sites ou des sujets par secteurs. Depuis 2005, ce sont plus de 75 études de cas et 22 études sectorielles qui ont été réalisées sur le sujet des fortifications en comtés de Foix, Couserans et Comminges du XIe au XVe siècles. Ces études ont été complétées par les deux colloques organisés par le PCR en 2007 et en 2011 : ils ont rassemblés une quarantaine d’allocution publiées. Ce travail est donc considérable et nous permet de disposer d’une base conséquente d’informations et de recherches qui ont servi à l’élaboration du présent ouvrage.

Voir aussi les rapports du Programme Collectif de Recherche en cours sur les forts villageois en Midi-Pyrénées : sous la direction de Florent Hautefeuille, Dominique Baudreu et Jean-Loup Abbé (Université-Toulouse-le-Mirail).

Existent des travaux universitaires, moins nombreux, en dehors de l’Université Toulouse-le-Mirail, par exemple : Tillet 2003.

12

Citons pour exemple, les fouilles du castrum de Montségur (Ariège, André Czeski, Jean-Paul Sarret) ; celles de Montaillou (Ariège, David Mazo et Jean-Paul Cazes ; celles de Montréal-de-Sos (Auzat, Ariège - Florence Guillot) ; l’opération archéologique menée sur le site de Castel-Minier (Aulus, Ariège - Florian Tereygeol) ; les sondages archéologiques à Ax-les-Thermes (Ariège, Hélène. Teisseire), à Mirabat (Seix, Ariège - Thibaut Lasnier), à la grotte fortifiée du Campanal (Florence Guillot), au castrum de Cazavet (bas Salat, Ariège - Pascal Audabram et Nathalie Dupuy) et au château de Sainte-Catherine (Balagué, Ariège - Philippe Rouch) ; la prospection du canton d’Oust (Ariège) menée par Laurent Troisplis, celle de la Bellongue (Ariège) menée par Hélène Teisseire ; celles des cantons de Labastide-de-Sérou, Lavelanet, Massat, le Fossat, le Mas d'Azil, Saverdun, Mirepoix, Pamiers (Ariège), menées par Christine Vidal, celles sur le haut Couserans menée par Thibaut Lasnier, celles sur le canton d’Aspet (Haute-Garonne) menée par Thibaut Lasnier aidé par Arnaud Coiffé, celles sur les troglodytes menée par Florence Guillot, l’étude du

castrum d’Unzent (basse Ariège - Pascal Lotti), les plans et la restauration de la Tour de Loup (la

Bastide-de-Sérou – Jean-Philippe Claverie), etc.

13 Le nôtre mais aussi celui sur les forts villageois, op. cit.

14 Déposés au SRA Midi-Pyrénées, aux archives départementales de l’Ariège, et téléchargeables sur le site

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17

Le poids des actes

Le peu d’opérations archéologiques, qu’il s’agisse de fouilles ou d’archéologie du bâti, est un problème crucial pour nos études. Dès lors qu’une opération est menée, par exemple à Montréal-de-Sos, on mesure l’apport considérable que ces opérations peuvent fournir à la recherche sur les fortifications médiévales. C’est d’ailleurs leur quasi-absence à propos des castra antérieurs au milieu du Moyen Âge qui limite actuellement la recherche en Pyrénées Centrales sur la première moitié de l’époque médiévale.

Même si nous avons cherché à contrebalancer le défaut de nos sources par une connaissance accrue des sites, quand ils sont conservés et pour ce qui est conservé, ou par des études de leur contexte occupationnel, de la toponymie, de l’occupation du sol ou autres, nos moyens sont souvent faibles, et les actes de la documentation écrite médiévale ou les documents cadastraux et cartographiques représentent une source d’informations indispensable et parfois unique pour les investigations que nous menons. Malheureusement, la qualité et la quantité de cette documentation sont loin d’être satisfaisantes et suffisantes, tout particulièrement dans la moitié ouest du territoire étudié.

Une documentation écrite médiévale très inégale15

Les fonds archivistiques sont généralement très dispersés entre une documentation originale somme toute relativement rare et des copies d’actes de qualité inégale.

De grandes analyses politiques régionales comme l’Histoire Générale du Languedoc permettent de consulter des actes nombreux (HGL), dont beaucoup sont issus du fonds Doat, et donc connus par des copies modernes de bonne qualité. Les cartulaires d’établissements ecclésiastiques16 sont nombreux mais ne concernent qu’une portion de l’espace étudié, et souffrent par définition d’une distorsion de la perception de la société qui fait que leur analyse est délicate et que leurs actes renseignent fort peu le fait castral.

En outre, le traitement de la masse documentaire fournie par certains cartulaires, comme celui de l’abbaye de Lézat, est un travail d’une ampleur considérable qui est loin d’être achevé à l’heure actuelle et qui pose le problème préalable de l’identification des actes falsifiés17.

Les sources littéraires sont rares et souvent tardives, inexistantes avant la Croisade albigeoise. Elles s’attachent ensuite essentiellement à la description d’une histoire

15 Sur ce sujet, voir aussi l’article de Pailhès (Claudine), « Archives et archéologie », colloque de Seix -

2007, publié dans Châteaux pyrénéens au Moyen Âge, sous la dir. Guillot (Florence), La Louve, 2009, p. 43-57.

16

Citons notamment en bibliographie ci-dessous : Cartulaire de Saint-Sernin et Cartulaire de Saint-Sernin 1999 ; Cartulaire du Mas d’Azil ; Cartulaire de Lézat ; Montsaunés Baby ; Montsaunès Higounet ; Pouillés ; Bonnefont, etc.

17 Voir par exemple les questions soulevées par Pradalié (Gérard), « Le monastère de Lézat. Sortie de crise

et cartulaire (1229-1249) » dans colloque 1209-1309. Le grand siècle des comtes de Foix, oct. 2009, sous la dir. Pailhès (Claudine), édité en 2010, Foix, p. 385-395.

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politique ou personnelle des puissants, laissant peu d’indices sur les caractères de l’occupation du sol et le fait castral18. Enfin, concernant le comté de Foix, les registres d’Inquisition (XIIIe - début XIVe siècles) sont des outils intéressants quant à la localisation des sites et des éléments de l’occupation du sol19.

La répartition chronologique de cette documentation est elle-même inégale, et les hautes périodes sont toujours moins bien documentées que les XIVe-XVe siècles.

Dimorphisme quantitatif et qualitatif

La documentation écrite est incontestablement inégale entre comté de Foix et comté de Couserans/Comminges du point de vue de sa conservation.

Certains secteurs, tel le Couserans, souffrent d’une véritable disette de documents concernant le Moyen Âge central, carences qui ont réduit le nombre de travaux historiques sur ces vallées. D’autres, heureusement mieux documentés, ont permis d’asseoir des études régionales d’histoire politique et sociale, tels le Comminges ou le Sabartès (Higounet 1949, Guillot 1998).

Le comté de Foix20

Sans être comparable à la Catalogne, l’histoire médiévale du comté de Foix est éclairée par un certain nombre de documents écrits, souvent de bonne qualité et ce depuis la fin du IXe siècle.

Cette situation masque parfois de fortes différences locales entre des zones documentées très tôt, comme le Lézadois, et d’autres beaucoup plus tardivement, telle La Barguillère.

Á ces différences quantitatives dont il faut tenir compte, s’ajoutent des déformations qualitatives qui peuvent être sources d’erreurs, car certaines zones ne sont éclairées que quasiment par un seul type de document.

Le Lézadois, par exemple, est riche d’un gros cartulaire rassemblé au XIIIe siècle et édité, celui de l’abbaye de Lézat. Il contient plus de 1200 actes du Xe siècle au XIIIe siècle, dont un quart sont antérieurs à 1100. Conséquemment, le réseau ecclésial et le groupe nobiliaire de cette région sont bien documentés. Mais l’unicité de la source documentaire21, pour volumineuse qu’elle soit, la rend problématique ; car la quantité de documents pourrait faire croire à un large éventail informatif. Or, le cartulaire est celui d’une abbaye soucieuse d’affirmer ses propriétés et de conserver les donations qui lui ont été faites ; il n’éclaire nullement le fait castral et pourrait donner l’impression que le castrum ne surgit dans cette région - hormis dans quelques grosses bourgades - qu’au

18 Par exemple : Courteault (Henri), Pasquier (Félix), Chroniques romanes des comtes de Foix, composées

au XIVe siècle par Arnaud Esquerrier et Miegeville, Toulouse, 1895 ; La Canso ; la Chronique de Guillaume de Puylaurens, etc.

19

Par exemple (voir bibliographie) : Fournier ; Ablis ; Fonds Doat volumes 22 à 24, registres de l’Inquisiteur Ferrer ; etc.

20

Cette analyse rapide est tirée d’un travail de collecte de plus d’une vingtaine d’années mené par Florence Guillot et ayant permis d’analyser plus de 3500 actes médiévaux concernant le comté de Foix.

21 Avant le XIIIe siècle et en dehors de quelques rares actes, la documentation sur ce secteur est

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19

XIIIe siècle, quand on commence à disposer d’une documentation diplomatique laïque un peu fournie. D’autant qu’une première approche rapide du terrain, ne révèle pas non plus au premier coup d’œil de vestiges de fortifications qui pourraient être anciennes. Or, l’étude menée par Christine et Francis Dieulafait sur le secteur au nord de Saverdun vient de débusquer plusieurs mottes castrales, dont l’une d’elles a pu être l’objet d’une analyse radiocarbone ciblant l’érection de la motte, et dont le résultat indique le début du XIe siècle (Dieulafait et al 2009). Cet exemple montre bien que tant qu’une enquête archéologique sérieuse - comportant au minimum de larges prospections-inventaires - n’a pas été menée, on ne peut pas sur un secteur, même documenté, jauger réellement du fait castral, notamment pour les périodes antérieures à la fin du Moyen Âge.

L’absence de texte n’implique donc nullement l’absence du castrum22. C’est un fait très avéré qu’il faut toujours avoir à l’esprit, même pour des périodes tardives qui nous semblent forcément bien documentées, mais qui ne le sont pas toujours. En effet, la fin du Moyen Âge n’implique aucunement que la documentation du fait castral soit plus dense et informative. Ainsi, le castrum de Montréal-de-Sos, en haut comté de Foix, disparaît de la documentation écrite plus d’un demi-siècle avant son arasement, dès le milieu du XIVe siècle. Pire, les derniers actes qui le concernent, tendent à montrer qu’il occupait une place de moins en moins importante dans la géopolitique locale. Or, la fouille a prouvé que c’est justement à cette époque – celle où nous avons l’impression documentaire que le site périclite - qu’a lieu une réorganisation complète du bâti et des espaces : un effort de construction sans précédent depuis la première construction du

castrum comtal, auquel succède une occupation dense.

La documentation écrite, même en comté de Foix sur des secteurs et dans des chronologies où elle paraît fournie, reste donc finalement partielle et elle peut être également partiale.

Sur cet espace politique, les chartes qui éclairent le mieux et le plus souvent le fait castral sont celles de la documentation diplomatique. Fait fondamental, sa croissance suit parfaitement la croissance de l’autorité comtale et non pas celle de l’importance numérique ou politique des ouvrages.

C’est parce que le comté de Foix est resté une entité politique puissante et de gestion organisée jusqu’à son intégration au royaume de France (au début du XVIIe siècle) que les textes politiques ont été rassemblés, conservés, copiés23.

Mais ici, comme dans le cas du cartulaire de Lézat, ils n’éclairent que partiellement notre sujet, s’attachant aux ouvrages castraux dès lors qu’ils sont comtaux ou sous hommage du comte, mais négligeant d’autres ouvrages ou des utilisations différentes que nous percevons mal : par exemple, à Montréal-de-Sos, si le castrum comtal paraît bien avoir été (re)construit peu de temps avant l’apparition documentaire du site, ce dernier est pourtant occupé auparavant et depuis des siècles, en fait plus d’un millénaire. Aucun texte ne permet de le supposer.

22

La question est analogue sur le secteur du Mas d'Azil, aussi documenté par un (petit) cartulaire abbatial, mais où les mentions de fortifications sont fort rares avant le XIIIe siècle (cartulaire Mas d’Azil).

23 On connaît, par exemple, l’immense travail d’archives réalisé au milieu du XVe siècle à la demande des

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20

En outre, nombre des actes comtaux ont tout de même été perdus, et certains ne sont connus que par de courtes analyses. Ces analyses représentent, sur le comté de Foix, environ 10% de la documentation utilisée.

Un cahier d’analyses est conservé aux archives départementales de l’Ariège et à la Bibliothèque Municipale de Toulouse24. Il renseigne sur la composition d’un fonds documentaire considérable appelé « Archives du château de Foix ou Caisses du château de Foix ». Celui-ci était constitué de milliers d’actes qui ont disparu dans l’incendie de la préfecture de l’Ariège en 180325.

Les carences de ces analyses tiennent surtout au fait qu’elles sont rédigées en français et ne rendent donc pas compte de la terminologie des originaux26. Ce sont surtout de très courts résumés. Elles n’en constituent pas moins une source de renseignements complémentaires utile, mais qu’il faut toujours utiliser avec précaution, tant dans l’interprétation que dans la datation des actes. Quand elles ont pu être comparées à des copies d’actes ou des originaux que nous conservons, nous nous sommes rendu compte de nombre d’erreurs d’interprétation et surtout de datation qu’elles recelaient. Elles sont pourtant encore largement utilisées sans grande précaution par des historiens pressés.

Les copies d’actes forment le gros de la documentation utilisée pour le comté de Foix. Bien moins nombreuses que les copies, les chartes originales représentent seulement 21 % de la documentation écrite du comté de Foix.

Une forte proportion de ces copies - 70 % - est fournie par le fonds Doat, dont plus de 33 volumes contiennent des chartes qui concernent le comte ou le comté de Foix. Citons entre autres, deux documents pré-cartographiques, littéraires mais descriptifs, qui énumèrent les villae et castra du bas et du haut comté de Foix en 1263 et 1272 et sont donc fort utiles à l’histoire des fortifications27.

Les autres documents que nous avons utilisés ont des provenances diverses, issues particulièrement des fonds des départements de l’Ariège et des Pyrénées-Atlantiques, des Archives et de la Bibliothèque Nationale (hors fonds Doat).

Les copies d’actes diplomatiques sont souvent de bonne qualité, bien meilleure que les actes des consulats de la fin du Moyen Âge qui ont souvent été falsifiés à l’époque

24

Archives Départementales de l’Ariège (notées AD09) : 1 J 327 - 328 : Analyse du Cartulaire de Boulbonne. E 6 - 9 : Inventaire des archives du château de Foix. 1 C 163 : Cartulaire de Rancié.

Bibliothèque Municipale de Toulouse, notée, Bm Tse, ms 638 : Cartulaire des archives du château de Foix pour l'abbaye de Boulbonne, copie XVIIe siècle.

D’après les renseignements sur ces documents donnés par le fonds Doat, ces archives contenaient une grande part d’originaux, mais aussi quelques copies.

25

Plus des trois quarts des analyses relatives au comté de Foix sont rédigées à partir d’actes -copies ou originaux- issus des Caisses du château de Foix. On trouve aussi des analyses tirées d’un fonds documentaire sur le consulat de Vicdessos qui, lui aussi, a disparu, ou de documents épars qu’auraient lu des érudits locaux vivant au XIXe siècle, notamment Adolphe Garrigou ou Casimir Barrière-Flavy.

Ces analyses sont toutes d’écriture moderne, mais elles ont pu être elles-mêmes copiées de registres plus anciens, même si aucune mention ne le précise.

Les actes résumés sont tous de nature juridique ou politique : donations et ventes, médiations juridiques, inféodations et serments féodaux, accords et sentences de justices.

26 Que penser, par exemple, des analyses qui emploient le terme « château » ?

27 1263, BnF, Doat 172, f°60r - 64v. Cop. B.N., ms lat. 9996, f°123. HGL, VIII, acte 505, col. 1510 - 1514.

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21

moderne. On peut tout de même regretter qu’elles omettent parfois les introductions de ces actes et en résument les listes de témoins (« et de nombreux autres hommes … »).

Parce que les comtes de Foix sont devenus vicomtes de Béarn à la fin du XIIIe siècle, c’est aux archives départementales des Pyrénées-Atlantiques que l’on trouve nombre de documents diplomatiques et fiscaux de la fin du Moyen Âge, mais aussi des documents littéraires rédigés à la demande des comtes, ces premières « histoires » magnifiant la famille. C’est ainsi que l’on trouve la plus ancienne version du travail d’Arnaud Esquerrier et notamment sa chronique des comtes de Foix - œuvre littéraire XVe siècle sur la vie supposée des différents comtes de Foix28.

De nombreux actes édités sont des actes ecclésiastiques, notamment les cartulaires d’abbayes, déjà mentionnés, parmi lesquels il faut ajouter celui de Saint-Sernin29.

On dispose aussi, pour la vallée de l’Ariège, de comptes rendus d’interrogatoires de l’Inquisition, ceux des inquisiteurs Ferrer, Geoffroy d’Ablis30, Bernart de Caux et surtout Jacques Fournier31.

La grande majorité des actes édités figure dans l’ouvrage des bénédictins Devic et Vaissette : L’Histoire Générale du Languedoc, qui compte cinq cent six tirés par Devic et Vaissette des caisses d’archives disparues du château de Foix, n’ont pas fait l’objet d’autres copies et cette édition est la seule trace que nous en conservions. Certains de ces actes, directement tirés par Devic et Vaissette des caisses d’archives disparues du château de Foix, n’ont pas fait l’objet d’autres copies et cette édition est la seule trace que nous en conservions.

Enfin, au nombre des éditions, on doit souligner le travail de deux anciens archivistes ariégeois : Charles Barrière-Flavy et Félix Pasquier32. Ceux-ci ont mis en valeur des chartes locales traitant des communautés consulaires et des actes comtaux, comme le rôle de l’impôt de la fin du XIVe siècle qui permet d’entrevoir l’histoire du peuplement et le rapport économique entre les différentes communautés à la fin du Moyen Âge.

Les chartes antérieures au XIIe siècle existent en proportion nettement plus faible que les actes postérieurs: il y a en sus un quasi hiatus documentaire comtal fuxéen entre le milieu du XIe siècle et la seconde moitié du XIIe siècle, dont je ne m’explique pas l’origine, et qui est à peine comblé au sud du comté par l’existence de documents comtaux catalans s’intéressant à ce secteur. La part des originaux est encore plus réduite au fur et à mesure que l’on s’intéresse à des périodes plus anciennes.

28

Aussi recopié dans le fonds Doat.

29 Célestin Douais à la fin du XIXe siècle et, plus d’un siècle après, Pierre et Thérèse Gérard. 30

Publié par Annette Palès-Gobilliard.

31 Volumes 22,23 et 24 du fonds Doat pour les actes de Ferrarius, ils concernent les années 1243 à 1247.

Les autres ont été publiés par Jean Duvernoy.

32

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22

En périphérie du comté de Foix, à la fin du Moyen Âge, le Donezan est un territoire qui dépendait des comtes de Cerdagne depuis le partage du comté de Razès à la fin du Xe siècle. La documentation, essentiellement diplomatique, a été très bien conservée. Durant toute la période antérieure à 1208, cette documentation provient des archives de la couronne d’Aragon et a été publiée (Rossel 1945). Á partir du début du XIIIe siècle, la documentation concernant le Donezan passe dans les archives du comté de Foix. En haute vallée de l’Aude, les documents qui se trouvaient dans les archives religieuses (abbaye Saint-Jacques de Jocou, de Saint-Paul de Fenouillet et d’Alet) ont tous disparu, à l’exception d’un document de 844 (Marca 781).

Les autres sources documentaires pour la période médiévale proviennent essentiellement des interrogatoires de l’Inquisition.

L’ensemble de la documentation connue à ce jour sur le Donezan au Moyen Âge a été rassemblée dans une recherche récente (Tillet 2003).

Le Couserans et le Comminges

Le Couserans fut un espace politique plus mouvant, moins formel et composé de structures publiques moins durables dans le temps, ainsi que de gestion moins organisée, que celle du comté de Foix.

L’effort archivistique que nous avons pu observer en comté de Foix, qui a préservé une part de la documentation diplomatique médiévale, n’a donc jamais eu lieu en Couserans et très peu en Comminges, surtout sur les secteurs les plus à l’est et au sud du Comminges, ceux que nous étudions. Ainsi peut-être, moins d’actes furent-ils écrits, mais surtout - du fait de la moins bonne organisation administrative - peu furent conservés, copiés, ce qui explique la carence documentaire médiévale dramatique dans ce secteur.

En conséquence, les études d’analyses des actes y ont toujours été limitées et peu encourageantes. Les documents sont rares, conservés dans de petits fonds isolés et très dispersés : ainsi Catherine Verna découvrit-elle des actes sur la mine d’argent de Castel-minier au XIVe siècle aux archives du Châtelet de Paris33, tandis que des actes de l’abbaye de Combelongue, située en Couserans, sont présents aux archives du Gers, et qu’on y trouve aussi des actes sur les seigneuries du Couserans34, etc. La recherche documentaire est donc plus laborieuse qu’en vallée de l’Ariège et le plus souvent bien décevante.

Les enquêtes se sont nécessairement élargies à des fonds documentaires d’époque moderne pour tenter de débusquer la moindre information, faisant feu de tout bois35.

33 Dubois (Claude), Archéologie du Midi Médiéval, 1999, « Les mines de plomb argentifère et de zinc

d'Aulus-les-Bains (Ariège) », p. 187-211.

34 I960 pour l’abbaye et pour les familles seigneuriales, série I, d’après Lasnier 2007, I, p. 25.

35 Notamment ceux des Archives Départementales de l’Ariège qui concernent les seigneuries ou les

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23

Mais les apports sont souvent chétifs et limités à fort peu d’informations, sauf exception et même ceci pour de gros bourgs castraux comme Saint-Girons, Castillon ou Aspet. Les sources intéressant le cœur du Couserans ou la vallée du Ger qui sont connues et utilisées parfois depuis longtemps se résument seulement à une grosse centaine d’actes médiévaux dont vraiment fort peu sont antérieurs au XIIe siècle.

Á l’ouest du Couserans et du haut Salat, dans un secteur montagnard qui dut être toujours Commingeois depuis le XIe siècle, le Castillonnais est sensiblement mieux éclairé que tout le reste de la zone, grâce à un cartulaire templier publié36. Cette commanderie était située en bas Salat, à proximité de la plaine garonnaise, à Montsaunès. De façon analogue, la petite commanderie de Salau, à l’extrême amont du Salat, sous le col principal vers le Pallars, est nantie de quelques actes médiévaux, pour beaucoup des originaux conservés dans le fonds de Malte. En haute Ariège, à Capoulet, et en piémont ariégeois, à Gabre, deux autres commanderies hospitalières sont dotées d’un recueil d’actes du même fonds37. Dans les trois cas, ces actes peinent à renseigner plus que de simples donations locales, qui ne documentent pas le fait castral mais, par le biais des donateurs, permettent d’appréhender quelques aristocrates. Parfois, on peut tout de même découvrir la mention d’un castrum, ainsi ceux de Montesquieu-Avantès, région de piémont au nord de Saint-Girons, et de Montgailhard (vraisemblablement -de-Salies, piémont commingeois) qui sont cités en 1295 dans le fonds de la commanderie de Salau38.

Ces actes sont donc finalement assez peu nombreux, souvent tardifs et n’éclairent pas mieux le fait castral que ceux des abbayes de Lézat ou du Mas d'Azil.

Ils permettent tout de même de voir apparaître, dès le XIIe siècle, quelques habitats, de rares castra et un groupe nobiliaire bien installé localement, dont la dévotion envers les hospitaliers est assez courante, surtout dès lors qu’il faut montrer son orthodoxie, donc à partir des années 1213.

Alors que le Couserans fut un évêché dès le haut Moyen Âge (celui de Saint-Lizier39), la documentation écrite épiscopale médiévale se résume à quelques documents seulement40, un acte fondamental de la fin du XIIe siècle (Favry 1994) et des apparitions succinctes dans des pouillés de la fin du Moyen Âge.

L’histoire de cet évêché, au cours du haut Moyen Âge, est quasiment inconnue, et même la liste des évêques proposée par les bénédictins dans l’Histoire Générale du

Languedoc ou par les historiens est presque vide pour cette période41. Elle est même difficile à construire pour le Moyen Âge central. Fort heureusement, les évêques du Couserans paraissent comme témoins plus ou moins régulièrement, particulièrement

36

Higounet Montsaunès et Baby Montsaunès.

37

AD31.

38 AD31, Malte, Salau, Liasse 1, acte 10. 39

Un évêque éponyme est connu au concile d’Agde, en 506. Un autre homme, Valerius, aurait été évêque du Couserans au Ve siècle, mais aucun document ne vient étayer cette hypothèse.

40

L’évêché de Saint-Lizier, issu du haut Moyen Âge, a été dissous en 1801. La Gallia Christiana est très peu prolixe à son sujet. Faut-il en conclure que ce fut, de tout temps, un évêché peu puissant et peu apte à organiser la conservation documentaire ?

41 Un texte hagiographique (édité) fort intéressant mentionne le Couserans à l’époque mérovingienne.

Dolbeau (François), La vie en prose de saint Marcel de Die, Francia, 1983 n°11 p. 97-130 ; réédité récemment par la société des Bollandistes (Sanctorum Societas, 2005).

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dans les actes relatifs aux abbayes de la région42, mais aussi dans des actes plus politiques, notamment ceux du comté de Foix, ce qui suggère que, malgré le peu de documents cet évêché est bien vivant et ancré parmi les puissants de la région43. Indirectement, les actes diplomatiques commingeois nous renseignent sur cet évêché dès lors que le comte de Comminges s’affronte aux évêques, au début du XIIe siècle. On dénombre aussi quelques documents diplomatiques comtaux du XIe siècle, qui mentionnent le Couserans parce qu’il est dans les mains de la famille carcassonnaise puis fuxéenne. Mais ceux-ci n’ont pu nous renseigner que fort vaguement sur une situation géopolitique comtale finalement relativement floue, et peut-être sur une situation très théorique, que l’on décrit pour consolider, ou parce qu’ancienne elle eut une réalité sur laquelle se fonde encore un peu les pouvoirs au moment où on rédige. Tout au long du Moyen Âge, on recense encore et toujours dans la documentation des comtes de Foix quelques mentions ayant trait au Couserans, ou à leur vicomte, ou aux Comminges44.

Alors que la documentation liée aux Croisades de la première moitié du XIIIe siècle comporte nombre de mentions des comtes de Foix et quantité d’informations sur leur comté, le Couserans est encore une fois à peine éclairé à l’occasion de rares faits de guerres ou d’un hommage. Si les comtes de Comminges apparaissent largement dans la documentation de la Croisade, ce n’est pas le cas de leur comté, et ces événements apportent peu à notre connaissance sur les fortifications de ces secteurs au XIIIe siècle. Dans le Couserans et plus largement dans le Comminges, les chartes de coutumes et de franchises, qui ne sont le fait que de seigneurs souverains, renseignent sur les bourgs castraux ou sur des tentatives de peuplement diverses. Elles sont souvent les premiers actes qui documentent des fortifications qui peuvent être plus anciennes, et abordent le groupe nobiliaire local. Sont aussi conservées des chartes tardives des XIVe et XVe siècles.

Bien que tardifs et limités, ces témoignages, de même densité que dans le comté de Foix, soit une vingtaine en tout, se révèlent fondamentaux dans le désert documentaire que forme l’ouest de notre étude.

Quelques zones périphériques, entre Couserans et vallée de l’Ariège, en piémont et vallées, telle la région du Mas d'Azil45, le Daumazan ou le Volvestre46, sont un peu mieux

42

Voir par exemple : 1135, vers ; cartulaire Mas-d’Azil, acte 18.

43

Alors que le comte de Comminges étend son influence en Couserans aux dépends des droits théoriques ? - des comtes de Foix au début du XIIe siècle, les évêques paraissent avoir été du parti fuxéen. Les droits des comtes de Foix étaient probablement, dans la réalité, limités à l’évêché car ils ne possédaient aucun castra en Couserans. On retrouve encore souvent ces évêques aux côtés des comtes de Foix au début du XIIIe siècle, notamment lors des grands actes comme la soumission comtale de 1229 suite au traité de Meaux-Paris.

44

On connaît par exemple l’existence d’une guerre entre comtes de Comminges et de Foix à la fin du XIIe siècle, dont l’enjeu était probablement le Couserans ou le Volvestre par un acte du fonds Doat, 1198, BnF, Doat, 169, f°73r - 74r., édition HGL, VIII, acte 99-I, col 450. Roger, Sanche, Senebrius et Gaston de Ganac, milites, promettent à Ramon Rotger, comte de Foix, de le servir dans sa guerre contre le comte de Comminges.

45 Evêché du Couserans, mais comté de Foix à partir du XIIIe siècle. 46

Figure

Fig : ???  Crédit photo aérienne panoramique du Plantaurel : Benjamin Ziegler.
Fig. faire fichier vecto
Fig . fichier : IMG_0685.jpg légende : Le port de Saleix (avril 2011) vu depuis le Vicdessos
Fig : ???? et ???? Esterayre, évacuations. Photos Pascal Audabram.
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