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Les mégadonnées

Dans le document Rapport de Mission (Page 105-110)

Les mégadonnées, mieux connue sous l’expression Big Data, sont au-jourd’hui un véritable buzzword dans à peu près toutes les industries, mais peu souvent défini clairement. Selon l’Inter-national Data Corporation, le marché des mégadonnées et de leur analyse attein-dra 150 G$ en 2015. Toujours selon l’IDC, 70 % des grandes entreprises achètent déjà des données de sources externes, et

cette proportion atteindra 100 % en 2019 (Press, 2014). Il est donc important de comprendre, d’abord, ce qui est entendu par le terme mégadonnées, et pourquoi ces dernières sont aussi critiques pour autant d’industries.

Volume, vélocité et variété

Pour plusieurs, le terme mégadonnées peut sembler excessif, considérant que

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l’analyse de données est loin d’être un concept nouveau. Il faut cependant com-prendre que le développement des tech-nologies de l’information et de la commu-nication a entraîné une véritable explosion de la génération de données. Selon Eric Schmidt, CEO de Google, on générait à tous les deux jours en 2010 autant de don-nées que ce que l’humanité avait géné-ré jusqu’en 2003 : et 5 ans plus tard, ce rythme continue d’augmenter. Le volume total d’information est donc en pleine ex-pansion.

Ces données sont générées à une fréquence grandissante, sont disponibles de plus en plus rapidement et sont uti-lisées en temps réel, d’où le concept de vélocité des données. Enfin, leur variété implique certains enjeux, puisque les en-sembles de données, contrairement à ce qu’on peut retrouver dans des bases tra-ditionnelles, sont souvent non structurées.

Il peut en effet être difficile de catégoriser des vidéos, des messages textes ou des requêtes sur des moteurs de recherche.

Le terme mégadonnées est apparu spécifiquement pour désigner des en-sembles de données dont le volume, la vé-locité et la variété, communément appelés

les « 3 V », complexifient significativement le traitement, du moins avec des outils traditionnels de gestion de l’information.

Il y a donc une nécessité de développer des outils de gestion de données pouvant s’adapter à une certaine incertitude et qui utilisent des méthodes probabilistes; le développement d’intelligence artificielle va de pair avec les mégadonnées.

Un processus complexe

L’utilisation des mégadonnées est un processus qui peut parfois s’avérer

com-plexe. Il faut d’abord géné-rer les données, que ce soit avec des capteurs, de l’enregistrement d’activités sur Internet ou des suivis de géolocalisation. Google, Facebook et Twitter figurent parmi les grands joueurs de la génération de données.

Ces dernières doivent par la suite être gérées, soit une étape particulièrement diffi-cile avec les mégadonnées, en raison justement de leur volume, leur vélocité et leur variété.

Plusieurs grands joueurs, comme Alteryx, font de la gestion de don-nées, mais de plus en plus de petites entreprises se penchent également sur cette étape. Nexalogy, une start-up montréalaise, utilise des algo-rithmes développés en astronomie à

des fins de gestion et surtout d’analyse

d’image de marque. Enfin, il faut analyser et présenter les données; des outils d’ana-lyse et de visualisation sont développés encore une fois tant par des vétérans de l’industrie, comme Microsoft et IBM, que par de nouveaux studios, comme Tableau et Qlik.

Parallèlement, et tout au long du pro-cessus, il y a une nécessité de stocker les données générées et même d’emprunter de la puissance de traitement. À cet effet, de plus en plus d’entreprises ajoutent des centres de données à leurs actifs. Ces Le centre de données GAK, une merveille technologique et architecturale. © Naver

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centres leur permettent d’une part d’in-ternaliser le stockage de données mas-sives, et d’autre part d’offrir des services d’hébergement, tant aux consommateurs qu’aux entreprises.

Bell, au Québec, investit beaucoup dans le développement de tels centres (Normandeau, 2015), la province y étant très bien adaptée. Ces derniers requièrent des quantités importantes d’électricité, abondante et abordable au Québec, et de climatisation, beaucoup plus facile lorsque la température moyenne est d’en-viron 7 °C, en plus des coûts immobiliers relativement bas.

En Corée, en plus des entreprises de télécommunication, certaines entreprises de logiciels se munissent de centres de données. Naver Corporation, qui est res-ponsable du moteur de recherche domi-nant en Corée, a récemment construit un énorme centre à la fine pointe de la tech-nologie. L’efficacité énergétique et les mesures éco-responsables du centre de données GAK ont d’ailleurs mérité une certification LEED Platinum.

Un mouvement en besoin de consolidation

La compagnie Tableau a atteint 504 M$

de chiffre d’affaires en 2014, soit une aug-mentation de 78 % par rapport à 2013 (Ta-bleau Software Inc., 2015). Qlik a vu son chiffre d’affaires augmenter de 18 % pour atteindre 680 M$ (Qlik, 2014). Cette explo-sion du marché des mégadonnées, depuis quelques années, a entraîné la création d’une multitude d’entreprises tout au long du processus de production.

Pour les entreprises désireuses d’in-tégrer les mégadonnées à leurs stratégies d’affaires, il peut être intimidant d’avoir autant d’options à chaque étape du pro-cessus. Il est donc souhaitable, et très probable d’ailleurs, que l’on assiste à un mouvement de consolidation, tant vertical qu’horizontal, de l’industrie. Google, Oracle et Microsoft ont d’ailleurs déjà commencé à acquérir des compagnies du secteur, soit DeepMind, BlueKai et Revolution Analy-tics respectivement en 2014, contribuant

à l’établissement de véritables leaders capables de prendre en charge l’ensemble du processus énoncé plus haut pour leurs clients.

Secteurs pertinents

Même s’il s’agit d’un secteur très technolo-gique, il s’avère que l’utilisation de méga-données est avantageuse pour les entre-prises de la majorité des industries. Elle permet en effet d’optimiser les processus, de mieux cerner les besoins des clients ou encore de déterminer des prix en temps réel. Bien qu’elle s’insère dans la sphère technologique, son implémentation se doit donc d’être ancrée dans le développement des affaires, en logistique, en marketing et en stratégie. Il est évident que très bien-tôt, les mégadonnées seront utilisées dans presque toutes les industries. Les deux secteurs étudiés dans ce rapport, soit les technologies de l’information et de la com-munication et les transports, les utilisent déjà.

Le schéma de la page suivante résume le portrait actuel de cette industrie, du moins pour les compagnies mentionnées, et des différents sous-secteurs.

Le secteur des technologies, des médias et des télécommunications, sans surprise, mène le bal en matière d’inté-gration des mégadonnées. Non seulement

Green Factory, le siège social de Naver,s’est également mérité la décoration environnementale LEED Platinium. © MC

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elle leur permet d’importantes optimisa-tions, mais les dirigeants d’entreprises de ces industries sont généralement plus à l’affut des développements technolo-giques et de l’importance de s’y adapter.

On peut penser à Netflix ou YouTube qui offrent dynamiquement des suggestions de contenu à ses utilisateurs en fonction de leurs préférences, en intégrant des données sur les habitudes de consom-mation de leurs innombrables utilisateurs.

Parallèlement, les entreprises de télécom-munications peuvent personnaliser leurs offres aux clients afin de favoriser l’adop-tion. Les mégadonnées y sont donc sur-tout utilisées à des fins de marketing et de stratégie.

Contrairement au secteur technolo-gique, l’industrie du transport, tant de mar-chandises que d’énergie ou de personnes, bénéficie des mégadonnées davantage sur le plan organisationnel. L’optimisation des réseaux de distribution en temps réel, la gestion des « Smart Grids » et l’adapta-tion des réseaux de transports en commun sont tous rendus possibles par l’exploita-tion de quantités énormes de données gé-nérées à des vitesses fulgurantes, comme des données de géolocalisation en temps réel.

L’intégration des mégadonnées dans le système de transport public de Séoul en est un excellent exemple. La société de

Stockage Génération

Gestion

Analyse

Présentation

Le marché des mégadonnées est vaste et dur à schématiser. © MC

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transport, d’opération et d’information de Séoul utilise ces données recueillies, entre autres, afin de construire une simulation en temps réel de la circulation routière de la ville. Ils peuvent ainsi simuler les consé-quences de divers travaux et optimiser les mesures à prendre en conséquence.

Perspectives

En somme, l’utilisation des mégadonnées présente un énorme potentiel, et ce, dans toutes les industries. Même si les chan-gements organisationnels majeurs néces-saires au traitement des données en temps réel peuvent en inquiéter certains, la valeur ajoutée par des analyses assez simples à réaliser est déjà évidente pour la majori-té des dirigeants d’entreprise. Surtout, la consolidation des compagnies du secteur promet de rendre ces technologies beau-coup plus accessibles. En Corée du Sud particulièrement, l’ouverture face aux

mé-gadonnées est grandissante. En 2013, le Centre des Mégadonnées a été inauguré à Séoul, visant l’analyse des mégadonnées pour améliorer l’administration gouverne-mentale et des entreprises.

Cette expansion implique cependant plusieurs considérations éthiques. En ef-fet, les données utilisées sont souvent des informations personnelles, ce qui suscite beaucoup d’inquiétude au sein de la popu-lation; un laboratoire de la Seoul National University travaille justement sur une ver-sion d’Android qui permettrait de surveiller le partage indésirable de données person-nelles. Des controverses s’apparentant à la dénonciation de la NSA pourraient d’ail-leurs devenir de plus en plus fréquentes.

Il sera intéressant de voir si l’accès aux données demeurera aussi ouvert à mesure que le potentiel commercial du mouve-ment se réalise.

L’industrie des télécommunications doit s’adapter à la montée des méga-données et de l’Internet des objets. Ces technologies requièrent des quantités grandissantes de données et donc des infrastructures de soutien, tant filaires que sans-fils, de plus en plus développées.

Sur le plan filaire plus particulière-ment, il est envisageable que ces besoins grandissants en données amènent la société à considérer l’accès à l’Internet comme une commodité, expliquant le dé-veloppement de contenu chez beaucoup d’entreprises du secteur désireuse d’assu-rer leur pérennité face à ces changements.

L’industrie des télécommunications sans-fil conserve une position plus avanta-geuse, en raison notamment du virage mo-bile, mais devra tout de même s’assurer de diversifier son offre. Les mégadonnées et l’Internet des objets représentent donc des opportunités pour les entreprises du secteur, mais aussi une certaine menace.

En ce qui concerne les téléphones mobiles eux-mêmes, il est évident que ces deux mouvements ne feront qu’accélérer la croissance du marché des téléphones intelligents, au détriment des téléphones mobiles traditionnels. Il sera cependant intéressant de voir si ces opportunités per-mettront à des fabricants moins concur-rentiels de se hisser une place aux côtés de Apple et de Samsung qui dominent significativement le marché actuel.

Parallèlement, les mégadonnées et l’Internet des objets, à priori, devraient bénéficier d’un système à code source ou-vert. Est-ce qu’ils favoriseront la montée d’Android, ou est-ce qu’Apple saura ex-ploiter ces technologies à son avantage?

Dans tous les cas, il est indéniable qu’une panoplie d’applications continuera à voir le jour dans les années à venir, mettant à profit les mégadonnées, l’Internet des ob-jets, ou même les deux.

Synthèse

Dans le document Rapport de Mission (Page 105-110)