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CHAPITRE 3 : PRINCIPAUX RESULTATS .................... 5 7

3. L'APPORT DE L'OBSERVATION DES STRATEGIES DES

3.3. Stratégies de recherche de mots dans le TR

Les premières activités de recherche de mots se sont faites à l'oral de manière collective :

cours 2, séquence 1

E: est-ce que quelqu'un peut me retrouver le mot "elle" ? (quelqu'un retrouve)

C'omment est-ce que vous avez réussi à retrouver le mot "elle" ? Karima: "elle" c'est avec e, deux 1, y a deux l.

E: comment e t-ce que vous faites pour savoir que c'est "elle"?

Plusieurs apprenants: parce qu'il y a e, deux 1, e.

On peut supposer que I<arima se sert d'une stratégie visuelle (VIS), puisqu'elle reconnaît le mot «elle» grâce aux deux L. Il est difficile de savoir quelle stratégie les apprenants ayant retrouvé le mot ont utilisée. Ayant le texte devant eux, ils ne font qu'épeler le mot, ce qui renvoie à une stratégie basée sur le code alphabétique (COD). Mais ils pourraient aussi l'avoir retrouvé en reconnaissant sa configuration (VIS) ou en le localisant dans le texte (LOC). Retrouvant immédiatement le mot, on pourrait même déduire qu'il s'agit d'une stratégie non­

médiatisée (NME).

cours 2, séquence 1

E: e�t-ce que quelqu'un peut me trouver le mot "Maroc" quelque part ? Kanma.: Maroc, ma.

W�s Amina montre le mot juste). . . .

t: �omment est-ce que vous avez reuss1 a trouver ( Amina: et ben M-A-R-0-K.

E: C

Karima : (elle montre "mariée" pour Maroc).

E: Pourquoi est-ce que ça ressemble à Maroc ?

Karima: parce qu'il y a M�A, "ma". Je regarde seulement ça et je ne regarde pas jusqu'à la fin.

Karima s'appuie sur ses connaissances du code alphabétique (COD), elle sait que le mot recherché commence par M-A, mais se trompe de mot, elle trouve «mariée» au lieu de «Maroc». Par contre, Arnina retrouve immédiatement le

mot, en se servant de la stratégie COD de Karima ou d'une stratégie non-médiatisée (NME).

cours 2, séquence 1

E: maintenant le mot "Suisse", qui peut trouver le mot "Suisse"?

(Fatima le trouve.)

E: comment tu as fait pour trouver le mot "Suisse"?

Fatima: parce que je sais.

E: comment tu reconnais ? Fatima: parce que S-U-1-S-S-E.

On peut supposer que le mot «Suisse» est assez connu des apprenants pour qu'ils le retrouvent immédiatement dans le texte (NME).

cours 2, séquence 1

E: Maintenant, il faut chercher "vient". Est-ce que vous vous souvenez s'il y avait une phrase avec le mot "vient"?

Karima.: Elle vient du Maroc. Vient, ça commence par V. V-1-E-N-T.

Il s'agit ici d'une stratégie de localisation (LOC), j'ai encouragé les apprenants à utiliser cette stratégie. Karima a justifié sa réponse en s'appuyant sur le code (COD), elle a su que le mot «vient» commence par V.

cours 2, séquence 1

E: est-ce que quelqu'un peut retrouver "maison"?

Karima : c'est le dernier (texte).

Karima utilise ici clairement une stratégie de localisation du mot dans le texte (LOC).

A travers ces protocoles, on voit que les apprenants utilisent différentes stratégies pour trouver les mots.

J'avais prévu de discuter des différentes manières pour retrouver un mot dans un texte avec les apprenants pour qu'ils aient conscience qu'il en existe plusieurs. Mais, chaque fois que j'ai demandé comment ils pouvaient retrouver un mot, ils me

répondaient en identifiant les premières lettres du mot, donc en s'appuyant sur le code (COD). Comme par exemple :

cours 2, séquence 1

E: non, il faut me dire comment on peut faire pour retrouver un mot.

Karl.ma: on commence par regarder les lettres, on dit Genève, G -E .... Genève, je sais que ça commence par G.

Contrairement aux enfants, je suppose que les adultes ont plus conscience de l'importance du code dans la lecture et reconnaissance des mots. ]'imagine que - même lorsqu'ils utilisent d'autres stratégies que celles appuyées sur le code - ils ne considèrent pas ces stratégies comme valables. L'importance de la «lettre» dans leur représentation de l'apprentissage de la langue écrite est confirmée par la relative difficulté avec laquelle ils sont entrés dans les situations didactiques proposées.

Dans les productions plusieurs stratégies ont été repérées:

Karima 10:

j e. h o.

c.. b ro u... U � Lo. F e :;.r 1 1 e -

' 1 1

J e h o.,

Q

�ro�ue

(Y1 CL

i

S ') iî ,

J e

t) o. 0,

t. r o

l.-l

ue rn i r 0 1 r

Je ne sais pas quelle stratégie Karirna a utilisée pour retrouver les mots «Jena», «a» et «trouvé». Ça pourrait être des stratégies VIS, LOC ou COD. A la lecture des deux dernières phrases, elle a lu «Jena a trouvé la maison» et «Jena a trouvé le miroir». Elle a donc considéré que <ml.aison» équivalait à «la maison», elle s'est alors appuyé sur tme stratégie visuelle ou de localisation dans le texte. Ou alors elle a estimé que certains mots n'avaient pas besoin d'être écrits, qu'ils vont de soi, dans ce cas-là on peut dire qu'elle s'appuie sur le code, et que_ la

segmentation lexicale est centrée sur le groupe nominal plus que sur le mot.

Karima 12

E lle e n erche c;o)eI/

e.lls?. C htCht S OIE:1/

Là aussi, on ne peut pas vraiment savoir quelles stratégies ont été utilisées pom écrire ces deux phrases. Vu que le mot <(Jena» a été vu et écrit de nombreuses fois, on peut s'imaginer qu'il a été écrit avec une stratégie de copie volontaire, ou même sans copie du tout en considérant que l'apprenante connaît le mot par coeur. Dans cette production, Karima n'a pas écrit l'article devant «soleil», sûrement parce qu'elle a considéré que ce mot n'était pas indispensable.

Amina 9

(Elle n 'a pas eu le temps de finir la phrase.)

Avec mon aide, Amina a essayé d'écrire «et elle voit llll oiseau dans une cage». Les deux mots «et» et «elle» ont posé le plus de problèmes.

Avant d'arriver à écrire «et elle», elle a écrit (<elle l est o», elle s'est appuyée sur une stratégie de connaissance du code (présence de «e» et «l» dans plusieurs mots et confusion entre

«o» et «e») et visuelle (petits mots). Par contre, elle a tout de suite retrouvé les mots de la suite de la phrase (COV).

David 1

La reconnaissance du mot «l'oiseau» ainsi que le mot

«trouvé» ont pu être faites par stratégie visuelle ou de localisation dans le texte. J'imagine que l'apostrophe porte à confusion et amène l'apprenant à considérer les mots «l'oiseau» comme un mot en entier (groupe nominal) et à ne pas le couper.

Jasmina 2:

Cette phrase a correspondu à son projet d'écriture, seul le mot «est» a posé quelques problèmes, la différence de prononciation entre «Elle» et «Elle est» n'étant pas très grande, il est difficile de savoir si la reconnaissance du mot «elle» a été faite par une stratégie reposant sur le code ou s'il s'agit d'une stratégie de localisation dans le texte (en considérant qu'elle a repéré le mot mais a copié la suite de celui-ci). En lisant, elle n'a pas énoncé l'article «la» devant «poubelle», l'apprenante ne parle pas très bien le français et énonce rarement les articles à l'oral, il s'agit donc d'un problème de maîtrise de français oral.

Ami;w 7

j -e.1\..�

E.\\f.. L u,, j ,i i t, j � .s y. i &

j,e._')1,IJ.

�S.l: La.id � q,11 � <. u-'l'c S 4-,.,J o -e i \ ,

Elle avait comme projet d'écrire <<Jena est laide avec un seul oeil.», elle a commencé par écrire <�ena Elle lui dit je suis», Donc, «Jena» est écrit correctement, mais après elle a copié telle quelle la phrase du TR où Jena dit qu'elle n'a qu'un seul oeil (LOC). Après une relecture interactive avec moi, elle a écrit

«jena est Laide avec un seul oeil.».

Zina 8

fouil\dilt

Je n'ai pas assez parlé avec l'apprenante pour savoir si ces deux mots correspondaient vraiment à son projet d'écriture, lorsque je lui ai demandé de me dire ce qu'elle avait écrit, elle m'a répondu «Jena est dans sa chambre», mais, quand je lui ai demandé où se trouvait le mot «Jena», elle s'est tout de suite rendue compte qu'elle avait fait une erreur. Il est donc pas certain qu'il s'agit d'une stratégie de copie à l'aveugle (COA).

Zina 1 1

Les mots «Jena» et «elle» ayant été vus de nombreuses fois, ils ont sûrement été retrouvés par stratégie non-médiatisée (NME). Je ne sais pas avec quelle stratégie elle a retrouvé les mots «trouvé», «rniroire» , «la» et «maison». Je suppose que

«à» et «a» ont été retrouvés par connaissance du code (en tout cas, Zina n'a pas recopié des bouts de phrases tels quels puisque «à» et «a» ont été intervertis). Le mot «ramené» a été trouvé par stratégie visuelle ou de localisation puisque, lors de la relecture de cette phrase, elle a lu «trouvé» à la place de

«ramené».

Fatima 3

Elle a d'abord copié une phrase du TRB sans savoir ce qu'elle écrivait (donc stratégie de copie à l'aveugle), puis elle a réussi à lire et a essayé d'écrire seule la suite des mots, elle s'est appuyée sur le code.

cours 4, séquence 2

E: comment on écrit "chambre ?"

David: C-H-A-M-B-R-E.

(rires quand David dit qu'il a regardé la phrase au-dessus pour arriver à épeler Chambre)

Ka.rima: si on cherche, déjà on a compris comment on écrit "chambre".

(ils écrivent La phra e :''Ça a flashe dans sa chambre", E. passe vers chacun d'entre eux)

Un des buts du texte de référence était d'aider les apprenants à écrire des phrases avec des mots qu'ils connaissaient et pouvaient facilement retrouver, mais, également à les encourager à utiliser les documents de référence.

J'ai à plusieurs reprises remarqué que le fait de se servir de documents allaient contre leurs idées sur comment écrire. Dans le protocole au-dessus, plusieurs apprenants ont rigolé quand David dit qu'il cherché dans le texte écrit précéàemm.ent ie mot «chambre» et il a répondu comme s'il avait triché, en épelant un mot déjà vu ailleurs. Fatima a presque toujours cherché a écrire sans faire appel à ses pairs, à moi ou aux documents, elle m'a plusieurs fois dit qu'elle ne voulait pas copier mais chercher dans sa tête. Leurs représentations du savoir formel nonuné, détaché des pratiques sociales de son apprentissage apparaissent ici.

Toutefois, au fur et à mesure que nous avançons dans l'année, les apprenants se permettent de plus en plus de faire appel aux sources de référence.