• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 5 : PHASE POSTMIGRATOIRE – L’ÉTABLISSEMENT ET

5.2 Les premiers pas de l’établissement : les activités d’intégration

5.2.4. Intégration professionnelle

5.2.4.2. Stratégies de recherche d’un emploi qualifié

Stratégies individuelles et autonomes

La plupart des répondants vont entamer très rapidement, dès les premiers jours, leur recherche d’emploi de manière autonome. Ceci concorde avec les résultats de l’ELIC qui révèle que les moyens les plus populaires utilisés par les travailleurs qualifiés pour chercher un emploi durant les premiers temps d’établissement consistaient à chercher sur Internet (64 %), à regarder dans les journaux (58 %) puis à communiquer directement avec les employeurs potentiels (56 %) (Statistique Canada, 2005). La moitié des immigrants qualifiés ont également rapporté avoir eu recours aux agences de placement.

J’ai fait des photocopies [du CV] puis je suis parti déposer à plusieurs entreprises. Du porte à porte, pas par internet. J’ai sur papier, j’arrive j’ai dit je cherche de l’emploi, peut être que mon profil va vous intéresser. Les secrétaires étaient toujours accueillantes, elles ont dit donnez votre CV, je vais remettre... . Et j’ai déposé, j’ai déposé, je sortais, je déposais les CV puis je rentrais. [Mamadou]

Et on a commencé très vite sur internet à déposer nos CV en ligne avec Emploi Québec, Job boom, les sites d’employabilité et tout ça. [Nabila]

Pas encore accoutumé à la culture locale, chacun, selon son référent culturel, va procéder de la manière dont il aurait procédé dans son pays d’origine, parfois en décalage avec les techniques d’usage au Québec, comme Anton qui s’est présenté directement dans un hôpital pour trouver un emploi d’infirmier. La réflexion de Malinka appuie cette idée du réflexe culturel.

En France, on va plus facilement trouver sur Internet, et on va plus facilement mettre en valeur nos diplômes, parce qu’en fonction des écoles qu’on a faites, ça va être plus ou moins facile. Alors qu’ici c’est pas par Internet, c’est plus par les contacts, le réseau. [Malinka]

Recours au dispositif institutionnel (agents d’Emploi-Québec et agent du MICC)

Les répondants qui se sont dirigés vers les agents d’Emploi-Québec ou du MICC pour leur recherche d’emploi l’ont fait suite aux références des agents d’intégration lors de la séance organisée pour les nouveaux arrivants ou sur le conseil d’amis.

L’aide offerte par les agents d’Emploi-Québec consiste surtout à orienter les nouveaux arrivants vers des ateliers sur les techniques de recherche d’emploi et à faire le pont avec les organismes partenaires (le CITIM, le CACI, l’Hirondelle, le Centre des femmes de Montréal, le collectif, etc.). Au niveau des techniques de recherche d’emploi, ils fournissent des listes de sites Internet et aide à l’adaptation du CV. Ils peuvent également proposer des programmes d’intégration correspondant au profil du candidat.

À ce sujet, les commentaires faits par les répondants relativement aux services d’Emploi- Québec sont assez controversés. Plusieurs répondants mentionnent avoir été confrontés à une rigidité bureaucratique, à un service impersonnel et froid et à l’impression de n’être qu’un simple numéro, d’autant plus qu’il est difficile d’avoir un suivi régulier et personnalisé, car ils ne sont rarement affiliés à un agent, mais constamment référés d’un nouvel agent à un autre.

Malheureusement, l’agent que j’ai vu au CLE a été remplacé par une autre agente temporaire, une madame très gentille, après ça une autre madame, puis une autre. [Alvaro]

Les agents ne semblent pas suffisamment outillés à la réalité des immigrants, ni à la réalité du monde du travail. Ils offrent un service standardisé, peu importe le profil de la personne qui fait face. L’aide offerte se résume souvent à changer le CV et à indiquer des sites de recherche d’emploi et ne semble pas très efficace.

Ils m’envoient beaucoup d’informations sur l’emploi actuellement. Mais c’est un peu un problème, on reçoit beaucoup d’informations, beaucoup d’emploi, mais pas dans notre domaine. Alors, on perd beaucoup de temps à rechercher si c’est ingénieur, ah non. On perd beaucoup de temps. [Alvaro]

Pourtant, il existe des ressources à disposition des nouveaux arrivants, mais ils ne sont pas informés adéquatement par les agents. Par exemple, les répondants qui ont eu la

lettre PRIIME23 ne se sont pas fait expliquer en quoi elle consistait. Ce programme vise entre autres à inciter l’embauche de personnes immigrantes en offrant aux employeurs une aide financière couvrant une partie du salaire de l’immigrant. C’est à l’immigrant de présenter cette lettre et de l’expliquer à l’employeur au moment de l’embauche. Mais par manque d’information, plusieurs répondants n’ont pas utilisé cette lettre ou bien de manière non adéquate, c’est-à-dire pour des emplois hors de leur domaine de compétence. L’exemple de Noura montre bien également que l’information n’est pas toujours accessible. Noura a en effet bénéficié du programme Interagir24, mais c’est sur la recommandation d’une amie qu’elle est allée demander ce programme à Emploi-Québec, à aucun moment les agents ne le lui ont proposé spontanément.

Recours aux organismes communautaires

La majorité des répondants se sont surtout tournés vers les organismes communautaires, là encore, conseillés soit par les agents d’intégration du ministère, soit par le réseau migratoire ethnoculturel.

Les intervenants des organismes communautaires permettent au nouvel arrivant de se familiariser avec la culture du marché du travail et d’apprendre comment appréhender ce nouveau milieu, comment se comporter en vue de mobiliser les stratégies de recherche d’emploi « gagnantes ».

Cependant, l’aide offerte diffère selon les organismes. Certains services sont plus basiques et proposent surtout de l’aide pour refaire le CV selon les standards québécois et montrent aux personnes comment et où faire la recherche d’emploi. D’autres offrent des

23 Le Programme d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME) est offert

par Emploi-Québec en collaboration avec le MICC. Il permet aux employeurs de profiter d'une aide financière pouvant couvrir une partie du salaire de l’immigrant, le salaire qu'il versera à la personne chargée de l’accompagner; la mise en place d'activités particulières ou l'adaptation des outils de gestion des ressources humaines; les dépenses engagées directement pour former et adapter les compétences de l’immigrant.

24Ce programme est maintenant remplacé par le programme Action. Il s’agit d’ un programme d’aide et

d’accompagnement social destiné à des personnes éloignées du marché du travail, prestataires d’une aide financière de dernier recours , visant à amener ces personnes à atteindre leur plein potentiel, tout en les préparant à participer à une mesure d’aide à l’emploi . Il propose des activités variées et un accompagnement personnalisé dans des organismes à but non lucratif, partenaires d’Emploi-Québec

(lecture et écriture, informatique, cuisines collectives, calcul, révision de la grammaire, aide aux devoirs et aux leçons, cafés-rencontres, repas communautaire, massage pour bébé, chorale).

formations plus complètes et plus poussées sur les techniques de recherche d’emploi où l’on fournit beaucoup d’informations aidant à découvrir les normes et la culture du marché du travail québécois : normes de rédaction des CV, des lettres de présentation, le comportement à adopter et la communication avec les employeurs, l’importance du réseautage, l’existence d’un marché de travail caché, mais également plus concrètement comment procéder pour chercher les emplois. Les immigrants découvrent alors l’approche des emplois cachés consistant à cibler les entreprises du domaine et en téléphonant pour demander une séance d’information.

Et comment faire l’approche des emplois cachés? C’est par téléphone. C’est- à-dire tu vas chercher les entreprises dans ton domaine et tu vas cibler les noms des responsables, tu l’appelles. Est-ce que je peux avoir une séance d’information? S’il arrive à accepter cette séance d’information, tu peux décrocher un emploi. Ça a marché pour beaucoup de gens. [Fatima]

On leur fournit également des informations et conseils concrets pour se comporter en entrevue à travers des simulations.

Par exemple, on nous apprend à serrer la main, à regarder droit dans les yeux, c’est pour ça que je vous ai fait la nouvelle accolade, serrer la main, à bien regarder, à bien parler, comment se vendre, un mot que je n’aime pas beaucoup. Mais bon, comment attirer l’attention. [Nabila]

De plus, certains organismes proposent des activités de réseautage pour aider les nouveaux arrivants à développer des contacts professionnels via des 5 à 7 ou bien des programmes de mentorat.

Alors, on était régulièrement invité par l’AMPE-CITI, ils faisaient des séances de réseautage, des conférences, etc. Ça nous permettait de connaître des gens, par exemple je suis membre de la régie des ingénieurs de Montréal, je suis membre du réseau des ingénieurs de Québec, et par Internet je reçois régulièrement des newsletters. Je suis content je suis au courant de tout ce qui se passe. [Aszar]

Mobilisation du réseau social ethnoculturel

La fonction des réseaux migratoires intracommunautaires est double. Les réseaux, des migrants déjà passés par le processus, vont jouer un rôle de guide et orienter le nouvel arrivant vers Emploi-Québec ou vers des organismes communautaires. Ils constituent dans ce cas un pont avec la voie institutionnelle de recherche d’informations.

Alors les premières démarches c’était le CACI. Cet ami m’a présenté à P. et on a intégré le CACI. Les premiers mois on les a passés au CACI. […] Mais je n’avais pas commencé les démarches pour l’ordre. Alors, on m’a dit que pour être bien orienté, bien guidé il fallait passer par l’AMPE-CITI. [À la question est-ce que c’est le CACI qui a référé à AMPE-CITI] Non, c’est pas le CACI c’est des amis, des contacts. [Aszar]

Ils peuvent aussi, tout au contraire, dévier le migrant de la voie institutionnelle. Les informations diffusées par les réseaux relatent les difficultés d’intégration, entre autres les barrières des ordres professionnels, « trop fermés […] trop difficiles, et qui si on réussit il faudra payer chaque année » [Edouardo] et l’importance du réseau de contact. Plusieurs répondants ont été incités à se détourner vers des emplois sous-qualifiés.

Mes amis, nos amis nous ont dit, mais est-ce que tu crois que tu vas trouver un emploi tout de suite? […] Ils disaient que c’est pas les diplômes qui donnent de bons salaires, qu’on pourrait faire n’importe quel travail. Il y a une phrase qu’ils utilisent tous là, y a pas de sous-métier au Québec. C’est une phrase passe-partout que j’entends dans la bouche de pas mal de gens. [Nabila] Je n’ai pas fait la séance d’information de Crémazie, car on m’a déconseillé, on m’a dit que c’était une perte de temps, des gens que j’ai rencontrés, des Algériens, le cousin. Quand on arrive il y a beaucoup d’Algériens, alors on va boire des cafés ensemble, ils me posent la question, qu’est-ce que tu as fait, je leur ai dit qu’il y avait des journées d’information. Ils m’ont dit le Québec c’est par références, c’est par connaissances, ça, c’est de la théorie c’est rien. [Nadir]

Alors, j’ai constaté qu’avec des amis on ne parlait que des choses négatives. Chacun te donne son expérience de ce qui n’a pas marché, on te convainc que les choses ne marchent pas. Alors, c’est un problème. […] En fait pour faire une autre analyse des choses, on vous dit qu’ici au Québec il faut toujours travailler dans les manufactures, il faut aller couper le bois quelle que soit ta qualification. [Honoré]

Les réseaux peuvent également constituer des stratégies en soi pour le nouvel arrivant, qu’il mobilise en vue de trouver un emploi. Par contre, dans notre échantillon, les réseaux ont été stratégiquement sollicités uniquement pour trouver un emploi alimentaire.

Notons que le degré d’activation dans la recherche d’emploi diffère d’un répondant à l’autre. Certains se laissent guider uniquement au rythme des conseils des réseaux migratoires ou des intervenants rencontrés et se limitent à certains organismes, d’autres au contraire démultiplient les stratégies et les actions d’intégration. Quoi qu’il en soit, l’intégration professionnelle est de loin le domaine dans lequel le plus de répondants se sont confrontés aux difficultés les plus majeures.

Au total, sur les 14 répondants, cinq (Fatima, Viktor, Nabila, Malinka, Edouardo) avaient eu au moins une expérience professionnelle dans leur domaine au moment de l’entrevue. Parmi les autres, deux (Honoré et Mamadou) n’ont jamais été contactés pour un entretien d’embauche dans leur domaine de compétence malgré les démarches entreprises. Cinq autres répondants (Azsar, Nadir, Hacine, Seydou, Alvaro) ont eu des entretiens d’emploi mais non concluants. Quant à Anton et Noura, ils étaient toujours en formation au moment de notre entrevue.

Parmi les motifs imputés par les répondants quant aux barrières à l’accès à un travail qualifié, on relève la maîtrise insuffisante de l’anglais, le manque d’expérience québécoise et l’âge des répondants.

L’anglais pour trouver du travail. Parce que j’ai reçu beaucoup d’appels pour l’entrevue, mais l’anglais est plus important et je ne parle pas bien anglais. Dans le domaine de l’ingénierie au Canada, ils travaillent avec d’autres provinces, avec les États-Unis et il faut parler l’anglais. […] Selon la charte, la langue française est la langue officielle, mais quand je regarde les offres d’emploi, il faut être parfaitement bilingue. [Viktor]

Je suis en train d’aller vers un point, parce que tous les signes sont en train de me montrer que peut-être c’est un problème d’âge. Pourtant, je ne mentionne pas l’âge, mais quand je décris l’expérience ils vont penser que c’est un vieillard qui vient se présenter pour travailler chez nous alors qu’ils veulent des gens malléables, tout nouveaux tout beaux, des gens de 30 ans. Ils ne veulent pas des gens qui sont complètement cuits. [Aszar]

Néanmoins, il ressort fréquemment des discours une zone d’ombre, une certaine incompréhension reliée à un manque de retour de l’employeur.

Ce qui m’a surpris ce sont les employeurs qui ne vous disent pas quelle est la raison de leur refus. Ça, c’est la chose qui m’est restée dans la mémoire. Parce que l’employeur il n’emploie pas seulement, il contribue aussi à corriger le candidat, à l’aider à s’améliorer. C’est un miroir, il peut lui montrer ses défauts et l’aider à s’améliorer. [Aszar]

Plus les refus s’accumulent, plus les discours tendent timidement vers un problème de discrimination, sans jamais pouvoir le prouver. La question de la discrimination est plus souvent abordée par les répondants d’origine maghrébine. Plus particulièrement, l’impact du 11 septembre semble avoir marqué les esprits.

Ici la discrimination ne se fait pas directement, mais indirectement. Je n’arrive même pas à décrocher un poste de travail comme vendeuse. […] D’après les anciens, ils disent que depuis le 11 septembre, ça a changé. Je sais pas c’est eux qui disent ça, ça fait longtemps qu’ils sont là, ils savent comment ils sélectionnaient les gens avant et maintenant c’est différent. [Fatima]

Hacine, persuadé que son origine ethnique est la cause de sa non-insertion, est allé jusqu’à changer son nom dans un CV pour accéder plus facilement à des entrevues.

J’ai vu une annonce j’ai appliqué pour une entrevue et pendant l’entrevue le monsieur, quand il a vu ma face, il avait les yeux tout ronds, il s’attendait pas à ce visage-là. Bon mes diplômes venaient de la France, il s’attendait peut-être à un blanc, il m’a dit à plusieurs reprises je pense que je n’ai pas le bon CV. Je lui ai dit si c’est mon CV, et je sais que je répondais à tous les critères, mais je sais qu’il n’y avait aucun immigrant dans la grande famille, il m’avait fait visiter l’endroit et il n’y avait pas de non québécois. Donc je ne risque pas d’avoir une réponse positive. […]. Alors, je me suis inventé un profil, j’ai changé de nom. J’ai pris le nom de Dean, ça fait tout et rien, ça fait pas forcément arabe, et je me suis présenté dans plusieurs milieux et j’ai été recruté. [Hacine]

D’autres pointent cependant des problèmes structurels tels que le fait d’avoir un réseau stérile et des services d’aide impuissants pour les nouveaux arrivants.

Au fil du temps et confrontés aux difficultés d’intégration en emploi, les immigrants ont changé leurs stratégies d’intégration : retour aux études/formation dans un autre domaine; retour aux études/formation dans le même domaine pour augmenter leur capital humain;

élargissement des recherches d’emploi en région; travail autonome; mobilisation du réseau de contacts. Trois répondants ont même envisagé le retour dans le pays d’origine ou dans une autre province. La recherche d’un emploi alimentaire s’est imposée au fil du temps pour plusieurs devant leur incapacité à décrocher un emploi dans leur domaine. Les répondants ont continué de solliciter l’aide d’organismes communautaires pour améliorer leurs techniques de recherche d’emploi et l’aide d’agents d’Emploi-Québec pour être guidés dans leurs trajectoires professionnelles. Lorsque les personnes ont épuisé toutes les ressources d’aide à l’intégration, les agents d’Emploi-Québec proposent quasi systématiquement aux répondants un retour aux études ou de faire une formation pour se réorienter professionnellement. D’autres encore ont mobilisé leur réseau de connaissance. En parallèle, ils ont continué activement leurs démarches spontanées, notamment via les sites Internet de recherche d’emploi.

Le tableau 5 résume les stratégies d’intégration et de recherche d’emploi à l’arrivée ainsi que celles déployées en guise de contournement des différents obstacles rencontrés au long des trajectoires.

Tableau 5 - Résumé des stratégies d’intégration et de recherche d’emploi

STRATÉGIES À L’ARRIVÉE

Agents d’Emploi-

Québec Organismes communautaires Réseau personnel de contacts Démarches autonomes Recherche d’un emploi

qualifié dans son domaine

Edouardo Seydou Fatima Viktor Malinka Nabila, Aszar Seydou Alvaro Edouardo Viktor Hacine Edouardo Nadir Malinka Nabila Seydou Alvaro Hacine

Emploi alimentaire Honoré

Anton Viktor Mamadou Aszar Anton Mamadou Retour aux études/formations dans le même domaine Mamadou Seydou Retour aux études/formations dans un autre domaine Noura

ÉVOLUTION DES STRATÉGIES EN COURS D’ÉTABLISSEMENT ET STRATÉGIES ENVISAGÉES

Poursuite de recherche

d’un emploi qualifié Viktor Malinka

Amélioration des techniques de recherche d’emploi Honoré Honoré Hacine Nabila Aszar Alvaro Retour aux études/formations dans le même domaine Fatima Nadir, Edouardo Viktor Aszar Retour aux études/formations dans un autre domaine Hacine Fatima Recherche d’offres en région Fatima Seydou Alvaro Viktor

Travailleur autonome Malinka Noura

Aszar Retour dans le pays

d’origine ou dans une autre province

Seydou Alvaro Hacine

Emploi alimentaire Fatima

Mamadou

Nadir Alvaro Seydou Hacine