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Pertinences scientifique et sociale : les enjeux liés à une

CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE ET QUESTIONS À L’ÉTUDE

1.5 Objectifs de la recherche et pertinences scientifique et sociale

1.5.2. Pertinences scientifique et sociale : les enjeux liés à une

Pertinence scientifique

Dans la littérature scientifique, « il existe un besoin de renseignements sur l’intégration des immigrants, en particulier sur les étapes du processus d’établissement et d’intégration, les facteurs qui influent sur les résultats de l’intégration, et les services que les immigrants utilisent ou dont ils ont besoin pour s’intégrer plus facilement » (Xue, 2007). Le peu d’études qui s’y est intéressé limite géographiquement la question de l’intégration au pays d’accueil et porte peu d’attention à la phase prémigratoire. Or toute la phase de préparation, tant psychologique qu’administrative, est importante puisqu’elle teinte la suite du projet migratoire. Plus les écarts informationnels entre la phase migratoire et la réalité postmigratoire sont importants, plus grandes seront les déceptions et les frustrations. L’originalité de notre travail est de faire le lien entre ces deux phases sous l’angle de l’information.

Les études scientifiques évoquent l’importance pour les nouveaux arrivants d’avoir la bonne information; l’information pertinente. Il nous semble d’abord important de définir ce concept. Tout le long de ce travail, nous évoquerons l’information pertinente comme celle qui aide les nouveaux immigrants à intégrer le plus rapidement le marché du travail, et ce, en adéquation avec leurs compétences et leurs attentes (Béji et Pellerin, 2010). Cependant, rares sont les recherches qui mettent l’information au cœur de l’analyse du processus d’intégration et qui expliquent l’influence qu’exercent les politiques d’attraction sur les candidats et le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion des informations. Dans la littérature, il y a souvent une certaine segmentation dans la manière de traiter les problématiques reliées à la question de l’intégration socioprofessionnelle, insistant tantôt sur des facteurs institutionnels, tantôt sur des facteurs endogènes liés aux caractéristiques intrinsèques des immigrants. Récemment, un regard nouveau émane d’une analyse mésosociale, s’interrogeant sur le rôle des réseaux sociaux dans l’intégration des immigrants. Les réseaux y sont vus comme pourvoyeurs d’aide matérielle, financière, sociale ou encore informationnelle. L’information y apparait cependant comme un simple transfert d’un individu ou d’un groupe à un autre. Les travaux portant sur les réseaux

d’information et de communication se sont intéressés davantage aux propriétés structurales des réseaux et non à la qualité de l’information ni à la perception des acteurs- récepteurs d’information (Monge et Contractor, 2000). Pourtant, ces éléments peuvent influencer sensiblement la recherche d’informations et le crédit que l’acteur va y accorder (Vigel, 2002). C’est précisément ce que nous voulons faire dans ce travail, en redonnant un rôle central à l’information, mais également à la perception des immigrants de celle-ci. Pertinence sociale

Dans une optique de rétention de la main-d’œuvre à long terme, les pouvoirs publics ont tout intérêt à faciliter cette intégration et, éthiquement parlant, se doivent d’informer les futurs immigrants de la réalité qui les attend. En 2011, 18,2 % des immigrants de la catégorie de l’immigration économique présents au Québec depuis moins de 10 ans avaient quitté la province pour d’autres provinces ou d’autres pays offrant de meilleures perspectives ou encore par retourner dans le pays d’origine (MICC, 2011c). Dans 60 % des cas, ces départs s’effectuent dès la première année (Aydemir et Robinson, 2006). Une intégration précoce des immigrants aurait donc un effet bénéfique sur le taux de rétention ainsi que sur une décision éventuelle de s’installer en région (Barreau du Québec, 2000). De plus, le coût social associé à l’échec de l’intégration est subi par l’ensemble des acteurs sociaux et économiques : immigrants, employeurs, intervenants sociaux, gouvernement et société d’accueil. Les risques en termes de gaspillage de main- d’œuvre qualifiée, de refuge dans les programmes de sécurité sociale, de troubles de santé physique et mentale, etc. constituent une double perte économique : et pour l’immigrant qui n’exploite pas son plein potentiel, et pour la société qui doit assumer les coûts d’une population exclue (Bastien et Bélanger, 2010; Boudarbat et Cousineau, 2010). Outre l’aspect financier, les déceptions et autres désillusions nourrissent des sentiments d’hostilité envers la société d’accueil, pouvant mener à une dévalorisation identitaire et à des replis sur les communautés ethnoculturelles (Lenoir-Achdjian et Arcand, 2010).

In fine, notre étude permettrait dans une vision prospective de faire des recommandations, destinées notamment aux instances gouvernementales, afin qu’elles ajustent leurs stratégies d’information. Travailler en amont à donner l’heure juste, la bonne information,

constituerait un travail considérable durant les premiers pas vers l’intégration et surtout, armerait les immigrants face à ce qui les attend et éviterait découragement, désenchantement et abandon. Poirier et Gagnon (2010 : 206) rappellent l’importance de prendre au sérieux les difficultés d’intégration le plus tôt possible puisque « tous les mois et les années passés dans l’insécurité et le sentiment de rejet peuvent susciter des fractures irréversibles qui rendent l’intervention plus difficile et l’intégration des personnes concernées plus critique ». Il ne s’agit donc pas uniquement d’attirer les candidats qualifiés, encore faut-il s’assurer que chacune des parties prenantes bénéficie de ces compétences.

Résumé du chapitre 1

La route qui mène l’immigrant à une intégration dite réussie est loin d’être simple. Au Québec, alors que les nouveaux arrivants sélectionnés et attirés volontairement par les pratiques promotionnelles du gouvernement répondent à des critères relativement stricts, leur parcours est jonché d’obstacles. Les principaux sont la non-reconnaissance des acquis et des compétences, les comportements discriminatoires, la difficulté d’accès aux réseaux sociaux ou encore les difficultés d’ordre linguistique. Tout au long de leur trajet, les immigrants ont besoin d’avoir accès à une information pertinente et de qualité pour contourner ces barrières, ou tout au moins effectuer des choix en connaissance de cause. En visant à combler certaines lacunes scientifiques, cette étude exploratoire s’interroge alors à savoir dans quelles mesures les informations reçues et perçues par les immigrants influencent-elles leur projet migratoire et orientent le processus d’intégration.

Le chapitre suivant est consacré à la présentation des principaux concepts à l’étude et du cadre d’analyse.