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Certains réalisateurs, qui ont fait des films grands publics, cherchent à s’affranchir – même de façon relative – des contraintes d’Hollywood. Ainsi, Steven Spielberg est assez puissant pour se permettre de faire le film qu’il souhaite, sans que les producteurs et les studios ne viennent altérer son idée.446

« Martin Scorsese fonctionne comme cela, Clint Eastwood a construit sa carrière sur les westerns et a entamé ensuite une carrière formidable de cinéaste. Spielberg est le meilleur exemple de cette dichotomie. Il a tourné La Liste de Schindler et monté en même temps Jurassic Park. »447

Ainsi, telle une obsession qui transparait par à-coups, le 11 Septembre devient un motif répétitif chez Spielberg ; sans jamais les nommer, les attentats sont une ombre planante, qui ont profondément marqué et influencé le réalisateur dans sa conception des

                                                                                                               

445 GAYET A., « Le 11 Septembre au cinéma [Thème et variations] », op.cit.

446 Notons tout de même qu’un réalisateur, a fortiori puissant comme Steven Spielberg, n’est pas

complètement libre des « directives » des studios hollywoodiens, comme nous le verrons plus loin lorsque nous aborderons la guerre en Irak

447 LÉVY-WILLARD A., « En colère contre Bush, Hollywood s’engage dans des films politiques, interview

États-Unis et du monde.448 Par la même, sa façon de penser le Cinéma a changé, devenant

« le témoin de son temps, le réalisateur de l’après 11 septembre »449, comme il l’explique lui-même :

« 9/11 changed a lot for me. It changed a lot for everybody in the world. And my films did grow darker after 9/11. Minority Report was a very dark look at the future (…). So I think the world has a great impact on how it colours my movies. I think that’s a good sign. It just means I’m changing by being aware of what’s happening. »450

Dans Minority Report451, dont l’action se passe à Washington en 2054, aucun crime n’a

été commis dans la capitale depuis six ans. L’unité « Précrime » a en effet mis au point un programme empêchant les meurtres avant qu’ils ne soient commis. Grâce aux visions fournies par trois individus précognitifs qui passent leurs journées dans une sorte de liquide amniotique – les « précogs » –, un crime sur le point d’être commis ainsi que l’identité du ‘’tueur’’ peut être prédit. Cependant, il arrive que les « précogs » revoient une image plusieurs fois, appelée un écho. Depuis peu, l’agent John Anderton est supervisé par Danny Witwer, un agent du Ministère de la Justice envoyé pour évaluer le système. En effet, celui- ci n’étant utilisé qu’à Washington, le gouvernement envisage de l’étendre à tout le pays.

La thématique de la restriction des libertés civiles, thème principal du film, invite à s’interroger sur la société post-11 Septembre dans laquelle le film est réalisé. En effet, Minority Report dénonce et remet en cause « la doxa sécuritaire moderne [et Spielberg interroge] l’idéologie post-Giuliani, dont le fameux ‘’zero tolerance’’ (…). »452

Minority Report est sans doute le film le plus abouti et le plus profond de Spielberg. Jamais il n’avait creusé à ce point l’impact des technologies sur l’Homme ; comme une défiance envers l’avenir, le film nous rappelle que, si la machine fonctionne, l’être humain qui la conçoit est faillible. Surtout, contrairement à la machine, l’Homme a le choix.453 De

                                                                                                               

448 « We live under a veil of fear that we didn’t live under before 9/11. There has been a conscious emotional shift in this

country. » Cité dans BREZNICAN A., « Spielberg’s family values », USA Today, 23 juin 2005

449 DELORME S., « Le témoin », Les Cahiers du Cinéma, n°675, février 2012

450 Propos de Steven Spielberg tenus dans The Independent, rapportés dans The Daily Express, 11 janvier 2012 451 Adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de Philip K. Dick publiée en 1956

452 LALANNE J-M., « Juridiction des images », Les Cahiers du Cinéma, n°572, octobre 2002 453 Comme le souligne Danny Witwer : « It’s not the future if you stop it. »

fait, l’idée du film est également celle du libre arbitre et du déterminisme.454 Ici, même les

trajets en voiture sont prédéterminés : lorsque John Anderton s’enfuit, la trajectoire de sa voiture change brusquement, ‘’dirigée’’ par la police. De même, lorsqu’il marche dans une galerie marchande et que d’un simple regard, chaque enseigne l’identifie et lui rappelle ce qu’il a acheté la dernière fois.455 Et lorsqu’il prend le métro, chaque passager est scanné. De

façon assez habile, Spielberg nous dépeint un futur plausible456, c’est-à-dire qu’il échappe

aux traits futuristes habituels que l’on retrouve au cinéma. Ici, les éléments futuristes s’incarnent dans les technologies, alors que les vêtements ou les habitations n’ont pas changés. Esthétiquement, le film nous plonge dans cette atmosphère recherchée ; la lumière froide – argentée par moment – vient traduire la société dans laquelle les personnages évoluent.

Enfin, les yeux sont au centre des métaphores du film : John Anderton doit littéralement avoir les yeux sortis de leurs orbites pour voir les choses différemment, à savoir le système Précrime, auquel il croyait. Et lors de cette séquence chirurgicale, on ne peut s’empêcher de penser à Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971) lorsqu’Alex, attaché sur une chaise, a les yeux maintenus ouverts par des pinces. Mais ici, dans cette société où personne n’est anonyme, l’œil sert moins à voir qu’à être vu.

Mais la thématique chère à Steven Spielberg dans ce monde post-11 Septembre, est la société ultra-sécuritaire et méfiante vers laquelle se dirigent les États-Unis. Dans Le Terminal (2004), Viktor Navorski arrive à New York en provenance d’un pays fictif d’Europe de l’Est, la Krakozie. Quelques heures avant son arrivée, une révolution a eu lieu dans son pays. Mais les États-Unis ne reconnaissant pas le nouvel État, Viktor Navorski se retrouve apatride. Ne pouvant circuler sur le territoire américain, il est obligé de rester à l’intérieur de l’aéroport John-Fitzgerald-Kennedy.457 À travers une situation idéalement

absurde, Spielberg critique et se moque de cette paranoïa post-11 Septembre.

                                                                                                               

454 « Minority Report (…) repose à peu près sur le même dilemme moral que La Soif du Mal de Welles : s’il existe des hommes

ayant le don de pressentir la culpabilité ou l’innocence d’autres hommes, la police doit-elle en tirer parti, ou s’interdire de telles méthodes – sachant qu’une erreur est toujours possible ? » Les Cahiers du Cinéma, n°570, juillet-août 2002

455 « Ce genre d’extrapolation imaginaire évoque trop bien ce dont pourrait être faite la réalité de demain. » Ibid.

456 D’ailleurs, la police de Los Angeles a expérimenté une méthode proposée par l’entreprise privée PredPol

(nom qui ressemble à celui de PreCrime). Mais « À la différence de ce qu’a pu imaginer la science-fiction, le logiciel ne

vise pas à arrêter le malfaiteur sur le fait. L’objectif ici est plutôt de prévenir, en dépêchant une patrouille dans un endroit où la probabilité qu’une infraction soit commise est la plus forte, la simple présence des forces de l’ordre étant bien souvent assez dissuasive. » Le Figaro, 3 juillet 2012

457 Le film s’inspire de l’histoire de Mehran Karimi Nasseri, réfugié iranien sans papiers et déchu de sa

« Ainsi, cette manière de filmer l’accueil froid et bestiaire des arrivants aux USA est un véritable coup de pied au cul contre le gouvernement des États-Unis et rappelle directement le coup de pied au cul littéral contre les services d’immigration à New York dans The Immigrant (1917) de Charles Chaplin. »458

Mais en choisissant la comédie, Spielberg se montre frileux quant au sujet qu’il devait traiter. Ainsi, le rôle du réfugié est confié à Tom Hanks, « symbole même de l’Américain bon teint ».459 Et si cette fable sécuritaire met également le doigt sur l’ethnocentrisme

américain, on ne peut s’empêcher de penser qu’il a gâché son idée. En définitive, il semble que Spielberg ne s’intéresse pas à ces étrangers ; au contraire, il en fait une caricature du melting-pot américain. Loin de donner à penser, le film qui se voulait une comédie est une farce un peu lourde.

Un an plus tard, le réalisateur s’intéresse cette fois à la question du terrorisme, à travers l’assassinat des onze athlètes israéliens par un commando terroriste palestinien appelé « Black september » durant les Jeux Olympiques de Munich, le 5 septembre 1972. Dans Munich (2005), Steven Spielberg retrace l’histoire de la traque membres de l’organisation terroriste par le gouvernement israélien, qui a mis sur pied une mission secrète en vue de leur élimination.

« Munich » est le point de départ – la date de naissance – du terrorisme moderne. Dans un monde qui reste sans voix en 1972, Spielberg mène une réflexion indirecte sur les attentats de 2001 : il traite le terrorisme de Munich au regard de celui de New York. De fait, l’analogie avec notre époque est évidente : un film n’est jamais le résultat d’un calendrier hasardeux. Un film – une œuvre en général – s’inscrit toujours dans une époque, qu’il soit le fruit d’une politique, d’un attentat ou d’un climat. Mais dans ce monde post-11 Septembre, la « décence » voudrait que l’on ne parlât pas du terrorisme. Bien que se situant en 1972, il semble que l’exécution des otages soit une image trop lourde à regarder. Le débat qu’il y a autour du film de Spielberg est en réalité un faux procès : au lieu de prendre                                                                                                                

458 « [Il faut aussi souligner] qu’un des auteurs du scénario du film n’est nul autre qu’Andrew Niccol, scénariste de The

Truman Show (et sa critique mondiale de Big Brother) et réalisateur de Gattaca (préfiguration d’un futur carcéral,

panoptique et inhumain). » TYLSKI A., « La signature au cinéma selon Steven Spielberg. Étude sur The Terminal », Cadrage.net, septembre 2004

le film pour ce qu’il est (c’est-à-dire une histoire vraie), ses détracteurs n’ont pas supporté de voir le terrorisme et le contre-terrorisme traités à égalité. Comme s’il eut fallu faire un film manichéen, sans que les agents ne se posent de questions ou n’aient des remords. Spielberg fait un film plus intimiste que général ; il s’intéresse à chaque personnage, en prenant compte de son histoire, son identité. Loin d’englober chaque personnage dans un tout (les vengeurs contre les terroristes ; les juifs contre les musulmans ; Israéliens contre Palestiniens), l’entreprise de Spielberg est plus subtile, et s’attache à rendre compte de chaque point de vue.460

Surtout, son film est une critique de la « mise à l’écart de toute règle juridique pour justifier la décision d’ordonner l’assassinat de personnes soupçonnées d’être impliquées dans le meurtre des athlètes israéliens »461 , qui est abordé dans une séquence où Golda Meir parle à ses conseillers :

« It’s the same as Eichmann. We say to these butchers: ‘’You didn’t want to share this world with us, then we don't have to share this world with you.’’ (…) They’re sworn to destroy us. Forget peace for now. We have to show them we’re strong. We have laws, we represent civilization. (…) Today I’m hearing with new ears. Every civilization finds it necessary to negotiate compromises with its own values. I’ve made a decision. The responsibility is entirely mine. »

Parallèlement, Spielberg propose une conception du monde désorientée, confuse, qui prive et est privée de repères. En effet, sa critique du vide juridique est confrontée, paradoxalement (ou peut-être est-ce intentionnel), à une profusion de lieux (Munich, Tel- Aviv, Rome, Beyrouth, New York, Athènes, Londres) qui ne prennent pas corps. Alors que ces villes auraient pu jouer un rôle géopolitique et culturel, elles sont abstraites et sans identités car elles ne sont pas incarnées ; les personnages passent d’un territoire à un autre sans que jamais il ne dépasse le statut de décor ou d’amas urbain.462 Mais à la fin du film,

                                                                                                               

460 « Derrière la prise d’otages de onze membres de l’équipe israélienne aux Jeux de Munich en 1972 et la traque

systématique organisée en représailles, se profilent nécessairement la situation passée et présente au Moyen-Orient et à travers elle la question brûlante du terrorisme, en Israël comme aux États-Unis. (…) [L’ambition] de Spielberg est historique et politique. Certes mais qu’a-t-il à nous dire ? Que le « commando » israélien se retrouve dans la même situation terroriste que le commando palestinien ? (…) Que les revendications des Palestiniens aussi peuvent être légitimes ? C’est tout de même la moindre des choses. » DELORME S., « Munich : impossible », Les Cahiers du Cinéma, n°609, février 2006

461 TABBAL M., « La mise en scène de la lutte contre le terrorisme : où sont les droits de l’homme ? » in

CORTEN O. & DUBUISSON F. (dir.), Du droit international au Cinéma, Éditions A. Pédone, 2015, p.355

462 Le seul espace qui trouve grâce aux yeux du réalisateur est Paris, bien que représentée comme dans un

l’idée principale qui demeure est la représentation du 11 Septembre, son appropriation. Car « en réintroduisant numériquement le World Trade Center (…), Steven Spielberg mêle les fantômes d’hier et ceux d’aujourd’hui pour manifester son angoisse de l’avenir. »463

Cette angoisse de l’avenir et du monde dans lequel nous vivons désormais, déjà présente dans Minority Report, est portée à son paroxysme dans l’adaptation du roman de H.G. Wells, La Guerre des mondes (2005).464 Si le thème de l’invasion extraterrestre était lié

aux années 1950 avec la peur Soviétique, le choc du 11 Septembre « fait soudain resurgir [ce] thème, (…) [sauf que] le fantasme a fait place à la réalité. »465

Le film s’ouvre sur des images du monde, de villes, des scènes de vies. Au son, un narrateur commente :

« No one would have believed in the early years of the 21st century, that

our world was being watched by intelligences greater than our own. That as men busied themselves about their various concerns, they observed and studied. (…) across the gulf of space, intellects, vast and cool and unsympathetic regarded our plant with envious eyes. And slowly and surely, drew their plans against us. »

Ray Ferrier est un père divorcé, grutier sur les docks dans le New Jersey. Son ex- femme – qui part voir ses parents à Boston pour le week-end – lui confie leurs enfants pour le week-end. (Leur fille Rachel, 10 ans, et Robbie, un adolescent avec lequel les relations sont difficiles, et qui doit rendre un devoir sur l’occupation française de l’Algérie pour lundi). Rachel regarde les informations et apprend qu’il n’y a plus d’électricité en Ukraine suite à de violents orages. Peu de temps après, le même phénomène se produit à New York ; les éclairs ressemblent à des tirs et un cratère s’est formé. Le sol se fissure rapidement, quelque chose bouge, le clocher de l’église s’effondre. Comme si le sol « vivait », il se soulève puis retombe, avalant et recrachant une voiture. Puis, un monstre mécanique apparaît, doté de trois pâtes géantes qui ressemblent à des tentacules. Il émet un

                                                                                                               

463 LORFEVRE A., « Steven Spielberg à l’ombre du 11 septembre 2001 », op.cit.

464 Adapté au cinéma en 1953 par Byron Haskin, La Guerre des mondes avait été racontée à la radio par Orson

Welles en 1938

son très fort, comme une corne de brume, et tire sur la foule qui s’enfuit.466 Ray décide de

quitter la ville avec ses enfants pour aller chez leur mère. Dans la voiture, son fils lui demande si ce sont des terroristes, Ray lui répond que non, « ils viennent de plus loin ». « D’Europe ? » Ray clôt la conversation en disant : « Cette ‘’machine’’ était déjà là, elle était enterrée ». Venus se réfugier chez leur mère, ils trouvent la maison vide et décident d’y passer la nuit, pendant laquelle des bruits violents se font entendre au-dehors. Le lendemain, Ray découvre qu’un Boeing s’est écrasé non loin de là.467

Une équipe de la chaîne d’informations CBS se trouve sur les lieux du désastre, et la journaliste lui montre des images d’autres villes qui ont subi le même sort, comme Washington ou Londres. Ray et ses enfants s’enfuient pour tenter de rejoindre Boston et passent devant la rivière Hudson où gisent de nombreux cadavres Sur fond de fin du monde (un train en flammes passe à toute vitesse), cette séquence s’apparente à un exode : les centaines de personnes qui se dirigent vers le ferry passent devant des murs recouverts de photographies de disparus.468

Ils réussissent à se cacher chez Harlan Ogilvy – un personnage fantasque qui croit que les aliens ont enterré leur technologie dans la terre il y a plusieurs années.469 Plus tard,

des aliens investissent les lieux : ils font tourner une roue de vélo, regardent attentivement la photographie d’une femme, comme s’ils trouvaient quelque intérêt à la Civilisation qu’ils exterminent. Lorsque les Tripods tuent un humain, ils pompent son sang pour fertiliser l’herbe. Harlan Ogivly – qui était déjà perturbé – a une crise de nerfs après avoir assisté à cette scène et se met à hurler : « We’re the resistance Ray! They can’t occupy this country! Occupations always fail! History’s taught us that a thousand times. This is our land. »470

Pour ne pas que les aliens l’entendent et qu’ils se fassent repérer, Ray le tue. À l’extérieur, le paysage est sombre et ensanglanté. Un Tripod s’empare d’eux et ils se retrouvent dans une sorte de panier géant (situé sur le Tripod) au milieu d’une vingtaine de personnes. Une porte circulaire s’ouvre de temps en temps pour aspirer un humain. Alors que l’alien sélectionne Ray, il lance une grenade dans les entrailles de la machine qui explose. Finalement, ils entrent dans Boston dévasté, et remarquent que les oiseaux se                                                                                                                

466 Nous reviendrons plus loin sur cette image

467 Alors que les bruits font penser à une attaque de Tripods, Spielberg fait explicitement référence au 11

Septembre

468 Scène semblable au 11 septembre 2001, quand des milliers de new-yorkais se pressaient pour prendre le

ferry, et que des centaines de photos de personnes disparues étaient affichées

469 « They defeated the greatest power in the world in a couple days. (…) This is not a war any more (…). This is an

extermination », prévient-il

posent sur les Tripods qui sont en train de mourir. Ray en informe les militaires qui tirent sur le monstre. Le narrateur termine son monologue, et nous apprend que les aliens n’étaient pas immunisés contre les bactéries terrestres.471

Spielberg avait prévu de réaliser La Guerre des mondes au début des années 1990 mais le projet avait été repoussé au profit d’autres réalisations en cours. Au moment de la promotion du film, il expliqua qu’il n’aurait probablement pas réalisé ce film si le 11 Septembre n’avait pas eu lieu.472 En effet, La Guerre des Mondes est une référence directe aux

attentats ; même si cela n’était pas son intention initiale, c’est une vraie histoire post-11 Septembre473, qui reflète parfaitement l’incertitude et les inquiétudes de Spielberg.474 De

plus, il y a une volonté d’inscrire l’horreur et les événements spectaculaires dans la ville qui a été touchée par les attentats. Alors que dans le roman, l’histoire se passait à Londres et que, dans le film réalisé en 1953, il se déroulait à Los Angeles, Spielberg l’inscrit dans New York et sa banlieue.

Au-delà de la décence évoquée, c’est bien la peur qui transparait : la peur des personnages est tellement palpable, presque rugueuse, qu’elle embarque le spectateur dans la psychose américaine. Dès le début, Spielberg plonge le spectateur dans une atmosphère apocalyptique ; de façon plus significative que dans ses films précédents, les fantômes du 11 Septembre et ses conséquences sont au cœur de son idée. Ajouté à cela, les ressemblances ou parallèles que fait Spielberg ; deux images provoquent le souvenir