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Statistiques descriptives

Une première remarque d'ordre général doit être faite : la majorité des migrants arrivant dans ces villes provient de zones rurales. Les migrants de zones rurales forment plus de 70 % de tous les migrants vers ces villes (voir tableau 6). Qui plus est, il est important de noter la différence de répartition des migrants entre les trois villes. Outre le flux migratoire rural-urbain, Hanoï connaît aussi une forte proportion (33,8 %) de migrants provenant d'autres zones urbaines. Globalement, dans les quatre provinces, les migrants urbains repré- sentent environ 22 % des migrants.

[ 24 ] Doi Moi est le nom donné à la grande réforme économique de 1986 menée par le Parti communiste vietnamien, qui a eu pour conséquence l'ouverture du pays à l'économie de marché.

En ce qui concerne la répartition des migrants ruraux par statut d’emploi, le tableau 7 mon- tre que le taux de participation à l’activité économique des migrants ruraux s’installant à Haï Duong est le plus élevé (plus de 95 %) des quatre provinces. De surcroît, cette province présente le taux d’informalité le plus faible (51,8 %) en termes d’emploi. Ceci peut s’expli-

quer par le fait que cette province a connu une formalisation plus importante, allant de pair avec sa forte et rapide participation au pro- cessus d’intégration économique. Pour attirer les investissements, cette province a adopté des politiques actives, notamment en baissant le taux d’imposition et en simplifiant les pro- cédures administratives (Nguyenet al.,2009).

Répartition (en %) des migrants selon leur lieu de provenance

(dernier déménagement ; Vietnam, 2004)

6

Tableau

Centre urbain 33,8 9,7 9,9 14,8 22,1 Ville secondaire 4,4 1,8 4,9 7,6 4,8 Campagne 61,8 88,5 85,1 77,6 73,1 Total 100 100 100 100 100 Total Quang Ninh Haï Duong Haï Phong Hanoï Destination Lieu d’origine

Source : VMS2004 ; calculs de l’auteur.

Répartition (en %) des migrants ruraux selon leur statut sur le marché

du travail urbain (Vietnam, 2004)

7

Tableau

Emploi formel 32,9 25,3 43,6 25,3 31,7 Emploi informel 60,8 65,2 51,8 67,9 61,6 Ne travaille pas 6,4 9,6 4,6 6,8 6,7 Total 100 100 100 100 100 Total Quang Ninh Haï Duong Haï Phong Hanoï Destination Statut

Comme indiqué précédemment, nous ne prenons ici en compte que le marché du tra- vail urbain à la destination de la migration, en nous centrant sur les migrants ruraux-urbains. Nous conservons donc trois groupes d’indi- vidus aux sections suivantes, suivant leur statut migratoire : migrants ruraux, migrants urbains et non-migrants urbains. Un résumé des statistiques de notre échantillon se trouve au tableau C1 en annexe.

En ce qui concerne les caractéristiques démo- graphiques, les migrants ruraux présentent un biais de genre : 65 % sont des femmes. Ces migrants ont fait moins d'études que les mi- grants urbains et que les non-migrants urbains. L'état civil des deux types de migrants est très proche (environ 50 % sont mariés), ainsi que leur position individuelle au sein de la famille (les chefs de famille forment plus de 50 %), alors que les non-migrants urbains sont prin- cipalement mariés. Les migrants ruraux sem- blent être plus jeunes et rester moins long- temps sur leur lieu de destination que les mi- grants urbains.

Les résultats montrent aussi des différences entre les migrants ruraux, les migrants urbains et les urbains quant à leur statut sur le marché du travail et le secteur d’emploi. Globale- ment, le taux de participation est plus élevé chez les migrants ruraux. La proportion de participation à l’emploi informel est élevée chez les migrants ruraux. A contrario,il est plus probable que les migrants urbains aient un emploi formel à leur destination. Pour ce qui est du secteur institutionnel, l'emploi infor- mel est principalement fourni par le secteur des entreprises individuelles (respectivement 80 %, 71 % et 88 % pour les migrants ruraux, les migrants urbains et les autochtones urbains). L’emploi informel existe aussi dans le secteur

public, mais en petite quantité (2 %). Lors- qu’ils travaillent, les migrants ruraux ont plus tendance à trouver des emplois informels que les migrants urbains. Les migrants urbains qui trouvent des emplois informels sont en moyenne plus vieux que ceux qui trouvent des emplois formels, alors qu'il y a peu de dif- férences d'âge entre les travailleurs migrants urbains formels et informels.

La part de femmes migrant des zones rurales vers ces provinces est plutôt élevée. Elles travail- lent principalement dans le secteur informel. Pour ce qui est du niveau d’études des per- sonnes travaillant, la part de travailleurs ayant fait des études supérieures varie beaucoup en fonction des secteurs mais aussi des statuts migratoires. La plus importante part de travail- leurs ayant suivi des études supérieures se trouve chez les migrants urbains employés dans le secteur formel : 40,8 % d'entre eux sont allés à l'université ou en établissement d'enseignement supérieur. A contrario, seuls 16,3 % des migrants ruraux travaillant dans le secteur formel sont allés à l’université ou en établissement d’enseignement supérieur. Glo- balement, pour les migrants ruraux, le travail informel semble fortement associé à un faible niveau d'études, puisque seuls 2 % des travail- leurs informels sont allés à l’université.

Au Vietnam, les migrations sont principale- ment liées aux taux élevés de sous-emploi et de chômage dans les zones rurales, que l’on attribue au développement de l’agriculture moderne désormais impropre à absorber le surplus croissant de main-d’œuvre (OGS, 2005). Djamba et al.,(1999) montrent que mi- grer est une stratégie pour les travailleurs ru- raux qui cherchent de nouvelles opportunités d’emploi. C’est également le cas pour les mi- grants ruraux des provinces du delta du fleuve Rouge. Les migrations vers ces provinces sont fortement associées à des modifications du statut de l’emploi (cf. tableau 8). Nous obser- vons un passage important au statut supé- rieur sur le marché du travail après la migra- tion, pour une majorité de migrants (ruraux comme urbains). Toutefois, le taux de partici- pation au marché du travail avant la migration

est plus élevé pour ceux qui viennent de zones rurales. En effet, il est moins probable que les travailleurs ruraux soient inactifs ou sans emploi dans leur contrée d’origine, où les emplois agricoles sont accessibles au plus grand nombre. On observe également, que le statut de l’emploi de certains migrants ruraux chute, car ils passent du statut d’employé à celui de chômeur ou d’inactif, après la migra- tion. Parmi les migrants qui étaient employés avant leur migration, ceux qui proviennent de zones rurales ont plus tendance à être infor- mels sur le marché du travail urbain que ceux d’autres zones urbaines. Bref, les migrants urbains pourraient avoir un avantage sur le marché du travail par rapport aux migrants de zones rurales, au niveau du capital humain, et notamment de l’expérience profession- nelle urbaine[ 25 ].

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