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Le développement des attitudes racistes et xénophobes dans les stades de football (Pilz, 2008), les nombreuses exclusions d’immigrés des clubs allemands (Şen, 2006) et la très faible représentation des femmes et des filles de religion mu- sulmane dans les associations sportives (Kleindienst-Cachay, 2007) ont incité les autorités publiques à réagir. C’est ainsi qu’en 2002, « Integration durch Sport »127

devient, après « Sport mit Aussiedlern », un programme spécifique du Deutscher

Sportbund (DSB). S’adressant tout à la fois aux minorités ethniques issues de

l’immigration et aux populations socio-économiquement défavorisées, ce dispositif institutionnel est soutenu par la Bundesregierung für Migration, Flüchtlinge und Inte-

gration (l’Office fédéral de la migration, des réfugiés et de l’intégration), encouragé

par le Ministère fédéral de l’Intérieur (Bundesministerium des Innern), et il s’étend à l’ensemble du territoire national. Il fonctionne classiquement selon un système pyra- midal qui s’appuie sur une base de 500 associations-relais et 800 bénévoles travail- lant à la réalisation de l’ensemble des projets128

. Au sein de chaque Land, le Lan-

dessportverband (l’Association sportive fédérale129) et la Deutsche Sportjugend (le Sport fédéral de la jeunesse130) coordonnent les actions au niveau régional. Selon H. Kübler, directrice de la cellule Chancengleichheit und Diversity (Egalité des chances

l’institutionnalisation de procédures permettant aux individus de cultures différentes de trouver des compromis (Bizeul, 2009).

127 Ce programme est financé à hauteur de cinq millions d’euros par le Bundesministerium des Innern. 128

Pour plus de détails, voir le site Internet du programme : http://www.integration-durch-sport.de.

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Dans chaque Land, le Landessportverband rassemble les clubs sportifs de toutes les disciplines, et constitue d’une certaine façon l’équivalent des comités régionaux olympiques et sportifs (CROS) en France (Miège, 2000).

130 La Deutsche Sportjugend représente les intérêts d’environ 9,5 millions d’enfants, d’adolescents et

de jeunes adultes, âgés de moins de 27 ans, dans plus de 91 000 clubs sportifs, regroupés dans les seize confédérations régionales des sports, dans les cinquante-trois fédérations sportives nationales et au sein des dix fédérations sportives affinitaires. Elle intervient dans le domaine du sport, dans le secteur social et sur le plan international, et mène à bien les politiques déterminées par le DOSB (an- ciennement DSB) en matière de sport et de jeunesse. Ainsi, elle soutient le développement de la per- sonnalité chez les jeunes, encourage la prise de responsabilités, l’engagement bénévole, les capaci- tés d’intégration et l’apprentissage interculturel. Pour plus d’informations, voir : http://www.dsj.de.

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et Diversité) au DOSB131, le programme « Integration durch Sport », dont elle est l’une des coordinatrices fédérales, poursuit plusieurs objectifs par rapport aux popu- lations-cibles : l’augmentation du taux de participation sportive, l’intégration sociale par le sport, le soutien et le développement de l’engagement bénévole, la sensibilisa- tion au potentiel interculturel de l’activité sportive et la promotion du thème de l’intégration132

.

A l’occasion de l’ouverture de la conférence fédérale Integration durch Sport qui a eu lieu les 22 et 23 janvier 2007 à Stuttgart133 (Bade-Wurtemberg), W. Schäuble, ministre fédéral de l’Intérieur, a déclaré : « le sport remplit des tâches poli-

tiques et sociales importantes, y compris en intégrant les immigrés dans la société ».

Par ailleurs, lors de l’élaboration du plan d’intégration nationale mis en place par la Chancelière A. Merkel en 2004, le sport a occupé une place de premier choix. Pour M. Böhmer, ministre fédérale déléguée à la migration, aux réfugiés et à l’intégration, le sport organisé allemand représente assurément « une chance énorme en termes

d’intégration des immigrés »134

. Aussi entend-elle encourager tous les clubs sportifs à accueillir davantage de migrants. En réalité, l’ensemble de ces bonnes intentions avait été entériné par le DSB dès 2004, dans un texte d’orientation prolongeant le premier du même ordre daté de 1981 (Sport mit ausländischen Mitbürgern). Au sein de ce document officiel, destiné aux organisations-membres et intitulé Sport und Zu-

wanderung, le Deutscher Sportbund soutient non seulement que le sport peut facili-

ter le dialogue entre le migrant et la population autochtone, mais aussi que l’intégration des immigrés doit prioritairement se faire par l’activité sportive organisée. En conséquence, les regroupements à base ethnique sont autorisés dans le cadre associatif, en particulier dans les clubs de football, parce qu’ils apparaissent comme une possibilité pour les migrants de participer au sport institutionnalisé et, par la même, d’adopter les valeurs et les normes de la société nationale (DSB, 2004). Les auteurs du rapport, pour la plupart universitaires, privilégient une approche populiste,

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Le Deutscher Olympischer Sportbund (DOSB) est l’organisme central non-gouvernemental du sport allemand. Il fut créé le 20 mai 2006 par la fusion du Deutscher Sportbund (DSB) et du Natio-

nales Olympisches Komitee für Deutschland (NOK).

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Présentation officielle du 18 novembre 2010 à Paris.

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Capitale du Bade-Wurtemberg, cette ville cosmopolite réunit des populations venant de plus de 170 nations, et 40% d’entre elles sont issus de l’immigration. Source : Ministère fédéral de l’Intérieur, 2007.

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dans laquelle la diversité culturelle accompagnant la présence des immigrés est en- visagée comme une « richesse » pour le sport allemand. Ils insistent parallèlement sur la nécessité pour les pouvoirs publics de mener des actions de sensibilisation au « dialogue interculturel » et de favoriser l’accès des migrants aux fonctions diri- geantes dans les clubs, ce qui peut passer par le soutien des associations sportives ethniques (DSB, 2004). Ainsi, en 2008, le DOSB affirme qu’il faut encourager la créa- tion de clubs ethniquement homogènes afin de permettre aux immigrés de se familia- riser avec les structures institutionnelles du sport et de la société dans le pays d’accueil, mais aussi de pratiquer une activité de loisirs dans leur langue maternelle (Axmann, 2010).