• Aucun résultat trouvé

Une des spécificités de cet ouvrage sur laquelle je voudrais revenir relève de l’hétérogénéité des gestes et des formes d’écritures textuelles et graphiques qu’il contient, dans la visée de présenter les

175 Ouv.1. Présentation OUVRAGE COLLECTIF : Gestes en éclats. Art, danse et performance (direction), Collection Nouvelles scènes,

Les Presses du réel, Dijon, 2016, 544 pages, in Volet 4-Publications 2000-2019, op.cit., p. 7-11

176 Jean-Luc NANCY, La Communauté désœuvrée (nouvelle édition), Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1999.

177 Recensions de l’ouvrage Gestes en éclats. Art, danse et performance disponibles en PDF sur Gestes en éclats (revue de presse), Les presses

du réel, http://www.lespressesdureel.com/presse.php?id=4255&menu=

Garance DOR, « Aurore Després (dir.), Gestes en éclats. Art, danse et performance. Dijon : Les Presses du réel, 2016. 536 pp. »,

Interfaces [En ligne], 40 | 2018, mis en ligne le 21 décembre 2018, consulté le 08 février 2019, http://preo.u-bourgogne.fr

/interfaces/index.php?id=610

Roland HUESCA, « Corps parlant », corps politique : une plongée dans la trame sensible du réel », Critique d’art [En ligne], 47 | Automne / Hiver 2016, mis en ligne le 30 novembre 2017, consulté le 02 décembre 2016., http://critiquedart.revues.org/23248

Richard MARTEL, Revue Inter, art actuel N°126, 2017, p. 73 Revue Ballroom, 2016

178 « Gestes en éclats est constitué aussi bien de publications scientifiques, de journaux de travail sous forme de notes (Laurent Pichaud)

que de scripts ou partitions de performances. Chaque contribution ouvre un champ d’investigation au vaste potentiel et le lecteur se trouve stimulé par cette prolifération autant que dérouté puisque chaque contributeur prend une ligne divergente. L’ouvrage excite la curiosité de par sa forme comme par ses contenus autant qu’il nous égare en nous donnant la licence joyeuse de nous perdre pour mieux tisser des liens », Recension Gestes en éclats. Art, danse performance, Garance DOR, Interfaces, op.cit.

méthodologies et les dispositifs-milieux qu’on a mis en œuvre pour ces « mises en mots » et « mises en pages ».

La multiplicité des milieux desquels proviennent les 41 auteurs s’accorde aussi avec une multiplicité des formes d’écriture textuelles et graphiques. La formation-recherche nous invitait à tenir une forme-livre au milieu (x) non-homogène, polymorphe - ce qui est rarement le cas d’un ouvrage collectif dans le champ de la recherche scientifique, ce qui est plus fréquent dans les livres d’artistes mais pas si fréquent non plus tant ils procèdent le plus souvent de monographies. Je donnais aux auteurs la consigne non seulement de réaliser une contribution arrimée d’abord à leurs désirs mais surtout de la concevoir elle-même dans une forme possiblement fragmentaire : qu’une contribution d’auteurs puisse ne pas consister seulement en un « article » mais se présenter elle-même comme protéiforme en rassemblant par exemples plusieurs types de documents ou d’écritures.

D’autre part, je sollicitais des auteurs aux situations différentes supposées produire cette hétérogénéité des formes d’écritures, dont on peut en relever in fine plusieurs types, selon que le « geste d’écriture » apparaisse plus ou moins au milieu du « geste de recherche » :

- le premier le plus classique est constitué par des textes d’auteurs, réflexions, essais ou manifestes, qui, même en toute différence de styles, s’avancent comme « ressaisissement » des processus de recherche ; - le deuxième où le geste d’écriture se rapproche du geste de recherche, ainsi les entretiens ou formes

conversationnelles, mais encore aussi des transcriptions écrites de conférence, de performance, d’oralités ;

- le troisième fendant en deux le geste tout au milieu fait apparaître une certaine coïncidence entre geste d’écriture et de geste de recherche, ce que j’ai appelé écritures performatives, rajoutant à ce type générique, les écritures scéniques elles-mêmes qu’elles soient script ou partitions (l’ouvrage éditant deux traductions en français de partitions alors inédites (script de 18 happenings in 6 parts d’Allan Kaprow et de Fire de Deborah Hay) et encore ce qui apparait au cœur de la coïncidence au milieu entre geste de recherche et geste d’écriture de manière processuelle : des journaux ou carnets de recherche, et des écritures performatives. Ainsi, l’hétérogénéité des écritures et des provenances des auteurs :

- Textes d’auteurs, réflexions, essais, manifestes (25)

(dont 12 écrit par des universitaires, 5 par des artistes, 8 par des commissaires, critiques, enseignants d’école d’art ou intervenants culturels)

AGENCEMENT Performances et gestes en éclats (introduction à l’ouvrage) - Aurore DESPRÉS

AMBULER Sensibilités hodologiques. Les inventions cartographiques de Mathias Poisson et Virginie Thomas par

Julie PERRIN

ARCHIVE Archive vivante : apparitions, disparitions et mutations par Isabelle BARBÉRIS ATTENTION Béatrice Balcou. Des gestes de l’attention par Florence CHEVAL

CONTEMPLER Fermons les yeux pour voir : de l'absorbement du spectateur à sa participation par Pauline

CHEVALIER

CRISE La crise à l’épreuve de la performance par Démosthène AGRAFIOTIS

DOCUMENT-ACTIVATION Saisir le document : enjeux et formes chorégraphiques par Marie QUIBLIER FORMAT Pratiques performatives / corps critiques #9. Dispositif(s), protocole(s), installation(s) etc. etc. :

pour un décadrage du vocabulaire chorégraphique par Céline ROUX

FRAGILITÉ Attention, Fragile ! (du coefficient de fragilité utile de la performance) par Antoine PICKELS GESTE Le geste comme forme de vie par Barbara FORMIS

INTRUS Chercher l'intrus. Penser par un en-dehors de la performance par Gérard MAYEN LÉVITER Performer pour léviter. Le défi d'Yves Klein par Emmanuelle OLLIER

NUDITÉS Nudités. Dans la peau des sensations par Roland HUESCA

PALIMPSESTE Folklore et performance. Cartographie de l'artiste Pilar Albarracin par Carolane SANCHEZ PERFORME Être en performance. Cadres pour une ontologie instable par David ZERBIB

POUVOIR Le corps de l'artiste et le corps du Roi par Laurent DEVÈZE QUEERVers un devenir queer existentialiste ? par Géraldine GOURBE RATAGE Ratage autorisé ? par Isabelle BARBÉRIS

REFAIRE Showing re-doing. Logique des corps-temps dans la danse-performance par Aurore DESPRÉS RELATION Entre l'art et le quotidien. Formes de relation par Bartolome FERRANDO

RELEVÉ Figures du relevé par Delphine BRETECHÉ

SINGULARITÉS Quatre démarches chorégraphiques performatives, vers des corporéités singulières par Frédérique

LATU

TRACES Des envois postaux aux constats d’actions. Archéologie d’une pensée de la trace dans le parcours de Gina

Pane par Janig BÉGOC

TRANSISTOR Faire une danse par télépathie. Une pratique performative développée par Loïc TOUZÉ &

Mathieu BOUVIER

- Entretiens ou formes conversationnelles (5)

(5 réalisés par 2 universitaires, 2 intervenants culturels, 1 artiste)

AUGMENTATION Acteur augmenté ou bien... Acteur en devenir ? par Esther MOLLO

PLASTICITÉ Performer le territoire. HARD SKIN (Baltimore) par Frédéric NAUCZYCIEL & Nacira

GUENIF-SOUILAMAS

INTERDISCIPLINARITÉ Approches et perceptions de la notion d'interdisciplinarité (Rhône-Alpes 2014) par

Pierre TREILLE

RESPIR Henri Chopin (1922-2008), un écorché de vent, danseur sur le verbe, explorateur cosmique de son propre

corps. Entretien avec Richard Meier, propos recueillis et introduction par Fabien VÉLASQUEZ

SHIFT Complexités en danse-performance avec et par Mark TOMPKINS (entretien conduit par Aurore

Després)

- Transcriptions de performance, de conférence, d’oralités (3)

(3 artistes, 1 artiste-enseignante en conservatoires de danse)

CORPS-TOI Transcrit du corps par Claudia TRIOZZI

KARAOKÉ KVM 5 : Pop and Political Korean Karaoke – Chanter Foucault par Ludovic BUREL & J.H. LEE OUÏR Les Voix de la danse, une transcription par Claude SORIN

- Carnets ou journaux de recherches (3)

(2 intervenants culturels, 1 artiste)

ARCHÉOLOGIQUEMENT Archéologie d'un parcours de spectateur par Stéphanie PICHON CURIOSITÉ Wunderkammer. Mémoire(s) d’un curieux par Pierre RAVENEL

SCORE Extraits d'un Journal de recherche : Traduire Deborah Hay par Laurent PICHAUD - Écritures performatives (3)

(3 artistes, 1 chercheur-artiste)

ARDCOR Je ne vous parlerai pas de... par Michel GIROUD

ENREGISTRE Dialogue de Sourds. Exercices de mémoire autour du cadrage (devant, derrière, avant et après)

par Olga MESA & Francisco RUIZ DE INFANTE

- Documents, scripts, partitions (traductions), manuscrits inédits

(1 artiste-chercheur, 1 universitaire, 1 intervenant culturel)

PARTITIONNER Partitionner le sensible et performer l’intervalle. Sur Kaprow en Éclats à partir de 18

happenings in 6 parts d’Allan Kaprow par Aurore DESPRÉS

SCORE Extraits d'un Journal de recherche : Traduire Deborah Hay par Laurent PICHAUD

SHIFT Complexités en danse-performance avec et par Mark TOMPKINS (entretien + publication du texte

« Sur les images complexes » de Mark Tompkins)

RESPIR Henri Chopin (1922-2008), un écorché de vent, danseur sur le verbe, explorateur cosmique de son propre

corps. Entretien avec Richard Meier, propos recueillis et introduction par Fabien VÉLASQUEZ

- Schémas (5) ou « Mise en page » comme « mise en espace » spécifique de textes :

(1théoricien, enseignant d’école d’art, 1 artiste, 3 artistes-chercheurs, 1 chercheure universitaire)

PARTITIONNER Partitionner le sensible et performer l’intervalle. Sur Kaprow en Éclats à partir de 18

happenings in 6 parts d’Allan Kaprow par Aurore DESPRÉS

PERFORME Être en performance. Cadres pour une ontologie instable par David ZERBIB SCHÉMA Schématiser la performance par Mélanie PERRIER

SCORE Extraits d'un Journal de recherche : Traduire Deborah Hay par Laurent PICHAUD

REFAIRE Showing re-doing. Logique des corps-temps dans la danse-performance par Aurore DESPRÉS TRANSISTOR Faire une danse par télépathie. Une pratique performative développée par Loïc TOUZÉ &

Mathieu BOUVIER

En plus, des photographies ou des dessins choisis spécialement pour ne venir qu’en relations directes avec le texte, il ne me paraît manquer, en bref aperçu, à cette hétérogénéité que les écrits de « correspondances ».

Cette direction dont j’ai pris le parti d’assumer seule (en plus d’une relecture orthographique sollicitée à l’éditeur) a demandé un important travail : non pas seulement de « relectures critiques » et de premières corrections avec au moins deux allers-retours avec les différents auteurs, mais aussi un travail spécifique de « mises à l’écrit » avec certains auteurs, artistes ou intervenants culturels, non habitués aux gestes d’écritures, que, sous ma commande et en confiance, il s’agissait d’impulser, de soutenir, de favoriser. Douze contributions parmi les 40 sont concernées par cette spécifique guidance : cinq, parmi elles, émanent de « réécritures » réduisant les cinq « mémoires » produits en validation du Diplôme Universitaire dont, avec Pauline chevalier, MCF en Histoire de l’art de l’Université de Franche-Comté, avions assuré la codirection et qui avaient été évalués par le jury composé des membres du comité de pilotage. Sur la soixantaine des mémoires produits pendant trois ans, nous aurions pu en proposer la publication de bon nombre, notre choix ayant relevé ici plutôt d’intérêt thématique ou de circonstances. C’est là pointer le travail de « mise à l’écrit » de réflexions, de recherches, de récoltes de documents, d’oralités, de pratiques, de performances, venu de la part des artistes ou d’intervenants culturels que j’ai particulièrement soutenus et favorisés, en tant que responsable pédagogique de cette formation-recherche et encore en tant que directrice de cet ouvrage. Globalement, la démarche de ces « mises à l’écrit » vise à ouvrir la possibilité et à la confiance d’une écriture- au-milieu.... au milieu des gestes de recherche, au milieu des démarches, au milieu des récoltes de documents, au milieu des pratiques, au milieu des perceptions de spectacle, au milieu des oralités ou des performances. À ce titre, je voudrais citer quelques exemples de « mises à l’écrit » spécifiques qu’avec les auteurs nous avons spécialement travaillées. L’impulsion avait été déjà donnée et bien évidemment saisie à Olga Mesa et Francisco Ruiz De Infante de présenter lors du colloque Saillances du geste (arts visuels, danse, performance) en 2014, une « conférence-performance » où, pendant près de 3 heures, elle et il ouvrirent leur démarche artistique en un « Dialogue de Sourds ». Je leur proposais d’en mettre un à l’écrit, ce qui leur était alors complètement étranger, inconnu, nouveau et qu’ils prirent, selon leurs mots, comme une « commande textuelle ». En procédures, je leur proposais éventuellement l’enregistrement de la conférence-performance

qu’il et elle avaient faite ou bien plutôt de performer un court « dialogue de sourds » en s’enregistrant, de le transcrire en le réécrivant. Protocole qu’il et elle mirent en œuvre avec bonheur179 au point même que

d’autres « dialogues de sourds » écrits ont vu depuis le jour.

C’est un peu la même opération que je proposais à Claudia Triozzi en rebondissant sur la longue conférence qu’elle avait faite lors d’une séance du D.U Art, danse et performance au CCN de Belfort ; la retranscription partielle ayant été opérée par une étudiante-artiste Julie Rota que je sollicitais alors spécialement pour l’occasion, la réécriture de ce premier jet ayant été réalisée par la chorégraphe180.

Un autre exemple d’écriture au milieu a impliqué un dispositif d’échange avec l’artiste. Alors que nous avions projeté avec Laurent Pichaud la tentative d’une coécriture fictionnelle sur le thème de la « commande » dans le jeu d’une mise en abîme entre le texte-commande que je lui faisais, les dispositifs liés à la consigne et à la partition de Deborah Hay que l’artiste-chercheur réfléchissait dans le cadre de l’aide à la recherche qu’il avait obtenue du CND et ses propres dérives à consignes qu’il avait activées lors d’une session du D.U, je lui proposais finalement, plutôt que ce texte dont les emboîtements s’avéraient complexes, de saisir le « journal de recherche » au milieu qu’il allait élaborer de quelques manières lors de son séjour prévu à la récolte des archives au domicile de Deborah Hay à Austin (Texas) à et au Lincoln Center à New York, durant les deux mois de décembre 2014 et janvier 2015.

En correspondance et dialogue par mails durant ce séjour, quelquefois par skype, Laurent Pichaud m’envoyait son journal de recherche qu’il avait alors décidé de réaliser en une liesse de plusieurs modes d’écritures qu’il avait entrelacées comme « mises en espaces » et « mises en pages » dans un format paysage avec un code graphique propre :

- des écrits concernant son vécu dans ce voyage, les expériences affectives en relations diverses qu’il faisait ; - des écrits concernant les récoltes et relevés de traces, de documents et d’archives de Deborah Hay qu’il ouvrait et découvrait ;

-des écritures concernant les pensées et réflexions qu’il menait en même temps que cette recherche in situ. Ce journal en polyphonie gestuelle et visuelle était-il lisible ou encore ces ouvertures en listes des placards de Deborah Hay ou des boîtes d’archives étaient-elles publiables, étaient les questions que pouvait se poser l’artiste-chercheur, auxquelles au fond je n’ai cessé de confirmer mes réponses affirmatives, les seuls problèmes étant posés par l’importante longueur de ce journal bien trop « encombrante » dans notre livre déjà bien « encombré », et encore de graphisme puisque le format paysage se devait d’être renversé et les espaces et les codes qu’avaient mis en place et en espace l’auteur se devaient d’être tous réécrits en tant que tels dans la charte de l’ouvrage. De pages en paragraphes, de brides en mots, Laurent Pichaud souhaitait plutôt me laisser le soin des coupes, ma première réception répondant à la question de la lisibilité ; d’espaces en polices, de blancs en italiques, de justifications à droite à gauche en petits signes, nous avons travaillé bien très particulièrement et précisément avec le graphiste en importants allers-retours.

Cette contribution correspond tout à fait à ce que nous entendons par dispositifs de recherche-au-milieu et encore par gestes d’écritures-au-milieu de la recherche comme pour les prendre les deux en coïncidence. Ce texte délibérément protéiforme et fragmenté s’entend véritablement comme un geste d’écriture « performant la recherche ». Ainsi, cette page extrait de ce Journal de recherche de Laurent Pichaud et cinq lignes extrait de cette contribution181 :

179 Olga MESA & Francisco RUIZ DE INFANTE, « Enregiste. Dialogue de Sourds. Exercices de mémoire autour du cadrage

(devant, derrière, avant et après) » in Gestes en éclats. Art, danse et performance, op.cit., p.147-158.

180 Claudia TRIOZZI, « Corps-toi. Transcrit du corps » in Gestes en éclats. Art, danse et performance, op.cit., p. 101-110.

181 Laurent PICHAUD, « Score. Extraits d'un Journal de recherche : Traduire Deborah Hay » par in Gestes en éclats. Art, danse et

Écrire l’éclatement est plus stabilisant que le vivre.

C’est un peu le postulat de ma présence ici de toutes façons. faire que tout appartienne à la recherche

et donc l’écrire.

Ce qui pourrait relever de ce qu’on appelle des « écritures créatives » dans le champ de la recherche universitaire et que nous développerons plus avant dans notre deuxième partie « Kinesthésies » au regard des procédures d’écriture comme d’analyse du geste que je développe, aussi bien en tant que directrice de mémoire que pour mes propres travaux, peuvent tout à fait s’entendre selon nous comme des dispositifs dit de « recherche-en-création » : c’est effectivement en double situation d’artiste et de chercheur que Laurent Pichaud écrit ce texte. En « créant » des dispositifs-milieux, il est certain que l’art et la recherche s’y rapproche en différentes sortes de « trait d’union ».

9. C’est finalement bien au milieu de la « recherche » et de la « création » qu’interviennent l’ensemble de

ces dispositifs-milieux. Les questions soulevées par notre texte « Recherche en danse / Danse en recherche » étaient bien de cet ordre. Aussi bien, le terme de « recherches-en-créations » ou « recherche-création » comme utilisés par le réseau interuniversitaire d’écoles doctorales Création, Arts et Médias RES-CAM182

qu’a rallié notre école doctorale LECLA de l’Université de Bourgogne-Franche en 2017, peut bien prendre plusieurs acceptions dans le champ même de ces relations, échanges, rapprochements ou même coïncidences des différentes activités de la recherche universitaire et de la création artistique183.

Au titre de cette coïncidence dans la pensée d’une « recherche-création184 » telle que l’engagent Erin Manning

et Brian Massumi, je pense qu’il reste plus opératoire, pour la recherche en arts comme pour les arts en recherche, de laisser le flou sur la terminologie des relations multiples qui peuvent s’engager au titre de la recherche-création.

Il n’empêche qu’au regard des directions de recherche que j’ai menées, de mes propres travaux et dans la visée ici d’une certaine clarté conceptuelle en leurs expositions dans le cadre de cette HDR, j’opèrerai ici une distinction entre « recherche-création » et « recherche-en-créations ».

Au regard des 66 guidances que j’ai réalisées de travaux de « mémoires » ou « mémoires-réalisations » réalisés au sein du D.U Art, danse et performance ; des nombreuses « mémoires-en-créations » que nous avons, au sein de notre petite pédagogique du Département Arts de l’Université de Franche-Comté définis comme tels ; de la codirection de la thèse de Carolane Sanchez qui s’avance comme une « recherche-en-créations » ; au regard même de ce qui a initié nos propres travaux de recherche, à savoir mon diplôme de Maîtrise Information et Communication en 1990 soutenue par un « mémoire-réalisation » du spectacle Bing Bang Mr

Artaud d'après l'œuvre d'Antonin Artaud, que je mettais en scène et interprétais avec Alain Duclos en co-

production avec notre compagnie des « Trois segments... » et la Comédie de Saint-Étienne, dont l’écriture s’est placée en réflexion et analyse même « après » le processus de création ; mais au regard aussi de la méthodologie de ma recherche doctorale qui, si elle ne réalisait pas de production artistique proprement dite, s’est avancée comme une recherche « en » créations tellement elle y était nouée aux pratiques de formation et création de manière sensible, il m’apparaît opératoire et pertinent ici de distinguer la « recherche-création » d’une part, au cœur de laquelle se trouverait une ou plusieurs « créations artistiques »

réalisées et produites dans le champ des arts de la scène ou de la performance, des arts visuels et des arts numériques, par le chercheur selon qu’elles soient abordées « avant », « pendant », « après » ; et la « recherche-en-création », d’autre part, ouvrant plus largement selon nous des méthodologies créatives ou

en lien avec des dispositifs artistiques, ainsi par exemple le format « papier » et/ou numérique à des formes d’écritures textuelles, graphiques ou numériques « créatives » - c’est-à-dire justement créant des dispositifs, démarches ou protocoles à la croisée d’une démarche de recherche et d’une démarche de création. Remarquons déjà ici combien les questions du traitement de la trace, du document et de l’archive en usages aussi bien par les pratiques de recherche que dans les pratiques de création à la croisée de l’archival turn

Outline

Documents relatifs