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1.2 Une institution indépendante ?

1.2.2 Un soutien de l'État en période de crise : 1814-1815 & 1832

publique sanitaire et de prévention490 : dirigée contre une maladie spécifique, triomphante –

avec presque deux siècles de retard il est vrai – et promise à un avenir thérapeutique de premier plan491, révélatrice d'un nouveau rapport de l'individu et de l'État au corps et à la

santé492, elle a suscité nombre d'études493.

Dans les efforts de l'État et des élites pour promouvoir la vaccination, le CGH joua certainement un rôle : le fondateur du comité de vaccine, le Duc de La Rochefoucauld Liancourt, fut un éminent membre du CGH (quoi que bien plus tard), tout comme Thouret. On ne fera pas ici la liste des membres du CGH, médecins des hôpitaux, etc. qui promurent la vaccination494, cheval de bataille de nombre de philanthropes du premier XIXe siècle. On sait

déjà combien les expériences menées dans les hôpitaux – et en particulier ceux de la capitale – sur les orphelins sous tutelle des administrateurs hospitaliers furent importantes pour emporter l'assentiment d'une grande part des notables, telle la contre-épreuve organisée le 21 novembre 1801 où 102 enfants orphelins parisiens vaccinés 8 à 15 mois auparavant furent inoculés pour prouver l'efficacité du vaccin495. Trente-six d'entre eux furent ensuite couchés

avec des enfants varioleux, ou durent porter leurs chemises, pour les mêmes fins.

L'histoire de la vaccination en France dans le premier XIXe siècle appartient à l'histoire du

comité centrale de vaccine et à ses émanations locales bien plus qu'au CGH, aussi il n'y aurait pas grand sens à y consacrer force détails ici. Par delà les proximités de personnes et les

490 cf. D. Porter 1999, pp.128 & sq.

491 Pour une histoire contemporaine de la vaccination et de l'expansion de son champ, cf. Moulin 1996. 492 cf. Bourdelais 2003, pp.45–75 ; Vigarello 1999, pp.142–148.

493 Au-delà des ouvrages susmentionnés, les référence en français restent Bercé 1984 ; Darmon 1985. Plus récemment, sous l'angle d'une histoire politique des sciences et du risque, voir Fressoz 2012a, chap.1 & 2. 494 Pour une liste des membres du comité central de vaccine, voir Bazin 2001.

expérimentations pratiquées dans les hôpitaux, le rôle le plus durable qui revint aux administrations hospitalières fut l'entretien du « fluide vaccinal » : s'assurer d'avoir toujours des personnes sur lesquelles on pourrait prélever du pus variolique pour pratiquer l'inoculation de bras à bras. C'est la raison pour laquelle le CGH s'acquitta pendant toute la période des dépenses afférentes à l'hospice de l'inoculation, et qu'il s'assura de l'envoi régulier des orphelins dont il avait par ailleurs la charge496. Il ne faisait qu'assurer, plus précocement que

les autres, un des vingt-cinq « dépôt de vaccin » qui seront institués par décret en 1809497.

Il ne se priva pas, par contre, de profiter de l'envergure que lui donnait ses prérogatives uniques en matière de secours hospitaliers, placement des enfants et secours à domicile pour pousser plus loin l'effort vaccinatoire. Après l'instauration de cours de vaccination à l'école des sages-femmes, les mesures à destination des populations furent d'abord incitatives, avec le versement de secours extraordinaires en nature – par le truchement des bureaux de bienfaisance – aux indigents dont les enfants sont vaccinés498. Puis, devant le peu

d'engouement, on se mit à manier la carotte et le bâton : les nourrices ne seraient payées que sur certificat de vaccination, et se verraient octroyer un bonus pour les soins donnés après l'opération499.

La mesure n'ayant guère plus de succès, on se décida à passer à la manière forte. En 1814, constatant un fléchissement dans le rythme des vaccinations, une délibération interdit

496 cf. par exemple arr. CGH 32973, du 3 juin 1821, 136 FOSS71

F°91, qui prévoit que

1.le membre de la commission administrative chargé de la surveillance de l'hospice des Enfants trouvés et des Orphelins fera envoyer 2 fois par semaine, et plus souvent si le service l'exige, le nombre d'enfans jugé nécessaire par le médecin de l'hospice pour assurer le service de la vaccination, sa propagation, et l'envoi du vaccin dans les départements.

2.Les enfans qui devront être envoyés à l'hospice de Vaccine seront désignés par les médecins des enfants trouvés et des Orphelins, ils devront être choisis parmi les plus forts, les plus sains et les plus beaux 3.Les enfans des deux hospices, immédiatement après l'opération de la vaccine, retourneront dans les établissemens dont ils dépendent, mais on prendra dans les 2 hospices toutes les précautions nécessaires pour la conservation des boutons, à cet effet les enfants auront du linge plus fin. [...]

497 Fressoz 2012b, p.83 ; Faure 1993, pp.106–107

498 Arr. CGH 10592 du 22 mai 1811, AAP 136 FOSS25 F°73-74.

l'admission d'enfants non vaccinés dans les écoles de charité des bureaux de bienfaisance500.

Et, en 1815, un arrêté prévoit purement et simplement de rayer des listes d'indigence les parents n'ayant pas fait vacciner leurs enfants501. La mesure ne fut vraisemblablement jamais

appliquée, et n'enraya certainement pas la chute des vaccinations502. On revint alors aux

mesures incitatives : des séances de vaccination hebdomadaires et gratuites – ouvrant éventuellement droit à un secours en argent – dans les hôpitaux, puis au Bureau Central d'Admission503.

Mais bien au-delà de son soutien plus ou moins coercitif à la diffusion de la vaccination, l'atout que pouvait représenter pour le pouvoir central le CGH comme institution centralisant la gestion de l'ensemble des secours de la capitale n'apparaît peut-être nulle part aussi clairement que lors des deux principales crises auxquelles ce dernier eut à faire face : la chute de l'Empire et l'épidémie de choléra de 1832.

L'objet n'est pas, ici, de revenir en détail sur ces deux moments, leurs déterminants et leurs conséquences. Ils ont été étudiés dans un nombre gigantesque de travaux, bien mieux que nous ne pourrions le faire ici. Nous nous limiterons donc à placer ces deux périodes de tension dans le déroulé plus général de notre argument, en tentant d'apprécier le rôle que joua le Conseil, et de dégager d'éventuelles régularités dans sa gestion de crise : Armand Husson avait-il raison d'écrire que « dans ces deux grandes crises de notre cité, le conseil resta

500 Délibération du 19 octobre 1814, Conseil Général d’administration des Hospices Civils de Paris 1818, vol.VIII.

501 Arr CGH 16625 du 22 février 1815, AAP 136 FOSS37 F°405.

502 Qui passèrent pour l'ensemble du territoire de 750 000 en 1812 (chiffres officiels vraisemblablement assez optimistes) à 350 000 en 1820. cf. Bourdelais 2003, p.74.

503 cf. Arr. CGH 36846 du 13 novembre 1822, AAP 136 FOSS79 F°59-60 ; 42773 du 1er septembre 1825, AAP

inébranlable à son poste et fut partant à la hauteur des évènements »504 ?

1.2.2.1 1814 : blessés & typhus

La première crise sanitaire d'envergure survint en 1814, avec la fin de la retraite de Russie : au flot de soldats blessés vint s'ajouter une épidémie de typhus.

Les hôpitaux civils, de Paris comme de province, ont une longue tradition d'accueil de militaires, en particulier dans les villes n'étant pas des villes de garnison505. Ils ont aussi, de ce

fait une longue tradition de griefs et contentieux avec le ministère de la Guerre, lequel n'était pas toujours diligent dans le paiement des indemnités journalières (dites « prix de journée ») qu'il devait verser.

Deux hôpitaux militaires existaient déjà à Paris : le Gros-Caillou et le Val-de-Grâce, lesquels n'étaient pas – tout comme les Invalides – sous l'administration du CGH mais du ministère de la Guerre. Mais ils ne pouvaient toujours pourvoir à l'ensemble des besoins, et des soldats étaient régulièrement dirigés vers les hôpitaux civils, moyennant un prix de journée établi à 1,2F. Ainsi, après 495 militaires reçus à l'Hôtel-Dieu en 1808, ce sont 4 810 d'entre-eux qui y sont traités en 1809 et 2 532 pour les deux premiers mois de 1810, date à laquelle le ministère ne s'est toujours pas acquitté des sommes dues depuis 1808, représentant un arriéré de plus de 110 000F506. À Paris, le CGH accentua progressivement ses efforts dans

ce sens, en mettant des locaux dans d'autres établissements à la disposition des militaires : un local particulier pour le traitement de ses soldats à Saint-Louis en 1810507, ou à la Pitié (alors

504 AAP, 38 FOSS pp.24-25. 505 cf. Imbert 1993, pp.163–169.

506 Arr. CGH 9158 du 28 mars 1810, AAP 136 FOSS21 F°474-479.

annexe de l'Hôtel-Dieu) en 1812508.

Les proportions changèrent en 1814. En 1813, en moyenne 545 militaires résident dans les hôpitaux civils, ils sont 714 au premier janvier 1814. Dès le 7 janvier 1814, le Conseil écrit au directeur du Val-de-Grâce pour l'enjoindre de cesser d'envoyer à l'Hôtel-Dieu son surplus de blessés, ce dernier ayant atteint la limite de ses capacités d'accueil. En vain : durant les 12 jours suivants, plus de 300 militaires y seront reçus. Dès lors, il devient nécessaire « de reporter sur Bicêtre et la Salpêtrière les incurables et les infirmes qui sont dans nos hôpitaux, puisqu'on ne peut plus les placer à l'ancienne Pharmacie centrale ainsi que l'avoit décidé le Conseil. »509 Opération qui, « contrarioit les vues du Conseil, en ce qu'elle favorisoit l'idée

assez habituelle dans les hôpitaux de malades, que l'admission dans ces maisons est un moyen assuré de parvenir dans les hospices »510. En vérité, nous le verrons, il se pourrait que ce fut un

mal pour un bien, et que l'afflux de militaires ait eu pour effet d'accélérer significativement le transfert vers les hospices des infirmes et vieillards dont les hôpitaux ne devaient plus assumer la charge.

Mais les mesures sont rapidement insuffisantes, et le Conseil doit à la hâte mettre sur pied des lits supplémentaires alors que « l'administration militaire n'avoit [...] pu préparer aucun des moyens qui eussent facilité ces évacuations » et qu'elle n'a pas non plus perdu l'habitude de payer son dû en retard. Dès le 9 février, Mazeau, commissaire des guerres, demande la mise à disposition sous deux jours de 7 000 lits pour recevoir des militaires. C'était trop demander, mais le CGH réussit la gageure de dégager en trois jours 4 350 lits supplémentaires

508 Arr. CGH 11817 du 25 mars 1812, 136 FOSS27

F°501.

509 Arr CGH 14558 du 19 janvier 1814, 136 FOSS32 F° 68-69. Le nombre initial de 383 infirmes (provenant

essentiellement de l'Hôtel-Dieu, de la Pitié et de Saint-Louis), et porté à 500 le 2 février. L'ancienne pharmacie centrale était alors occupée par une fabrique d'armes. Elle fut finalement transformée en hôpital temporaire de 400 lits en mai 1814. cf. arr. CGH 14981 du 11 mai 1814, AAP 136 FOSS34

F°182.

510 Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.5. Sur le problème des admissions dans les hospices et des transferts inter-établissements, cf. infra section 2.2.1.2.1.

dans les hospices511, notamment en faisant dormir plusieurs indigents par lit et en accordant

des permissions de sortie à volonté512. Aussi importants qu'aient été les efforts, ils devaient

être encore mis en défaut par le flot croissant de malades et blessés battant retraite avec les vestiges de l'armée impériale. Pour y remédier, on pensa d'abord réquisitionner le château de Bercy, la maison Léget près du pont d'Austerlitz, et les Invalides. Devant les obstacles, et sur proposition du préfet, on choisit une solution qui fera florès en 1832 : l'érection d'hôpitaux temporaires. Le premier magistrat du département suggère à cet effet les trois abattoirs du Roule, Ménilmontant et Montmartre.

« Aucun de ces abattoirs n'étoit achevé ; plusieurs des bâtiments qui les composent, étoient sans portes, sans fenêtres ; ils n'étoient entourés d'aucune clôture ; les cours étoient encombrées de pierres, de bois, de matériaux de toute espèce : en six jours les cours furent nettoyées ; le plus grand nombre des fenêtres furent achevées, les salles carrelées ou plancheyées ; une clôture provisoire fut faite autour de l'enceinte de chacun de ces Abattoirs. En huit jours, à compter de celui de la circulaire de M. le Préfet, les Abattoirs furent rendus propres à recevoir 6,000 malades. »513

4 100 soldats y furent accueillis. Coût de l'opération : 100 000F, couverts par un versement de l'administration de la guerre de 213 000F sur les 240 000F qu'elle devait pour les journées de militaire de 1813514 et surtout des dons de la population, sur lesquels nous reviendrons515.

La suite est connue : bien qu'ils soient administrés par le CGH et dirigés par des agents de

511 2200 à Salpêtrière, 1200 à Bicêtre, 450 aux Incurables Hommes et 500 aux Incurables Femmes. cf. Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.8.

512 Arr. CGH 14657 du 9 février 1814, AAP 136 FOSS33

F°200-203. À Bicêtre et la Salpêtrière on ajoute des lits dans les couloirs (à 18 pouces d'écart, pour laisser passer les fauteuils), on évacue les indigents de certaines salles. À la Salpêtrière l'économe doit faire des lits avec des solives et planches de bateau, on établit des dortoirs pour les indigents dans les ateliers. On va jusqu'à murer des portes et placer des sentinelles, pour éviter les désertions.

513 Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.13. Les délais particulièrement courts sont d'autant plus impressionnants que les décisions de construire ces trois abattoirs dataient de 1810 et 1811, cf. Du Camp 1870, p.518.

514 500 000F restants impayés au titre des deux premiers mois de 1814. 515 cf. infra p.163.

surveillance nommés par lui, les hôpitaux temporaires sont réservés à la réception de militaires uniquement. Le service de santé y est commandé par Percy, chirurgien des armées. Avec l'invasion du territoire, les capacités d'accueil font encore défaut. Le CGH décida de ne plus prendre en charge les civils que par les secours à domicile (largement épaulés par la Société Philanthropique), limitant les admissions dans les hôpitaux aux derniers recours. Des baraques en bois sont construites à Salpêtrière, Saint-Louis et aux Vénériens, recevant 10 à 12 000 malades. À la veille de l'assaut sur Paris, 3 000 soldats sortent des établissements hospitaliers, pour fuir ou participer à la bataille finale, alors que le lendemain, 31 mars, l'administration des hôpitaux militaires quitte la cité, laissant le CGH administrer temporairement les quatre hôpitaux militaires du Val-de-Grâce, Montaigu, Gros-Caillou et Suresnes. Dès l'entrée des armées alliées, Stack, chirurgien en chef, fait une première demande de 6 000 lits, bientôt suivie d'une seconde pour un nombre identique de places. Le CGH accéda à la première en évacuant les soldats français des hôpitaux temporaires « dans les salles, dans les corridors, dans les églises des Hôpitaux ordinaires »516 et fit droit à la

seconde en réquisitionnant les casernes de Courbevoie, Saint-Denis et le Couvent des Oiseaux517. Mettant une nouvelle fois à contribution la générosité des Parisiens pour pourvoir

aux besoins en linge et literie, les hôpitaux sont organisés selon la nationalité de leurs pensionnaires. Aux Russes et leurs célèbres cosaques les hôpitaux de Ménilmontant, du Roule, Montmartre et de Courbevoie ; aux Autrichiens, Bavarois et Badois les établissements de Lourcine et Montaigu ; le Val-de-Grâce, le Gros-Caillou et le Couvent aux Oiseaux sont enfin réservés aux Prussiens, qui demandent rapidement 500 lits supplémentaires : un quartier de la Salpêtrière leur est accordé. La population des hôpitaux atteint alors 31 000 personnes, dont 20 à 22 000 dans les hôpitaux et hospices permanents et temporaires sous administration

516 Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.19.

du CGH et 10 à 12 000 dans les hôpitaux militaires permanents518. Le Conseil administre donc

une population double de l'ordinaire, et augmente sa capacité d'accueil propre d'environ 30% par rapport à sa valeur nominale pré-invasion, en l'espace de quelques semaines519.

Les hôpitaux militaires reviendront rapidement sous administration du ministère de la Guerre, les hôpitaux temporaires seront démantelés entre 15 juillet et le 15 septembre 1814520.

Les 135 malades y résidant encore furent transférés à la Pitié.

Au total, ce sont 133 378 soldats qui furent admis dans les établissements du CGH521, dont

50 000 militaires français et 22 000 alliés entre le 30 mars au 31 décembre 1814522 et 4 500

admissions pour la seule journée du 30 mars 1814.

Sur l'ensemble de l'année 1814, 47 533 malades civils furent traités dans les hôpitaux du CGH, produisant 1 237 106 journées, et 69 974 militaires (47 862 français et 22 112 alliés) cumulant 1 306 475 journées. Sur la totalité des journées de militaires, seules 509 258 furent assumées par les hôpitaux temporaires, qui leur été réservés523. L'essentiel des soins fut donc

apporté par l'infrastructure existante (en l’occurrence les cinq hôpitaux et cinq hospices recevant des militaires), et aux dépens des malades civils524. Même en considérant les 5 983 518 cf. Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.20 et Tableau VI nota.

519 Première mesure, l'évacuation des indigents des hôpitaux date du 21 janvier, l'érection des hôpitaux temporaires date de la mi-février.

520 Une partie d'entre eux, ainsi que la caserne de Saint-Denis retournèrent à cette destination après les Cents- Jours et Waterloo en juin 1815. Le commissaire des guerres exigeait alors 8 000 lits, tant pour les alliés que les Français blessés. Le CGH, qui estimait ne pouvoir en fournir de 4 000, recourut aux solutions éprouvées un an auparavant : on réinstalla deux hôpitaux temporaires dans les abattoirs du Roule et de Ménilmontant, en faisant à nouveau appel aux dons de la population et grâce à une avance de 200 000F du ministère de la Guerre et 169 000F de la préfecture. (Mauger 1905, p.266). Mais le 19 juillet 1815, le préfet fait parvenir les desiderata de différents « chefs de service de santé de l'armée anglaise » qui souhaite qu'un hôpital dans la caserne de la ville de Saint-Denis. Malgré l'opposition du Conseil, du préfet et de la ville, il fallut céder, et transférer les aménagements faits à Ménilmontant dans la Caserne de Saint-Denis. cf. correspondance CGH du 19 juillet 1815, AAP 136 FOSS39

.

521 Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.22. 522 Trébuchet 1850a, p.118.

523 175 892 à Montmartre, 133 305 à Courbevoie, 85 727 à Ménilmontant, 77 273 au Roule et 37 061 à Saint- Martin, d'après AAP 1M2.

524 L'Hôtel-Dieu (186 164 journées de militaires), Saint-Louis (181 087), la Pitié (102 136), les Vénériens (31 110) et Saint-Antoine (25 273). Les hospices étant la Salpêtrière (141 886 journées de militaires), Bicêtre

valides des hospices et leurs 3 252 069 journées, c'est presque 23% des journées d'hôpitaux et d'hospices pour 1814 qui servirent à pallier les insuffisances du service de santé des armées.

Voilà pour les faits saillants525. De là, trois aspects nous semblent mériter une attention plus

particulière.

Premièrement, on a vu que le CGH se plaignait régulièrement du peu de fonds dont il disposait pour remplir ses fonctions, et du fait que la structure de ses recettes le plaçait dans la dépendance du pouvoir central. Pourtant, à la fin de l'année 1814, la situation financière, sans être meilleure « n'est pas plus mauvaise qu'elle ne l'étoit avant la crise »526. Pour ce faire, le

Conseil joua de la patience de ses fournisseurs, se vit bénéficier de quelques prélèvements supplémentaires sur l'octroi, et se fit rembourser les sommes dues par le ministère de la Guerre – avec une célérité manifestement inaccoutumée – en … nature : des farines pour la boulangerie centrale à concurrence de 1 360 571 francs527.

Peut-être surtout, ce qui évita la faillite de l'institution, ce fut les dons privés. La générosité de la population parisienne pour les blessés a été maintes fois rapportée, les appels aux dons – relayés par les maires d'arrondissements – lancés par le préfet et le CGH ayant été couronnés de succès. Ce dernier semble sincère dans son hommage appuyé aux « habitants de Paris » : outre une reconnaissance marquée dans plusieurs arrêtés qui n'avaient pas vocation à être

(65 272), les Incurables-Femmes (34 971), les Incurables-Hommes (26 228), et les Orphelins (3 089). 525 Lesquels ont été ici extrêmement condensés. Pour des détails supplémentaires, on pourra se reporter par

exemple à Mauger 1905, pp.251–271, aisément accessible – notamment sur Internet –, mais qui ne fait que reprendre Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815.

526 Conseil Général des Hôpitaux et Hospices Civils de Paris 1815, p.23.

527 Ceci en 1814. En 1815, la situation fut plus difficile : les titulaires de fermages, mis en difficultés par les contributions de guerre, se trouvèrent en cessation de paiement en janvier 1816, et les fournitures de farines encore dues furent suspendues d'après Mauger 1905, p.271

rendus publics528, il dédie à la population de la capitale son « Compte rendu du service des

établissements » pendant l'année 1814529 et insiste :

« Il faut avoir été témoin de cet enthousiasme général de sensibilité et