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1.1 Pourquoi créer une nouvelle institution ?

1.1.2 Une organisation bureaucratique et philanthropique

1.1.2.3 Le Conseil Général des Hospices, une institution philanthropique ?

Il n'est pas question ici de se livrer à une analyse approfondie des mouvements philanthropiques des trois premières décennies du XIXe siècle, ni du rapport qu'ils ont pu

entretenir avec les hôpitaux parisiens : premièrement ce n'est pas l'objet de ce travail, et deuxièmement l'entreprise a été magistralement conduite par Catherine Duprat310, aussi on

s'appuiera ici largement – comme dans la section précédente – sur ses analyses. On affirmera cependant nettement que l'on partage le point de vue de J-P Domin quant au supposé retour à une charité d'Ancien Régime sous le Consulat et l'Empire, et à la place qu'y occupent les institutions hospitalières. Pour Domin, cette vision est partiellement inexacte : la charité d'Ancien Régime avait essentiellement pour fonction le maintien de l'ordre établi, alors que

« La charité préconisée par le rapport Delécloy311 est plus complexe,

elle s'intègre dans le processus de développement du capitalisme de libre concurrence. Le retour de méthodes caritatives doit s'analyser comme un moyen de soutien du libéralisme médical. Un échange s'opérait entre la bourgeoisie qui acceptait de financer les hôpitaux, mais qui demandait aux médecins d'accroître leurs efforts de recherches thérapeutiques. Il s'instaurait un nouveau mode de régulation qui allait perdurer pendant la première partie du XIXe siècle »312.

La composition du CGH pouvait faire penser à celle du Grand Bureau des pauvres ou du Bureau de l'Hôtel-Dieu, son financement également, et pourtant les hôpitaux n'assumaient plus exactement le même rôle...

309 Cf. infra sections 1.1.2.4 et 1.2.1. 310 Duprat 1993 ; Duprat 1997.

311 Conventionnel, il fit notamment suspendre la vente des biens hospitaliers le 9 fructidor an III (26 août 1795). 312 Domin 1998, p.61.

Après avoir montré les fonctions attendues du CGH en termes d'assistance, ainsi que de santé et d'ordre publics, nous nous limiterons à pointer quelques dimensions supplémentaires aux déterminants de son action.

Tout d'abord, au-delà du sens commun d'action à finalité sociale, caritative ou humanitaire, le terme « philanthropie » admet un sens spécifique selon C. Duprat :

« sont dites “philanthropiques”, par opposition aux œuvres religieuses, des œuvres pluralistes (neutres ou interconfessionnelles) étrangères à tout objectif spirituel ou missionnaire. Quels qu'en soient l'objet et l'inspiration, les pratiques altruistes communément qualifiées de philanthropiques participent d'une même démarche d'expression d'identité du donateur : elles le réfèrent à des convictions, le situent dans un espace social, l'inscrivent au sein d'une configuration relationnelle. Partout, elles sont génératrices de lien social, principe d'émulation, voire de reconnaissance et légitimations sociales. »313

Autrement dit, la philanthropie se distingue de la charité religieuse en ce qu'elle est par définition à la fois laïque et résolument ancrée dans une société et ses relations de pouvoir. De fait, dans Le temps des philanthropes la même C. Duprat a étudié la chronologie du passage de la charité chrétienne à la bienfaisance laïque. Elle montre qu'au cours du XVIIe, le discours philanthropique glisse des principes de droit et de morale à des considérations sociales et politiques, et de la théorie à des propositions d'expériences et de réformes314, le glissement

entre charité et bienfaisance s'opérant en France précisément dans la décennie suivant la mort de Montesquieu, entre 1755 et 1765. Tolérance (conçue comme un jugement dépourvu de tentation ostracisante) et désintéressement sont les vertus cardinales de la bienfaisance, qui repose sur l'intérêt naturel des humains envers leurs semblables (sociabilité). En somme l'objectif est de soulager, pédagogiquement mais aussi efficacement : d'où un intérêt marqué

313 Duprat 1997, p.V–VI.

314 Fénelon (1651-1715) et Montesquieu (1689-1755) incarnant à ses yeux la première phase, Piarron de Chamousset (1717-1773) la seconde.

pour le sort des enfants et une attention aux aspects « économiques » ou comptables315.

De la fin de l'Ancien Régime à la Révolution les philanthropes se sont regroupés en associations et ont investi de larges champs de sociabilité (Société Royale de Médecine, Académie des Sciences, Société d'Agriculture, etc) et se dotent dans les années 1780 de structures propres, avec les premières sociétés de bienfaisance. Ils ont ainsi, d'après C. Duprat, précocement défini un champ de critique sociale intégrant – outre la diffusion des savoirs et techniques, des plans de prévoyance, ou l'humanisation du système pénal – des « actions protectrices de la santé publique [et] des projets d'amendement de l'assistance »316. En la

matière, c'est surtout aux débats sur les secours à domicile que Duprat fait référence. Définitivement établis par le Directoire, ils mettent fin aux controverses d'Ancien Régime sur la mendicité, les pauvres et l'assistance :

« Désormais irréversible, l'instauration des secours à domicile a mis fin à l'archaïsme de l'assistance d'Ancien Régime, celle d'hôpitaux réclusionnaires, tout à la fois hospices, asiles et prisons. [...] C'est à de généreux notables que la société libérale confie désormais l'administration des secours et la tutelle de leurs prestataires. Du Directoire à la monarchie de Juillet, s'expriment à cet égard d'éloquentes continuités de vues, faire du riche le bienfaiteur de l'indigent, son censeur, son instituteur. Par là, nous l'avons dit, tous les gouvernements entendent cimenter le contrat de société, en nouant entre les classes des liens durables « de bienveillance et de reconnaissance. »317

Nous y reviendrons, mais mentionnons d'ores et déjà que cette définition de la philanthropie et les considérations sur ses évolutions, ne sont pas sans poser problème en ce qui nous concerne. Peut-être soucieuse d'éviter les « soupçons, sarcasmes et anathèmes » des « sociologues parfois moins inspirés que leur maître Michel Foucault »318, elle n'insiste guère

sur les dimensions d'ordre public qui animèrent un certain nombre de philanthropes. Or, nous

315 Duprat 1993, Introduction. 316 Duprat 1993, p.475. 317 Duprat 1993, p.476. 318 Duprat 1997, p.IX.

avons vu que la question n'était pas indifférente aux préfets et au ministre à qui l'on doit la création du CGH. Dans un autre registre, W. Jordan – qu'on ne peut guère soupçonner de « foucaldisme », même mal inspiré – en a même fait un des éléments fondamentaux du passage de la charité à la philanthropie en Angleterre, qu'il définit également comme une laïcisation du souci de son prochain. Plus exactement, il montre que cette transition se fait outre-manche nettement plus tôt, sous la dynastie Tudor (1485-1603), alors que s'expriment d'une part « une sensibilité croissante à la souffrance humaine et une disposition montante à tenter d'y remédier de façon efficace »319, et d'autre part le fait que la dynastie des Tudors

« était presque intuitivement préoccupée d'ordre public et agit instantanément quand elle le pensait menacé »320. Dans le contexte anglais toujours, Adrian Wilson a également bien

montré que les fondations de voluntary hospitals au XVIIe siècle sont à la fois un moyen et un

enjeu politique, lié à des dimensions locales d'attachement de certaines classes sociales à d'autres, de levier social entre groupes dominants, mais aussi nationales : par delà les objectifs et les spécificités régionales ou infrarégionales, le mouvement est marqué par des régularités que l'on retrouve dans tout le royaume321.

Pour la période qui nous occupe, la philanthropie française est empreinte de libéralisme social, marqué à la fois par le rejet de la « charité légale » des poor laws britanniques et du droit des pauvres de la constitution de l'an I322 : alors que la philanthropie a été érigée en

valeur cardinale par la Révolution (sous la forme de la « bienfaisance nationale »), une

319 Mais non pas pour des motifs « humanitaires ».

320 Jordan 1961, p.403: « an increasing sensitivity to human suffering and the rapidly mounting disposition to attempt to do something effective about it. One would scarcely present Henry VIII as a sensitive

humanitarian [Henry VIII d'Angleterre (1491-1547, second monarque de la dynastie Tudor)…] But the great Tudors were almost intuitively concerned with public order and moved instantly when they thought it threatened ».

321 Wilson 1996. 322 Duprat 1997, p.VI

régression intervient entre les idées de l'an II (échange universel de soins et secours réciproques) et le Directoire où l'on fait plus spécifiquement appel à la classe des notables pour exercer la bienfaisance, manifestant une aspiration à la paix sociale qu'exprime la fréquente association des termes « ordre » et « humanité ». Le glissement finit de s'opérer sous la Monarchie de juillet qui s'accompagne sans surprise un renouveau philanthropique. Elle doit elle aussi apaiser les tensions nées de la chute de l'Empire, et dans une société très restrictive les marges de manœuvre accordées aux associations philanthropiques les transforment en terrain d'opposition entre idéaux différents (ultra et congrégationnistes) par compétition d'émulation vertueuse et lutte de représentations, notamment après les années 1820323.

Robert Castel place lui aussi la philanthropie française dans la même voie médiane, entre Constitution de 1793 et poor laws. Il en tire en revanche des conclusions plus politiques, et plus radicales :

« Pas de droits des pauvres donc, qui contredirait aux lois du marché, pas de « charité légale », au nom de laquelle les plus démunis pourraient revendiquer ce qui n'est exigible que comme la contrepartie d'un échange. Mais si l'inégalité des conditions est une juste conséquence de la croissance des sociétés, il faut en contrôler les effets, afin qu'elle n'atteigne pas un seuil de rupture à partir duquel les sacrifiés se précipiteraient vers les solutions extrêmes et déclareraient la guerre sociale.

Cette position, plus subtile et plus habile que celle des chantres cyniques du libéralisme absolu, est celle de cette fraction de la bourgeoisie spécialisée dans les problèmes de l'assistance à laquelle l'histoire a attaché le nom de philanthropes. […] La philanthropie a représenté un laboratoire d'idées et d'initiatives pratiques d'où sont sorties les techniques d'assujettissement des masses indispensables à la domination de la classe de la bourgeoisie »324

323 Duprat 1993, pp.477–480. 324 Castel 1976, pp.134–135.

Voilà brossé, à très grands traits, le portrait de la philanthropie parisienne dans le Paris qui nous occupe dans ce travail. Philanthropie qui caractérise le CGH que C. Duprat qualifie d'« état-major de la bienfaisance parisienne ». « Admis sur titres philanthropiques – écrits, enquêtes, fondations, long passé de militantisme –, ses membres conjuguent aisément leurs fonctions de collaborateurs des Secours publics avec celles (souvent purement honorifiques) de président, président d'honneur, membre du bureau directeur d'une ou plusieurs œuvres privées. Nul grand philanthrope de cette génération qui n'ait appartenu au Conseil »325.

Or, toujours selon Duprat, de l'évolution des activités des œuvres privées et des bureaux de secours ressortent deux traits singuliers. Premièrement, la fonction d'assistance est rarement la principale : les secours versés sont relativement modiques, et peu d'associations avant 1840 essaient d'augmenter le montant de leurs prestations ou l'effectif de leurs prestataires. Deuxièmement, « Tous les bienfaiteurs, en revanche, au sein des œuvres libres comme des Secours publics, affirment une même volonté d'établir des rapports personnels avec leurs obligés », ce que soit dans des actions moralisatrices, de vulgarisations de l'innovation (vaccine, sensibilisation aux maladies professionnelles, au régime alimentaire), ou des campagnes d'intérêt social ou humanitaire (listes de bons livres, mises en garde contre le péril des loteries, etc.). Enfin, toutes les œuvres auront privilégié trois voies : l'école, le patronage et la prévoyance, « les actions engagées [conjuguant] désir de moralisation du pauvre, désir de l'émanciper et volonté plus ou moins explicite de contrôle social. »326

325 Duprat 1997, p.4.

326 Duprat 1997, p.XI. Elle précise cependant, comme pour appuyer ses mises en garde contre les soupçons et les anathèmes, que le bilan est mince, et l'« on est fort loin, alors, d'une mise en place de stratégies

réductrices efficaces des classes déshéritées, de “disciplines à domicile” ou d'un quelconque “gouvernement de la misère”. »

Et l'on rencontre là, à notre sens, une des principales limites de la définition du CGH en termes uniquement philanthropiques. La critique ne s'adresse naturellement pas à C. Duprat, qui s'intéresse au CGH et à ses membres uniquement en ce qu'ils avaient la tutelle des secours à domicile, et dans une perspective prosopographique en tant qu'« état-major » de la philanthropie parisienne. Les membres du CGH étaient certainement des philanthropes. Mais l'institution ne saurait être appréhendée uniquement à travers ce prisme. La raison en a déjà été mentionnée : ce serait manquer les fonctions politiques – et en particulier de politique sanitaire – qui furent les siennes.

Il nous semble que le CGH ne fut pas une institution philanthropique en tant que telle pour plusieurs raisons.

Premièrement, nous le verrons plus tard et C. Duprat le souligne elle-même, le CGH n'accorda jamais la priorité aux secours à domicile327, dont on a vu qu'ils sont au cœur du

système philanthropique328.

Deuxièmement, dans la gestion des établissements hospitaliers qui nous occupe ici, il a toujours tenté – avec succès329 – d'augmenter le nombre de récipiendaires de ses prestations,

ce en quoi cette gestion est radicalement opposée à celle des œuvres privées et bureaux de secours, telle que Duprat l'a elle-même définie.

Enfin, troisièmement, il n'a jamais été question pour le CGH, y compris dans sa gestion des secours à domicile, d'établir des « relations personnelles » avec les indigents dont il avait la charge. La chose était de toute façon matériellement impossible : en 1821 par exemple, le

327 Duprat 1997, pp.122–132, et en particulier p.131. cf. infra section 1.3.1.1. 328 cf. supra p.98.

CGH considère avoir secouru aux divers titres de ses prérogatives 162 105 indigents330.

Pour ces raisons, le Conseil Général des Hospices, pour avoir été une institution dirigée par des philanthropes, ne peut pas être appréhendé comme une institution philanthropique stricto

sensu. Ce serait manquer une part importante de ses fonctions, sauf à le replacer dans une

perspective politique, ou « politique par d'autres moyens », que la philanthropie assume en ce début de XIXe siècle pour Donzelot, dont on imagine bien que Duprat ne partage pas les

vues :

« Deux questions majeures dont on parlait peuvent se résumer en une seule : comment assurer le développement de pratiques de conservation et de formation de la population en les détachant de toute assignation directement politique pour néanmoins les lester d'une mission de domination, de pacification et d'intégration sociale ?

Réponse : par la philanthropie. La philanthropie qu'il ne faut pas entendre comme une formule naïvement apolitique d'intervention privée dans la sphère des problèmes dits sociaux, mais qu'il faut considérer comme une stratégie délibérément dépolitisante face à la mise en place des équipements collectifs par l'occupation d'une position névralgique à équidistance de l'initiative privée et de l'État. »331

Il convient ici de revenir brièvement et pour conclure cette section, sur les raisons pour lesquelles les analyses de Sturdy et Cooter332, dont nous avons dit qu'elles avaient été une

inspiration pour ce travail de doctorat333, nous semblent éclairantes pour notre objet. Pour eux,

le développement de la médecine de laboratoire doit beaucoup à la promotion d'une gestion efficace et « désindividualisée » des hôpitaux par les membres d'une « nouvelle classe

330 Dont 54 020 dans les Hôpitaux et Hospices, 12 731 enfants trouvés, 3151 enfants en apprentissage ou à la maison de vaccine ou dans les cliniques de la faculté, et 77 192 indigents à domicile par les Bureaux de Charité. AAP Bibliothèque finance cote 15U, compte moral pour 1821.

331 Donzelot 2005 [1977], p.55. 332 Sturdy & Cooter 1998.

moyenne professionnelle », promotion dont ils font remonter l'origine à une période allant de la fin des années 1830 aux années 1850, qui se caractérise pour eux par la fin d'une philanthropie marquée du souci quasi exclusif de l'obligation mutuelle (et individuelle entre celui qui donne et ce que l'on attend en retour du récipiendaire) et l'apparition d'un nouveau rôle pour les hôpitaux qui « soulignait l'importance de nouvelles formes de compétences techniques et administratives »334. Comme nous l'avons déjà dit, notre critique ne porte pas sur

le bien fondé de ces réflexions, mais sur le cadre chronologique qui leur est donné. En particulier ici, sur le fait que les auteurs ne semblent pas bien distinguer charité et philanthropie. Outre la question religieuse, on a vu que pour Duprat, la philanthropie déjà est soucieuse de l'efficacité de son action335. L'idée était exprimée par les réformateurs médicaux

de l'époque, dont Cabanis pour qui « toute bienfaisance doit être fondée sur l'économie »336.

Jacques Donzelot le formule un peu moins laconiquement :

« D'une manière générale, la philanthropie se distingue de la charité dans le choix de ses objets par ce souci de pragmatisme. Le conseil plutôt que le don, parce que ça ne coûte rien. L'assistance aux enfants plutôt qu'aux vieillards, aux femmes plutôt qu'aux hommes, parce qu'à terme cela peut sinon rapporter, du moins éviter une dépense future. La charité est étrangère à cet investissement, elle qui ne peut s'allumer qu'aux feux d'une extrême misère, qu'à la vue d'une souffrance spectaculaire, pour en recevoir par la consolation immédiate qu'elle lui apporte, le sentiment d'une magnification du donateur. »337

Or, pour le formuler de la façon la plus directe possible : si on admet que l'émergence d'une nouvelle médecine (celle de laboratoire) a été rendue possible par une conjonction de demandes scientifiques et administratives en vue de parvenir à une gestion plus efficace et rationnelle des informations et des ressources, et que l'on admet que la philanthropie elle- même se caractérise entre autres par le souci de son efficience, alors il n'y a pas de raison de

334 Sturdy & Cooter 1998, p.424 : « These claims turned in part on a redefinition of the philanthropic role of hospitals, which emphasized the importance of new forms of technical and administrative skills. » 335 Son objectif, nous l'écrivions, est de soulager pédagogiquement et efficacement, cf. supra p.98. 336 Cabanis 1790, p.14.

rejeter a priori l'idée que l'émergence de la médecine clinique un demi-siècle auparavant fut elle aussi rendue possible par les mêmes types de processus, pourvu que des modalités des dites convergences (pratiques et théoriques) soient effectivement constatables. Ce que nous nous appliquerons à faire par la suite338.

Le CGH n'était donc pas une institution philanthropique stricto sensu, bien qu'il fut une institution de philanthropes. Ce qui soulève la question de la composition de cette assemblée de notables...