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5 L’argumentation champ d’étude de l’éthos

5. Analyse lexicometrique des sous-corpus

5.1 Sous-corpus Louiza Hanoun

5.1.1 La structure lexicale

Nous avons reparti le sous corpus Louiza Hanoun en séquences pour élaborer une étude comparative de l’emploi et la fréquence des pronoms personnel ainsi que le lexique dominant. Dans le tableau des segments répétés (annexe : tableau n°2), nous remarquons que la candidate utilise un lexique en rapport avec les thématiques de base de son débat. Les premières unités lexicometriques dominantes dans la liste des segments répétés ou dans le dictionnaire des indexes sont : « l’état », « pays », « le peuple », « le peuple algérien », « Ghardaïa », et« politique ».

Avec 33 occurrences dans le dictionnaire des indexes, « état » et « pays » représentent les désignants nationaux les plus utilisés par LH. Leurs différentes concordances nous permettent d’élucider le sens et l’effet produit sur l’image de soi projetée par la candidate. « Etat » est utilisé 8 fois en cooccurrence avec l’adjectif « algérien » (voir l’annexe des concordances).Cela signifie que la candidate implique dans ses propos l’ensemble des institutions et services qui gouvernent le pays et qui sont légitimés par les algériens. La désignation « l’état algérien » permet à la candidate de se montrer nationaliste tout en se démarquant des autres états du monde.

Par ailleurs, l’emploi de la même forme graphique « état » avec le nom « le chef » démontre son soutien au président Bouteflika et son insouciance vis-à-vis de sa candidature. Aussi, « état » est utilisé avec des verbes et des noms d’action tels que : sommet de l’état, l’état a reconnu l’échec, l’état pour résoudre, l’état doit être neutre, l’état doit être séculier, la non intervention de l’état, l’état ne représente pas un clergé, appartenance à cet état, l’état rattrape, les efforts réalisés par l’état, l’état et moi-même, il y a une aide de l’état mais elle reste insuffisante, la signification d’un état, l’état ne s’est pas désengagé, qui sont du ressort de l’état ( voire l’annexe des concordances).

L’ensemble des exemples cités démontre les actions réalisées et non réalisées par l’état. Tantôt, la candidate dévoile les qualités négatives de l’état en proposant la correction de ses défauts. Tantôt, elle tente de voiler certains actes en justifiant son engagement insuffisant face à l’immensité de ses obligations. Pour en finir, la candidate s’attache à définir le sens de l’état et ses prérogatives pour ainsi démontrer aux téléspectateurs sa compétence professionnel qui lui attribue le profil, le statut d’une future présidente d’un état séculier.

La deuxième forme lexicale « pays » est une notion plus subjective que la notion « état ». Louiza Hanoun s’implique entant que citoyenne de l’Algérie. L’emploi fréquent de « notre pays » met en avant le bien commun des algériens qui est l’intégrité, la souveraineté, préservation, et l’honneur du pays. La détermination de « pays » par un possessif pluriel collectif vise à englober le locuteur et les téléspectateurs étant partie intégrante de cette nation. Les

exemples suivants démontrent les différentes concordances de « pays » (voire l’annexe des concordances) avec d’autres formes graphiques indiquant l’appel de Louiza Hanoun à prendre soin de ce pays. L’ethos qu’elle projette c’est l’image d’une femme protectrice du pays des menaces qui l’entourent, d'une femme consciencieuse, préoccupée par l’honneur du pays ; cette explication est bien démontrée dans les exemples suivants :

Y compris l’intégrité de notre pays est menacée La souveraineté de notre pays

Par rapport à notre pays Préserver notre pays de la crise Ça n’honore pas notre pays

Néanmoins, dans les exemples qui vont être cités ci-dessous, le pole « pays » est déterminé par l’article indéfini « le » et « du », et le démonstratif« ce ». Cette manœuvre linguistique permet à la candidate de prendre une distance par rapport à ce qu’elle annonce, d’ailleurs l’emploi du démonstratif « ce » n’est pas repéré dans les séquences où LH est contraint de donner son avis vis-à-vis la candidature de Bouteflika et quand elle évoque la fraude qu’a eu lieu pendant les élections de 2004, 2009. Aussi, l’emploi de l’article indéfini « le » est repéré dans les séquences où elle débatte au sujet du problème de Ghardaïa, qui lui semble causé par les puissances étrangères qui menacent le pays, et enfin quand elle évoque la situation des jeunes. Ceci dit la détermination effectuée par LH pour désigner le pays exprime la singularité de l’Algérie par rapport à ses composantes sociopolitiques et par rapport aux autres pays. Les exemples cités ci-dessous (voire l’annexe des concordances), permettent de comprendre pourquoi LH emploie « le pays » ou « ce pays » dans les différentes situations énonciatives : Les puissances qui menacent le pays

Nous ne sommes pas le seul pays à avoir ça Pour mettre le pays à feu et à sang

Pour contribuer à préserver le pays Elles exposent le pays au chantage Le garant de la stabilité de ce pays L’intégrité et la souveraineté de ce pays Nous sommes attachés à l’unité du pays Comme toutes les autres lois du pays

Ingérence dans les affaires de ce pays Les élections étaient libres dans ce pays ? Une place géostratégique pour le pays

Si le pays plonge dans ce qu’on appelle le printemps arabe

Pour les autres unités lexicométriques évoquées au début, elles ont une fréquence moins importante que les deux formes analysées. Malgré cela leur fréquence porte aussi une signification particulière. « Ghardaïa » classée en tête de liste des segments répétés avec une fréquence de 13, représente la carte joker du jeu discursif de LH. L’évocation de ce problème permet à la candidate de dénoncer publiquement les responsables, de démontrer la source des manipulations, d’éveiller le peuple et de l’inciter à penser aux sources réelles du problème. Cette notion figure dans quatre séquences comme le démontre le graphe suivant :

Figure 22 : la fréquence de la forme graphique Ghardaïa

« Politique » est l’une des priorités des hommes politiques, c’est ainsi que son emploi est automatiquement perçu dans son discours. L’apparition de cette forme graphique se fait dans toutes les séquences avec différentes fréquences. Le graphe suivant présente l’emploi de cette notion en parallèle avec toutes les thématiques du débat, cela veut dire qu’elle est même le centre d’intérêt de Louiza Hanoun dans toutes les séquences :

Figure 23 : la fréquence la forme graphique politique

Si nous observons la liste des concordances de cette notion (voir l’annexe), nous constatons que la plus part du temps, elle est employée comme adjectif : l’alternative politique, l’éducation politique, expérience politique, volonté politique, formes politiques, fins politiques, rapport politique, bureau politique (annexe des concordances). Cela veut dire que les propos de l’homme politique sont rattachés au champ politique et à ses valeurs. LH n’emploie « politique » comme nom que quand elle évoque la politique étrangère, la vrais politique, la politique intérieure, et la politique dans tous les pays, la politique démocratique. Elle qualifie la notion de politique avec un ensemble d’adjectifs spécifiques qui désignent en quelque sorte le type idéal de politique défini en tant que tel dans un champ politique.

5.1.2 La fréquence des pronoms personnels

La fréquence des pronoms personnels est un critère important dans la délimitation de la nature de l’ethos de chaque invité. Pour cela, nous avons vu préférable de présenter des graphes contenants la fréquence de l’emploi de ces unités grammaticales pour chaque invité. L’étude analytique de ces graphes va nous aider à connaitre le pronom le plus utilisé pour chaque invité et par conséquent conclure avec le type d’ethos qui transparait dans le discours de chacun d’eux.

Dans le graphe suivant nous remarquons que le pronom le plus fréquemment utilisé dans les 18 séquences du débat avec Louiza Hanoun est le pronom « nous » marqué en bleu. Sa fréquence capitale est mentionnée dans les trois séquences : 4, 8, et 9. Elle est absente dans la première, quatorzième et quinzième séquence. Et moyenne dans les autres séquences et. Le deuxième pronom de fréquence aussi importante est le pronom « je ». Il est utilisé dans 13 séquences, avec une fréquence assez maximale, mentionnée dans la dixième séquence. Son absence est observé dans les séquences : 13, 14, 16 et 6. En troisième position, est classé le pronom « vous » avec une fréquence maximale semblable à celle du « je » (225), mentionnée

dans la première séquence. Sa fréquence absolue moyenne est mentionnée dans12 séquences. Enfin, en quatrième position, le pronom personnel qui apparait dans 9 séquences, c’est le pronom « on », malgré sa fréquence moyenne, il représente une base grammaticale significative dans les propos de la candidate.

Figure 24 : la fréquence des pronoms personnels dans le sous-corpus LH

Dans le deuxième graphe, il est intéressant de voir si ces pronoms représentent une spécificité positive ou négative dans chaque séquence. Ce qui est à noter c’est que le pronom personnel « nous » est une spécificité positive dans les séquences : 4, 7, et 8. Et il est spécificité négative dans le reste des séquences. Le pronom « je » est une spécificité positive dans les séquences 10 et 18. Le pronom « vous » est une spécificité positive dans les séquences 1 et 18. Enfin, le pronom « on » représente une spécificité positive dans la séquence 15, et indique une spécificité négative dans toutes les autres séquences.

Figure 25 : les spécificités des pronoms personnels dans chaque séquence de LH

Pour interpréter ces différentes fréquences et spécificités nous pouvons dire que la candidate LH tend à se cacher derrière le groupe et de s’imposer en tant que parti et non en tant que Louiza Hanoun, l’emploi récurrent du pronom « nous », exprime nettement l’implication continuelle de son parti. D’ailleurs, elle le précise dans la première séquence, c’est qu’elle est choisie par le groupe et qu’elle est là en fonction de cette décision. Entre autre, l’emploi du « vous » et « je » explique l’intention de Louiza Hanoun pour influencer les téléspectateurs. En jouant sur un « nous » collectif et un « je » individuel, LH crée son propre univers discursif, qui met en scène la femme politique « porte-parole » du parti des travailleurs et LH, la femme algérienne qui se préoccupe de la situation déplorable de l’Algérie. Le « je » de LH évoque un « vous » semblable à « toi » et à « ils », un «vous » comme « moi ». Enfin, le « on », met à la disposition de la candidate un moyen linguistique pour se distancier de certains de ses déclarations.

Ces résultats vont nous permettre de focaliser notre attention sur les pronoms les plus récurrents ou sur leur totalité. Dans notre analyse de l’éthos nous allons prendre appui sur d’autres données lexicometriques à savoir les différentes concordances des pronoms afin de découvrir la nature grammaticale et sémantiques des différents syntagmes auxquels ils sont en combinaison.