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Le quatrième mi-mandat

6. Le paysage médiatique en Algérie

Les médias et l’opinion publique ne peuvent évoluer indépendamment. Les médias constituent alors un facteur d’influence politique direct ou indirect. Les médias de masse, dans le monde, représentent une démocratisation des opinions et des esprits.

En fait, le 20èmesiècle est connu par la liberté d’expression car le fondement de la démocratie et le fondement des libertés passe forcément par la liberté d’expression. En Algérie, les médias n’ont pas évolué qu’après un long parcours. C’est en 2011 que les intentions politiques ont changé. Le ministre de l’information a annoncé, suite au Conseil des ministres du 12 septembre 2011 que «le champ audiovisuel sera ouvert en 2012 ». Puis dans une seconde déclaration, il a exclu tout partenaire étranger. En fin, dans une troisième déclaration, il dit «nous commençons d’abord avec les chaines thématiques. Après, il y aura peut-être une

évolution de la législation, et en fonction de cela, la futur lie de l’audiovisuel, qui fixer ce qui sera autorisé » ; c'est-à-dire les chaine documentaires, des programmations de quelques films,

en écartant tout débat politique, économique qui intéressent le plus grand nombre de citoyens (Abderrahmane Mabtoul, tribune libre, octobre 2013).

En fait l’objectif de cette décision qui provient d’une autorité supérieure, est de créer de nouvelles chaines, des annexes de télévisions publiques. Néanmoins, l’absence de la liberté d’expression en Algérie a poussé des journalistes compétents à fuir vers des cieux et des studios moins oppressants et plus ouverts. Les journalistes algériens ont trouvé l’épanouissement au sein des chaines étrangères internationales, du Golf. Où ils ont eu leur chance de devenir journaliste du premier plan tel Khadîdja Ben Guena, présentatrice du JT soir de 8 heures, Hafid Derraji le commentateur sportif, ainsi que d’autres.

L’espace médiatique en Algérie a été longtemps dirigé par des lois et des décisions du pouvoir. Depuis la rupture d’octobre 198813et l’introduction du pluralisme politique, de grands changements d’ordre juridique et organisationnels sont intervenu au niveau des médias. Cela commence au niveau de la presse. Ensuite petit à petit la radio et la télévision.

Depuis l’indépendance, période du parti unique, les médias étaient tous la priorité de l’Etat. Il n’existait aucune propriété privée. Les lois qui ont suivi l’année 1988, ont contribué au pluralisme médiatique (D. Bouadjimi, p. 4 et 5) :

La loi n°90-07 du 3 avril 1990 relative à l’information des circulaires gouvernementales du 19 mars 1990 et du 4 avril 199 permettent la création de journaux privés.

L’article 4 de la circulaire relative à l’information d’avril 1990 stipule« l’exercice du droit à l’information est assuré par les titres et organes de l’information du secteur public, par les titres et organes appartenant ou crées par les associations à caractères politique, et par les titres organes crées par les personnes physiques ou morales de droit algérien. Cette loi est exercée sur tout support médiatique écrit, sonore radiophonique ou télévisuel.

L’article 14 précise que « l’édition de toute publication périodique est libre ». il suffit aux partis politiques, aux associations culturelles et eux individus de déposer une simple déclaration, un mois avant la sortie du numéro, pour pouvoir lancer le titre qu’ils veulent.

L’article 28 stipule que le journaliste n’est plus tenu de travailler dans les organes relevant du parti et de l’Etat et que le droit à l’information n’est plus restreint dans le cadre du parti unique.

L’objectif de ces lois est de mettre fin au monopole des médias, la liberté d’expression, et la création des journaux partisans, indépendants ou partisans, la liberté des journalistes de travailler en dehors des titres du parti unique et du gouvernement ; la liberté de diffusion et de lancement de radios, et de chaines de télévision privées qui restent soumises à quelques conditions administratives. Ces lois ont donné aux journalistes le droit d’accès aux sources de l’information, le droit au secret professionnel et enfin le droit à la diffusion et à l’impression.

Suite à cela l’univers médiatiques se débarrasse partiellement de l’oppression étatique. De nouvelles perspectives irriguent la diffusion de l’information, les journaux privés s’émancipent, les chaines télévisées se multiplient et la radio prend de l’ampleur. De telles réalisations n’empêchent-elles pas l’autoritarisme du régime présidentiel de s’exercer ? Cette démocratisation partielle suffisait-elle pour briser la barrière qui s’est longtemps dressée entre les citoyens et le gouvernement ? Pour répondre à ces questions, il faut voir de près les caractéristiques du régime du pouvoir algérien.

6.2 Les médias face à un régime autoritaire

La nature semi autoritaire (Louiza Dris Ait Hamamdouch et Chérif Dris, 2012) du régime algérien est due à certains nombres de facteurs. Le facteur historique peut expliquer le lien étroit

entre le régime et les militaires qui ont libéré le pays de la colonisation française. La succession d’invasion et de révolte qu’a connue l’Algérie n’ont fait que renforcer ce lien. La guerre de la libération à légitimer un contrat politique géré par les anciens combattants qui ont pris le pouvoir à la veille de la l’indépendance et a défini toute l’histoire du régime politique de l’état algérien.

Un autre facteur majeur, c’est le facteur socio- économique. L’Algérie est un pays à une structure tribale et régionaliste. Il a aussi une rente importante en pétrole. Ces deux facteurs favorisent un autoritarisme dans le régime.

En troisième lieu les facteurs politico-sécuritaires. La trajectoire de la lutte anti-terroriste en Algérie a débouché sur un processus de « réconciliation politique » parachevé par le président Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, la résilience du régime intègre une double dimension politique et sécuritaire (ibidem).

6.3 Une démocratisation sous contrôle

La démocratie en Algérie, comme dans d’autres pays est toujours sous contrôle de l’Etat. Dans chaque situation sociopolitique s’imposent certaines lois adaptées à ses circonstances. Suite aux différents événements qui ont envahi le Maghreb, le 15 avril 2011, le président Abdelaziz Bouteflika annonce la réforme de certaine nombres de lois (ibidem). Cela concerne les lois sur les libertés politiques et publiques.

En premier lieu les élections vont être soumises à de nouvelles lois, assurant son bon déroulement. Une commission sera désignée par le président de la république pour superviser le scrutin et toute tentative de fraude. En deuxième lieu, de nouveaux partis politiques vont voir le jour grâce à la nouvelle loi entreprise sur les partis politiques : Parti pour la liberté et la justice (PLJ) de Mohamed Saïd, le Front pour la justice et le développement (FJD) d’Abdellah Djaballah, l’Union pour la démocratie et la république (UDR) d’Amara Benyounes…etc. En troisième lieu, une autre loi va briser un tabou social et impose au partis politiques d’intégrer une proportion représentative de femmes. Une décision qui va plaire à plusieurs femme, à leur tête Louiza Hanoun, présidente du parti des travailleurs, et va déplaire à d’autres.

En dernier lieu, sur le plan des activités publiques, la réforme a touché les associations publiques, car c’est l’un des prérequis pour le passage d’un régime autoritaire à une démocratisation. Grâce à ces réformes, le régime politique en Algérie a réussi à développer une capacité d’adaptation qui lui a permis de résister aux vagues contestations qui ont secoué le pays à partir de 2011. Il s’agit plutôt d’une forme d’ouverture contrôlée et limitée, une assurance de

la pérennité du pouvoir. (ibidem)

6.4 Vers un ordre médiatique néo-autoritaire

L’Algérie a promulgué le 12 janvier 2012 une nouvelle loi sur l’information tout en restant la courroie de transmission de l’idéologie du pouvoir en place. L’article 6114 résume cette ouverture comme suit« l’activité audiovisuelle est exercée par : les institutions publiques les

entreprises et organismes du secteur public et les entreprises ou sociétés de droit algérien »

(Cherif Driss, 2012.). Cet article n’explique pas tous sur les modalités d’ouverture de l’audio-visuel, situation qui a suscité de nombreuses interrogations. En réalité, l’état algérien contrôle toujours son espace audio-visuel.

En effet, les medias avaient un seul but, répercuter le discours officiel, l’éloge de l’idéologie socialiste et dénoncer les propriétés privées reflétant l’impérialisme. A cet effet, la liberté d’expression ne s’exerçait en dehors des organes du parti du FLN. A ce propos l’historien Mohamed Harbi (ibid.) note que :

«La libre discussion, en faisant référence à la charte de Tripoli, et la libre critique dans le cadre des organisations du parti sont un droit fondamental de tout militaire. La liberté est donc réservée uniquement aux militants. Elle est limitée aux débats à l’intérieur du parti » (Brahimi, 1989)

Ce qu’il dit explique le désir permanent de l’état et du parti unique de maintenir le peuple dans un obscurantisme absurde. On peut dire que le parcours de démocratisation de l’audiovisuel était un parcours très long pour les algériens. En dépit de cela, la télévision, le média de masse le plus important va prendre une grande place dans les enjeux politiques en Algérie.