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télévisuel particulier : orientation thématique et structuration

2. Théories du dispositif

2.2 Le dispositif une médiation entre le sujet et l’objet

On arrive à l’idée clé définitoire du concept dispositif. Le dispositif est une médiation entre le sujet et l’objet. La théorie de Latour102 propose des théories sur les dispositifs de création, de diffusion, d’implantation et d’acquisition du savoir en générale. Il laisse percevoir les intrications étranges des individus dans les réseaux complexes des objets et des idées. Il fait maintes fois allusion aux schémas de communication et aux modèles de transmission des informations classiques qui lui semblent abstraites et linéaires. Michel Foucault (idem), avait aussi éclairé ces idées. Son modèle de dispositif s’applique sur le corps de l’individu et en conséquence sur son esprit, cependant il reste extérieur. Il produit de la subjectivité mais n’est pas produit par la subjectivité. Le pouvoir normalisateur du dispositif est toujours là, il le rend malveillant et inamical. Avec les théories foucaldienne et latourienne, on commence à s’intéresser à l’aspect productif du dispositif, en association avec l’individu actif. En effet, grâce

98 - Ibid., p.16 99 - Ibid., p .17 100 - Ibid., p 18 101 - Ibidem.

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à cette relation sujet-objet, il y aura plus de créativité, il y aura plus d’inventivité dans les dispositifs.

Avec cette visée pragmatique, on va passer des dispositifs objectifs, impersonnels, extérieurs aux sujets, à des dispositifs subjectifs, conscients et volontaires. Un tel déplacement, une telle dis-location incite à prendre en considération trois points. Il faut articuler le dehors et le dedans, l’extérieur et l’intérieur. Il faut interroger l’aspect conscient volontaire, actifs que semble prendre les dispositifs quand on les ramène au sujet. Enfin il faut introduire la dimension esthétique qui va donner un important éclairage sur la notion de dispositif.

2.2.1Dispositif entre symbolique et technique

Si on traitre cette dichotomie extérieur intérieur, on va distinguer deux modalités de dispositifs :

Les dispositifs sociaux, politiques, économiques, qui façonnent l’individu, l’orientent, lui inculquent des savoirs mais aussi lui attribuent des pouvoirs et des savoir-faire,

Les dispositifs psychologiques, moraux, réflexifs, que l’individu se donne à soi, pour se former, se connaitre (ibid. P.36-37).

Les premiers sont relatifs à l’extérieur, au matériel, et à l’instrumental. Ce sont les dispositifs matériels, techniques, objectifs. Les seconds font partie de l’essence humaine, c’est l’intérieur. Ils sont liés au langage et l’homme qui est un être de parole. Ces dispositifs sont liés à la communication, à l’intercompréhension, au monde vécu. Ils sont caractérisés comme symboliques, il s’agit des productions subjectifs telles que la lecture, l’interprétation (prises en charge par-là les analyses sémiotiques).

Cette dichotomie technique symbolique est un nouveau rapport engendré par les dispositifs contemporains. Comme pour l’idéologie et les forces productives. La première représente la superstructure symbolique qui n’a aucune autonomie. La deuxième représente la technique. A l’encontre de cette conception qui est en rapport avec une société industrielle classique, une autre réflexion va se développer dans une société d’information qui a chamboulé ces différents rapports. De ce point de vue, les techniques d’information relèvent à la fois des forces productives et des superstructures symboliques. On parlera de médiation technique et symbolique. Ainsi on arrive à cette définition des dispositifs médiatiques : ce sont ceux qui nous entourent continuellement, sont simultanément production et consommation, technique et symbolique, travail et jeu (ibid., p. 38). De ce bouleversement conceptuel nait l’idée que les dispositifs constituent un environnement car les dispositifs techniques ne sont pas seulement des moyens pour dominer le monde mais ils font partie d’un monde environnant, un monde qui est déjà là, festif, que nous changeons, que nous abordons, que nous examinons, et dans lequel nous vivons et nous mourrons.

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L’opposition technique symbolique évoque la rationalité des dispositifs. Quand on parle de technique, il y a lieu d’une rationalité instrumentale. Et quand on parle du symbolique, on voit intervenir le déchiffrage linguistico-sémiologique. C’est entre l’activité rationnelle et instrumentale et la passivité contemplative et réceptive d’un environnement que l’entre d’eux du dispositif pointe vers l’idée de médiation (ibid. P.39).

En fait, c’est ce jeu entre les combinaisons passives et actives, entre activité et passivité qui disqualifie l’unilatéralité de certaines conceptions de la transmission du savoir. C’est le rationnel qui cadre l’opposition symbolique technique. Le savoir qui existe déjà possède une structure formelle et démonstrative et des moyens techniques spécifiques pour une transmission optimale de ce savoir. Nous retrouvons ici, le dispositif comme cet entre-deux, ni extérieur ni

intérieur, ni simple moyen, ni environnement donné, c’est le dispositif médiation qui prend en

considération les éléments de l’environnement cognitif comme lieu potentiel de développement

des compétences, des savoirs, des savoir-faire( ibid. 41).

La médiation suppose en effet un entre deux dans lequel surgissent les dispositifs. Ces objets traditionnels comme les appelle Winnicott (ibidem) ne représentent le lieu où l’environnement mais indiquent une situation d’apprentissage préalable où se trouve toujours l’individu. Cette situation lui a été offerte comme étant un environnement cognitif et affectif,

qu’il s’est aménagé et qu’il ménage lui-même comme médiation avec l’environnement.

Cependant, il faut saisir la saillance des objets de cet environnement, découvrir leur éventualité. Discerner leurs suggestions et percevoir les règles de leur articulation. C’est en quelque sorte découvrir les disfonctionnements. Car dans cette situation, il existe des blocages, des répétitions et des sur-places, des inhibitions affectives devant les savoirs établis, des retraits du monde, des brisures de la communication. Parmi les aspectes de ces disfonctionnements, le surinvestissement des relations humaines ce qui explique le privilège du symbolique sur le technique (ibid.). Donc, le dispositif devient alors un moyen de communication avec l’environnement qui nous entoure.

2.2.3 Le dispositif, environnement tolérant à l’erreur

On arrive enfin à dire que les dispositifs sont perçus comme un environnement tolérant à l’erreur, mais de nature différentes de la situation de l’apprentissage initiée à résoudre des problèmes. Et qui est fondée sur des «essais et erreurs ». Cependant cette logique ne tolère l’erreur que si l’on sait en retirer un gain en fonction d’un projet déterminé. Les dispositifs ne fonctionnent pas de la même sorte. C‘est une manière d’envisager l’environnement naturel ou construit de l’homme comme lieu non d’acquisition et de transmission du savoir, mais comme réseau de médiation du savoir. Du fait qu’il s’agit de médiation, on ne peut prévoir ce qui va se passer.

Saisir le dispositif comme médiation, c’est raccorder des compétences non spécifiques à un environnement disponible et donner ses chances de créativité. Cet environnement est perçu comme un paysage cognitif, tolérant à l’erreur. Ce qui permet de mettre en évidence des ressources polyvalentes à la portée du sujet mais qui demeure révélatrice d’un sens particulier selon a une intentionnalité flottante et transversal. Le dispositif tolérant à l’erreur est une idée qui

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renvoie à la sémiologie renouvelée, sémiologie pragmatique où les signifiants échappent à

l’unilatéralité du code pour se mouler aux dispositions créatives du bricoleur (ibid., p. 45)103. Néanmoins la subversion du code n’est possible que s’il y a cette dimension esthétique et artistique dans le sujet et dans l’objet, et l’art de l’existence qui envoie à une reconfiguration plastique du monde.