• Aucun résultat trouvé

Le quatrième mi-mandat

7. La télévision algérienne

La télévision a fait son apparition en Algérie en décembre 1959. Après l’indépendance, la RTA a succédé à la RTF (Radiodiffusion télévision française) et à l’Office de radiodiffusion télévision française. En effet, l’état n’a recouvert sa souveraineté sur le média télévisé que le 28 octobre 1962. Le 1er août 1963, la Radiodiffusion télévision algérienne. Après la création de la RTA, qui était le seul organisme médiatique audiovisuel, et après le renouvèlement des différents textes législatifs, l’Etat reconstruit la chaine unique en quatre établissements indépendants, en juillet 198615 :

L’ENTV, entreprise nationale de télévision. Elle s’occupe de la réception, la production et la diffusion de tous les programmes au niveau national.

L’ENTD, entreprise nationale la télédiffusion d’Algérie. Elle est créée le 1 juillet 1986. Elle prend en charge la transmission, la réception des informations en Algérie et vers l’étranger. NPA, entreprise nationale de production audiovisuelle, son champ d’action était au niveau national et international

Jusqu’ici, la télévision algérienne était un instrument de diffusion de l’information et des principales lignes idéologique du pouvoir et du socialisme. Mais avec les nouveaux satellites

15-Projet de collecte de données statistiques sur les marchés cinématographiques et audiovisuels dans 9 pays méditerranées monographie nationale : 6 Algérie, Dr Sahar Ali, Expert Médias, CDSU Euromed Audiovisuel III Sous la supervision de Dr André Lange, Responsable du département Information sur les marchés et les financements, Observatoire européen de l’audiovisuel (Conseil de l’Europe), Tunis, 25 mars 2014, p.30.

arabes, l’Algérie va élargir son espace médiatique dans un contexte d’échange et de collaboration. Sur le plan technique, des experts techniciens seront formés à l’étranger et ramènent beaucoup d’expériences à l’univers des médias audiovisuel. Ainsi, cinq autres chaines vont être gérées par l’ENTV : Télévisons Algérienne National, chaine généraliste en arabe. Canal Algérie éditée en langue française, dans le but d’une ouverture sur le monde. Algérie 3 est la troisième chaine algérienne qui poursuit le même parcours des anciennes chaines télévisées avec un peu plus de programmes. Aussi, Tamazight TV 4, chaine généraliste en Tamazight, Coran TV 5, chaine religieuse vont ouverte dans l’espace médiatique algériens.

Par ailleurs, après le multipartisme politique, l’état vise de nouveaux objectifs de l’entreprise nationale algérienne. Ses objectifs sont conçus pour le peuple et l’état. Ces objectifs sont : la couverture de l’activité du gouvernement, la couverture des campagnes électorales, la diffusion des discussion du parlement, la diffusion des diverses activités des partis politiques, des associations et des syndicats, diffusion des programmes culturels et religieux, diffusion des programmes spécialisés comme la météo, diffusion des enquêtes, des documentaires portants su la vie nationale et mondiale, diffusion des journaux télévisés, diffusion des productions variées nationale ou étrangères destinées à toutes les catégories de la société en arabe ou traduite en arabe.

En effet, ces efforts colossaux mises en pratique ont contribué à développer le secteur médiatique en général et l’audiovisuel en particulier. Sauf qu’on note certaine stagnation pendant les années 90, période de la décennie noire. Une situation qui a poussé l’état à contrôler la diffusion des moyens de l’information.

7.1Les chaines privées en Algérie

Depuis l’année 2012, sous la pression populaire et l’influence du printemps arabe, le gouvernement promet une libéralisation de l’audiovisuel. Le texte de loi apparait dans le journal officiel. Cependant son application reste toujours tributaire de la bureaucratie et de l’agenda politique du gouvernement algérien. Ainsi de nouvelles chaines privées sont créés :Ennahar TV (chaine d’information du quotidien), Ecourouk TV (chaine généraliste du quotidien, El Magharibia (chaine d’information maghrébine), El Djazairia( chaine généraliste), Dzair Chop (chaine publicitaire), Numédia News TV (chaine d’information), L’index Algérien TV(chaine généraliste), AL Atlas TV( chaine généraliste), Hoggar TV, Dzair TV, Djurdjura, Al Asr, Samira TV, Jil TV.

En outre ces chaines n’obéissent à aucune tutelle gouvernementale et ont les mains plus libres que la télévision publique qui est soumise à un cahier de charge très strict et à des directives venants du ministère de la communication. Cela n’empêche pas que tout dérapage

politique et médiatique de la part de certaines chaines, entrainera la correction ou le retrait de l’agrément, une affirmation du communiqué du ministère de la communication (Adel Mahdi,

20/septembre/ 2011, L’expression).

En ce qui concerne le programme diffusé, les chaines publiques prennent en charge le quotidien des algériens et de l’étranger en matière d’information ainsi que des émissions

achetées ; tels que les matchs de football. Ce qui attire les téléspectateurs des chaines publiques n’est que le journal de 8 heures soir.

Quant aux chaines privées, les programmes se diversifient, en matière d’information, de divertissement et de culture. La qualité des producteurs s’améliore et le budget consacré au secteur de la communication a été augmenté avec la loi de finance de 2012 (ibid.). Ainsi la qualité des programmes suit le rythme de la mondialisation et traite au plus profond les événements socioculturels et politiques qui occupent la scène médiatique algérienne.

7.2. Les chaînes télévisées des présidentielles 2014

Il faut dire que la télévision publique ou privée joue un rôle déterminant dans une élection présidentielle. En effet, c’est à travers les émissions télévisées (surtout duel télévisé) que les candidats se mettent dans une campagne électoral décisif. C’est généralement ce qui se passe dans les pays démocratiques. A ce sujet Arnaud Mercier (2004 :77) pose l’idée que la télévision modifie la manière dont est envisagée la politique. Elle ouvre le règne de la simplicité, c’est

moins le fond que la manière et la bonne impression que l’on va laisser qui compte.

En fait la légitimité du candidat est définie aussi en fonction du temps d’antenne, de nombre de son apparition sur les scènes des débats politiques télévisés. Ainsi toute campagne

est d’abord construite autour d’un plan média qui vise à donner le maximum de visibilité au candidat, (ibid., p.85). Cela s’applique sur tous les pays du monde démocratique.

En Algérie, Les médias se déchainent durant les élections présidentielles. L’année 2014 a permet aux médias de progresser sur le plan technique et informatif. Les élections présidentielles prévues pour le 17 avril, vont être l’occasion propice pour les chaines privées de montrer les meilleurs talents et les meilleures compétences. Vingt-trois chaînes privées et publiques d’identité algérienne sont chargées de couvrir l’événement. Il y a six chaines privées accréditées au début: Ennahar TV, Echourouk TV, Echourouk News, El Djazairia TV, Hogar TV, Dzair TV, ensuite les autres chaines : KBC, Elbilad TV, El Adjwa TV, Wiam TV, Beur TV, Berbère TV, l’Index TV, Maghreb 24, Numidia News. Ce qui est à signalé c’est que ces chaines vont être divisées en deux groupes : des chaines partisanes de la candidature du président sortant Bouteflika, et des chaines de l’opposition. Certaines d’entre elles vont être fermées, d’autre continuent à diffuser

La chaîne El Wiam TV (Concorde en Français) et le Président TV commencent à émettre le 23mars 2014, le premier jour de la campagne électorale. Selon plusieurs analystes, elles semblent avoir été œuvrées pour le candidat A Bouteflika. Elles étaient dotées des moyens à la fois financiers et logistiques pour défendre le 4èmemandat contre ses détracteurs. Plusieurs

hommes d’affaires ont financé ces nouvelles chaînes. Ali Hadad, Mohamed, Laid Benamor, le PDG du groupe Amor Benamor a investi 180 milliard de centimes pour la chaine El Wiam TV

(Benflis. A, p23 : 49).

La chaîne Atlas TV et Espoir TV, sont les deux chaines du candidat adversaires Ali Benflis. La visibilité qu’a pris le candidat opposant grâce à ces chaines provoque la colère des

autorités et aboutit et la fermeture d’Atlas TV. Le 3 mars, sous ordre de perquisition, le matériel

de la chaîne a été confisqué (ibidem).

Certains ont soutenu cette décision d’autres non. Le directeur d’El Watan, Omar Belhouchet, dit à ce sujet« la chaine a dépassé un certain nombre de lignes rouges. C’est l’une

des rares à avoir donné la parole aux citoyens inquiets en désaccord avec un quatrième mandat. Les autres chaînes organisent des débats contradictoires, mais ça s’arrête là. Elles ne traitent pas vraiment ce qui en ce moment l’Algérie, la colère, l’inquiétude… » (Marie-Hélène Soenen,

2014).

Il ajoute que cette chaîne est« connue pour soutenir le candidat concurrent de Bouteflika,

Ali Benflis ».Entre autre, la chaine soutenait même le mouvement Baraket puisque elle a nommé

à la direction de l’information, Hafnaoui Ghoul, défenseur des droits de l’homme et de la liberté, membre du mouvement Baraket et journaliste à l’origine de l’enquête sur la corruption, emprisonné pour ses prises de position « il travaille sur des questions de fond, et visiblement, les

autorités avaient peur qu’il aille plus loin dans le traitement des affaires de corruption, de la nature autoritaire du régime, etc. », commente Omar Belhouchet (ibid.).

El Djazairia TV avait le même constat à l’égard d’Atlas TV, son directeur Riad Djallal a avancé l’idée qu’une chaine télévisé ne doit pas inviter sur ses plateaux seulement ceux qui sont contre le quatrième mandat «je pense qu’Atlas TV s’est un peu trop lâchée ces derniers temps en

ayant que des invités « contre ». Ils n’ont pas d’agrément : c’est facile d’aller les fermer. L’ouverture audiovisuelle est encore nouvelle, il y a des susceptibilités. Il faut s’adapter à la situation pour rester. On perd le jour où on s’éteint. » (ibid)

Nous pouvons dire à la fin que même si on attribuait à telle chaîneTV ou à telle autre plus de liberté cela ne reflète pas la réalité de l’audiovisuel en Algérie. La fermeture de certaines chaînes télévisées, la censure des émissions politiques démontre en toute évidence la mainmise du pouvoir sur les médias durant les élections présidentielles. Certes, l’Algérie est un pays démocratique mais son régime est autoritaire. Le pouvoir est toujours présent même dans les moments les plus décisifs.