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3 Chapitre trois : Méthode

3.2 Enquête contemporaine Chaudière-Appalaches (E2)

3.2.1 Sources des données de l’Étude 2 (E2)

À partir de la base de données de la recherche-action précitée, nous avons sélectionné une famille dont nous utiliserons le témoignage pour faire le parallèle avec la famille de Saint-Justin de 1886. Cette famille présente certaines similitudes avec la famille de Saint-Justin qui nous permettent de soutenir la comparaison. Il s’agit d’une famille de type traditionnelle, le père, la mère et quatre enfants. Elle vit de l’exploitation de la ferme paternelle, avec l’aide du grand-père, dans une petite municipalité rurale. La mère est

enseignante dans les deux cas. Nous nommerons cette famille du nom fictif de Belhumeur. En faisant ressortir les similitudes et les écarts entre ces deux familles, nous pourrons dégager les caractéristiques des temps sociaux à deux époques dans un lieu semblable, le Québec rural.

Les données empiriques de la recherche-action ont été recueillies auprès d’une population constituée de familles dont les parents avaient plus de 16 ans, ayant ou ayant eu un ou plusieurs enfants et habitant la région administrative de la Chaudière-Appalaches. Aux fins de la recherche, la famille est comprise au sens élargi du terme en incluant la dimension intergénérationnelle et relationnelle, soit, la famille traditionnelle, recomposée, de conjoints de même sexe, familles d’accueil, etc. Dans cette optique nous avons considéré les réponses des répondants sans enfant que ce soit parce que les enfants ont déjà quitté la maison ou que le couple n’avait pas d’enfants, ces personnes font partie de familles avec des frères, sœurs, neveux et nièces et parents ou grands-parents.

Cette recherche-action avait été souhaitée par un groupement de partenaires d’organismes sociaux de la région pour leur permettre de répondre adéquatement aux attentes des familles de la région. Ces partenaires ont non seulement élaboré le devis initial pour la recherche-action, mais ont aussi été partie prenante de toutes les étapes de la recherche terrain. Les partenaires ont participé à la diffusion du projet, tout en réservant aux chercheurs le soin de sélectionner les participants en toute indépendance selon leurs critères préétablis. Des consultations en cours de recherche ont eu lieu en ce qui a trait au format de la présentation des résultats et non au contenu des résultats.

Les participants aux entrevues, aux groupes de discussion et au questionnaire ont été recrutés avec le soutien du réseau de partenaires au projet : par courriel, affichage dans leurs locaux, communiqués de presse, annonces dans les journaux et sollicitation directe. Le recrutement a été complété par l’équipe de recherche lors d’entrevues radiophoniques et télévisuelles, par des affiches dans les lieux publics, des signets distribués dans les sacs d’école d’établissements primaires et secondaires de la région, par des sollicitations auprès d’organismes d’entraide et de diverses associations et dans les bulletins paroissiaux. Le

réseau des bibliothèques publiques a également été mis à contribution avec la distribution des questionnaires imprimés. La diffusion a été largement effectuée dans divers réseaux par courriel. Un site WEB et un FORUM de discussion assuraient la mise à jour des informations durant toute la durée du projet. Un accès privilégié aux données anonymes recueillies est prévu pour les partenaires qui voudront s’en prévaloir pour la planification de leurs programmes spécifiques. Les derniers questionnaires reçus n’apportant pas d’information supplémentaire significative, nous sommes en mesure d’affirmer que la saturation a été atteinte.

Pour ce projet, nous avons adopté une approche méthodologique mixte qui intègre à la fois une démarche qualitative, une démarche quantitative et une démarche participative. La recherche qualitative a pour fonction de comprendre plus que de décrire systématiquement, c’est la raison pour laquelle nous avons validé les données par un croisement avec d’autres méthodes. De plus, pour chaque démarche, nous avons multiplié les moyens offerts et les stratégies d’analyse.

« Les faiblesses d'une méthode sont souvent la force d'une autre, en combinant méthodes et observations on peut atteindre le meilleur de chacune, tout en dépassant leurs déficiences particulières » (Denzin, 1989b: 117)

Figure 2 - Schéma de la méthode d'analyse par triangulation

Qualitatif – entrevues et commentaires Quantitatif – questions fermées Quantitatif et qualitatif Questions ouvertes et questions fermées Démarche participative

L’utilisation de mesures et d'observations différentes tend à réduire ou à annuler les biais inscrits dans chacune des méthodes. Tout d’abord, la parole étant au cœur de la recherche qualitative, nous avons voulu recueillir des témoignages de familles diversifiées afin de comprendre l’essentiel de leurs préoccupations. Pour donner à notre enquête une plus large représentativité, nous avons ajouté un questionnaire susceptible d’être répondu par des centaines de personnes, en ligne ou en support papier. Ce questionnaire comportait de nombreuses questions fermées qui ont produit des résultats quantitatifs, mais également plusieurs questions ouvertes et espaces de commentaires qui ont permis d’ajouter des éléments qualitatifs et participatifs à cette enquête sur les besoins des familles.

La dimension participative a pris trois formes : d’une part, comme nous le verrons plus loin, le questionnaire proposait aux répondants de « voter » sur l’action publique qu’ils jugeaient prioritaire pour la qualité de la vie des familles de leur région. Afin que cet outil reflète bien les préoccupations de la communauté, nous avons également organisé des groupes de discussion sur le projet de questionnaire à diverses étapes du processus impliquant autant des partenaires de la CRÉ45 que des citoyens. Au moment de l’analyse, nous avons fait à la fois une analyse thématique des entrevues et des commentaires reçus dans le questionnaire, une analyse quantitative et thématique des réponses aux questions fermées, ainsi qu’une analyse par les axes critiques des écarts (méthode de Hershkowitz) afin d’établir le rapport entre les besoins exprimés par les répondants et leur situation réelle.

Notre stratégie d’enquête a donc été réalisée en trois étapes. Tout d’abord, une série d’entrevues semi-dirigées de 90 minutes avec 32 familles réparties dans les neuf MRC et du Territoire équivalent (TE) de Chaudière-Appalaches au printemps 2009 nous a permis de dégager les principales préoccupations des familles de la région46. Puis, dans une deuxième étape, nous avons utilisé ces entrevues pour construire un questionnaire détaillé, transformant en énoncés à commenter certaines phrases clés prononcées par les personnes rencontrées en entrevue. Dans une perspective participative, ce questionnaire a été testé,

45 Conférence régionale des élus

46 Cette phase de l’enquête a approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université de Montréal (CERFAS-2009-10-015-P).

analysé et débattu au sein de 10 groupes de discussion dans différentes MRC. Troisième étape, la mise en ligne de la version définitive du questionnaire grâce au logiciel Semato s’est faite du 5 décembre 2009 au 13 février 2010. Une version imprimée a aussi été préparée et distribuée. Nous sommes en mesure d’affirmer que la saturation a été atteinte par le questionnaire rempli par 630 personnes dont le portrait est présenté dans les sections 2.1 et 2.2 du rapport en annexe E. L’analyse des données s’est déroulée au cours de l’hiver 2010. Aux fins du présent mémoire, le cas retenu a été traité lors de la phase initiale, les entretiens auprès des 32 familles.