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Société pour la Promotion de la Pêche Artisanale Mauritanienne (S.P.P.A.M)

Chapitre IV : Les étapes de l’évolution réglementaire et institutionnelle du secteur de la pêche

Section 8: Les politiques des pêches et l’évolution administrative

C- Les institutions publiques de la promotion du poisson mauritanien

C.2- Société pour la Promotion de la Pêche Artisanale Mauritanienne (S.P.P.A.M)

Créée en 1983 { l’initiative de l’Etat, la S.P.P.A.M est une société d’économie mixte regroupant l’Etat (qui détient 35% du capital, des entreprises privés qui sont majoritaire

(55%) et des coopératives qui ont une faible participation (10%).398 Il faut signaler que les

pêcheurs artisanaux sont organisés dans le cadre de ces coopératives qui sont des organisations professionnelles de la pêche artisanale.

La SPPAM est administrée par un conseil d’administration, présidé par le directeur de la pêche artisanale du MPEM. Ce conseil comprend trois représentants de l’Etat, cinq

représentants des actionnaires privés et un seul pour les coopératives de pêche.399

Les objectifs de la SPPAM ont été établis par l’Etat qui voulait, en cette année de

sécheresse très dure,400 limiter l’abattage des animaux pour préserver le cheptel et pour

améliorer le niveau de vie des citoyens grâce à la pêche artisanale.

Ses objectifs essentiels étaient de trouver des débouchés pour le poisson, faire la promotion du poisson dans le pays ainsi qu’avitailler les pêcheurs en matériels { des prix

398 Bintou DIOP, La pêche artisanale en Mauritanie, mémoire Maitrise en Economie publique, Université de Nouakchott, Nouakchott, 1986, 65p, p18 399 Bintou DIOP, idem, p21.

raisonnables. Pour ce faire, des groupements des coopératives ont été mis en place dans les villes de l’intérieur du pays. En 1983, il n’y avait aucun moyen de conserver le poisson dans

ces villes. Des caisses isothermes ont alors été, installées dans ces villes par la SPPAM401 qui

s’engage de livrer le poisson sous glace et dans des délais courts jusqu’{ l’extrême Est du pays. Tous ces engagements ont été faits avec l’aide du Japon qui a monté des installations

frigorifiques et a financé l’achat de certain équipements.402

Très tôt apparurent les premières difficultés : un fond de roulement insuffisant ne permit jamais à faire face à des achats substantiels de poissons. L’avitaillement des pêcheurs se fit cependant régulièrement à prix raisonnable pendant quelques années jusqu’{ ce que les fonds manquent pour renouveler les stocks.

Le 21 mars 1987, les actionnaires privés perdent le poste de gérant de la société au profil de l’Etat suit d’une coopération entre les gouvernements danois et mauritanien. Cette coopération vient se greffer sur la S.P.P.A.M, le gouvernement danois souhaiter équiper la Mauritanie d’une chaine du froid partant de la côte sud jusqu’{ Kiffa { l’est du pays. Il fut prévu la construction de chambres froides dans les campements des pêcheurs pour stocker provisoirement le poisson pour l’expédier { Nouakchott par camion frigorifique. A partir de là, le poisson devait être dispersé dans l’intérieur où des chambres froides devaient l’accueillir.

C’est en 1989 que la construction de ces installations est achevée. Au même

moment, c’est le départ des pêcheurs sénégalais403 qui étaient pour beaucoup dans

l’approvisionnement en poisson du pays puisqu’il représente la majorité de pêcheurs de la partie sud de la côte mauritanienne. Le projet danois ne fut pas poursuivi et les chambres

froides sont restées vides.404

Alors que le marché intérieur allait en s’accroissant les parts de marché de la SPPAM diminuaient au profit des circuits traditionnels et l’avitaillement en équipement des pêches devenait introuvable. La bonne pluviométrie des années 1988,1989 et 1990

401 OULD GUELAYE, op.cit. p.51. 402

En 1983, l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (AJCI) a financé la construction de deux chambres froides de 20 tonnes, une fabrique de glace dune capacité de 2 tonnes par jour très vite tombée en panne, l’acquisition de 4 camions isothermes et 4 camions frigorifiques. Source : OULD GUELAYE, Idem, p.49.

403

Le conflit de 1989 entre le Sénégal et la Mauritanie a été de grande ampleur et une réelle catastrophe humaine et économique. En mai de même année, les deux pays ont procédé à l’expulsion des ressortissants de l’autre

404 On raconte que les pêcheurs ont habité dans ces chambres froides non utilisées, pendant quelques années, où ils sont plus à l’abri des vents de sable ou de

(respectivement 182mm, 114mm et 149mm)405 pousse l’Etat à ne plus soutenir la

distribution le pays en poisson mais il semble que deux causes soient { l’origine de la faillite de la SPPAM.

Tout d’abord, la première explication montre que des objectifs privés sont incompatibles avec le projet social de l’Etat. Les actionnaires privés préféraient commercialiser { l’exportation { l’étranger tandis que l’Etat voulait nourrir la population de l’intérieur { très faible pouvoir d’achat.

Ensuite, la mauvaise gestion du matériel et des hommes est la deuxième raison de l’échec de cette société. La SPPAM n’ayant pas eu dès le départ un fond de roulement suffisant pour payer les producteurs { l’achat. Ceux-ci préféraient vendre aux mareyeurs au détriment de la SPPAM, qui ne payait la production que tous les quinze jours. Las achats de la SPPAM ont donc diminué jusqu’{ sa faillite totale décidée par l’Etat en 1993. Le tableau suivant exprime bien cette faillite programmée.

Tableau 7 : Poisson acheté par la SPPAM par année et par tonne.406

Année 1988 1990 1991

Quantité acheté 1514 1034 117

Dès 1983 à 1993, malgré les équipements construits par l'agence danoise pour le développement international (DANIDA), la SPPAM n’a pas pu assurer en totalité l’approvisionnement ni des pêcheurs, ni des consommateurs de poissons malgré la faible densité du territoire mauritanien. Alors, les entreprises privées actionnaires la rachèteront pour un prix dérisoire.

Cet échec va conduire l’Etat mauritanien { tenter une autre expérience sans objectif social mais plutôt commercial en développant la Société Mauritanienne de Commercialisation des Poissons.

405 Source ASECNA, 1990. 406 Source : MPEM, 1992.