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Le coup d’Etat de 2008 et la situation actuelle

Section II : Evolutions politique et constitutionnelle (1960-2010)

C- La parenthèse démocratique et le coup d’Etat de

C.2- Le coup d’Etat de 2008 et la situation actuelle

Tout a commencé le mercredi 6 août 2008, le Président Ould Cheikh Abdallahi

décide de limoger tous les dirigeants militaires importants,70 parmi eux le général Mohamed

Ould Abdel Aziz, chef de l’état major particulier et commandant de la garde présidentielle. Le décret nommant leurs remplaçants respectifs est lu à la radio tôt le matin au journal de 08h. Quelques minutes après la publication de ce décret, le président, Ould Cheikh Abdallahi

a été arrêté { son domicile, dans l’enceinte du palais présidentiel.71

Les systèmes de communication du palais présidentiel sont coupés, la télévision et la radio nationale ont maîtrisé par l’armée. En fin de matinée, les putschistes ont communiqué que le décret de leur limogeage est nul et non avenu. Puis dans l’après-midi, un deuxième communiqué annonce qu’Ould Cheikh Abdallahi n’est plus président de la République et la formation d’un Haut Conseil d’Etat (HCE), présidé par le chef de l’état major particulier

Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris les rênes du pouvoir. Ce HCE prends le slogan du

« Mouvement de la rectification du processus démocratique».

Les putschistes justifient leur acte par l’incapacité avérée du président à gérer la situation des différentes crises et d’être trop faible, notamment face au terrorisme qui touche le pays depuis quelques mois. Le groupe militaire, désormais au pouvoir, a promis d’organiser des élections et de respecter les libertés des citoyens ainsi de préparer le terrain pour la désignation d’un nouveau président par l'organisation "d'états généraux de la démocratie", des journées de consultations censées réunir la classe politique et la société civile pour préparer de nouvelles élections. Ce nouveau coup d’Etat jette l’émoi dans la rue mauritanienne. Des habitants sont sortis quelque temps après l’annonce de la nouvelle pour manifester à Nouakchott et dans quelques villes contre la déposition du président Ould Cheikh Abdallahi. Ils considèrent cela comme un retour en arrière dans le processus de démocratisation de la Mauritanie. Le pouvoir aux civils devient une parenthèse entre des régimes militaires.

70 Le chef d’état-major de l’armée, le chef d’Etat major particulier du président, le chef d’Etat major de la Gendarmerie et le chef d’état-major de la garde nationale

et le directeur général de la sureté nationale, donc (3 généraux et deux colonels)

Dès le premier jour du coup d’Etat, la communauté internationale a condamné ce coup d’Etat et a exigé le rétablissement de la légalité constitutionnelle et a demandé la libération et le rétablissement du président de la République. Le président déchu a été transféré en résidence surveillée dans son village natal après 45 jours d’emprisonnement dans l’enceinte de la présidence. Quelques partis politiques ont crée un front pour la défense de la démocratie et pour lutter contre ce coupe Etat.

Dans l’objectif de redressement de la situation politique, en quelques mois, les putschistes ont posé des actes qui rassurent et qui apaisent, dont le dernier en date est la libération du président déchu le 22 décembre 2009 après une énorme pression internationale.

Entre le 27 décembre 2008 jusqu’au 05 janvier 2009, des Etats généraux de la démocratie ont été organisés { Nouakchott sous l’égide de la junte militaire, pour lancer le processus démocratique. Ces Etats généraux ont été boycotté par le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), opposé au putsch, ainsi que par le président déchu Ould Cheikh Abdallahi, dont le front soutient encore le retour au pouvoir.

Vendredi 09 janvier, au cours d’une séance plénière { l’Assemblée nationale, le premier ministre de la junte au pouvoir, a présenté le rapport final des États généraux de la démocratie, et dans le quel il a annoncé que son gouvernement a mis au point une feuille de route comprenant la création d’un observatoire national des élections, sous forme de structure indépendante et permanente ; l’organisation d’élections présidentielles dans un délai de six mois et informant que cette élection sera ouverte à tous les candidats remplissant les critères définis par la loi. Ces élections ont été organisées le 18 juillet 2009 et le gagnant n’a que le meneur du coup d’Etat de 2008 en l’occurrence OULD ABDEL Aziz.

Conclusion du premier chapitre

Nous avons vu que l’histoire de la Mauritanie est très enrichissante. Ce pays a, de tous

temps, été terre de brassage entre races et cultures et d’échanges entre civilisations.72

72 Pour plus d’information sur l’histoire de la Mauritanie, vous pouvez consulter le livre de Geneviève Désiré-Vuillemin, Histoire de la Mauritanie : Des origines à l'indépendance, Karthala, Paris, 1997, 652p.

Pays du commerce, trait d’union entre monde arabe et Afrique noire, son histoire en a fait un pays arabe musulman à la culture originale. La colonisation lui a laissé une frontière, notion auparavant inexistante et qui représente un défi : la coexistence des Négro-africains et des Maures dans une même nation mauritanienne.

La colonisation de la Mauritanie a été brève, mouvementée, tardive et superficielle.73

La Mauritanie est créée dans ses frontières actuelles par le traité de Paris du 29 juin 1900, mais l’annexion du territoire qui rencontre un fort mouvement de résistance nationale, ne prendre fin qu’en 1935.

Après bien des mutations dans le cadre du système colonial, la Mauritanie se dotait de sa première constitution, la Constitution du 22 mars 1959. Cette Constitution, qui instituait un régime parlementaire fut éphémère, l’accession de la Mauritanie, le 28 novembre 1960, { la souveraineté internationale appelant l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel. La Constitution du 20 mai 1961 instituera un régime présidentiel qui allait glisser vers le système du Parti Unique.

Le régime du Parti unique, succombant { l’usure du temps, aux difficultés de l’économie nationale fortement éprouvée par les multiples effets de la sécheresse au Sahel, et surtout par ceux de la guerre du Sahara Occidental, dans laquelle la Mauritanie était à l’époque engagée, prend fin le 10 juillet 1978.

De 1978, le système politique mauritanien a connu plusieurs réaménagements qui ont

été ponctués par tentatives de retour à un système constitutionnel et politique normal.74

Durant cette période, comme on a montré dans ce chapitre, la Mauritanie a été gouvernée par les militaires et un civil, dans des conditions d’instabilité politique et de conflit. Cette instabilité a eu des effets négatifs sur le système social du pays depuis son indépendance même s’il y a une nette amélioration pendante les deux premières décennies et tout dernièrement.

73 J.L.BLANS, Le système politique mauritanien, In Introduction à la Mauritanie, Ed. du CNRS, 1979, p279.

74 Ahmed Salem OULD BOUBOUTT, L’évolution des institutions de la république Islamique de Mauritanie, Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 1989,