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Les colonisateurs de la côte mauritanienne depuis le XIIIe siècle

Section I : Situation économique actuelle

Section 4 : Le secteur de pêche

A- Les colonisateurs de la côte mauritanienne depuis le XIIIe siècle

Il y a plus de cinq siècles, les premiers pêcheurs européens commençaient à opérer

sur les côtes sénégalo-mauritaniennes. On assiste à partir du XVe siècle, à l’arrivée des

101 Revue Pétrole et développement, n° 5, Idem, p.7.

puissances maritimes européennes notamment, le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre, la Hollande et la France.

Depuis le XIIIe siècle, l’Europe vit une croissance économique rapide. Le commerce

des produits exotiques avec les marchands arabes connaît une formidable expansion. Mais au XVème siècle, grâce aux nouveaux moyens de navigation, il est tentant d’aller se procurer

soi même ces denrées et chercher de nouvelles routes vers les Indes.103 C’est l’époque des

premiers contacts des européens avec cette côte d’Afrique.

Sur leurs caravelles104 ventrues, les Portugais sont les premiers à explorer

méthodiquement la côte occidentale d’Afrique.105 Leurs contacts avec ces côtes deviennent

permanents à partir de 1442 quand ils découvrent la baie du Lévrier (voir carte). En 1443, les portugais découvrent le golf d’Arguin et ses îles et îlots. Parmi ces îles, seule Arguin est habitée par un village, des pêcheurs Imraguen, unique population de pêcheurs traditionnels

du littoral mauritanien, dénommée Agadir.106

L’île était considérés par les Portugais, comme un site d’intérêt stratégique grâce à la sécurité de son mouillage et { la présence d’eau douce, alors ils construisent en 1445 un fort militaire et se livrent, pendant deux siècles, à de fructueux échanges commerciaux avec les Maures. Les Portugais y importent des draps de couleurs différentes, du miel, de l’argent, du poivre, des cornalines, du blé etc.… et échangent ces produits contre des esclaves, de l’or, des peaux d’antilope, de la gomme arabique, des œufs et plumes d’Autriche, des chameaux, des vaches, des chèvres, etc.…

Dès leurs premières explorations, la richesse biologique des côtes mauritaniennes avait fasciné les marins portugais. Donc { partir du fort Arguin, l’exploitation des ressources halieutiques de la côte deviennent intenses. La proximité d’une saline leur permet de produire du poisson séché qui est ensuite exporté vers la péninsule. Aux Portugais se mêlent épisodiquement des flottes de pêche françaises, espagnoles et anglaises. C’est alors que la côte mauritanienne, et surtout dans le golf d’Arguin, commence { être pêchée de

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Pierre Campredon, Entre le Sahara et l’Atlantique : le parc national du banc d’Arguin, Arles, FIBA, 2000, p.83.

104 Caravelle : petit navire de faible tonnage répandu aux XVe et XVIe siècles

105 Alban GAUTIER, 100 dates qui ont fait le monde : 3000 ans de mondialisation, Studyrama, Levallois-Perret, 2005, p.159. 106 MPEM, Le littoral mauritanien : un patrimoine national, une ouverture sur le monde, MPEM, Nouakchott, 2004, p16.

façon systématique et la richesse halieutique de cette zone devient célèbre dans toute l’Europe.

A la suite de cette période portugaise, les Anglais, les Français et les Hollandais se sont livré à une lutte sans merci pour le contrôle des comptoirs commerciaux d'Arguin et de

Portendick.107 Pour cette raison, le contrôle de l’île d’Arguin et son fort changera de main {

plusieurs reprises en quelques décennies. Il sera occupé en 1633 par les Hollandais. Et à partir de 1638, malgré la prise du fort par ces derniers, c’est l{ pêche canarienne qui s’impose progressivement sur la côte africaine. Chassés par les Anglais en 1665, les

Hollandais réoccupent l’île dès 1666.108

Dès 1678, l’île d’Arguin est contrôlée par les Français. Toutefois, en raison de la présence de leurs établissements au Sénégal, les français jugent inutile de se maintenir sur l’île d’Arguin, laissant aux habitants locaux l’occupation du fort. Donc, sans occupants étrangers jusqu’en 1685, il est réoccupé { cette date par les Hollandais, malgré l’opposition des français. Ces derniers attaquent le fort en 1724 après un siège sans résistance. Des habitants locaux donc sont massacrés ainsi que des français, alors l’opération est soldée par un échec total.

A la suite des traités de La Haye de 1727, les Hollandais renoncent définitivement à

Arguin et ne contestent plus la présence française.Ces derniers décident alors de démolir le

fort qui ne sera plus jamais reconstruit. A cette époque, l’île ne présente plus le même intérêt qu’avant car, le comptoir de Portendick, profitant d’une petite baie aujourd’hui remblayé et situé { 30km de l’actuelle Nouakchott, détourna Arguin grâce au commerce de la gomme et qui prend tous les intérêts des échanges commerciaux entre les anglais et les

maures, ce comptoir est resté au XVIIIe siècle le principal fournisseur de l’Europe.

Au terme de la guerre de sept ans,109 la France perd { nouveau l’île d’Arguin parmi

des autres colonies suite au traité de Paris 1763. Mais elle retrouve sa souveraineté sur la région en 1783 (Paix de Versailles) et réinstalle un nouveau comptoir commercial à Arguin.

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Portendick : tire son nom de (porto d’Addi) donné par les portugais et Hollandais de l’Emir maure Haddi ould Ahmed ben Daman régna sur l’Emirat de Trarza (la région sud de la Mauritanie actuelle) de 1640 à 1684 environ, juste après la guerre de Charr Boubbah. C’est sous son commandement que furent entamées les premières relations commerciales entre les Européens et la société maure.

108 Sabin BERTHELOT, De la pêche sur la côte occidentale d’Afrique, Bethune et Plon, Paris, 1837, p.213.

109 La guerre de Sept Ans (1756-1763) est un conflit majeur du XVIIIe siècle souvent comparé à la Première Guerre mondiale par le fait qu’il s’est déroulé sur de

A la suite des guerres napoléoniennes, les Anglais en reprennent possession de 1808 à

1814.110 Après ces divers épisodes au cours desquels anglais et français se partagent la côte

ouest africaine, la Grande-Bretagne s’engage en 1817 { restituer { la France l’ensemble des établissements qu’elle possédait auparavant, parmi eux l’Arguin et Portendick. C’est alors le début d’une longue période de stabilité, la France y restera souveraine jusqu’{ l’indépendance de la Mauritanie.

L’état de guerre quasi-permanente qui a affecté la région pendant deux siècles n’avait évidemment pas favorisé le développement des pêcheries. Toute au longue de cette période, des Canariens avaient pratiqué la pêche, avec leurs lanches devenues bateaux de pêche, dans le banc d’Arguin et aux environs du Cap blanc. En 1890, sept mille tonnes sont pêchées chaque année et consommées aux Canaries ou exportées à travers une société de

pêche canario-africaine basée à Las Palmas.111