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Section I : La société mauritanienne

C- La situation sanitaire et éducative

Les systèmes de sanitaire et éducatif de la Mauritanie est très en retard para port aux pays voisins. Les deux secteurs souffrent de la mauvaise gestion et infrastructure mais depuis de longues années, la Mauritanie a développé des politiques spécifiques dans ce domaine. Pourtant, le pays reste marqué par de nombreux problèmes d'accès aux soins et éducation pour certaines catégories de la population.

C.1 : Situation actuelle du secteur de la santé

La situation sanitaire est marquée par la malnutrition, les maladies infectieuses endémiques et transmissibles, les complications maternelles et infantiles de l’accouchement. L’espérance de vie reste au niveau bas (entre 43 et 46 ans), et le taux de mortalité est très élevé 7,8% alors que chez les enfants de moins de cinq ans, il est

supérieur à 11,6%.43

Le système de santé mauritanien fonctionne à triple niveaux : le niveau périphérique (Moughataa) basé sur les postes et les centres de santé ; le niveau intermédiaire qui comprend 10 hôpitaux dont la plupart érigés en Etablissements Publics à caractère Administratif (EPA). Quant au niveau tertiaire, il s’appuie essentiellement sur les établissements publics de référence, et qui se trouvent tous à Nouakchott, à savoir : le Centre Hospitalier National de Nouakchott, le Centre Neuropsychiatrique, l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP), le Centre National d’Orthopédie et de Rééducation Fonctionnelle, l’hôpital Cheikh Zayed… Sur le plan institutionnel, le système de santé est coordonné au niveau des Wilayas par des Directions Régionales de la Promotion Sanitaire et Sociale (DRPSS).

Pour assurer le développement du système de santé, l’Etat mauritanien { travers le MSAS (Ministère de la Santé et des Affaires Sociales), a mobilisé au cours des ces dernières années des moyens financiers croissants en faveur de ce secteur clé. A ce titre, le secteur de

la santé a absorbé 1,7% du PIB en 1999 contre 3,4% en 2004.44 Les moyens alloués au

secteur ont permis, entre autre, d’assurer la formation et le recrutement du personnel, le renforcement des capacités institutionnelles ainsi que la création des infrastructures sanitaires. Au nombre des réalisations récentes, se trouvent 79 postes de santé réalisés en 2004 dans les régions de l’est, centre et sud du pays.

Le secteur privé comprend, en 2005, plusieurs structures sanitaires dont, 28 cabinets médicaux, 34 cabinets dentaires, 32 cabinets de soins infirmiers, 8 laboratoires et

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MSAS, Plan stratégique de développement des ressources humaines 2006-2015, MSAS, Nouakchott, Avril, 2006, p.6.

44 Observateur du Développement Humain Durable et de la Pauvreté (ODHDP), Mauritanie : Rapport National sur le Développement Humain Durable et la Pauvreté 2005, PNUD, Nouakchott, 2005, p.43.

24 cliniques médicales.45 Ces dernières sont essentiellement concentrées à Nouakchott et

Nouadhibou. Elles offrent des soins relevant d’une ou de plusieurs spécialités médicales et sont tenues par des médecins spécialisés, des généralistes ou tout simplement par des infirmiers en majorité retraités qui assurent des consultations et des soins infirmiers. L’accès aux soins dans les structures privées en particulier les consultations spécialisées est limité { un nombre de personnes réduit du fait de l’inaccessibilité financière { ces structures pour la majorité de la population qui ne dispose pas de moyens. Les structures pharmaceutiques officielles dont le nombre s’élève { 387 sont localisées, pour la plupart, dans les grandes villes.

Concernant le secteur parapublic, il se compose essentiellement de la médecine du travail, des services de santé de l’armée et du service médical de la SNIM. La contribution de ce secteur à la couverture médicale est mal connue, malgré son importance. L’action de la composante parapublique se caractérise par la faiblesse du système de coordination avec le secteur public.

Pour ce qui est de la médecine traditionnelle, elle occupe la deuxième position dans le recours aux soins de santé au niveau du pays. Forte de son système de proximité, la médecine traditionnelle opère sur l’ensemble du territoire national et utiliserait des méthodes diverses s’appuyant sur des plantes autochtones ou exogènes.

D’une manière générale, la situation de la santé en Mauritanie s’explique par quatre groupes de contraintes, à savoir : la défaillance de la qualité des services et du système ; les problèmes de motivation et d’insuffisance qualitative et quantitative du personnel médical ; l’environnement austère : effets de la sécheresse sur la santé, urbanisation galopante, hygiène et assainissement défectueux, accessibilité faible à l'eau potable et les pesanteurs socio-économiques : pauvreté, tabous sociaux, analphabétisme, habitudes alimentaires.

Outre, l’absence d’un plan de gestion des ressources humaines, le secteur de la santé souffre de l’insuffisance quantitative et qualitative du personnel (infirmiers, sages-femmes, travailleurs sociaux, médecins..) et de la faiblesse de la rémunération ainsi que du niveau de formation de base de celui-ci, au delà des moyens financiers mobilisés.

A l’intérieur du pays, les populations sont confrontées aux problèmes de rupture des stocks de médicaments en plus de ceux liés à la vente des produits périmés à défaut de contrôle. Le système de santé était également marqué par l’absence de mécanismes efficients de prise en charge des malades, ce qui concourt { la réduction de l’accès aux soins.

La création récente de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie en 2005, aura sans doute une incidence positive sur la santé d’une bonne partie des Mauritaniens en favorisant l’accès aux soins et la prise en charge des frais de santé en général.

Depuis 2005 et jusqu’au 2015, le Ministère de Santé a commencé { mettre en œuvre des orientations stratégiques, qui s’articulent autour des axes visant l’amélioration de l’accès { des prestations sanitaires de qualité { travers : la construction, la réhabilitation et l’équipement de structures sanitaires publiques et privées avec le développement de la maintenance à tous les niveaux ; le développement des ressources humaines afin de garantir une disponibilité permanente de personnels qualifiés à tous les niveaux de la pyramide sanitaire conformément aux normes nationales; la disponibilité et l’accessibilité de médicaments et consommables de qualité au niveau des structures publiques et privées ; la fourniture de soins de santé de qualité en fonction du niveau et du type de structure ; l’organisation et l’intégration de la médecine traditionnelle par son institutionnalisation et l’implication des tradi-thérapeutes comme acteurs de santé pour une lutte élargie contre les maladies ; la lutte contre les maladies : Paludisme, VIH/SIDA, Tuberculose, Hépatites, Malnutrition, etc. ; le financement d’un système de santé basé sur les normes d’équité, d’efficacité, et d’efficience et la mise en place d’une action sociale ciblée.

C.2- Situation actuelle du secteur éducatif

Depuis 1960, le pays a connu cinq réformes du système éducatif qui sont des actes de politique linguistique. La place accordée au français, { l’arabe et aux langues négro- africaines a été l’objet de toutes ces réformes. Entre tentative d’arabisation et mesures d’apaisement, la question linguistique a donc été omniprésente. De 1979 à 1999, la Mauritanie s’est finalement divisée en créant deux filières scolaires : les enfants pouvaient s’inscrire soit dans la filière arabe, soit dans la filière bilingue (qui correspondait { un enseignement en français).

La dernière réforme, en 1999, par sa réintroduction du français langue d’enseignement, marque le retour au bilinguisme et l’échec relatif de 40 ans de réformes du système éducatif. Le changement majeur est le retour à un enseignement unifié, mettant fin aux anciennes filières arabes et bilingues qui divisaient le pays. Aujourd’hui, les disciplines littéraires (histoire-géographie, éducation civique, philosophie…) sont enseignées en arabe et les disciplines scientifiques (mathématiques, sciences naturelles, physique…) en français. Même s’il souffre des mêmes problèmes de budget, de gestion et de planification comme la santé, le système éducatif a réalisé, après ces plusieurs réformes, des avancées considérables. Dans la branche fondamentale et secondaire, le secteur a enregistré certains progrès au cours des dernières années. Au niveau de l’enseignement primaire, une nette croissance des effectifs a été constatée ; de même qu’une amélioration du taux de scolarisation brut et une diminution remarquable des écarts entre garçons et filles. Ainsi, l’effectif total des élèves est passé de 155.116 élèves, en 1989 /1990, { 427.804 élèves pour

3.647 écoles primaires et 10.649 instituteurs en 2007/2008.46 S’agissant de l’enseignement

secondaire, les effectifs sont passés de 76.658 élèves en 2000/200147à 95.195 élèves pour

184 établissements secondaires et 2.992 professeurs en 2007/2008.48

D’un autre coté, on assiste depuis quelques années { une poussée des effectifs dans le privé, dont les chiffres absolus sont encore relativement modestes. Le manque de performance de l’enseignement public s’observe { tous les niveaux, alors que le taux de fréquentation de l’enseignement privé ne cesse de s’accroître progressivement.

Les établissements d’enseignement supérieur se limitaient { l’Ecole Nationale d’Administration et l’Ecole Normale Supérieure avant la création de l’Université de Nouakchott en 1981. L’essentiel de la formation universitaire des Mauritaniens se faisait { l’étranger notamment en France, dans l’ex-Union des Républiques Socialistes Soviétiques, en Chine et dans d’autres pays Arabes et Africains tels que l’Egypte, le Maroc, l’Algérie, le

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Journal Akhbar Nouakchott, version arabe, N° 1096 du 31-12-2008, p.6

47 ODHDHP, Idem, p.47.

Sénégal… Depuis qu’elle a vu le jour, l’Université de Nouakchott assure la formation du

quasi totalité des bacheliers dans les quatre facultés49qu’elle dispose aujourd’hui.

Quant à la formation technique et professionnelle, elle s’est développée avec la création de nouvelles structures d’accueil { Nouakchott et { l’intérieur du pays. Elle est assurée par près d’une vingtaine d’établissements publics à caractère administratif, placés sous la tutelle des Ministères. chargés de la Fonction Publique et de l’Emploi (CFPP), de l’Education Nationale (Ecole Normale des Instituteurs), du Développement Rural et de l’Environnement (Centre National Professionnel de Boghé et Ecole Nationale de Formation et de la Vulgarisation Agricole de Kaédi), de la Santé et les Affaires Sociales (Ecole Nationale de Santé Publique de Nouakchott), de la Lutte contre l’Analphabétisme, de l’Orientation islamique et de l’Enseignement Originel (CFP des élèves de Mahdras et Institut Iqraa) et du Secrétariat d’Etat { la Condition Féminine, de pêches et l’économie maritime (Ecole Nationale de l’Enseignement Maritime). S’ajoutent { ces structures publiques, 19 établissements de formation relevant du secteur privé. Ces derniers dispensent des formations dans le domaine tertiaire (secrétariat bureautique, comptabilité et informatique…) et sont concentrés { plus de 90% { Nouakchott. Pour les établissements de formation technique, la question de l’adéquation entre le contenu et la qualité de la formation et les besoins du marché national est posée. Il faut signaler que le gouvernement mauritanien a crée en décembre 2008, un secrétariat d’Etat chargé de la formation professionnelle.

Le constat général, est que le système éducatif mauritanien fonctionne dans un environnement peu propice { la réussite de sa mission. L’insuffisance des infrastructures scolaires et le déficit en enseignants motivés et de qualité menacent, en effet, l’avenir de ces établissements publics.