• Aucun résultat trouvé

Section I : Situation économique actuelle

A- Le secteur rural traditionnel

D’abord il faut noter que ce pays est composé d’une population essentiellement

rurale représentant les trois-quarts75 de l’ensemble. De par sa position géographique, la

Mauritanie se trouve coincée entre les zones sahéliennes et sahariennes et définie donc

comme ayant une vocation rurale. Cependant, de par sa nature physique, elle possède l’un des potentiels agricoles les plus pauvres de l’Afrique de l’Ouest.

L’agriculture et l’élevage était en effet les deux piliers du secteur rural qui représentaient initialement la base de l’économie mauritanienne. Le secteur rural, qui fait vivre environ 56% de la population, a contribué au PIB à hauteur de 19,2% entre 1998 et

2000, mais seulement de 15,7% entre 2001 et 200476 { la suite d’une série de chocs

exogènes, y compris des inondations, la sécheresse et des invasions de criquets pèlerins.

A.1. L’Agriculture

L’activité agricole repose sur une base de ressources limitée. La superficie cultivable ne représente pas plus de 0,5% du territoire, dont moins de 1% reçoit assez de pluie (de 300 à 600 millimètres par an) pour permettre de pratiquer la culture pluviale appelée diéri. La culture irriguée se limite à environ 40 000 hectares le long du fleuve Sénégal, quand à l’irrigation { petite échelle se pratique également sur environ 5 000 hectares dans près de 200 oasis situées dans les vastes déserts des régions de l’Adrar, de l’Assaba et du Tagant ainsi que dans les deux régions de Hodh (voir carte).

L’agriculture oasienne repose sur la production de dattes mais également de légumes, quelques cultures de décrue et l’élevage. La disponibilité limitée des ressources en eau, l’avancée des dunes, l’éloignement des marchés et la faible capacité locale de production commerciale ont entravé le développement de l’économie oasienne. Les cultures de décrue se pratiquent essentiellement dans les dépressions saisonnières, appelée walo, le long du fleuve Sénégal, dans les zones inondées lors des pluies ainsi qu’en aval des petits barrages construits par les populations locales. La culture de décrue repose sur des méthodes de production traditionnelles, pratiquement sans aucun intrant moderne. On

estime entre 30.000 et 70.000 hectares77 la zone où se pratiquent les cultures

traditionnelles de décrue, qui sont essentiellement le sorgho, le mil, le niébé et le maïs. Grâce aux ouvrages réalisés dans les zones de décrue à Maghama (sud du pays), récemment achevés avec un financement du FIDA, le pays dispose maintenant d’environ 9.500

76 Fonds International de Développement Agricole (FIDA), RIM : options stratégiques pour le programme-pays, Rome, Septembre 2007, p.2. 77 FIDA, Idem, p.2.

hectares78 de terres agricoles où la submersion est maîtrisée. La culture pluviale ne se

pratique que dans la région de Guidimaka et dans quelques zones frontalières avec le Mali (Assaba et les deux régions de Hodh). La superficie récoltée varie entre 50 000 et 200 000 hectares, en fonction des pluies. Les seules cultures pluviales sont le sorgho et le mil étant donné que la saison des pluies ne dure que de trois à quatre mois.

Au moment où la Mauritanie avec l’aide de la FAO est entraine d’afronter la crise alimentaire qui a touché le pays l’année dernière, Mr Radisav Pavlovic, le Représentant de la FAO en Mauritanie, a déclaré : « Sur les 500 000 hectares utilisables pour l'agriculture mauritanienne, seulement 140 000 hectares sont des terres irriguées dans la vallée du fleuve Sénégal. Et seuls 40 000 hectares sont déjà équipés d'une manière ou d'une autre pour l'irrigation”, a-t-il indiqué. “Mais du fait des infrastructures défaillantes et des canaux en piteux état car sans travaux de manutention, seuls quelque 15 000 hectares (soit environ 11 %) sont en fait irrigués. »79

Cette déclaration nous permet de comprendre pourquoi la Mauritanie ne produit pas assez pour subvenir aux besoins alimentaires du pays (tableau 1). Le gouvernement, à travers la société nationale de développement rural (SONADER) crée dans les années 80, souhaite doubler la production agricole pour couvrir 60 % des besoins lors des prochaines récoltes et d’ambitieux programmes d'aménagement visant à réaliser la sécurité alimentaire ont été adoptés en 2008.

Outre des conditions climatiques souvent pénibles, l'agriculture mauritanienne subit régulièrement de nombreux prédateurs : criquets-pèlerins, sauterelles, rats, oiseaux, etc. Par exemple en 2004, des milliers d’hectares de récoltes ont été dévastés. L’invasion des criquets a eu des effets importants sur le plan agricole en particulier et économique en général. Ces criquets pèlerins qui ont envahi l’Afrique sahélienne, durant l’année 2004, laissent après leur passage un goût amer de malédiction biblique. La Mauritanie est au premier rang des pays les plus touchés par la ruée acridienne. Ruée qui a occasionné une

78 Idem. p.3.

baisse considérable de la production agricole du pays. La rentabilité des terres cultivées a

fait une chute de 44%.80

Face à ce phénomène, les autorités mauritanienne avaient manqué de ressources matérielles et humaines pour pouvoir combattre efficacement le désastre engendré par les criquets. Une aide internationale a été octroyée au pays de la part de la FAO et quelques pays européens pour combattre ce phénomène dévastateur.

Enfin, l'agriculture demeure une activité qui peut jouer un rôle important dans la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire ainsi que la diversification des productions végétales. Et aujourd’hui elle est toujours la source de revenus de plus de 70 % des pauvres en milieu rural.

Tableau 1 : Production agricole 2006

Production Tonnes

Mil et sorgho 71.600

Riz 57.328

Maïs, blé, orge 13.034

Dattes 20.000

(Source : Mission Economique de l’Ambassade de France en RIM-2007)

A.2. L’Elevage

Le secteur rural reste à dominante pastorale. En effet, avec une contribution de

14.3% au PIB, élevage représente 80% des apports dans ce secteur.81

L’activité d’élevage est ancienne comme on a déj{ souligné dans l’introduction. Les Maures sont des éleveurs nomades, dont le chameau a compté et compte encore dans la culture et l’économie. Les Négro-africains, tous agriculteurs et sédentaires qu’ils soient, n’en sont pas moins eux aussi des éleveurs réputés, notamment les Peuls très attachés { leurs troupeaux de bœufs. Il y a encore quelques décennies, les éleveurs, maures nomades et peuls, pratiquaient un type d’élevage extensif sur des vastes territoires. En 1967, la vente du bétail sur pied au Sénégal, au Mali, et jusqu’en Côte d’Ivoire et au Libéria, constituait

80 Badara DIOUF, Mauritanie : bilan de la crise acridienne, avril 2005.

81 Moctar Fall, Elevage en Mauritanie : Etat des lieux et perspectives du sous-secteur, Contraintes, Atouts et Stratégies,

86% des ressources des éleveurs et 60% du revenu agropastoral du pays.82 Mais les

périodes des sécheresses successives ont modifié ces données et bouleversé les conditions de vie de nombreux mauritaniens. Le cheptel a profondément souffert de la réduction des pâturages. C’est la raison d’une sédentarisation massive résultant d’un exode rural important ayant déstructuré l’essentiel des anciens systèmes de production.

En 2008, Le cheptel est estimé à 1,5 million de Camelins, 1,5 million de Bovins, et près

de 16 millions de caprins et ovins.83

En 2006, les volailles sont estimé au nombre de 3.400.000 individus (dont 2 millions en

aviculture familiale), 250.000 asins et 63.000 équins.84

L’alimentation du cheptel est assurée essentiellement par les pâturages naturels et qui sont disponibles uniquement entre la période de juillet-août à novembre. Les éleveurs sont contraints pendant la longue période de soudure leurs animaux et les conduire vers les pays voisins notamment le Mali pour trouver des pâturages, ou d’acheter l’alimentation

industrielle. L’abreuvement du cheptel s’effectue { partir des eaux de surface (rares, en dehors du

fleuve et de ses affluents) et des puits pastoraux. Les réserves souterraines sont limitées et inégalement réparties.

Photo 2 : Troupeau des chameaux à l’est de la Mauritanie

(OULD MOHAMED, 2006)

82 Muriel Devey, Ibid. p.7.

83 Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, Communication sue la Campagne agricole 2007-2008, Nouakchott, 2008, p.4. 84 Moctar Fall, Ibid. p.2.

Photo 3 : Troupeau des bovins dans l’sud de la Mauritanie

(Source: Centre National de Lutte Antiacridienne/2004)

Figure 3 : Carte des Zones pastorales de la Mauritanie (source FAO, 2004)

Jusqu’{ présent, la Mauritanie est autosuffisante en viandes rouges ; une partie de la viande produite est même exportée sous forme d’animaux sur pied au Maghreb et en particulier le Sahara Occidental et le Maroc (les dromadaires) et en Afrique de l’Ouest (les bovins et les petits ruminants). La production laitière, bien que théoriquement excédentaire, est saisonnière et atomisée. Le développement de cette filière au cours de ces dernières années a contribué à la diminution des quantités de lait et de produits laitiers importés.

Selon Mr El hacen Ould Taleb, Président de la Fédération des Eleveurs de Mauritanie (FEM), la Mauritanie exporte 20 milles tonnes de viandes de bœufs et d'ovins vers les pays africains côtiers et 15 mille tonnes de viandes de caméliens vers les pays du Maghreb arabe, et il ajoute que la Mauritanie importe des produits laitiers pour l'équivalent de 15 milliards

d'ouguiyas en devises.85

D’une manière générale, bien qu’elle ait enregistré des évolutions positives grâce aux politiques gouvernementaux et aux initiatives privées (développement de l’embouche autour des grandes villes, semi-sédentarisation de l’élevage et transformation locale du lait), la filière d’élevage a encore besoin de valorisation et de système d’incitation pour la dynamiser et lui rendre une place importante dans l’économie rurale du pays.