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Chapitre III : La mer mauritanienne et ses ressources

Section 6 Les ressources halieutiques

B- Les ressources pélagiques

B.1- Les Clupéidés

Dans cette région, cette famille est représentée par trois espèces principales, la sardine et les deux sardinelles. Ces espèces ont un comportement grégaire très marqué,

194

Zooplancton : ensemble des organismes microscopiques en suspension dans l'eau de mer ou l'eau douce

195

Comité Scientifique Conjoint RIM-UE (CSC-RIM-UE), Rapport de la seconde réunion du 8 au 10 octobre 2008, Rennes, 2008, 36p. p21.

196 SOK.M, Aspects socio-économiques des pêcheries pélagiques en Mauritanie, In Les ressources halieutiques de la ZEE mauritanienne : description, évaluation et aménagement, Rapport du deuxième groupe de travail CNROP/FAO/ORSTOM, Nouadhibou 15-22 novembre 1988, FA0, Rome, 1989, 180p. p 167.

avec des bancs d’individus de tailles identiques qui se forment le jour et se dispersent la nuit.198

B.1.1- La Sardine (Sardina pilchardus)

C’est une espèce à affinité biogéographique tempérée chaude. Elle se répartit depuis la Mer du nord jusqu’aux côtes ouest africaines. L’abondance d’un stock important se trouve au niveau du Cap Bojador au Sahara Occidental en octobre –novembre et dans le Cap de

Timiris en mars.199Deux périodes de reproductions ont été identifiées par les spécialistes de

pêche, une qu’est la principale en décembre et une autre secondaire en mars.

Après une période d’abondance pendant laquelle elle aurait supporté une exploitation importante dans les années soixante-dix (supérieure à 100.000 tonnes en

1976),200 la sardine aurait disparu presque totalement durant les années 1982 et 1983 pour

réapparaitre en 1984.201

B.1.2- Les Sardinelles

Les sardinelles capturées dans les eaux mauritaniennes sont composées de deux espèces en l’occurrence la sardinelle ronde (Sardinella aurita) et la sardinelle plate (Sardinella maderensis).

Les sardinelles sont abondantes sur l’ensemble du littoral africain. La Sardinelle plate étant plus côtière entre 0 et 50m, elle est la plus fréquente en baie du Lévrier et le long

des côtes mauritanienne.202 La sardinelle ronde vit sur le plateau continental entre 150-

200m de profondeur. Toutes les deux migrent régulièrement entre le cap Blanc au nord et

la Guinée au sud en suivant les déplacements des masses d’eaux.203La période d’abondance

de S.aurita se situe entre septembre et décembre entre le cap Blanc et le cap Timiris.

S.maderensis a sa période d’abondance de janvier { mai dans la baie du Lévrier.204Toutes les

deux se reproduisent au large des côtes mauritaniennes et leurs juvéniles grandissent sur

198 OULD TALEB, idem, p43

199 Denis BINET, Rôle possible d’une intensification des alizés sur les changements de répartition des sardines et sardinelles le long de la côte ouest-africaine, Revue

Aquatic Living Reoources, vol. 1, n°2, 1988, pp.115-132, p121.

200

J. MAIGRET, idem, p51.

201

OULD SADEGH, idem, p277

202 J.MAIGRET, idem, p 53 203 OULD TALEB, thèse idem, p45. 204 J.MAIGRET, idem, p 53

les hauts-fonds du banc d’Arguin. Dans les années soixante-dix, environ 360.000 tonnes de sardinelles sont capturées dans les eaux mauritaniennes, dont 70% sont transformés en

farine de poissons.205 En 1985 les captures de sardinelles n’ont pu attendre que 144.000

tonnes.206

B.2- Carangidéa

Les Carangidéa réunissent de nombreuses espèces pélagiques à très vaste répartition géographique dans les mers tropicales ou subtropicales. Cette famille est représentée par les Chinchards. Ce groupe se compose de trois espèces et qui sont abondantes au large des côtes de Mauritanie : Chinchard noir européen (Trachurus trachurus), le Chinchard africain (Trachurus trecae) et le Chinchard jaune (Carnax rhonchus).

Ces trois espèces vivent sur le plateau continental où elles forment des bancs importants. Trachurus trachurus, est espèce plus tempérée qui fréquente l’Atlantique Nord. Trachurus trecae est plus abondant au large de la Mauritanie. Les jeunes de ces trois espèces vivent près du fond et les adultes migrent le long de la côte ouest-africaine entre la

Mauritanie et la Guinée en suivant les déplacements des masses d’eau.207

B.2.1- Chinchard noir européen

C’est une espèce tempérée. En Afrique, sa répartition va du détroit de Gibraltar au Sénégal. Elle se réparti de la côte à plus de 300m et occupe préférentiellement les secteurs

les plus profonds du plateau continental (100m et plus).208 L’abondance le plus important est

entre Nouakchott et 19°47’N.209

205

FAO, Rapport du groupe de travail de la FAO sur l’évaluation des petits pélagiques au large de l’Afrique nord-occidentale, Nouadhibou 24-31 mars 2001, FAO, Rome, 2001, 133p, p78

206

OULD SADEGH, idem, p278.

207 J.MAIGRET, idem, p 113 208 OULD TALEB, Idem, p47 209 OULD TALEB, Idem, p48

B.2.2- Le chinchard noir africain

Espèce tropicale, elle se trouve dans tout l’Atlantique. Il est présent toute l’année dans toute la zone atlantique ouest africaine, mais les périodes les plus favorables aux grandes concentrations ont lieu de mai à juillet et en octobre entre Saint Louis au Sénégal et

Nouakchott.210 Cette espèce a une reproduction étalée sur toute l’année avec deux pics : le

premier en mars-juin, le second en août-octobre et la principale zone de production de cette

espèce se situe plus au sud entre la presqu’île du cap Vert et le cap Timiris.211

B.2.3- Le chinchard jaune

Cette espèce est essentiellement tropical et ouest africaine. Sa répartition est plus côtière, et plus au sud que deux autres espèces précédentes. Son abondance augmente du

cap Timiris vers le sud.212

B.3- Scombridés

La famille de Scombridés est représentée dans les eaux mauritaniennes par une seule espèce, le maquereau (Scomber japonicus). C’est une espèce cosmopolite, côtière et se

trouve en eau relativement froide et vivant en bancs au-dessus du plateau continental.213

Elle vit le jour près du fon vers 150-200m, et remonte la nuit en pleine eau.214La

migration saisonnière du maquereau à travers la ZEE mauritanienne débute en avril et les principales concentrations se forment au sud pour ensuite se déplacer vers le nord en

suivant les masses d’eau dans les deux sens.215 Cette espèce est abondante { l’ouest du banc

d’Arguin principalement en mai et en octobre-novembre.

210

B. GILLY et A.MAUCORPS, p10.

211

COPACE, L'évaluation des ressources et l’aménagement des pêches dans la région du COPACE : analyse et perspective, FAO, Rome, 1984, 129p, p98.

212

Pierre CHAVANCE, L’environnement, les ressources et les pêcheries de la ZEE mauritanienne, Bulletin Scientifique du CNROP, Nouadhibou, 1991, pp 38-58, p43.

213 FAO 2001, p 01 214 MAIGRET J., idem, p153 215 OULD TALEB, p49

B.4- Engraulidés

Espèce de petite taille vivant en bancs importants. Il n’existe qu’une seule espèce

depuis la mer du nord jusqu’au golfe de Guinée appelé l’Anchois ou Engraulis encrasicolus.216

Cette espèce vit dans des eaux peu profondes et parfois jusqu'à 400 mètres. Sur les côtes mauritaniennes, l’anchois apparaît en période froide, notamment dans les eaux de

températures comprise entre 18 et 20°C.217La principale zone d’abondance de cette espèce

se trouve entre le cap Timiris et cap Blanc.218

En Mauritanie, la reproduction de l'Anchois a lieu toute l'année, mais du fait de l'existence de saisons hydrologiques assez marquées, certaines périodes sont plus favorables que d'autres. Ainsi, chez cette espèce, la transition saison froide-saison chaude

est la plus favorable et induirait le déclenchement de la ponte.219

B.5- Mugilidae

Les Mulets sont des poissons côtiers vivant dans les lagunes littorales et peuvent même pénétrer en eau douce. Ils supportent de grosses variation de salinité et de

température mais la production à toujours lieu en mer.220 Les mulets constituent l’une de

familles les mieux représentés dans les eaux côtières de la Mauritanie et plus particulièrement sur le banc d’Arguin et dans la baie du Lévrier où plusieurs espèces sont rencontrées. On trouve le Mulet noir, Mulet jaune et d’autres espèces.

B.5.1- Mulet noir (Mugil monodi)

C’est l’espèce la plus abondante dans la baie du Lévrier où elle a fait l’objet d’une exploitation intensive au filet tournante de la part de canariens. On la trouve en banc de

216 Maigret J., Campagne expérimentale de pêche des sardinelles et autres espèces pélagiques (juillet 1970 octobre 1971), Laboratoire des pêches, Nouadhibou,

1972,148p. p79.

217

Maigret J., 1972, idem, p79.

218 OULD TALEB, p51 219 Maigret J., 1972, idem, p80.

plusieurs dizaines de tonnes en surface.221 Elle se reproduit et se développe sur petits fonds

de la baie de l’Archimède et le côté Est de la baie du Lévrier.222

B.5.1- Mulet jaune (Mugil cephalus)

Le mulet jaune est l’espèce caractéristique du banc d’Arguin où il est l’objet d’une pêche traditionnelle au filet encerclant maillant de la part des pêcheurs Imraguen. Elle joue un grand rôle dans leur alimentation. Sa pêche est spécifique des Imraguen ainsi que son

mode de conservation.223 La période de reproduction de cette espèce en Mauritanie, s’étend

de septembre { mars. La période de reproduction de cette espèce en Mauritanie, s’étend de septembre à mars, période pendant laquelle les mulets effectuent une grande migration

dans le sens Nord-Sud.224

Conclusion du chapitre

Malgré l’aridité de la côte mauritanienne qui a retenu longtemps les habitants dans l’intérieur du pays, les ressources marines ont été le paradis des pêcheurs étrangers pendant des siècles. La conjonction de vents favorables et des courants marins entraînant la présence permanente en certains endroits, de la côte, de l’upwelling qui apporte des richesses marines en abondance, richesses méconnues de la population nomade de la Mauritanie.

Ces ressources, très fabuleuses au plan des stocks halieutiques et d’espèces d’intérêts économiques (poissons pélagiques, poissons de fond) par les dimensions du plateau continental, dont la mise en valeur n’a été prise en charge par les mauritaniens eux- mêmes que très récemment.

Mais depuis deux ans, cette richesse, qu’est, aujourd’hui, le principal pilier de l’économie de la Mauritanie secondée par le secteur minier, est menacée par la nouvelle richesse du pays ; le pétrole. Depuis le début de l’exploitation pétrolière off-shore, l’or noir et le poisson doivent se partager le même espace. Alors que la donne pétrolière a suscité le

221

Maigret, poisson de mer de Mauritanie, p75

222 Lettre de l’IMROP n°14, avril-juin 2007, Le Mulet jaune, IMROP, Nouadhibou, 2007, p8. 223 Voir cette technique de pêche dans la troisième partie de cette étude.

plus grand enthousiasme, experts et environnementalistes et même pêcheurs commencent { tirer la sonnette d’alarme.

Alors, pour éviter de détruire un stock renouvelable et créateur d’emplois au profit d’une ressource non-renouvelable, un contrôle strict de la chaîne des opérations de

production doit être organisé.225

Conclusion de la première partie

Tout au long de cette première partie, nous avons essayé de présenter le contexte général de cette étude.

Dans le premier chapitre nous nous sommes attachés { montrer qu’une conjonction de phénomènes naturels et politiques à eu une influence considérable sur le devenir de la Mauritanie : de tels événements (indépendance, sécheresse, guerre) ne peuvent passer sans laisser de profondes empreintes. Ils ont contraint les habitants du désert et du Sahel à s’organiser autour d’une nouvelle zone fluvio-littoral. Des stratégies d’adaptation { ce milieu se sont mises en place, bouleversant le mode de vie traditionnel.

Nous avons aussi développé l’historique du système politique qui régit et organise l’activité social et économique du pays, depuis l’année 1960 { nos jours ainsi que a la situation sociale dans son ensemble et surtout, la situation sanitaire et éducative.

Le deuxième chapitre est, quant { lui, consacré { l’activité économique de la Mauritanie en montrant les piliers d’hier et ceux d’aujourd’hui.

Au moment de l’indépendance, comme on l’a évoqué, l’économie est essentiellement appuyée sur le secteur rural mais le secteur minier commence à procurer des revenus substantiels. Les dix premières années sont caractérisées par une croissance économique marquée, mais fondée sur une économie désarticulée. Alors que plus des trois-quart de la population relève du secteur rural, la majorité des revenus du pays proviennent du secteur minier. Mais la période 1973-78 marquée par un arrêt de la croissance dû à la diminution

des recettes d’exportation, la guerre du Sahara Occidental, la sécheresse, connaît une

croissance de l’endettement, une crise financière et la chute du régime en place.226

Aujourd’hui, l’économie mauritanienne se base sur deux piliers essentiels, la mine et la pêche, et on peut ajouter les autres composantes en seconde position : l’élevage, l’agriculture, pétrole, industrie, service, tourisme etc.…

Nous avons montré dans troisième chapitre les caractéristiques de la côte mauritanienne et ses richesses halieutiques. Cette richesse est composée de plusieurs centaines d’espèces dont une cinquantaine fait l’objet d’exploitation plus ou moins ciblée. Pour gérer cette richesse, la Mauritanie se dotait d’un arsenal réglementaire et administratif pour mieux préserver et organiser ce secteur essentiel de son développement général.

Deuxième Partie