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SITUATION DE L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE À LA VEILLE DES RÉFORMES DE 1988

ÉVOLUTION DU SECTEUR PRIVÉ DE L’INDÉPENDANCE À 1993

SECTION 2- VERS L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ

1. SITUATION DE L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE À LA VEILLE DES RÉFORMES DE 1988

La stratégie de développement de l’état, malgré quelques résultats positifs en termes de revenu, d’emploi et de consommation n’a pas abouti au résultat escompté.

L’agriculture connaît une crise profonde et ne peut répondre à une demande de plus en plus importante suite à une augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs et de l’accroissement démographique.

En 1980, la production agricole ne couvre que 30% des besoins du pays. Le recours massif aux importations de biens alimentaires accentue le niveau global d’endettement.

La dépendance alimentaire vis avis du reste du monde passe de 7% au début des années 1960 à 60% au début des années 198043.

L’expérience d’industrialisation intensive menée en Algérie depuis les années 1960 n’a donc pas été concluante.

Le gaspillage, les surcoûts, la sous-utilisation des capacités de production, les stocks-tampons par crainte de pénurie, les sureffectifs et l’inadéquate administration des prix concourent à l’aggravation des déficits que connaissent les entreprises Elles doivent financer une part croissante de leur exploitation par le découvert bancaire. Celui-ci passe de 408 millions de dinars en 1973 à 15 milliards de dinars en 197944.

Dès le début des années 1970, les effets de la politique d’industrialisation apparaissent. Un million d’emplois nouveaux seront créés entre 1967 et 1977.

La salarisation de la population active va s’accroître pour atteindre 72% en 1984.

Cette tendance se ralentira néanmoins à partir de 1985, le taux de chômage se fixe à 26,7% (source : services du plan).

Les secteurs des services et de l’administration regroupent à eux seuls 50% des salariés. Ces indications montrent que l’industrie n’a pas joué un rôle moteur dans l’évolution du niveau de l’emploi.

43 A Rezig A et Musette, Développement et pme en Algérie

67 Durant toute cette période, la consommation par habitant n’a pas cessé d’augmenter, grâce à la croissance régulière du taux d’emplois par ménage, et à celle des transferts de revenus des ouvriers émigrés vers leurs familles.

L’inefficacité de l’appareil de production (en 1977, seul un quart de la demande est couverte par la production nationale) implique un recours massif aux importations. Ainsi de 1985 à 1987 les importations de produits alimentaires sont passées de 4,3 à 10,5 milliards de dinars, celle des biens d’équipements de 10,1 à 15,7 milliards de dinars.

Les investissements et les importations, ont été essentiellement financés par des crédits extérieurs obtenus en majorité auprès de banques internationales.

Ces crédits étaient d’autant plus faciles à obtenir que les recettes pétrolières semblaient sûres. L’accès facile au crédit extérieur conjugué aux recettes des exportations, ont permis aux algériens d’atteindre un niveau de consommation supérieur à leurs moyens réels.

En effet la dette extérieure de l’Algérie ne cessera de s’accroître. En effet, elle passera de 14,6 milliards de dollars en 1984 à 24,6 milliards de dollars en 1987.

En 1986, la chute des cours du baril de pétrole et la dépréciation concomitamment du cours du dollar ont réduit fortement les capacités d’importation et induit un accroissement du volume de la dette et alourdi en conséquence, la charge celle-ci. Ceci est d’autant plus grave, que l’appareil industriel, à l’exception de la pétrochimie, n’a pas encore réussi à participer aux exportations.

Dés 1986, les recettes d’exportations accusent une chute profonde de l’ordre de 43% à la suite de baisses en volume et en prix des exportations pétrolières45. Les recettes d’hydrocarbures passent de 13 milliards en 1985 à 7,7 milliards de dollars en 1986. Entre 1985 et 1988, le niveau des importations est réduit de 35% pour rejoindre le niveau de 1979. Ce sont principalement les biens d’équipements, les matières premières et les demi-produits qui en sont affectés.

La croissance économique est ralentie. Le chômage s’accroît du fait de la réduction des investissements et de l’apparition des licenciements.

68 Les jeunes et les diplômés constituent alors une part importante des chômeurs.

Le taux d’inflation qui n’a pas dépassé 8 % entre 1967 et 1984, atteint 10,5% en 1985 et ne cessera d’augmenter depuis cette période.

Le recours plus fréquent à l’endettement extérieur à court terme, entraîne un gonflement brutal du service de la dette, qui passera de 35% à 55% des recettes d’exportations entre 1985 et 198746. La dette extérieure se fixe ainsi à 24,6 milliards de dollars en 1987.

L’évolution de quelques agrégats économiques entre 1980 et 1989 présentés dans le tableau n°14, traduisent les déséquilibres auxquels est confrontée notre économie en cette fin de période.

La lecture de ce tableau, suggère qu’à la fin 1989, la consommation privée a fortement augmenté (+ 9%), par contre, nous observons un fléchissement important de l’investissement (- 10%) ; de l’épargne (- 10) ainsi que l’investissement (- 14,3%).

Le secteur industriel a connu une croissance négative (- 13%), alors que celui des services a augmenté de 3%.

46 R Rezig et Musette op cité

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Tableau 14 : Evolution de quelques agrégats économiques entre 1980 et 1988

Catégories économiques 1980 % 1989 % Ecarts Structure de la demande ou répartition du PIB en %

Consommation du secteur public 14 16 +2% Consommation du secteur privé 44 53 + 9%

Investissement 41 31 -10% Epargne 42 31 -11% Export 35 21 -14% Structure de la production ou répartition du PIB en % Agriculture 6 16 +10% Industrie 57 44 -13% Secteur manufacturier 14 14 0% Secteur des services 37 40 +3%

PIB en millions de dollars 39 870 39 780 -90

Source : Etabli à partir des données de la banque mondiale.

Une véritable récession commence alors, qu’après avoir touché les finances du pays, ses échanges extérieurs et son activité industrielle s’est étendue à l’investissement, à l’emploi et finalement au niveau de vie de la population.

La conjugaison de ces phénomènes débouche en 1988 sur une crise économique entrainant une grave crise sociale.

L’effondrement des recettes extérieures et la raréfaction de l’offre de capitaux sur les marchés financiers ont contribués à la détérioration de la situation financière.

La dette extérieure constitue une contrainte majeure. La gestion de cette dernière et le recours encore inévitable au financement extérieur déterminent dans une large mesure les mutations économiques.

Les difficultés de 1988 sont à l’origine de nouvelles réformes et d’une action de réorganisation globale de l’économie.

Les réformes économiques de 1988 s’articuleront autour de deux axes : Il s’agira : - de raffermir le rôle du secteur privé dans l’Economie

70 - et de conférer aux entreprises publiques une autonomie censée les libérer de la tutelle bureaucratique de l’état.