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RÉALISATIONS ET COMPARAISON DE L’EFFICACITÉ RESPECTIVE DES DIFFÉRENTS PROGRAMMES

QUATRIEME PARTIE :QUELLES PERSPECTIVES POUR LA PME ALGERIENNE ?LA MISE A NIVEAU DE L’ENTREPRISE

SECTION 2- RÉALISATIONS ET COMPARAISON DE L’EFFICACITÉ RESPECTIVE DES DIFFÉRENTS PROGRAMMES

Ces différents programmes, malgré leurs insuffisances, ont eu le mérite de diffuser l’idée qu’il faille s’astreindre à des mises à niveau pour conforter, à la fois, la stabilité et la flexibilité des entreprises. S’est aussi développée une expertise nationale qui garantit une meilleure maîtrise des concepts, techniques et instruments de la mise à niveau.

Ces programmes ont par ailleurs été l’occasion de favoriser la croissance institutionnelle d'organismes et autres agences de l'Etat susceptibles de conduire et piloter de telles opérations.

Cette expérience offre donc les moyens d’aller plus avant, vers la mise en forme d’un cadre national assurant mieux la relance et le développement des secteurs hors hydrocarbures.

Néanmoins, encore faudrait-il disposer, d’ors et déjà, des moyens d’évaluer plus rationnellement que cela n’est actuellement possible, les effets économiques qu’ont pu avoir ces programmes aux niveaux macro et méso.

Force est de constater qu’il n’existe à l’échelle institutionnelle aucun indicateur de résultat

susceptible de servir une telle investigation. Seule une comptabilité du nombre d'interventions réalisées par les différents programmes auprès des entreprises est disponible.

A partir d’un tel décompte, il est certes possible d’estimer l'activité des agents du projet et d’apprécier leur degré de diligence, mais cela ne renseigne en rien sur les résultats obtenus. Dès lors, et faute de pouvoir cerner avec le plus de précision possible les effets de ces

programmes sur la production et la productivité des entreprisesqui en ont bénéficié, il ne reste plus qu’à dégager des chiffres disponibles la meilleure compréhension possible des différences d’efficacité que recèlent ces différents programmes.

En ce sens, nous nous intéresserons particulièrement aux deux programmes suivants : MIR et Euro-développement.

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1. LES PROGRAMMES MIR ET EURO- DÉVELOPPEMENT

Réitérons avant tout que le Programme Intégré ONUDI-Algérie (PI) a permis aux entreprises et à l'Administration de disposer d’un cadre conceptuel, d’une approche et d’instruments. Il a surtout favorisé l’émergence de conditions nécessaires à la pérennisation de ce type d'actions du seul fait que le Ministère de l'Industrie a dû initier son propre programme de mise à niveau. Ceci dit, il faut constater que MIR a pu, au prolongement du programme PI, intéresser 425 entreprises. 308 d’entre elles ont été traitées, et 122 d’entre celles-ci ont de fait élaboré et mis en œuvre des plans de mise à niveau. Sachant que le projet ciblait initialement 1000 entreprises, cela signifie que le taux de réalisation n’a été que de 12,2% .

Tableau 50 : Moyenne des actions réalisées par entreprise (Programme MIR)

Nombre d'actions Pourcentage

1 30,09 %

2 7,22 %

3 6,19 %

4 et plus 83,51 %

Source : MIPI

Il n’empêche que la densité des actions développées par entreprise a été remarquable puisque sur 97 entreprises ayant répondu au questionnaire d'enquête lancé par la Direction de la mise à niveau, 8,86 actions ont été, en moyenne, réalisées par entreprise. Plus de 83 % d'entre elles ont par ailleurs mis en œuvre 4 actions et plus.

La mise à niveau étant un processus itératif d'actions ayant trait à la fois aux

composantes matérielles et immatérielles de la vie de l'entreprise, il y a de fortes

probabilités que l'impact du programme MIR sur chaque entreprise traitée soit effectif, et significatif. Et ces entreprises pourront éventuellement servir de modèles grâce auxquels une culture nouvelle de gestion pourrait se développer à grande échelle.

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2. LE PROGRAMME ED-PME

ED-PME s'inscrit dans le cadre du MEDA I qui a fait l'objet d'une convention de financement entre le Gouvernement algérien et la Commission européenne signée le 14 septembre 1999.

Il a été lui considéré comme ayant eu plus de succès à cause du nombre d'entreprises qui y ont adhéré.

Le bilan global élaboré par l'Unité de Gestion de Programme (UE) au 31 mai 2007 montre en effet que 716 entreprises ont fait l'objet de 2008 actions. Sur ce total, les actions de mise à niveau proprement dites s'élèvent à 847 actions, soit en moyenne 1,92 actions par

entreprise (si l'on se réfère au même bilan qui fixe à 442 le nombre d'entreprises ayant

achevé au moins une action de mise à niveau).

Tableau 51: Bilan du programme ED-PME au 31 Mai 2007 N a tu r e Appui direct aux PME Facilitation l'accès au financement* Appui à l'environnement direct de l'entreprise** Pré diagnostics 553 Diagnostics 470 3 26

Actions de Mise à niveau 847 56 60

Actions diverses 7

Etude technico-économique 119

Etudes et enquêtes 36

Dossiers fonds de garantie 66

PME ayant bénéficié de la cotation

537

Autres actions 2

Actions annulées 133 11 9

Source Bilan UGP ED-PME au 31 mai 2005

* les bénéficiaires de l'accès au financement sont 4 Institutions financières, 5 Banques privées, 135 PME

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** les bénéficiaires de l'appui direct à l'environnement de l'entreprise sont 4 Ministères et institutions publiques, 27CCIs et BSTPs, 11 Associations patronales et professionnelles.

Qui plus est, le maximum d'actions au profit d'une seule entreprise reste relativement bas, puisque sur 325 PME prises en compte, la répartition s'effectue comme suit :

Nombre d'actions Pourcentage

1 50%

2 24%

3 10%

4 et plus 16%

Source : EDPME Bilan au 31/05/2007

De façon générale, les résultats sont jugés insuffisants79 voire, "franchement décevants" parce que si les 442 entreprises traitées représentent bien 20,6 % des 2150 entreprises manufacturières de plus de 20 salariés qui ont été ciblées, elles ne constituent en réalité que 0,68 % de l’ensemble des 64.820 entreprises du secteur industriel (selon les chiffres de la CNAS au 31.12.2006).

Ajoutons à cela que la densité des actions reste faible : elle ne permet pas d’espérer qu’un effet significatif sur la compétitivité des entreprises ciblées puisse en résulter.

Bien que sévère, un tel jugement se justifie malgré tout, étant donné les ambitions affichées initialement par ce programme. Enfin, l’ED-PME est censé servir à l’accompagnement de l'entreprise en bonne santé et à l'amélioration de sa compétitivité par

alignement sur les standards internationaux d'organisation et de gestion.

79 Cf. notamment les constatations faites par le Président du CNC de la PME et des professionnels. (El Moudjahid 20 janvier 2008, rapportant les débats sur la mise à niveau ayant eu lieu à l'occasion du forum d'EI Moudjahid tenu le 19 janvier 2008.

189 Il y a lieu donc lieu de s’interroger sur son utilité pour diverses raisons : ce programme est

coûteux et ne se donne pourtant que des objectifs très limités ; il ne peut objectivement pas

avoir d’impact significatif sur le système puisqu’il n’est pas relié à un cadre d’action conçu

pour améliorer la production et la productivité.

3. LE PROGRAMME GTZ

En sus de ce qui a été évoqué sur les programmes précédents, il est à relever que le programme GTZ n’a pas pour vocation d’appuyer directement les entreprises, mais de dispenser de la formation et du conseil ainsi que d’appuyer les associations professionnelles par la réalisation de projets précis :

- Le projet “Conseil et formation pour les PME algériennes” (PME/Conform) a notamment « permis de former à la conduite de missions de diagnostic et d’accompagnement/conseil des consultants nationaux et de financer des formations thématiques pour les managers »,

- Le projet ‘‘Appui aux Associations Professionnelles et Organisations

Patronales’’, a permis de diagnostiquer 12 associations professionnelles et artisanales

et de renforcer l’organisation interne de ces associations,

- Le projet ‘‘Appui au Renforcement de la Compétitivité” (ARC) lancé en 2007 se concentre sur 3 types d’activités : innovation micro finance et formation.

Cependant GTZ a quand même réalisé une dizaine de diagnostics d’entreprises à l‘occasion d’opérations de formation.

4. LE PROGRAMME AND-PME

N’en étant qu’à ses débuts, le programme AND-PME fait l’objet d’une campagne de

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Tableau 52 : Programme AND-PME

Diagnostics réalisés Diagnostics en cours Dossier à l’étude

11 62 18

Bilan provisoire (Année 2007)

En Novembre 2008, 341 dossiers de mise à niveau ont, selon le Directeur général de l’ANDPME, été acceptés. Dans cet ensemble de cas, 174 très petites entreprises ont subi un ‘diagnostic flash’ et 167 ont passé un pré-diagnostic. Toutes appartiennent surtout aux secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière.

Conclusion

L’ensemble des programmes de mise à niveau adoptés en Algérie, visent la réalisation d’objectifs limités à l’entreprise et à son environnement le plus immédiat.

L’absence d'un cadre national qui définit la place de ces programmes dans la stratégie économique ainsi que leurs objectifs, font que le dispositif algérien de mise à niveau a tout d’un dispositif non coordonné, manquant de proximité, insuffisamment approprié aux besoins de l’entreprises algérienne, et au contexte de l’économie nationale.

Cela explique dans une grande mesure les résultats peu satisfaisants enregistrés par la mise à niveau, tous programmes confondus, et ceci de l'avis même d’experts et de responsables en charge de leur mise en œuvre.

En conséquence de toutes les insuffisances relevées des programmes précédents, un nouveau dispositif de mise à niveau des entreprises, la MAN, est proposé.

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CHAPITRE 9- LA NOUVELLE POLITIQUE DE MISE À NIVEAU DE