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SECTION 2- LA FONCTION D’ENTREPRENEUR

1. EMERGENCE DE LA FONCTION D’ENTREPRENEUR

Les économistes furent les premiers à traiter de l’entrepreneur, ainsi, R.CANTILLON(1755)12 « fut le premiers à présenter une conception claire de la fonction d’entrepreneur » (Schumpeter1954, p.222), en divisant la société en deux groupes: la catégorie des indépendants, à savoir les aristocrates et propriétaires terriens, et la catégorie des dépendants, c’est-à-dire les salariés, à gage certain et les entrepreneurs, à gage incertain. Cet entrepreneur réalise des échanges dans un but de profit. R. Cantillon insiste sur la notion

11 Abdeljalil N (1980), « Contribution à une analyse financière et typologique des P.M.E. industrielles », Thèse défendue devant l’université de Rennes, Faculté des Sciences Economiques et d’Economie Appliquée, 1980, tome 1, p. 36.

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de risque dans la prise de décision. Il est à noter, que la profession de Cantillon était celle de

préteur sur gage.

J.B. SAY13(1803) est le second auteur à s’être beaucoup intéressé aux activités de l’entrepreneur. Il voyait le développement par la création d’entreprise. Cet auteur définit plutôt l’entrepreneur par son rôle dans la production. Pour lui, « les entrepreneurs sont ceux qui produisent une utilité nouvelle, pour leur propre compte, soit en créant un produit nouveau, soit en déplaçant les ressources vers un niveau de productivité et de rendement supérieur au niveau précédent ». Pour J.B Say ; l’entrepreneur fait partie du groupe des « industrieux », englobant les savants et les ouvriers, alors que le capitaliste et le propriétaire appartiennent à la catégorie des passifs.

Cantillon et Say voyaient l’entrepreneur comme un preneur de risque, puisqu’il investissait son propre argent.

MARSHALL (A)14 n’oppose pas l’entrepreneur et le manager. Il considère que le développement d’une entreprise passe par la mise en place de nouvelles méthodes destinées à réduire les coûts, et partant, à produire des biens de manière plus efficace.

L’entrepreneur doit être en mesure de proposer des biens nouveaux lorsque le besoin existe réellement, ou simplement d’apporter une amélioration à un produit existant.

En ce sens, l’entrepreneur marshallien est un innovateur. Selon lui, ce type de risque est un facteur de longévité de l’entreprise.

L’économiste allemand THUNEN15 s’est intéressé à la rétribution des entrepreneurs. Il part de l’hypothèse selon laquelle le talent entrepreneurial est une ressource rare. Il définit le profit comme une forme particulière de paiement.

Le profit de l’entrepreneur est la récompense du risque encouru par l’entrepreneur contre lequel celui-ci ne peut s’assurer.

13 Say J.B (1972), « Catéchisme d’Economie politique », Paris, 1972 ; Traité d’Economie politique ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses, Paris, Guillaumin, 1841.

31 Cette thèse est reprise et développée par Frank Knight16 (1921) qui explique que le profit est le revenu résiduel de l’entrepreneur pour couvrir les coûts entraînés par l’incertitude. Pour cet auteur, l’entrepreneur assume un risque à cause de l’état d’incertitude dans lequel il évolue. Cette incertitude est liée à l’impossibilité de prévoir toutes les conséquences qui découlent d’une décision par le biais de raisonnement à priori ou par les statistiques. C’est justement cette manière de se baser sur les probabilités qui distinguent incertitude et risque, qui lui est quantifiable. Les mécanismes de concurrence incitent fortement à la prévoyance dans la prise de décision.

SCHUMPETER17 introduit un élément nouveau par rapport à l’école de pensée traditionnelle, sa théorie repose sur l’hypothèse que le déséquilibre dynamique, crée par le changement, et non plus l’équilibre optimum, constitue la norme d’une économie en bonne santé et la réalité centrale de la théorie et de la pratique économique.

L’entrepreneur joue donc un rôle crucial, puisqu’il est le premier à prendre conscience du changement et des nouvelles possibilités

Dès lors, la fonction d’entrepreneur est de rechercher ce changement, d’agir sur lui et de l’exploiter comme une opportunité. Selon Schumpeter, « le rôle de l’entrepreneur consiste à innover, ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou plus généralement une possibilité technique inédite » c’est à dire introduire des produits, des techniques ou des procédés de fabrication nouveaux.

L’entrepreneur génère donc le changement et influence le marché, il joue un rôle central dans le développement économique.

Pour PJ DRUKER18 également, les entrepreneurs sont des innovateurs. « Les entrepreneurs doivent chercher les sources d’innovation, les changements et les indices qui signalent les innovations qui peuvent réussir. Ils doivent connaitre et appliquer les principes qui permettent à ces innovations de réussir ».

L’entrepreneur se doit donc de scruter sans cesse la population qui l’entoure, d’entrevoir toutes les attentes des consommateurs présents et futurs et de considérer les changements comme un nombre infini d’opportunités.

16 F. Knight. Risk, Uncertainty and Profit, New Work, Houghton Mifflin, 1921.

17 Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942, traduit par G Fain, paris, Payot 1951, page 186 ;

32 Les béhavioristes regroupent en leur sein, les psychologues, psychanalystes, sociologues et autres spécialistes du comportement humain.

Un des premiers de cette discipline à s’intéresser aux entrepreneurs est MAX WEBER (1930)19. Il a identifié le système de valeur comme fondamental pour expliquer le comportement des entrepreneurs. Il les voyait comme des innovateurs, des gens indépendants possédant une sorte d’autorité formelle par leur rôle de dirigeants d’entreprises.

David McCLELLAND (1961) n'était pas seulement un académicien, intéressé par les théories de ce qui motive les gens, il a également appliqué ses idées à la gestion dans le monde de l'entreprise. Il est surtout connu pour son travail sur la motivation réussite. Il décrire trois types de besoin de motivation, qu'il a identifié dans son livre, La Société réalisation (1961) :

motivation à la réussite (n-ach)

autorité / pouvoir de motivation (n-pow) la motivation d'affiliation (n-Affil)

Pour cet auteur, les besoins de motivation se trouvent à des degrés divers chez tous les travailleurs et gestionnaires ; ils caractérisent une personne ou “un style“ de gestionnaire. La personne n-ach (motivation à la réussite) cherche par conséquent la réalisation d’objectifs réalistes mais ambitieux et l'avancement dans l'emploi. Il y a un fort besoin de rétroaction à la réalisation et au progrès, et la nécessité d'un sentiment d'accomplissement.

Les travaux de Mc CLELLAND tendent à démontrer que « la caractéristique principale du comportement entrepreneuriale réside dans le besoin de réalisation, c’est à dire un besoin d’excellence et de réalisation de certains buts »20. Une personne dotée d’un important besoin de réalisation est sensée rechercher des situations de défit dans lesquelles elle peut prendre des responsabilités en vue de trouver une solution à un problème.

19 M. Weber, L’ethique protstante et l’esprit du capitalisme, Plon, 1964.

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