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QUATRIEME PARTIE :QUELLES PERSPECTIVES POUR LA PME ALGERIENNE ?LA MISE A NIVEAU DE L’ENTREPRISE

SECTION 1- LE CADRE DE RÉFÉRENCE

1. LES CONCEPTS DE RÉFÉRENCE.

L’incertitude quant à la capacité du marché à réaliser une allocation optimale des ressources, pas plus d’ailleurs que n’a pu le faire la gestion administrée de l’économie, impose la recherche d’une doctrine d’actions économique qui permette de remettre l’appareil de production dans une situation d’efficience, en ayant une approche

(i) pragmatique sur le plan des choix, "alliant à des degrés divers libéralisme et

interventionnisme à travers différents systèmes d’incitations, de promotion et d’orientation des activités»80,

(ii) et parfaitement organisée et coordonnée sur le plan opérationnel.

La mise à niveau, en tant que dimension essentielle de la stratégie de croissance, se fonde sur une approche qui tout en retenant le rôle puissant de rationalité des mécanismes du marché fait intervenir l’Etat non seulement pour en corriger les effets, mais aussi pour influer sur le rythme des transformations économiques.

192 C’est là un glissement théorique important. Le positionnement de l’Etat change : plus que régulateur, l’Etat devient un acteur actif dans l’initiation, la mise en œuvre et le financement d’un dispositif devant amener le tissu d’entreprises économiques à réaliser les objectifs d’une politique qu’il a prédéfinie avec les différents partenaires économiques .

Mais, pas moins que le marché, les politiques économiques ne sont à l’abri de défaillances. C’est dans ce cadre que le dialogue économique prend tout son sens et sa rationalité pour orienter les décisions des agents économiques vers la plus grande efficacité.

2. LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE DE MISE À NIVEAU DES ENTREPRISES.

La mise à niveau des entreprises est une des politiques essentielles de toute stratégie de croissance. De simple projet d’un ou plusieurs départements ministériels précis conduit selon des critères limités et purement techniques, la mise à niveau est érigée au rang de politique nationale articulée dans un ensemble plus large de stratégies visant la relance de l’appareil de production et l’accroissement de la productivité.

L’ouverture et la libéralisation de l’économie tout autant que les impératifs aujourd’hui d’une croissance accélérée dans un environnement régional en pleine mutation supposent la mise en œuvre de politiques de renforcement de la productivité globale des facteurs.

Il s’agit bien plus que de qualité et de performance d’un segment d’entreprises déjà en situation de croissance : il s’agit du redéploiement de la fonction de production économique tout autant que du remodelage des rapports de l’économie nationale avec l’extérieur.

Le programme de mise à niveau est une des politiques publiques permettant la mise en œuvre d’une stratégie de croissance qui vise "des objectifs de moyen et long termes, s’appuyant sur une parfaite connaissance des filières de production, de leur capacité industrielle d’entraînement, des avantages liés à leur promotion et des efforts attendus de leur développement" 81. La politique de mise à niveau et les instruments qu’elle se donne doivent ainsi "mettre l’entreprise en mesure d’accroître sa productivité et au secteur privé de soutenir une croissance durable"82.

81 Stratégie et politiques de relance et de développement industriels.

193 Cette approche replace la mise à niveau dans son cadre propre et lui donne les fondements qui lui ont manqué jusqu’alors. Elle permet une réappropriation des programmes en cours et leur unification dans un cadre stratégique de référence fixant des objectifs et des orientations claires.

Ainsi, la mise à niveau ne sera plus portée par des programmes qui sont des schémas transposés d’expériences étrangères et appliqués en l’état.

Les expériences étrangères, pour importantes qu’elles soient de par les enseignements qu’on peut en tirer, ne peuvent être que des références et non pas devenir des recettes prêtes à l’emploi et dont l’application conduirait aux mêmes résultats indépendamment du contexte dans lequel celles-ci sont mises en œuvre. Les enseignements tirés d’expériences étrangères ne sauraient être fécondes que si elles servent de benchmark pour une politique nationale pensée dans un cadre historique précis et organisée dans les conditions nationales de faisabilité pour atteindre les objectifs de croissance de l’économie nationale dans son contexte historique et en rapport avec les perspectives qu’elle se trace.

En tant que composante à part entière de la stratégie de croissance, la politique de mise à niveau de l’entreprise ne saurait être réduite à un ensemble de mesures se limitant à l’entreprise. Elle concerne aussi l’environnement de l’entreprise considérée dans l’activité sectorielle qui est la sienne.

La politique de mise à niveau doit, en conséquence, être appréhendée sous un angle beaucoup plus large. "Elle ne peut se limiter aux seuls aspects internes de l’entreprise sachant que les

réformes se présentent en package où tous les éléments sont interagissant. L’environnement de l’entreprise est essentiel. L’information en général, la formation professionnelle, les possibilités de financement, les conditions d’accès aux marchés locaux et d’exportation sont autant d’éléments dont dépendent la croissance et le développement de l’entreprise"83 Elle doit prendre en compte le cadre institutionnel dans lequel opère l’entreprise et être une politique intégrée qui certainement fait le focus sur l’entreprise et ses capacités de compétitivité (niveau micro) mais qui intègre l’environnement de l’entreprise (niveau méso) et les conditions structurelles de fonctionnement de l’économie (niveau macro).

194 Les synergies entre les trois volets sont étroites et leur mise en œuvre conjointe indispensable. Il serait, en conséquence, illusoire de prétendre améliorer la compétitivité des entreprises en ignorant son environnement global. Appréhender la mise à niveau sous sa seule dimension microéconomique et se contenter de programmes focalisés sur l’entreprise, revient, en effet, à la mettre en concurrence avec des entreprises étrangères pourvus d’avantages déterminants issus de la différence de qualité des environnements et des services d’appuis dont elles bénéficient.