Une situation géographique spécifique

Du point de vue géographique, l’Islande se situe dans l’Atlantique Nord et constitue la seule partie émergée de la dorsale médio-Atlantique, point de jonction entre les plaques américaine et eurasiatique163. L’Islande a un climat océanique tempéré sur les côtes et un climat dit « de toundra » à l’intérieur des terres. La présence du courant marin appelé Gulf-Stream aux côtes Sud-Ouest de l’île permet d’avoir un climat plus tempéré que ne pourrait le laisser

160 _{Ils seront remplacés un an plus tard par les troupes américaines.}

161 _{Dans cette résolution unanime, les islandais annoncent ne pas souhaiter renouveler l’Acte d’Union (prévu pour}

une durée de 25 ans, et devant donc être renouvelé en 1943). Les parlementaires ajoutent cependant que « le moment présent n’est pas, en raison de la situation, considéré comme approprié à l’abolition entière et formelle de l’Union, et à la détermination du statut constitutionnel définitif du pays » (Ó. Jóhannesson, 1953, p. 818).

162 _{Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les forces américaines construisent un aéroport à vocation militaire}

(Keflavik Naval Air Station) qui ouvrira en 1943. Par la suite Keflavik restera une base américaine jusqu’en 2006 tout en devenant le principal aéroport du pays.

163 _{À 287 kilomètres au Sud-Est du Groenland et à 798 kilomètres au Nord-Est de l’Ecosse, l’Islande se situe très}

légèrement en dessous du cercle polaire arctique, par 65° Nord 18° Est. L’île de Grimsey, qui fait partie du territoire islandais, se situe précisément sur le cercle polaire arctique. http://www.lmi.is/en/island-i-tolum/

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présager la situation géographique de l’Islande164. Ce climat difficile n’a pas été sans conséquence sur le peuplement de l’Islande d’une part, mais aussi sur le développement et la structuration de son économie. Avant de s’avérer être un atout stratégique au cours de la Guerre Froide, la situation géographique de l’île est avant tout une contrainte, particulièrement pesante pour le secteur agricole. Les étés courts, les températures faibles, sont autant de problématiques pour la production de vivres, notamment pour les productions maraîchères. La majorité des terres cultivables servent soit de pâturage, soit à la production de foin pour l’élevage animal qui représente la majorité de la production agricole islandaise. Les contraintes qui pénalisent la production agricole, génèrent un nécessaire recours aux importations (particulièrement en hiver) ainsi qu’une faible compétitivité à l’exportation de produits agricoles.

Jusqu’au XXe siècle, l’économie islandaise est fondée sur l’agriculture. À la fin du XIXe siècle, ce sont les trois quarts de la population active qui sont employés dans ce secteur. La population rurale va se réduire fortement au cours du XXe siècle, à mesure que se développent les pêcheries et qu’une forme d’exode rural à destination des ports se met en place. À titre d’illustration, notons que la part de la population rurale dans la population totale est passée de 77.4% en 1901 à 17.7% en 1960165_{. Au début du XXe siècle, la pêche est encore une}

activité marginale en Islande dans la mesure où, d’une part, la majorité de la population tente tant bien que mal de vivre de l’exploitation agricole d’une terre difficile et, d’autre part, dans la mesure où les techniques de pêche sont peu développées. Historiquement, les eaux islandaises attirent surtout des pêcheurs étrangers, mieux équipés (notamment anglais, allemands, mais aussi français166).

Au moment de son indépendance en 1944 et dans un contexte de forte croissance démographique167, l’Islande va fonder son modèle de croissance sur un secteur des pêcheries orienté vers l’exportation, afin de dégager les recettes nécessaires à l’importation des denrées (notamment alimentaires) qu’elle ne peut pas (ou difficilement) produire compte tenu de sa

164 _{Les températures moyennes sont comprises entre 0° et -5° en hiver selon les régions et autour de 10° en juillet}

(Statistics Iceland). L’île connaît, en raison de sa latitude, une forte variabilité des heures d’ensoleillement journalier.

165 _{Source : Statistics Iceland. Voir le dossier Icelandic Agricultural Statistics (2009) pour plus de détails.} 166 _{Signalons ici le roman de Pierre Loti, Pêcheurs d’Islande, paru en 1886 chez Calmann-Lévy, qui relate au fil}

d’une histoire d’amour, la vie des pêcheurs français partant faire de longues campagnes (février à août) dans les eaux islandaises.

167 _{L’Islande passe la barre des 100.000 habitants en 1926, en compte plus de 125.000 au moment de}

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situation géographique. La forme institutionnelle fondamentale de ce mode de développement en construction semble ainsi être la forme du régime d’insertion international. L’Islande va, dans la seconde moitié du XXe, devoir se donner les moyens concrets permettant de mettre en place un régime de croissance fondé sur l’exportation de produits tirés de l’exploitation de la rente maritime.

Pour être le cœur du régime de croissance et générer suffisamment de ressources, la spécialisation dans les pêcheries doit changer d’échelle après la Seconde Guerre Mondiale. De plus, ce choix de spécialisation expose l’économie islandaise à une forte variabilité des recettes d’exportation, dans la mesure où l’exportation de poissons est soumise à la fois aux variations des cours mondiaux et à l’évolution des ressources disponibles sur le territoire maritime islandais. Le meilleur moyen de se prémunir face à ces risques de perturbations exogènes a été pour l’Islande, devenue nation indépendante, d’étendre le périmètre des eaux sur lesquelles elle revendique une souveraineté. Ce faisant, l’île va entrer en conflit avec les puissances étrangères qui pêchaient jusque-là sur les eaux qui la bordent. Afin de comprendre comment s’est structuré le régime de croissance islandais au travers de ces extensions unilatérales, précisons rapidement quelques éléments de base sur l’organisation de la vie politique de l’île.

1.1.3. Le système des quatre partis et la structure historique de la vie politique