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V Analyse des données

Fort d’un territoire patrimonial mais aussi naturel d’exception, l’intercommunalité voit, sur sa zone d’implantation, deux sites engagés dans des processus d’inscription pour leur protection et leur valorisation. Ces labellisations vont, fort probablement, impacter de manière significative la renommée touristique sur des destinations déjà très fréquentées.

Le premier site du territoire en cours de classement à l'horizon 2022 concerne l'inscription du patrimoine mégalithique sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Bien sûr, Carnac est le fer de lance de cette dynamique, qui regroupe 26 communes, et qui pour certaines sont hors périmètre mais limitrophes, implantées sur le golfe du Morbihan. Ce projet est porté par une association "Paysages de Mégalithes" qui travaille en étroite collaboration avec les différentes instances (DRAC, centre des monuments nationaux, musée de la préhistoire, intercommunalité, etc.). Des techniciens travaillent à la valorisation de ce patrimoine en vu de l'inscription à l'UNESCO. Ce projet n’impactera pas directement la baie de Quiberon mais possiblement, de manière indirecte, avec des retombées touristiques qui pourraient augmenter.

Le second est le site dunaire Gâvres/Quiberon Dunes Sauvages en passe d'être inscrit aux Grands Sites de France (automne 2018) et qui est porté par le syndicat mixte éponyme et composé des 7 communes de ce territoire dont 5 sont situées sur AQTA. Il est issu d'un SIVU crée en 1997 et devenu syndicat mixte en juillet 2005. Leur mission est la protection et l'aménagement de ce site d'une manière générale. De plus, en 2000, il est devenu opérateur Natura 2000 et porteur du Life Nature « Maintien de la biodiversité littorale sur le site Gâvres – Quiberon » en 2006. La gestion de l'espace du Grand site dunaire est parfois complexe, au vu du découpage entre les différents propriétaires que sont le conservatoire du littoral, l'ONF, l'armée et les communes. Le syndicat est gouverné par un bureau et un comité syndical tout deux composés d'élus représentants ses différentes communes. Une équipe d'une quinzaine de techniciens est employée au bon fonctionnement de ces missions. Ce site, très fréquenté par les sports de nature et les sports nautiques en particulier, est déjà sur une « charge en pratiquant» (Mounet, Nicollet et Rocheblave, 2000)

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presque maximum au moins sur la saison estivale. Bien évidement les techniciens, en collaboration avec les services de l’intercommunalité, travaillent à des solutions pour essayer de gérer les flux, les fluidifier, sachant que la très grande majorité des déplacements a lieu en voiture. Un travail sur les pistes cyclable et les sentiers de randonnées est en cours, ainsi qu’une réflexion plus globale sur les transports suscitée par l’arrivée de la LGV qui met Auray à moins de 3h de Paris. Le Tire- Bouchon train historique et vétuste, qui relie Auray à Quiberon en juillet et août seulement, est lui aussi en phase d’étude, mais celle-ci est pilotée par la région car les transports ferroviaires relèvent de la compétence régionale.

L’autre aspect critique sur le site du cordon dunaire est la question éminemment délicate des infrastructures pour l’accueil des personnes : toilettes, douches, parking. Aujourd’hui, les prestataires d’activités nautiques ne peuvent se satisfaire de la situation actuelle qui n’est pas en adéquation avec leurs besoins : manque de bâtiments d’accueil et de stockage de matériel. L’équation posée en termes de conciliation entre la protection des milieux et la fréquentation touristique de ce territoire fragile est très délicate à résoudre. Comme le dit Vlès (2014) : « la gestion

des sites classés ou inscrits bénéficiant d’une forte notoriété se doit donc de combiner la protection (interdiction générale de modifier l’aspect des lieux) et la valorisation, essentielles à l’économie touristique dans un contexte souvent contraint ». C’est pour ces raisons que le syndicat mixte travaille de concert avec

l’intercommunalité pour lever les freins existants.

La baie de Quiberon est une sorte de territoire d’entre-deux coincé à l’ouest entre le Grand Site (côté Atlantique surtout) et, plus à l’est, le parc naturel régional, sur le territoire du Golfe du Morbihan. Le PNR, 50 ème parc classé en France en 2014, est géré par un syndicat mixte regroupant 29 communes dont 6 font partie d’AQTA. Il couvre plus de 64 000 hectares dont 17 000 hectares d’aire d’intérêt maritime. La baie de Quiberon est donc un territoire présentant une sorte de vide juridique : pas de PDESI, ni de CDESI, pas de SMVM, pas de règlementation spécifique imposée par le PNR ou le Grand Site, pas de GIZC. Le pays d’Auray est en effet lauréat depuis mars 2014 de l’appel à projet régional GIZC avec pour objectif annoncé d’élaborer

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une stratégie maritime pour le territoire en trois ans. Actuellement, après une phase de diagnostic (réalisé par un groupement de cabinets), il faut choisir quels projets mettre en œuvre via ce « Pôle d’Équilibre Territorial et Rural » qui n’a aucun statut légal (ce n’est ni un échelon administratif supplémentaire ni une collectivité territoriale). Ce territoire est enclavé : les communes situées à l’est de la rivière de Crac’h, Crac’h, Saint-Philibert et Locmariaquer, font partie du PNR. Quiberon, Saint- Pierre-Quiberon et Plouharnel font partie du Grand Site. Il reste Carnac et La Trinité- sur-Mer qui ne sont rattachées à aucun gestionnaire. Ceux que nous venons de citer ne prennent pas en compte le territoire de la baie de Quiberon. Il n’existe donc pas de gestionnaire de cette nature ordinaire sur ce territoire qui pourtant existe et est nommé en tant que tel.

2. « Baie de Quiberon, la sublime » :

Cet espace géographique, reconnu pour ses atouts par tous les professionnels interrogés (« Elle rentre dans les plus belles baies du monde »(PR) ), autant que les locaux, est à analyser comme une véritable actant, au sens de Callon et Latour. La simple analyse lexicale est significative par l’utilisation d’un adjectif qualificatif, qui, substantivé, devient un nom incarnant et imposant une personnalité. Cette dénomination est porteuse de sens, d’autant plus, que, comme nous l’a signalé la chargée de mission tourisme à AQTA, elle est issue d’une enquête réalisée auprès des touristes en juin 2017, à qui il était demandé de qualifier ce territoire. Cette dénomination est également la même que celle utilisée pour « labelliser » la commercialisation des huîtres de la baie. Quelle réalité cache donc cette personnification laudative ?