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Chapitre 1 Stratégie de modernisation

1.1.2 SI : quelles transformations socio-organisationnelles et socio-médicales ?

L’instrumentalisation par les technologies de l’information des milieux de la santé et l’application les nouvelles méthodes pour ces organisations, sont liées à une économie de la connaissance, du savoir, et savoir-faire. La construction de la connaissance qui repose sur l’immatériel. Cette logique d’innovation occupe de plus en plus le milieu de la santé et est appuyée fortement par les technologies de l’information et de la communication. De nouvelles applications notamment la télésanté, télémédecine, téléconsutation, soins en réseau, wifi- patient, tarification à l’activité (T2A), qui font que la santé devient de plus en plus virtuelle, d’où la nouvelle appellation : e-santé.

Force est de constater que ces nouvelles méthodes de travail tendent vers une adaptation des besoins de la société d’aujourd’hui, où la notion de performance est étroitement liée aux

savoirs et connaissances transversaux. Les organisations les plus diverses, y compris les administrations publiques, les organisations non, gouvernementales, les associations, voire les familles, sont invitées à adopter une sorte d’attitude managériale, autrement dit à gérer leur budget et à prendre des décisions comme s’il s’agissait d’une entreprise. Le milieu de la santé tente de se conformer à ces nouvelles réalités. Cette conception rationaliste de la modernité transparaît dans toutes les organisations publiques. Dans ce contexte une question fondamentale nécessite d’être posée :

« Quelles sont les transformations socio-organisationnelles et socio-médicales, que posent les technologies de l’information et de la communication » ?

Telle que nous l’avons posé, la modernisation de la santé par les TIC entraîne forcément une transformation aussi bien organisationnelle que médicale. Il nous reste à étudier la dimension sociale de la modernisation.

En 2000 en France, on a eu un tournant décisif en ce qui concerne la modernisation de la santé (malgré la crise sanitaire des années 80 avec l’histoire du « sang contaminé »). La modernisation pose des problèmes aussi bien structurels et conjoncturels qui freinent ainsi son développement ou bien même qui entraînent un refus catégorique de l’acceptation du phénomène. Si nous nous mettons dans le contexte français, les projets technologiques dans le domaine de la santé se heurtent à d’énormes difficultés malgré les lois et les décrets qui fondent les projets de changements technologiques et organisationnels.

A partir de 2006 ce qui nous intéresse, c’est d’étudier les transformations organisationnelles et médicales, et de voir les lois et les décrets dans ce secteurs Nous faisons référence aux textes législatifs « Hémovigilance » qui portent sur la traçabilité de la transfusion sanguine. En effet, depuis 2006 des actions sont menées par le ministère de santé, et ont pour but de tracer les bonnes pratiques de la transfusion sanguine. Ces actions ont été dirigées par le directeur général de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé (AFSSPS), le Parlement Européen qui avait mis des directives depuis les années (2001, 2002, 2003,2004, 2005), pour établir des normes relatives à la qualité et la sécurité pour la collecte, le contrôle, la transformation, la conservation et la distribution du sang humain et des composants sanguins (Cf. annexe). D’autres avis d’autres structures ont été pris en compte dans cette réorganisation des activités de transfusions, nous pouvons citer notamment : le code de la santé publique, l’avis de l’Etablissement Français du Sang, l’avis du centre de transfusion sanguine. Donc, ce sont ces différentes organisations qui prennent des décisions dans la transformation des activités médicales (Cf. aux annexes 10.1, 10.2, 10.3).

L’ensemble de ces projets de transformation socio-organisationnelle et socio-médicale nous intéresse ici, dans notre étude, pour le volet social c’est-à-dire pour la dimension communicationnelle portant ces prises de décision, ces transformations.

Dans notre recherche, sur plusieurs textes élaborés par les ministères en l’occurrence, le ministère de la santé, le ministère du budget et autres, nous sommes arrivée à un constat général qui le suivant : dans la démarche de ces organismes, le terme de communication se résume uniquement comme un moyen de communication tel qu’il est illustrer dans les lignes suivantes :

« Toute équipe de collecte dispose d’un moyen de communication avec l’établissement de transfusion sanguine dont elle dépend ».

La communication reste alors un outil ou même un support de travail sans penser un mode d’accompagnement des transformations. Par exemple ; un document médico-administratif, il comporte quatre éléments : Le dossier du donneur, le questionnaire, la fiche de prélèvement et la carte du donneur. Ce sont des artefacts qui permettent de s’informer, et qui représentent un simple moyen de communication. C’est dans cette optique que peuvent être perçus les systèmes d’information, mis en place dans la démarche de l’Hémovigilance :

« Le système d’information regroupe tous les éléments nécessaires au recueil, la gestion et la diffusion des informations dans une organisation. Il assure l’irrigation des systèmes amont et aval (système de pilotage et système opérant) afin de mettre en œuvre les fonctions accomplies par l’organisation. Le système d’information intègre, par nature, toutes les données informatiques de l’organisation. Les données du système d’information non informatisées agissent sur le système informatique par le biais des utilisateurs. Le système d’information participe aux activités transfusionnelles (prélèvement, préparation, qualification biologique du don, distribution et délivrance) et permet les articulations entre ces activités et celles, d’autres domaines, imposées par la réglementation » (Cf. annexe 10.3)

Nous voyons que cette transformation organisationnelle se limite qu’au système d’information, aux mesures juridiques imposées par la réglementation, tel que c’est indiqué dans cet extrait. A nous ici de rechercher dans quelle mesure les aspects humains sont à mettre en avant : cela nous permettra de nous interroger la fiabilité des systèmes d’information : que dire des bugs ?

Dans les situations de panne et de bugs du Système d’Information, la dimension humaine reste centrale pour résoudre les problèmes. Nous illustrons les défaillances du système telles qu’elles sont prévues par la réglementation :

« En cas de défaillance ou de panne, y compris avec un éventuel impact sur les données, des mesures correctrices testées et validées sont établies pour faire face au problème rencontré en fonction du degré d’urgence défini. Dans les cas impliquant l’arrêt du système, une procédure de fonctionnement en mode dégradé est établie ».

Le « mode dégradé » fait allusion aux actions des utilisateurs pour relever le défi. Ainsi dans notre travail c’est ce que nous entendons par transformations socio-organisationnelles et socio-médicales, car c’est à partir de cette étape que ressort l’action des acteurs. Nous illustrons ceci à travers les propos recueillis lors de notre enquête de terrain :

« Il faut qu’on s’assure qu’on ait les sauvegardes nécessaires qu’on puisse on va dire partir d’une sauvegarde quand on a un souci, avoir un mode dégradé c’est- à – dire que si jamais on a une coupure informatique, comment doit –on réagir et quels sont les outils que l’on a et puis effectivement si on souhaite enregistre une donnée et donc la donnée elle sera enregistrer »

Tel que nous l’avons constaté, les Systèmes d’Information, quand ils sont en bonne marche, n’impliquent pas la participation de l’acteur, d’où alors la réification des systèmes d’information, mettant ainsi l’humain à la seconde place. De ces constats, découlent une autre question centrale : communique-t-on mieux avec les systèmes d’information dans le domaine de la santé ?

En définitive, nous pensons qu’il est important de repenser « la prise de décision » dans la modernisation de santé. Nous pensons qu’il est important dans cette étude de définir la notion de décision dans une perspective communicationnelle. La prise de décision repose-t-elle sur une convergence d’idée ou d’un système ?