• Aucun résultat trouvé

Secteurs technologiques considérés

CHAPITRE 3 MODÈLE CONCEPTUEL ET MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

3.2 Secteurs technologiques considérés

Avant d’aborder les hypothèses et la méthodologie, la prochaine section présentera les différe nts secteurs technologiques qui seront étudiés dans le cadre de cette thèse. Ils ont été sélectionnés selon des critères relatifs à leur importance dans l’économie québécoise que ce soit en termes d’intens ité de la recherche, d’emploi ou de l’importance stratégique que ce secteur a pour le Québec. En plus, le nombre de secteurs choisi pour cette thèse a été affecté par le désir d’offrir une plus grande variabilité entre les cas sur certains critères de sélection.

3.2.1 Le secteur des TIC et de la microélectronique

Au Canada, les TIC représentent 4,4 % du PIB du Canada à 73 milliards de dollars et ont engendré en 2016 des revenus de 181 milliards. Selon le rapport « 2016 Profil du secteur canadien des TIC » (Innovation 2018), le secteur des TIC était en 2016 le secteur où les dépenses en R-D au niveau privé furent les plus importantes au Canada avec 30,8 %. Le secteur peut se diviser en 4 sous- secteurs soit la fabrication, le commerce de gros, les logiciels et services informatiques et les services de communications. Plus de 89 % des entreprises canadiennes en TIC (plus ou moins 34 000) sont actives dans les sous-secteurs des logiciels et services informatiques (Innovatio n 2018).

En fait, on comptait en 2016 plus de 39 000 entreprises en TIC au Canada, la plupart étant de très petites tailles, car 33 500 de ces entreprises comptent moins de 10 employés. Quatre-vingt-dix- ne uf pour cent des entreprises du secteur comptent moins de 100 employés et seulement 110 entreprises ont plus de 500 employés. En somme le secteur des TIC est principalement composé de PME. Ce secteur employait en 2016 594 871 personnes.

Au Québec, en 2016, le secteur des TIC était composé d’environ 7 500 entreprises et 140 000 emplois. Ce qui correspond à 3 % du marché de l’emploi et près de 5 % du PIB québécois. Les activités en TIC ont entrainé des revenus 35,7 milliards pour la même période. Les entreprises en TIC sont en autres actives dans le développement de logiciels, la microélectronique, le multimédia, l’optique-photonique, les services-conseils, les télécommunications, les services infonuagiques et l’intelligence artificielle (Ministère de l’Économie 2018).

La microélectronique quant à elle est une sous-section de la fabrication et se compose de trois segments de marché :

 les semi-conducteurs ;

 les circuits et systèmes spécialisés pour la conception, l’inspection et la fabrication ;  les services d’assemblage et d’accessoires (Ministère de l’Économie, 2018).

L’industrie mondiale de la microélectronique a connu une forte croissance au cours des 30 dernières années. En 1985, on parlait d’une industrie qui atteignait les 25 milliards de chiffre d’affaires. En 2000, ce chiffre grimpe à 200 milliards et, en 2011, on fait désormais face à une industrie de 299,5 milliards. Cette croissance s’explique par une augmentation de la demande des

produits intelligents. On pense ici aux véhicules intelligents, aux tablettes numériques, aux téléphones intelligents. Plusieurs de leurs composantes incluent des technologies tirées de la microélectronique (Québec 2012).

En 2012, au Québec, cette industrie regroupait 97 entreprises et 8300 employés dont environ la moitié travaillait dans les régions de la Montérégie et de l’Estrie. Près de 60 % des emplois de ce secteur sont générés par 10 entreprises. Au Québec, cette industrie à elle seule engendre un chiffre d’affaires de 2 milliards (Québec 2012).

L’industrie de la microélectronique se base sur des connaissances scientifiques de pointe et nécessite l’embauche d’employés qualifiés. Des multinationales viennent donc s’installer au Canada afin de bénéficier de la qualité de la main-d’œuvre et de la recherche qui y est faite dans le secteur. Un nombre grandissant de petites et moyennes entreprises gravite nt également autour des plus grosses et développent des niches dans ce marché (Ministère de l’Économie 2018) (Québec 2012).

3.2.2 Le secteur de l’aérospatiale au Québec et au Canada

L’industrie de l’aérospatiale est composée d’entreprises œuvrant dans les secteurs de l’aéronautique et du spatial. Au Canada, selon Innovation sciences et développement économique Canada et l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), l’aérospatiale atteigna it, en 2017, des revenus de 29 milliards de dollars et a contribué à près de 25 milliards de dollars au PIB (Innovation 2018). Environ 75 % de sa production est destiné à l’exportation. L’indust r ie canadienne investit plus de 1,7 milliard de dollars en R-D et collabore avec une multitude de partenaires lors de leurs activités de R-D dont le milieu académique, des fournisseurs et le gouvernement (Innovation 2018). Contrairement à d’autres marchés qui se spécialisent dans le militaire, le Canada se spécialise dans l’aviation civile. Il occupe la troisième place dans ce secteur, derrière des pays comme les États-Unis et la France (Innovation 2018). Le Québec et l’Ontario se spécialisent dans la fabrication manufacturière étant responsable respectivement de 52 % et 28 % des emplois manufacturiers en aérospatiale au Canada. Les autres provinces œuvrent surtout dans la réparation et l’entretien (Innovation 2018).

Environ 85 500 emplois directs (Innovation 2018) ont été créés par cette industrie dont près de la moitié (environ 40 700) travaillent au Québec (Ministère de l’Économie 2018). La plupart de ces

emplois, environ 60 %, se répartissent à travers quatre multinationales présentes soit Bombardier, CAE, Pratt & Whitney et Bell Helicopter Textron (Montréal International 2012). Ces entreprises sont d’ailleurs toutes localisées dans la grande région de Montréal, la grappe industrielle située à Montréal faisant partie des 3 pôles de l’aviation avec Seattle et Toulouse (Montréal International 2012, Ministère de l’Économie 2018).

Au Québec, on retrouve plusieurs maîtres d’œuvre, des équipementiers et plusieurs PME qui jouent le rôle de fournisseurs pour les deux premiers. En 2016, le secteur comptait environ 200 entreprises dont à peu près 90 % sont des PME. Plus de 70 % de la R-D canadienne en aérospatiale se fait au Québec et près de 80 % de la production québécoise est exporté (Ministère de l’Économie 2018).

3.2.3 La biopharmaceutique au Québec et au Canada

Au Canada, le secteur pharmaceutique occupe le 3e rang après celui des TIC et de l’aérospatia le quant à l’intensité de la recherche. Partagée principalement entre les régions de Toronto, Montréal et Vancouver, l’industrie pharmaceutique canadienne comptait, en 2017, 29 870 employés, réalisait des ventes de 25,5 milliards de dollars au Canada et 8,9 milliards à l’international. Sa contribut io n au PIB canadien était de 10,37 milliards en 2016. Les dépenses en R-D des entreprises canadiennes sont autour de 0,92 milliard de dollars et sont principalement effectuées par l’Ontario (49,1 % et le Québec 32,4 %.) (Développement 2018, Innovation 2018).

L’industrie québécoise des biopharmaceutiques représente 2,9 milliards (Développement 2018) du PIB. En 2017 au Québec, plus de 14 000 employés œuvraient dans les pharma, et ce dans, environ 250 entreprises (Développement 2018). Le Ministère de l’Économie des sciences et de l’innova t io n du Québec (MESI) segmente cette industrie en 4 types d’entreprises (Ministère de l’Économie 2016). D’un côté, il y a les entreprises de biotechnologies qui comprennent une soixanta ine d’entreprises et représentent à peu près 5 % de la main-d’œuvre dans le secteur. Ces entreprises font de la recherche et développement de nouveaux produits thérapeutiques, identifie nt des biomarqueurs afin d’améliorer ou accélérer le développement de médicaments et se consacrent au développement de procédé de fabrication. La plupart des entreprises de ce sous-secteur sont de très petites tailles. Une autre catégorie est celle des entreprises de recherche contractuelles. Comme leur nom l’indique, elles font de la recherche à contrat pour d’autres organisations. Il représente près de 25 % des emplois du secteur avec 10 % de ces entreprises qui ont plus de 200 employés et 63 % qui en ont moins de 25. Une autre catégorie est celle des entreprises pharmaceutiq ues

génériques et à fabrication à contrat. Ces entreprises produisent des médicaments génériques ou encore, offre des services de fabrications de médicament à contrat à d’autres entreprises. On compte une cinquantaine de ces entreprises au Québec dont la plupart (84 %) sont des PME. Elle représente à peu près 35 % de la main-d’œuvre. Finalement, la dernière catégorie inclut les entreprises pharmaceutiques qui gèrent toutes les étapes de développement de nouveaux médicaments. Il y a une trentaine d’entreprises dans cette catégorie, mais elle emploie plus du tiers de la main-d’œuvre dans le secteur. La plupart de ces entreprises sont également des filiales de multinationales. Les partenariats sont fréquents entre les entreprises de cette catégorie et les autres entreprises du secteur afin de réaliser des activités de R-D et de production.

Les activités des biopharmaceutiques ont surtout lieu dans la région de Montréal-Laval, Québec et Sherbrooke et environ les deux tiers de l’industrie sont basés dans la grande région de Montréal. Les gouvernements appuient cette industrie en soutenant les infrastructures de recherche et en favorisant les collaborations dans le secteur.

3.2.4 Les matériaux avancés au Québec

PRIMA Québec (PRIMA 2018) présente les matériaux avancés comme étant :

Tout nouveau matériau ou matériau significativement amélioré qui permet d’obtenir un avantage marqué du point de vue de la performance (physique ou fonctionnelle), comparativement aux matériaux conventionnels couramment utilisés et auxquels ils se substituent

Les matériaux avancés peuvent être distingués selon trois catégories : Matériaux de base —Matériaux peu ou pas transformés qui se retrouvent en amont de la chaîne de fabrication (production de matériaux). Produits finis et semi-finis — Produits destinés à un utilisateur intermédiaire ou final (intégration de matériaux). Procédés et instrumentation —Procédés innovants impliquant des matériaux avancés. 

Les matériaux avancés sont des technologies que l’on peut retrouver dans différentes industries. On les retrouve en autre en TIC, en santé, en transport dans le domaine de la constructio n, l’environnement, l’énergie, la défense, la sécurité, le textile, la fabrication avancée, l’agroalimentaire. Ainsi les matériaux avancés sont utilisés dans différents secteurs où l’on est intéressé à améliorer les propriétés des composantes. Il est donc difficile de définir un secteur des matériaux avancés, car les entreprises qui y œuvrent proviennent de différentes industries (PRIMA 2018). D’ailleurs la plupart des entreprises qui œuvrent dans ces technologies se retrouvent dans

au moins deux secteurs d’applications. Il y aurait donc des formes d’échange intersectorielles qui se produisent en matériaux avancés. Malgré tout, le transport serait un de secteurs offrant le plus de débouchés pour ces technologies.

Il y aurait environ 340 entreprises québécoises qui travaillent dans ce secteur au Québec et qui embauchent environ 33 000 employés. Environ 30 % des entreprises œuvrant avec ces technologies comptent moins de 10 employés, 36 % ont entre 10 et 99 employés, 29 % ont entre 100 et 999 employés et finalement environ 5 % de ces entreprises ont 1000 employés et plus. Le chiffre d’affaires de ces entreprises a été de 10,6 milliards et la majorité des employés qui travaillent avec des matériaux avancés le font dans des entreprises de 100 à 999 employés. Environ 10 % des emplois des entreprises ayant moins de 1000 employés sont orientés vers la recherche. Les plus petites entreprises étant les plus impliquées en recherche (58 % des emplois) et ce taux diminuerait selon la taille des entreprises jusqu’à 3 % pour les entreprises de 1000 employés et plus. Tous ces chiffres sont à prendre avec de certaines précautions, car plusieurs de ces entreprises n’ont pas l’ensemble de leurs activités dans les matériaux, mais dans plusieurs secteurs (Desjardins 2018, PRIMA 2018). Malgré ce fait, près de 98 % de ces entreprises font de la recherche à l’interne ou à l’externe (99 %). Les recherches à l’externe impliquent des collaborations avec universités, des collèges ou des laboratoires privés. Ces collaborations pouvant être nationales ou internationales. Environ 85 % de ces entreprises exporteraient leurs produits et services, mais la proportion de leur exportation varierait selon la taille de l’entreprise allant de 65 % chez les très petites entreprises à 85 % chez les petites entreprises à 100 chez les grandes entreprises.

Quant au marché mondial, des matériaux avancés, toujours selon le rapport de PRIMA Québec (PRIMA 2018), on prévoit que le marché des matériaux avancés pourrait atteindre en 2024 plus de 100 milliards de dollars américains et que ces technologies font partie de dix technologies qui seront à la base du plus de changement dans nos économies. Percevant cette opportunité, le Québec a donc décidé de supporter la recherche en matériaux dans sa Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2017-2022 (Québec 2017).