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CHAPITRE 2 GESTION DE L’INNOVATION ET INNOVATION OUVERTE

2.3 L’internationalisation des systèmes d’innovation

2.3.1 Motifs

Niosi et Bellon (1996) dénotent que les gouvernements, à travers leur politique, peuvent jouer un rôle quant à l’internationalisation des systèmes d’innovation en filtrant le flux de sciences et de technologies, par exemple dans le cas du Japon, ou à l’inverse en se montrant plus ouvert à ce type de flux, comme au Canada et aux États-Unis. Ce rôle peut être joué à travers le support qu’il offre à ce genre d’initiative aux institutions publiques et parapubliques. Certains pays, par des politiq ues accommodantes pour les entreprises internationales et à l’aide des institutions de recherche des pays, ont pu acquérir des connaissances qui sont localisées ailleurs. Par exemple, la Corée du Sud (Sung and Carlsson, 2003; Chang, 1999) et Taiwan (Chang, 1999) ont utilisé l’internationalisa t io n de leur système d’innovation à leur avantage afin de rattraper leur retard technologique face à des pays en avance comme les États-Unis ou le Japon.

Du côté des entreprises, Doz et Wilson (2012) font remarquer que plusieurs d’entre elles commencent à réaliser qu’il existe plusieurs endroits où elles peuvent trouver des idées et des connaissances nécessaires à l’innovation. Cooke (2005) parle de la volonté des entreprises à contrecarrer l’asymétrie de connaissances, en référence au fait que les firmes sont conscientes que le savoir n’est pas réparti également à travers le monde. Il existe ainsi des lieux où sont disponib les les connaissances nécessaires au succès des entreprises. En se bornant à utiliser uniquement des connaissances locales pour innover, les firmes qui sont placées dans des lieux plus innovants auront alors l’avantage sur les autres. En ouvrant leur horizon et en acceptant d’aller intégrer ces réseaux d’innovation, les entreprises situées dans des environnements moins propices à l’innovation sont alors à même, elles aussi, d’aller bénéficier de ces connaissances. Les entreprises ont donc commencé à utiliser l’internationalisation des réseaux d’innovation afin de profiter des compétences et de l’expertise se trouvant dans les centres d’excellence étrangers.

Santos et al. (2004) remarquent qu’historiquement, les coûts de transfert des technologies étaient prohibitifs, mais, avec les récents développements en TI et les coûts de déplacement qui ont baissé, ces coûts de transfert ont diminué. Wilson et Doz (2012) affirment que dans un tel contexte l’objectif devient alors de combiner des connaissances originales afin de créer des produits uniques. En effet, l’innovation survient lorsque l’on combine des technologies et des expertises d’une nouvelle façon. Le fait de combiner des technologies et des expertises d’une nouvelle façon avec une connaissance des marchés peut améliorer la qualité des innovations. Afin d’obtenir ses connaissances, une entreprise peur ratisser large et loin, au lieu de se baser uniquement sur ses connaissances locales.

L’internationalisation des systèmes d’innovation permet également aux entreprises de développer une nouvelle source d’avantages compétitifs. Ces dernières, par leur choix en termes de collaboration — choix de firmes, d’instituts de recherche, d’universités et de gouverneme nts partenaires — leur permet de créer une combinaison unique. En optimisant cette combinaiso n, l’entreprise peut créer un « Constructed advantage » telle qu’expliquée par De la Mothe et Mallory (2003) et Foray et Freeman (1993) qui sera plus difficile à copier. Selon Santos et al., 2004, cette combinaison unique de partenaires peut même les aider à développer des modèles d’affaires, des stratégies et des capacités qui sont plus difficiles à copier par les firmes compétitrices.

Gertler et Levitte (2005) suggèrent que les entreprises puissent utiliser des réseaux externes d’innovation afin d’aller acquérir des ressources en capital ou de l’expertise qui n’est pas présente localement dans le pays. Afin d’illustrer ce propos, Asheim et Isaksen (2002) donnent l’exemp le de firmes dont les instituts de recherche locaux n’ont pas les compétences nécessaires en termes d’innovation de produit. Elles vont donc établir des coopérations avec des instituts de recherche à l’international, qui possèdent les compétences souhaitées. L’un des objectifs est de collaborer avec les meilleurs partenaires possible, où qu’ils soient dans le monde, dans le but d’augmenter la chance de succès commercial. Engel et Itxaso (2009) quant à eux constatent que des liens entre deux systèmes d’innovation permettent d’offrir un accès à un marché de capitaux, mais ils notent également que cela permet d’avoir un accès facile à un marché.

Asheim et Isaksen (2002) constatent également que certaines formes de connaissances sont « sticky », c’est-à-dire des « savoirs désincarnés qui ne sont pas incorporés dans des machines, mais sont plutôt le résultat d’externalités positives de l’innovation » (traduction libre). Ces formes de

connaissances sont constituées d’une combinaison d’éléments liés à l’expérience spécifique du milieu, les connaissances et les compétences tacites, des talents d’artisan et de la R-D. Elles donnent aux gens qui la possèdent un savoir-faire et un savoir qui soit la capacité à déterminer qui contacter pour résoudre un problème. Afin de bénéficier de ce genre d’expertise, il faut s’installer à proximité de celles-ci, que ce soit physiquement ou à travers l’accès au réseau d’innovation s’y rattachant. Asheim et Isaksen (2002) affirment qu’avoir accès à ce type de relation peut être utile afin de réussir à créer des innovations plus radicales.

Bartholomew (1997) partage l’opinion de ces précédents chercheurs et en rajoute en constatant que les alliances entre des partenaires de différents pays permettent aux entreprises en biotechnolo gie d’améliorer leur capacité d’innovation. Jaegersberg et Jenny (2011) constatent que différentes grappes industrielles peuvent apprendre l’une de l’autre. Selon Malberg et Maskell (2002), le fait d’ouvrir le processus d’innovation aux connaissances du reste du monde permet d’améliorer la diversité des idées dans le milieu local afin d’améliorer potentiellement la dynamique d’innovatio n. Finalement, De la Mothe et Link (2002) affirment que les entreprises s’unissent à d’autres afin de s’adapter au rythme plus rapide des innovations. Ces partenariats leur permettent d’augmenter la vitesse de développement des innovations.