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La seconde vague : le renouveau charismatique dans le monde

CHAPITRE I : TROIS ONDES SUCCESSIVES DE PENTECOTE DANS LE MONDE AU XX EME SIECLE

2 La seconde vague : le renouveau charismatique dans le monde

Une clarification s’impose concernant les termes employés pour caractériser cette seconde vague. Plusieurs auteurs227 parlent à son propos de « néopentecôtisme ». Or c’est ainsi que sont aussi appelés les pentecôtistes de la troisième vague228. On réservera donc les termes néocharismatiques et néopentecôtistes à la troisième vague. La seconde vague, ou deuxième onde, prend naissance d’abord dans les Eglises protestantes historiques, puis dans l’Eglise catholique romaine. Comme elle ne renie en rien son enracinement institutionnel que le Saint Esprit vient raviver, elle se nomme « renouveau » ou « renouveau dans l’Esprit ». De plus, se caractérisant par l’expression de charismes oubliés dans ces Eglises, elles sont « charismatiques ».

Tout d’abord, il est important de souligner que dans cette seconde vague, il « n’y a pas d’événement fondateur, il n’y a pas d’équivalent de Azusa Street, il n’y a pas de lieu où tout est arrivé229 ». Cependant, plusieurs hommes et femmes pentecôtistes ou évangéliques ont joué un rôle essentiel de pont, et d’articulation avec les Eglises protestantes institutionnelles :

- David du Plessis, pasteur pentecôtiste d’origine sud-africaine, devenu américain, s’aventure à prendre contact avec le Conseil Œcuménique des Eglises en 1952 ; mais il est exclu pendant 15 ans des Eglises

225

C. STEPHENSON, op. cit., p 359. 226

Ibid., p 361. 227

H. LEDERLE, Theology with Spirit, Tulsa (Oklahoma), Word and Spirit Press, 2010, p 99. L.-J.SUENENS, op. cit., p 39.

G.TCHONANG, Ibid., p 113.

228 Blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/207/05/03/les-charismatiques-troisième-vague-c-est-quoi2.html 229

pentecôtistes du fait de ses contacts avec les Eglises protestantes historiques, puis avec l’Eglise catholique. Il est invité comme observateur au concile Vatican II et il a un passeport permanent pour le Vatican. Il raconte lui-même son histoire dans un ouvrage « Monsieur Pentecôte »230 , en particulier la « conversion » progressive qui lui a été nécessaire pour oser franchir les portes d’Eglises non pentecôtistes, jusqu’à celles du Vatican.

- David Wilkerson, pasteur pentecôtiste américain commence un ministère auprès des jeunes drogués et des gangs à New-York, en 1958 : il témoigne dans son livre : « La croix et le poignard 231» qui a eu beaucoup d’impact sur les membres d’Eglises historiques, dans leur ouverture aux mouvements de Pentecôte.

- Dans les années 1945-1950 : le ministère de Katherine Kuhlman232, pasteur baptiste à Pittsburg (ministère de guérison, paroles de connaissance, conversion) est aussi un jalon vers l’ouverture de la Pentecôte aux membres d’Eglises institutionnelles.

- Un mouvement interconfessionnel est créé en 1953 par Demos Shakarian : « La Full Gospel Business Men’s Fellowship International » ou « communauté internationale des hommes d’affaires du Plein Evangile ». Son histoire est retracée dans un livre « Les gens les plus heureux de la terre 233». Dans cette association, les laïcs, engagés professionnellement et appartenant à des confessions différentes, sont unis par une même double expérience de conversion et du baptême dans le Saint Esprit ; un même appel au témoignage les rassemble également. Ils racontent le bouleversement de leurs vies, dans leur quotidien, mais aussi lors de repas, à des invités extérieurs, des professionnels eux aussi. Le « Plein Evangile » signifie l’attente d’une vie qui n’a rien à envier à celles des premiers disciples à la suite de Jésus, ou des apôtres après la Pentecôte ; signes extraordinaires, guérisons, délivrances accompagnent le témoignage, comme cela est raconté dans les Evangiles. D’après son responsable en France jusqu’en 2013, Alain Jorel, cette communauté a été l’un des maillons pour la naissance du renouveau charismatique catholique aux USA, comme en France. Le mouvement continue à être à l’origine de grands réveils en Amérique Latine, Afrique, Asie.

2.1 La seconde vague dans les Eglises protestantes institutionnelles

Dans les années 1957-1960 commence le « renouveau charismatique » dans les Eglises historiques protestantes Nord-américaines, anglicanes ou épiscopaliennes (avec Dennis Bennett), luthériennes (avec Larry Christenson) et réformées (avec Harold Bredesen). Le livre de John Sherill « Ils parlent en d’autres langues234 », en retrace la progression ainsi que l’autobiographie de David du Plessis235. Ces débuts s’accompagnent des caractéristiques déjà relevées plus haut : le climat d’attente fervente d’une vie chrétienne de plénitude, cette prière incessante (dont on accusait les messaliens) :

Harold Bredesen, pasteur « au col traditionnel des ecclésiastiques anglo-saxons *…+ décida qu’il allait lui-même connaître cette expérience [du baptême dans le Saint Esprit], et dans ce but il prit un congé. Il se dirigea vers les Monts Alleghanys, se réfugia dans une cabane de montagne et commença à prier à longueur de journée. Il résolut de rester là-haut jusqu’à ce qu’il atteigne ce nouveau palier de

230

D. du PLESSIS, Monsieur Pentecôte, Lillebonne, Editions Foi et Victoire, 1981. 231 D. WILKERSON, La croix et le Poignard, Nîmes, Editions Vida, 1981.

232

B. HINN, Kathryn Kuhlman, Nimes, Editions Vida, 1999.

233 J. et E. SHERILL, Les gens les plus heureux de la terre, Belleherbe, Editions F.G.B.M.F.I, Voix, 1978. 234 J. SHERRILL, Ils parlent en d’autres langues, Strasbourg, Editions Jura Réveil, 1974.

235

communication avec Dieu. Jour après jour, il persista dans sa veille de prière236 ». Bredesen témoigne de la visitation attendue, sans le concours de personne, qui se traduit par un nouveau langage, qui s’avéra être du polonais, puis de l’arabe archaïque, phénomène de la xénolalie.

Mais les membres des Eglises protestantes historiques restent très discrets jusqu’au début des années 1960 : le pasteur épiscopalien Dennis Bennett est alors acculé à raconter son expérience, et malgré sa notoriété, il doit quitter sa paroisse pour un poste très insignifiant. Mais le feu continue à se répandre et très rapidement plusieurs dizaines de pasteurs de son diocèse reçoivent eux aussi le baptême dans l’Esprit et le don des langues. Les étudiants des universités sont touchés eux aussi par ce mouvement de ferveur. Partout l’on témoigne de manifestations et expériences des charismes comparables. Peu à peu, malgré les réticences, des membres de toutes les vieilles Eglises protestantes (épiscopalienne ou anglicanes, presbytériennes ou réformées, luthériennes) sont atteints, quels que soient leurs milieux sociaux, leurs âges, hommes ou femmes, laïcs ou ecclésiastiques.

Ce mouvement pentecostal dans les vieilles Eglises protestantes témoigne d’expériences spirituelles comparables aux courants précédents ; mais une spécificité l’en distingue : les membres « renouvelés » cherchent à ne pas quitter leur Eglise, et se consacrent davantage au service de leurs paroisses et à leur rayonnement. Cette caractéristique se vérifie d’autant plus au sein du renouveau charismatique catholique.

2.2 Le renouveau charismatique catholique

Le renouveau catholique est né principalement en Amérique du Nord, deux ans après la fin de Vatican II, et s’est répandu ensuite dans le monde entier. Les membres de deux universités furent parmi les premiers touchés en 1967: l’université Duquesne de Pittsburgh (en Pennsylvanie, dirigée par les Pères du Saint Esprit) puis l’université Notre Dame et la paroisse universitaire catholique de l’université de l’Etat du Michigan237. Mais en même temps, dans d’autres régions des USA, des catholiques faisaient la même expérience de ce qui fut appelé le baptême dans le Saint-Esprit (dont l’étude sera approfondie plus loin). De là, la propagation du mouvement s’est faite au Canada, en Europe et dans le monde entier.

Sur les origines de ce mouvement, on peut insister sur les points suivants:

-Une filiation de départ avec le renouveau d’origine protestante et pentecôtiste s’appuie sur l’influence des deux livres : « La croix et le poignard » et « Ils parlent en d’autres langues » ainsi que sur des liens étroits avec des protestants « renouvelés » ou avec la communauté du Plein Evangile. Un de ses membres, Ray Bullard, témoigne en 1977, comment 9 ans plus tôt, il a été l’un des maillons de cette transmission auprès des catholiques :

« Presque neuf ans ont passé depuis ce jour où un professeur de l’université Notre Dame me téléphona : -Je suis catholique, me dit-il, et nous sommes neuf ici, à l’Université, à prier depuis deux semaines afin que le Seigneur veuille bien nous accorder la grâce d’une expérience plus profonde. Nous voudrions vous demander de nous aider.

-Je ne sais pas si j’en suis capable, répondis-je, mais nous pourrions toujours organiser une réunion de prières et partager nos expériences mutuelles.

236 J. SHERRILL, p. cit., p 25.

237

Il y avait en effet deux ans que nous nous réunissions chez moi, tous les lundis pour une rencontre de prière. Le lundi qui suivit cet appel inattendu, nous nous retrouvâmes dans le vaste sous-sol de notre maison, une trentaine de pentecôtistes et neuf catholiques de l’université Notre Dame. Je me souviens que j’étais rempli d’enthousiasme ce soir-là, et en même temps, un peu intimidé et préoccupé par la crainte de ne pas être intellectuellement à la hauteur pour diriger le dialogue avec les professeurs. Il y a en effet, dans le monde, une certaine différence entre un appariteur comme moi et un professeur d’université. Mais dès le début, je confiai notre réunion au Seigneur Jésus, et aussitôt l’Esprit de Dieu descendit sur les participants, de sorte qu’après quelques instants, tous commencèrent à parler en langues. Jamais de ma vie je n’avais vu tant de joie et de bonheur. Ce fut une des plus belles réunions de prière à laquelle il ne m’ait jamais été donné d’assister. Je sus par la suite que ces frères de l’université Notre Dame avaient reçu le baptême de l’Esprit Saint – grâce à leur foi – au cours d’une rencontre qui eut lieu à l’université. Le lendemain, ces mêmes frères racontèrent à de nombreuses personnes ce qui s’était passé durant notre rencontre de prière et comment le don des langues s’était manifesté. Ils en parlèrent également au père Edward O’Connor qui participa le lundi suivant à notre réunion de prières, dans l’espoir de trouver le baptême dans le Saint Esprit.238 »

Ce témoignage est un bon exemple des débuts du renouveau charismatique aux USA (comme en France) : - Il y a d’abord une recherche de l’Esprit Saint, une aspiration à une expérience spirituelle semblable

ou proche de celle des premiers apôtres, une ferveur et une assiduité dans la prière.

- Puis l’on peut observer une humilité et une ouverture réciproque, de ceux qui demandent de l’aide et de ceux qui accueillent cet appel. Le baptême dans l’Esprit est une réponse à la foi sans lien avec l’organisateur de la prière.

- L’unité et la communion fraternelle rassemble des personnes que pourtant tout semblerait séparer, ecclésialement, socialement.

- La prière commune et l’attente de la seule intervention de Dieu reçoivent en réponse la manifestation du don des langues, signe d’une nouvelle Pentecôte.

- Le témoignage suit cette bénédiction, et cette seconde vague se propage par transmission.

Cette vision d’une continuité entre réveil pentecôtiste et renouveau charismatique insiste sur le fondement œcuménique des débuts de ce renouveau, vu comme une onde touchant successivement les différentes Eglises institutionnelles. La Commission doctrinale de l’ICCRS239 souligne à la fois les liens avec le renouveau protestant, mais aussi avec une préparation de cette effusion dès 1897 : « sous l’inspiration de Sœur Elena Guerra (depuis déclarée bienheureuse), fondatrice des sœurs Oblates du Saint Esprit, le pape Léon XIII écrivait l’encyclique Divinum Illud Munus, par laquelle il appelait l’Eglise [catholique] à renouveler sa dévotion à l’Esprit Saint240 ». Le 1er janvier 1901, il invitait les fidèles catholiques à prier une « neuvaine » à l’Esprit-Saint pour l’unité de l’Eglise, et à invoquer l’Esprit Saint sur tout le XXème siècle. Au même moment, se vivait la première effusion de l’Esprit Saint à Topeka, au Kansas, marquant le commencement du Pentecôtisme. Cette prière a donc une double orientation : l’unité de l’Eglise (sans préciser) et un appel à l’Esprit Saint ; elle annonce les deux composantes initiales du Renouveau, œcuménique et charismatique241.

L’ICCRS insiste également sur le rôle du « Concile Vatican II (1962-1965) [qui devait poser] les bases doctrinales *et préparer+ de façon plus immédiate l’avènement du renouveau charismatique catholique. La constitution Lumen Gentium en particulier, reconnaissait que les charismes continuaient à jouer un rôle

238

Ray BULLARD, (Directeur international de la Communauté des hommes d’affaire du Plein Evangile), « Témoignage » in revue Voix, mai 1977, édition française.

239

ICCRS (Service international du renouveau charismatique catholique), Commission doctrinale, L’effusion de l’Esprit

Saint, Editions des Béatitudes, 2012.

240 Op. cit., p 11. 241

dans la vie de l’Eglise et appelait à les accueillir avec discernement. Autres éléments significatifs du Concile : l’enseignement de Lumen Gentium sur le rôle des laïcs dans l’Eglise, l’invitation de Dei Verbum à rendre l’Ecriture Sainte accessible à tous les fidèles, et le Décret sur l’œcuménisme qui reconnaissait la présence et l’action de l’Esprit Saint dans les autres confessions chrétiennes242 ».

D’autres lectures insistent sur la simultanéité de ce renouveau des Eglises, ici et là, plus que sur une continuité. Il est important de souligner que l’ICCRS met en relief, à la fois la filiation protestante des origines et le fondement œcuménique du renouveau charismatique catholique, tout en l’intégrant fortement à l’intérieur de l’Eglise catholique comme une réponse à la prière fervente et persévérante des croyants, et fruit du Concile Vatican II.

Le 1er juin 2014, le Pape François rappelle également le fondement œcuménique du Renouveau charismatique catholique, citant les Documents de Malines243 que nous approfondirons dans la partie théologique:

« On m’a demandé de dire au Renouveau ce que le Pape attend de vous : *…+ Que vous demeuriez unis dans l’amour que le Seigneur Jésus nous demande pour tous les hommes, et dans la prière au Saint-Esprit pour arriver à cette unité, nécessaire en vue de l’évangélisation au nom de Jésus. Rappelez-vous que « le Renouveau charismatique est par sa nature même œcuménique *…+ Le Renouveau catholique se réjouit de ce que l’Esprit-Saint réalise dans les autres Eglises. » (1 Malines 5,2).244 »

2.3 La réception du renouveau charismatique par les Eglises institutionnelles protestantes et

catholiques

On peut tenter de répondre à cette question en se plaçant tout d’abord du côté des fidèles charismatiques, puis, du côté des institutions :

-La première spécificité marquante de ce renouveau est donc qu’il ne se place pas en rupture avec les Eglises auxquelles appartiennent leurs membres. La position est ici contraire à celle des pentecôtistes dont le mot d’ordre a souvent été : « sortez du milieu d’elles245 ». Ils signifiaient ainsi l’incompatibilité d’un baptême dans l’Esprit et d’une appartenance aux Eglises historiques. L’on comprend la difficulté de pionniers de l’unité tels que David du Plessis, lui-même pentecôtiste mais en contact permanent avec les Eglises établies. Dans le renouveau charismatique, l’appel est autre : rester dans son Eglise comme le levain dans la pâte, bien souvent invisible, jusqu’à ce que la pâte lève. Il n’empêche que ces charismatiques furent parfois plus que visibles et audibles, portés par un enthousiasme qui n’était pas toujours partagé.

-En ce qui concerne les institutions, elles se sont dès les débuts souciées de ces mouvements qui semblaient ainsi jaillir spontanément ici et là. Aux USA, elles ont multiplié les commissions et les rapports chez les épiscopaliens, luthériens, et presbytériens (réformés), comme chez les catholiques. Les conclusions en sont dans l’ensemble mesurées, prudentes, réservées mais sans fermeture. L’observation des fruits de ce renouveau parmi les fidèles tend plutôt à rassurer les institutions. Insistance est donnée de se respecter les uns les autres, et de vivre en harmonie. Il est intéressant de noter par conséquent que dans ces débuts

242

ICCRS, Ibid., p 12.

243 L.-J. SUENENS, Le renouveau charismatique : orientations théologiques et pastorales, Documents de Malines 1, chapitre 5,2, Oppem-Meise, B-1860, Belgique, FIAT. 2001.

244 Pape François, Discours aux participants à la 37ème convocation nationale italienne du Renouveau dans l’Esprit,

Stade olympique de Rome, 1er juin 2014, http://renouveau.bm.over-blog.com/ 245

du renouveau charismatique, la réception n’est pas négative aux USA : par exemple, en octobre 1962 un rapport de la « commission des dons spirituels », demandé pour l’assemblée générale luthérienne de Milwaukee, conclut ainsi : « parler en langues est un des multiples dons de l’Esprit mentionnés par l’Ecriture »246 ; par contre les dangers et difficultés de la pratique de ce don sont fortement soulignés. Dans l’Eglise catholique, les évêques ont des réserves plus ou moins grandes. Aux USA, commissions et rapports sont là aussi demandés afin d’étudier le phénomène charismatique. Ils s’attachent aux effets de ce renouveau : sont soulignés « l’accent mis sur la prière et sur la sainteté personnelle, les exigences d’une conversion se poursuivant tout au long de l’existence, l’accroissement de dévotion à l’Eglise et aux sacrements que l’on trouve généralement dans ces groupes. On met cependant en garde contre une part trop grande faite à l’émotion religieuse et contre un certain anti-intellectualisme *…+247 » L’intégration du renouveau dans l’Eglise catholique est fortement encouragée par le Pape Paul VI, qui insiste tout au long de son pontificat sur les besoins d’un renouveau spirituel. Lors de la conférence charismatique internationale des 16-19 mai 1975, à Rome, le Pape s’adresse aux membres de la conférence en nommant ce qui caractérise leur mouvement :

« La communion profonde des âmes, le contact intime avec Dieu dans la fidélité aux engagements pris lors du baptême, dans une prière souvent communautaire où chacun , s’exprimant librement, aide, soutient, nourrit la prière des autres, et, à la base de tout, une conviction personnelle qui n’a pas sa source uniquement dans un enseignement reçu par la foi, mais aussi dans une certaine expérience vécue, à savoir que sans Dieu, l’homme ne peut rien, qu’avec lui, par contre, tout devient possible : d’où ce besoin de le louer, de le remercier, de célébrer les merveilles qu’il opère partout autour de nous et en nous. *…+ Comment dès lors, ce renouveau spirituel ne pourrait-il pas être une chance pour l’Eglise et pour le monde ?248 »

La spécificité de cette deuxième vague est donc double :

-D’une part, elle apparaît de façon inattendue dans les Eglises institutionnelles, protestantes et catholiques et leur filiation avec les assemblées et associations pentecôtisantes est fréquente à leur origine. (Les rapports interconfessionnels aux USA et dans les pays anglo-saxons sont dans l’ensemble beaucoup plus simples qu’en France, où le passé est plus lourd et encore tenace).

-D’autre part, elle est nouvelle par la recherche d’intégration à l’intérieur des Eglises historiques : celle-ci est plus ou moins difficile, mais les efforts portent sur les liens entre l’institution et l’inspiration. « Les efforts théologiques sont ici centrés sur l’intégration de l’expérience du baptême dans le Saint-Esprit et de ses dons à l’intérieur des traditions ecclésiales. Se pose donc la définition de ce baptême, vu surtout comme renouvellement et déploiement d’une grâce déjà reçue lors du baptême sacramentel, actualisation ultérieure de la grâce offerte dans l’initiation chrétienne ».249

Quelles particularités propres et proximités ont donc ces différentes ondes de renouveau ou de réveil, (chacune permettant de s’interroger sur leurs conséquences sur les limites des Eglises et de l’Eglise, sur la définition de son centre et de son unité) ?

- La première vague a été à l’origine d’une nouvelle famille de dénominations et bien des membres des Eglises historiques les ont quittées pour se rattacher à ces nouvelles assemblées.

246 E. O’CONNOR, op. cit., p 30. 247

Ibid., p 23.

248Ibid., p 25, note 25, « L’Osservatore Romano », 19-20 mai 1975, p 1-5, La Documentation Catholique, 1678, 15 juin

1975, p 562-564. 249

- La deuxième vague, née dans toutes les confessions chrétiennes, a cherché au contraire à demeurer dans les Eglises d’origine, et à intégrer ce renouveau dans les Eglises institutionnelles. - La troisième vague élargit encore la question: elle renouvelle d’une part la première et la deuxième

vague, mais d’autre part elle peut être aussi interconfessionnelle ou même le plus souvent non dénominationnelle.