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4 Le prophétisme cévenol entre 1688 et 1702

4.1 Trois phases principales

Dans cette partie descriptive du prophétisme cévenol, on peut distinguer trois périodes : la première prépare en quelque sorte le phénomène prophétique : c’est la phase de soumission et d’abjuration. La seconde voit naître un appel à la repentance et à la réconciliation avec Dieu sous forme prophétique : une exhortation à la résistance pacifique l’accompagne. La troisième phase se caractérise par le passage à un prophétisme guerrier, un appel à la résistance armée qui conduit à la guerre des camisards. Cette évolution du prophétisme cévenol se caractérise par un contexte politique, sociologique, religieux, par un message qui se radicalise, par une réception contrastée aux conséquences durables.

Nous nous sommes appuyée sur plusieurs ouvrages:

-« Paru à Londres en 1707, Le Théâtre sacré des Cévennes, ’ce curieux et terrible livre’ selon Michelet, est l’un des premiers ouvrages consacrés aux petits prophètes des Cévennes, ces jeunes gens et jeunes filles, voire enfants qui, au lendemain de la Révocation de l’Edit de Nantes, appelèrent le peuple protestant à la repentance, puis à la résistance ».141 C’est un recueil de témoignages rassemblés par Maximilien MISSON, dans un souci apologétique : à Londres viennent se réfugier des Camisards et des « Inspirés » qui étonnent à la fois les anglais et les pasteurs réfugiés depuis la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Qui inspire ces prophètes ? Au départ pacifiques, ils ont ensuite poussé à prendre les armes dans les Cévennes ? C’est pour les défendre que Maximilien Misson, auteur renommé alors, a réuni ces témoignages. Ce livre prend donc clairement parti, de même que la plupart des récits des nouveaux émigrés Cévenols. Mais, malgré cela, ils présentent un intérêt certain pour notre étude, dans la mesure où ces témoignages montrent des constantes que l’on va chercher ici à souligner. Ces convergences permettent de dresser un portrait type de « l’inspiré » de la fin du XVIIème siècle et du début du XVIIIème siècle, que l’on pourra, malgré les siècles de distance et des contextes apparemment différents, tenter de rapprocher des mouvements enthousiastes et spiritualistes des premiers siècles de la chrétienté, et des courants de Pentecôte et charismatiques du XXème siècle et du début du XXIème siècle.

-Philippe JOUTARD, historien du protestantisme cévenol du XVIIème siècle, s’appuie sur le Théâtre sacré des Cévennes, mais aussi sur les Mémoires d’Abraham Mazel, et Elie Marion, qui figurent parmi les principaux « inspirés », ainsi que sur les très nombreuses enquêtes du « restaurateur du protestantisme après 1715, Antoine Court [qui] voulut écrire à son tour une histoire des Camisards142 ». Philippe Joutard fait aussi appel à des archives familiales manuscrites conservées depuis le XVIIème siècle dans tel ou tel

141 M. MISSON, Le théâtre sacré des Cévennes, Paris, Les Editions de Paris, 1996, présenté par J-P RICHARDOT, quatrième de couverture.

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mas des Cévennes. Le sujet a suscité de nombreuses recherches et des ouvrages fondamentaux, en particulier les six volumes du pasteur Henri Bosc ou le Dictionnaire des Camisards de Pierre Rolland. Il n’a été ici possible que de donner quelques pistes de réflexions en lien avec notre sujet. Philippe Joutard écrit lui-même, malgré toute l’ampleur de son travail : « Quelles que soient la précision de nos recherches et leur subtilité, cette guerre reste dans son originalité inconcevable ; voilà pourquoi nous serons encore, nous et nos successeurs, longtemps fascinés par cette aventure limitée dans le temps mais riche de multiples significations143 ».

-Les Mémoires d’Antoine Court144 apportent un éclairage sur les efforts de reconstruction et de réorganisation de l’Eglise Réformée en France ; il permet de poser la question de l’intégration du mouvement de résistance cévenol, prophétique dans ses débuts.

4.1.1 Une première phase de « résignation »

Comme le rappelle J-P RICHARDOT dans son introduction, la Révocation de l’Edit de Nantes a été précédée d’une vingtaine d’années de répression145. En 1681, la violence des Dragonnades commence, les fermetures des temples se multiplient. Dans cette persécution, « les motivations proprement politiques l’emportent largement sur les préoccupations religieuses : montrer à l’Europe catholique que le ‘grand roi’ est plus capable de réunifier la chrétienté que l’empereur *…+ ou le pape avec qui il est en conflit ; plus encore, renforcer l’unité politique du royaume et l’absolutisme par l’unité de la foi.146 »

Les résultats sont rapides et les « conversions » au catholicisme très nombreuses. L’Edit de Fontainebleau de 1685 interdit désormais tout rassemblement protestant, et soumet les pasteurs à un choix entre trois possibilités : la conversion au catholicisme, l’exil sous quinze jours à compter du 18 octobre 1685, ou les galères. Plus de la moitié des pasteurs languedociens émigrent donc (dans ce cas, ils devaient abandonner leurs enfants de plus de 7 ans) dans les pays du « Refuge » comme la Suisse, la Hollande et l’Angleterre, Londres en particulier.

Cette première tendance à la résignation est encouragée par la plupart des notables et des pasteurs, exhortant à l’obéissance et à la soumission aux autorités :

« Les rois de ce monde tiennent en quelque manière la place de Dieu et sont son vrai portrait vivant sur la terre. Ce sont les maximes fondamentales de notre créance que nous avons appris pendant toute notre enfance, et que nous tâchons de pratiquer pendant toute notre vie et que nous inculquons comme un devoir indispensable à tous nos troupeaux.147 »

Certains cependant résistent au péril de leur vie et de celle de leur famille, se réfugiant dans les lieux les plus reculés et « déserts », en particulier, dans les campagnes du Sud-est français. Là, « le nombre [des exilés…+ fut faible il est vrai, 8 % seulement des réformés en Vivarais et dans le Bas-Languedoc, les Cévennes se situant au dernier rang des provinces synodales avec 5%. Le phénomène est très explicable : il s’agit de pays éloignés des frontières et à dominante paysanne, ce qui ne facilite pas l’exil. Il est plus facile à un artisan ou à un bourgeois de transférer ses biens ou d’offrir sa compétence à l’étranger. En revanche,

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Op. cit., p 257. 144

P. CABANEL, Mémoires pour servir à l’histoire et à la vie d’Antoine COURT (de 1695 à 1729), Paris, Les Editions de Paris, 1995.

145 M.MISSON, op. cit., p 21-25. 146

P. JOUTARD, Ibid., p 22.

147 Ibid., note 11 p 268, lettre au roi envoyée au cours du dernier synode national avant la Révocation, tenu à Loudun en 1659, citée par F.PUAUX dans le Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme français (B.S.H.P.F), 1913, p 389.

l’arrière-pays montagneux favorisait la clandestinité. Plusieurs centaines de protestants refusant l’abjuration, se réfugièrent dans les Cévennes *…+ Il est aussi évident que la pratique du double jeu – donner une signature tout en conservant ses convictions – fut la tentation permanente pour les notables : la grande majorité y succomba. Mais il existe des exceptions148. » Nombre de paysans découragés par l’exil de la plupart des pasteurs et l’abjuration d’une grande partie des notables, se résignent à leur tour. Mais très rapidement, ceux-ci sont torturés par le remords et ils interprètent les malheurs du temps (persécutions, destruction, dérèglement du climat, mauvaises récoltes) comme des expressions de la colère divine. Imprégnés de lectures de l’Ancien Testament et du livre de l’Apocalypse, fortement convaincus de la nature pécheresse de l’homme et rapides à reconnaître des signes dans leur quotidien, les protestants abjures seront prêts à recevoir les messages prophétiques qui vont se multiplier après la Révocation. Des prières appartenant à des archives familiales témoignent de ce climat :

« Tu as démoli notre temple parce que nous l’avions profané par notre impiété, on y lisait ta parole, et nous remplissions ce saint lieu de murmures et d’entretiens profanes, on y prêchait ton évangile, et nous entretenions nos esprits de pensées du monde, nous en sortions aussi corrompus que nous y étions entrés *…+

Les saisons étaient souvent déréglées, les hivers extraordinairement rigoureux, les étés insupportables *…+ Les déluges fréquents emportaient quelquefois nos moissons et nos arbres et inondaient nos terres. Les sècheresses succédaient à ces premiers jugements et goutaient tous nos fruits, cependant nous étions sourd à toutes ces voix et nous ne retournions point jusqu’à l’Eternel, aussi ta colère ne s’est-elle pas arrêtée à quelques coups de verge, tu as redoublé tous les châtiments, tu as fait passer et repasser chez nous le soldat insolent et cruel, il a logé à discrétion, il nous a pillés et nous a abattus sans qu’on nous donnât du secours *…+149 »

Les appels prophétiques à la repentance vont trouver aisément échos dans des âmes ainsi préparées. Le remords s’accompagne le plus souvent d’une résistance cachée qui s’organise : dans les Cévennes, même privés de leurs pasteurs, les Huguenots entrent dans « une résistance biblique150 », lisant la Bible tous les soirs, apprenant à lire dans la Bible. Les témoignages sont en effet imprégnés d’une forte culture vétéro-et néo- testamentaire. La Bible et la prophétie vont remplacer les institutions disparues.

Le culte quotidien autour de la Bible familiale (pour ceux qui en possèdent une), la contre instruction religieuse inculquée aux petits protestants alimentent également le terreau dans lequel sera reçu le prophétisme cévenol.

« Si les pères envoient par force leurs enfants aux écoles pendant le jour, ils détruisent le soir tout le bien que les maîtres ont pu faire151 *…+ »

« En l’année 1685, le Roi, comme on le sait, par les dragons, par le clergé et les bourreaux, força tout son peuple protestant à embrasser le papisme. J’étais alors âgé de 7 ans. Je n’ai jamais fait aucune abjuration ni acte de la religion romaine que d’aller quelque fois à la messe, étant forcé comme tous autres enfants par les maîtres d’écoles que le Roi avait envoyés dans tous les endroits protestants pour instruire la jeunesse. Les instructions secrètes que je recevais tous les jours par mon père et par ma mère augmentaient si fort mon aversion pour l’idolâtrie et pour les erreurs du papisme qu’étant parvenu en âge de connaissance, je ne pratiquais plus que les assemblées des protestants qui se faisaient dans les déserts, dans les lieux cachés 152».

148 P. JOUTARD, Ibid., p 29-30. 149

Ibid., p 33-34, notes 21 et 23 p 268 : archives personnelles de M. Daniel TRAVIER, Saint-Jean-du-Gard. 150

M. MISSON, Ibid., p 28. 151

P. JOUTARD, Ibid., p 36, note 26 p 268-269 : Mémoire de M. de Bâville à M. de Châteauneuf sur les nouveaux convertis, 11 mai 1698, publié par J.LEMOINE, Mémoires des Evêques de France sur la conduite à tenir à l’égard des

réformés (1698) Paris, 1902, p 322-323.

152 Ibid., p 34-35, note 24 p 268 : « le texte des mémoires de Marion et de Mazel a été édité une première fois par Charles BOST en 1931. J’en ai *Philippe Joutard] publié de larges extraits dans Journaux Camisards, Paris, 1965. L’extrait reproduit ici est p 75-76. »

Comme on peut s’y attendre, les interprétations protestante et catholique sont opposées. Mais ici l’essentiel est de souligner combien le contexte de l’éducation d’un des futurs « prophètes » et chefs de la guerre des Camisards a pu le façonner et le préparer à une résistance de plus en plus radicale.

4.1.2 Une seconde phase : prédicants et premiers prophètes « cévenols»

Ce terme de localisation doit être pris au sens large : en effet, les premiers phénomènes prophétiques sont entendus dans les Cévennes, dès décembre 1685, trois mois après la Révocation. Mais deux ans plus tard, en 1688, c’est le Dauphiné qui devient le foyer de prophétisme principal, puis le Vivarais en janvier 1689, et à partir de l’automne 1700, à nouveau les Cévennes, enfin le Bas-Languedoc. L’ensemble de ces évènements est rassemblé sous le vocable « prophétisme cévenol ».

Dans les Cévennes, en décembre 1685 :

« On entend chanter de nuit les psaumes en l’air comme si c’était dans le temple. Mercredi dernier (12 décembre), j’étais couché dans ma chambre et environ à minuit, j’entendis sous le couvert une voix fort éclatante qui m’éveilla et ensuite cinq à six voix qui lui assistèrent et chantèrent cinq ou six versets du Psaume 5. Tous ceux de la maison l’ont ouïe plusieurs fois et cela a été ouï par tout le pays.

Nous ne pouvons pas douter que ce ne soient des troupes d’anges que Dieu nous envoie pour notre consolation, pour nous assurer que Dieu ne nous a pas tout à fait abandonnés et que notre délivrance approche153 ».

Ce n’est pas encore une véritable expression prophétique, mais plutôt un phénomène jugé inexplicable et interprété comme une intervention divine. Il témoigne du climat de détresse et d’attente eschatologique qui règne alors. Mais dans les Cévennes, ce sont surtout des « prédicants », remplaçant les pasteurs en exil qui vont entretenir cette soif. « Pour la seule zone des Cévennes et du Bas-Languedoc, et dans la période de 1686-1700, Charles BOST en a recensé plus de soixante, tous ou presque d’origine modeste, paysans ou plus souvent artisans, cardeurs, tisserands et cordonniers. Leur formation est très sommaire *…+ Beaucoup savent à peine lire et écrire154 ». Les sermons sont recopiés et lus à partir de prédications envoyées par des pasteurs du Refuge, ou composées par un nommé Brousson, rare prédicant ayant bénéficié d’une culture classique. D’autres prédicants improvisent eux-mêmes, directement « inspirés ». Ces prédications sont centrées sur trois thèmes principaux : la dénonciation de l’Eglise romaine, l’annonce de la délivrance divine, et avant tout, la repentance : dans les Assemblées clandestines attestées dès après la Révocation, des prières de repentance et des liturgies de réconciliation-contre abjuration relèvent la foi réformée et la résistance.

Dans le Dauphiné, en 1688, une jeune bergère de 15 ans ouvre réellement la période du prophétisme « cévenol » ; un témoin, l’avocat Gerlan témoigne :

« Elle s’appelle Isabeau Vincent, fille de Jean Vincent du mandement de Saou, âgée d’environ 15 ans, ne sachant ni lire ni écrire, on l’entendit le troisième mois de février parler dans son lit, les choses magnifiques de Dieu ; son parrain chez qui elle est bergère, y demeurait, et les autres qui étaient dans la même maison crurent que c’était une rêverie, mais l’ayant ouïe continuer pendant quelques nuits, ils furent à son lit pour l’éveiller, mais ils ne le purent, et elle parla comme auparavant. Elle parle les yeux fermés, sort les bras l’un après les autres, après quoi elle chante ‘lève le cœur’ ou quelque autre psaume jusqu’à la fin ; ensuite elle expose des passages de l’Ecriture sainte avec une voix forte, faisant ensuite son application sur les biens et les maux présents de l’Eglise, sur la repentance du pécheur qui est toujours le principal but de toutes ses exhortations.

153 Ibid., p 63, notes 1 et 2 p 270 : Témoignage de Mlle de Vébron, cité par Charles BOST, Les Prédicants protestants

des Cévennes et du Bas-Languedoc, 1684-1700, Paris, 1912, t. I, p 61-62.

154

Elle parle fort bon français dans toutes ses exhortations, excepté que bien souvent lorsqu’elle se jette sur les abus de l’Eglise romaine, elle parle son langage naturel, mais s’étant réveillée, elle ne se souvient pas d’avoir parlé et ne sait pas parler français *…+

Ses ennemis la traitent de folle, ce qui n’est point, car c’est purement l’esprit de Dieu qui parle par elle ; ce n’est pas l’esprit du mensonge comme on vous l’a dit, car il travaillerait à se détruire soi-même, ce qui serait contre la parole du Seigneur, lorsqu’il dit que tout royaume divisé contre soi-même, etc. Le but de toutes ses exhortations ne tendent comme dit est, qu’à la conversion du pécheur, et à détruire l’ouvrage du Démon ; nous verrons quelle suite cela aura et je vous ferai part de qui se passera à ce sujet.»155

On retrouve donc ici les mêmes thèmes que chez les prédicants des Cévennes, donnant la première place à la repentance (de l’infidélité et de l’abjuration), puis à la critique de l’Eglise romaine (les deux étant intimement liée : le remords est d’autant plus grand que l’on est convaincu de l’erreur catholique). La « conversion du pécheur » et la « destruction de l’œuvre du démon » apparaissent ici concerner davantage le plan théologique et ecclésial qu’éthique. L’auteur de ce témoignage, protestant lui aussi certainement, voit dans ces dénonciations anti catholiques, la plus sûre signature d’une inspiration d’origine divine. Les chants, les passages de l’Ecriture, les exhortations rappellent également les prédications et les assemblées du désert. La limite entre prédication « inspirée » et prophétie est difficile à établir. Ici, tout se présente de façon extraordinaire et irrationnelle : c’est une jeune-fille illettrée, qui ne parle pas français, et voici qu’elle s’exprime avec assurance, très clairement, dans une langue plus que correcte (sauf pour les invectives contre Rome), qui plus est tout en dormant, sans se souvenir de ses propos, une fois réveillée. Arrêtée par la police, interrogée, elle sait répondre en bon français, et une fois emprisonnée, elle ne cesse de prêcher, et de parler de nuit ; sa voix continue à s’entendre même dans la rue.

Isabeau est comme l’évènement déclencheur d’un prophétisme qui gagne rapidement tout ce Sud-est à forte majorité protestante et soumis à la persécution royale.

On peut repérer des constantes dans ces témoignages rassemblés par Maximilien Misson dans le Théâtre Sacré des Cévennes, couvrant une vingtaine d’années.

4.1.2.a Quelles en sont les caractéristiques générales ?

- C’est une spiritualité qui part de l’expérience, donnant une place importante à des manifestations physiques et sensibles, attribuées au Saint-Esprit.

- Les charismes sont très principalement dans les témoignages du XVIIIème siècle la prophétie, mais celle-ci se décline en don de révélation, en dévoilement des cœurs et des esprits, en don de prédiction. Est mentionné également le parler en langue et son interprétation (par la même personne).

- La repentance prêchée et vécue ne concernet donc pas seulement les mœurs, la morale, mais avant tout les choix spirituels et l’abandon de la foi Réformée vécu comme une trahison. La conversion, l’abandon des habitudes anciennes, s’accompagnent d’une grande ferveur, d’une consécration à Dieu jusqu’au don éventuel de sa vie.

155

Ibid., p 65-66 ; note 5 p 270 : « Extrait d’une brochure imprimée très rare, intitulée Abrégé de l’histoire de la

bergère de Saou, près de Crest, imprimé à Amsterdam en 1688. Nous n’en avons trouvé qu’un exemplaire à Genève.

Mais le pasteur Manen en a découvert une copie manuscrite du temps dans les archives d’une famille paysanne de la paroisse de La Pervenche (dans les Boutières, en Vivarais), ce qui montre bien que l’esprit prophétique s’est non seulement diffusé par le contact direct avec les inspirés, mais par ce type de documents soigneusement transcrits et relus de nombreuses fois à la veillée. Nous l’avons publiée, le pasteur Manen et moi-même, dans Une Foi enracinée,

- Les Ecritures de l’Ancien comme du Nouveau Testament sont lues et vécues comme la Parole vivante qui s’actualise dans le quotidien de chacun. C’est une lecture littérale, qui imprègne les prédications et les prophéties d’un vocabulaire vétéro-testamentaire.

4.1.2.b Qui prophétise ?

Ce n’est sans doute pas là que les convergences sont les plus grandes. En effet, même si le phénomène le plus extraordinaire réside dans la prophétie des enfants et même de nourrissons, ainsi que d’adolescents souvent illettrés, plusieurs chefs camisards sont eux aussi des Inspirés (c’est d’ailleurs une des raisons de leur choix comme chefs de guerre : le ministère prophétique devenant aussi un ministère de pasteur, de docteur ; souvent les Inspirés sont aussi prédicateurs) ; il y avait aussi des femmes.

4.1.2.c Comment se déroule une prophétie ?

Tous les témoignages convergent ici nettement (au point qu’on peut s’interroger sur leur véracité) : Au début, la personne commence par des mouvements désordonnés de son corps, comme des convulsions, des tremblements, des soupirs, plus ou moins importants (rares sont les témoignages sans ces manifestations physiques). Puis la personne s’apaise et commence à parler soit sous forme de prophétie,