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Dans l’Eglise catholique : une visibilité croissante malgré des crises

CHAPITRE III. RECEPTION DE LA DEUXIEME VAGUE EN FRANCE DANS LES EGLISES INSTITUTIONNELLES

11 L’intégration intraconfessionnelle prédomine sur les rapprochements interconfessionnels. 1982 à 1994

11.1 Dans l’Eglise catholique : une visibilité croissante malgré des crises

363 Ibid., p 141.

364

Cette croissance facilitée par l’accueil officiel du renouveau comme une chance pour l’Eglise est-elle aussi une chance pour le dialogue et l’ouverture avec les autres Eglises ?

La réception du renouveau charismatique passe de la prudence à l’ouverture et à l’intégration au sein de l’Eglise catholique ; elle se fait à plusieurs niveaux : Au niveau institutionnel et hiérarchique, la réception bénéficie de la préparation qu’a représentée le concile Vatican II : le renouveau peut être reçu comme une réponse à la prière formulée par le Pape Jean XXIII appelant une nouvelle Pentecôte sur l’Eglise. De plus, des prêtres, des religieux dominicains, jésuites, trinitaires, franciscains sont eux-mêmes touchés et sont des témoins rassurants par leur formation, leur sagesse, leur respect des institutions ecclésiales. « Ce renouveau n’est pas limité aux « charismatiques ». Il y a de nombreuses créations, comme l’Arche de Lanza del Vasto, les Foyers de Charité, les Sœurs de Bethléem, les Frères de saint Jean, l’Arche de Jean Vanier, le Néo-catéchuménat, les Focolari, etc365», en ce qui concerne ici l’Eglise catholique. Mais dès 1973, le pape Paul VI encourage le renouveau charismatique, reconnaît son caractère interconfessionnel, et invite les responsables catholiques réunis à Rome à veiller au risque de confusion doctrinale et ecclésiale.366 Il encourage des théologiens catholiques à travailler la compatibilité entre l’expérience charismatique et l’institution, le Magistère et les sacrements.

Au niveau local, la réception dépend de l’accueil de chaque évêque et de chaque curé de paroisse, ainsi que de la finesse, de la patience ou de l’exubérance enthousiaste de chaque paroissien touché par la « grâce du renouveau », et des jugements rapides réciproques exercés les uns sur les autres.

En France la croissance du renouveau charismatique s’est déployée soit par le biais des groupes de prière souvent rattachés à une paroisse et à leur diocèse, soit par une communauté nouvelle. Plusieurs de ces communautés ont connu des crises profondes, certaines ont disparu. Nous choisissons ici de décrire particulièrement trois d’entre elles : la communauté de l’Emmanuel, qui contribue fortement à l’intégration du renouveau au sein de l’Eglise catholique, mais sans orientation œcuménique, la Communauté du Chemin Neuf, bien intégrée également à l’Eglise catholique, mais « à vocation œcuménique » et la communauté du Puits de Jacob à Strasbourg. Nous chercherons à en souligner les convergences et divergences pour avancer sur la question du déplacement des frontières œcuméniques par le fait charismatique.

11.1.1 La communauté de l’Emmanuel

Le fondateur de la communauté de l’Emmanuel, Pierre Goursat, est un laïc ; son amour pour l’Eglise catholique est très profond, et il le partage avec le Cardinal L.J. Suenens, (1904-1996), archevêque de Malines-Bruxelles, l’un des quatre « modérateurs » de Vatican II, chargé par les papes Paul VI puis Jean-Paul II d’accompagner le renouveau catholique.

« Ils s’accordaient tous deux sur cette idée de fond qui pourrait, en forçant le trait, se résumer ainsi : catholiciser le Renouveau charismatique, et charismatiser et renouveler l’Eglise. *…+ Pierre Goursat eut le mérite d’enraciner l’Emmanuel dans la tradition de l’Eglise *…+ Il comprit et fit comprendre que le Renouveau était une réponse à la prière de Jean XXIII à l’ouverture du concile, priant l’Esprit Saint de venir renouveler son Eglise. L’Eglise n’est pas née avec le Renouveau. Il fallait que celui-ci s’insère en son sein pour la revivifier et lui apporter les forces neuves dont elle avait besoin pour affronter le monde de son temps. C’est du reste ce qui s’était passé, sous d’autres formes, à bien des périodes de l’histoire de l’Eglise. Il fallait se mettre à la suite des saints qui avaient frayé la voie. *…+ L’Emmanuel se voulut ainsi, dès le début, catholique, non au sens de l’appartenance à une

365 B. PEYROUS et H.-M.CATTA. op. cit., p 10. 366

Eglise particulière, mais justement parce que l’Eglise catholique n’est pas une Eglise comme les autres : elle a un charisme de vérité, d’unité, et de rassemblement 367 ».

Ces lignes rédigées environ 30 ans après les débuts de la communauté, éclairent les priorités de la communauté de l’Emmanuel d’où découlent ses réponses à la question de la contribution du renouveau aux rapprochements œcuméniques : Le renouveau est né de Vatican II ; (le rappel des enracinements protestants du renouveau ne sont pas mentionnés). Il est au service du renouvellement de l’Eglise catholique, dans laquelle il doit s’intégrer (les autres confessions touchées par ce même renouveau n’apparaissent pas). Il est un réveil comme ceux qui ont déjà revivifié l’Eglise catholique, au cours de l’histoire. (Il n’apparaît pas unique dans l’histoire de l’Eglise, par son ampleur, touchant toutes les confessions, toutes les cultures, tous les âges, milieux, pays). L’Eglise catholique est différente des autres : la catholicité de l’Eglise est celle de l’Eglise catholique romaine.

La question du rapport entre Inspiration et Institution est ici posée : c’est une Inspiration qui se met au service de l’Eglise et son Institution. Qui se soumet à l’autre, peut-on s’interroger ? C’est toute la question de la définition de l’Eglise, de l’Unité, qui est ici sous-jacente, celle de l’autorité et du discernement de l’Inspiration également.

Ces affirmations ont certes facilité l’intégration et la réception du renouveau par les autorités ecclésiales, mais ont rendu plus difficiles les rapprochements et dialogues œcuméniques. Si la communauté Emmanuel a participé pendant les dix premières années du renouveau aux rassemblements interconfessionnels, elle s’est ensuite concentrée sur la formation, la solidité, l’extension de la communauté au service de l’Eglise catholique. Elle est reconnue en 1985, comme « association privée de fidèles, dans laquelle peuvent s’engager aussi bien des prêtres que des familles, des célibataires et des consacrés », par le Cardinal Lustiger, puis par les cardinaux des diocèses où se développe la communauté. Puis en décembre 1992, après la mort de Pierre Goursat (le 25 mars 1991), la communauté est reconnue comme association de fidèles de droit pontifical, par le Saint Siège. Ainsi est « manifestée la parfaite intégration de l’Emmanuel avec toutes ses composantes au sein de l’Eglise catholique368. »

Elle se traduit particulièrement par la place donnée à la liturgie, à l’adoration eucharistique, à la prière mariale (consécration à Marie de saint Louis-Marie Grignon de Montfort), aux saints, l’importance données aux sept sacrements et aux ministères cléricaux (même si l’importance des laïcs a toujours été soulignée par Pierre Goursat, lui-même laïc, aujourd’hui il y a plus de 10 ordinations de prêtres par an, issues de la communauté de l’Emmanuel). L’éthique familiale et sexuelle ainsi que la formation suit très fidèlement les recommandations du Saint Siège et la Tradition.

Mais cette intégration catholique n’a pas empêché tout un ensemble de convergences avec une spiritualité et des pratiques très voisines de celles des protestants charismatiques et même évangéliques-pentecôtistes. Si un fossé apparent semble séparer la communauté Emmanuel des charismatiques plus œcuméniques ou plus protestants, les proximités n’en sont pas moins nombreuses. Ces convergences sont observables ; on peut s’interroger sur leur source commune, moins institutionnelle et plus « charismatique » qu’il conviendrait de préciser et de reconnaître.

Ces expressions communes s’appellent : la place accordée à la louange, à l’accueil des charismes, avec discernement, à la prière pour la guérison des malades, à la prière commune et personnelle quotidienne

367

B. PEYROUS et H.-M. CATTA, Ibid., p 61.

Bernard Peyrous est prêtre de l’Emmanuel et docteur ès lettres, spécialiste d’histoire religieuse et spirituelle ; Hervé-Marie Catta est laïc, époux de Martine Laffitte, co-fondatrice avec Pierre Goursat, de la communauté Emmanuel. 368

centrée sur l’écoute de la Parole de Dieu soutenue par des listes bibliques, l’importance donnée à la formation, écoles d’évangélisation, à l’évangélisation directe, avec utilisation de tous les médias (en particulier pour l’Emmanuel, le journal « Il est vivant » publié dès 1974), à l’accompagnement spirituelpour la croissance des fidèles, le rôle des sessions ou conventions, forum, retraites rassemblant une ou plusieurs fois par an les membres de la communauté et tous ceux qui s’en approchent.

Certes ces convergences portent la marque des « grâces » propres à la communauté. « Pierre Goursat avait coutume de dire : « C’est de l’adoration de Jésus présent dans l’Eucharistie que naissent la compassion et l’évangélisation, qui sont les traits caractéristiques, les grâces de l’Emmanuel369 ». Ce sont en effet des accents essentiels à la communauté Emmanuel. Comme une famille peut avoir une façon de parler, de vivre, de se présenter, chaque communauté est unique et a son langage. Dans la communauté de l’Emmanuel par exemple, la place de l’adoration eucharistique est centrale, et tout semble en découler. Il est impressionnant de voir une immense assemblée en parfait silence, dans une adoration à la fois personnelle et communautaire. De même, la prière pour les malades est pratiquée dans la paroisse parisienne Saint-Nicolas des Champs, chaque semaine, au cœur de l’adoration du saint Sacrement (Ce point sera développé plus loin). L’évangélisation de rue, ou sur les plages, ou le porte à porte, se fonde comme chez les évangéliques et les pentecôtistes sur la prière, mais c’est ici souvent à nouveau un temps d’adoration eucharistique. Il en est de même pour les visites aux malades dans différents hôpitaux de Paris, de province ou à l’étranger ; et le service SOS prière, né en 1979, a une écoute comparable à celle de SOS amitié, mais le Saint Sacrement est exposé sur les lieux en permanence.

Contrairement à la Communauté du Chemin Neuf, l’ouverture œcuménique ne fait pas partie de la vocation spécifique de la communauté de l’Emmanuel. Si des contacts s’établissent actuellement avec des orthodoxes, c’est le fruit non pas d’une stratégie préméditée, mais de circonstances imprévues vues comme une initiative de l’Esprit Saint, poursuivie à partir de personnes mises en contact (membres de la communauté en poste à Saint Petersburg, russes orthodoxes touchés lors de leur venue à Paray le Monial, modérateur de la communauté à son tour ému lors d’une rencontre avec des orthodoxes à Vézelay)370. Avec les protestants, les seules ouvertures existent avec quelques protestants allemands, conjoints de membres catholiques de la communauté. Dans le cas de ces rares foyers « mixtes », le conjoint protestant est membre associé, selon les statuts. Mais jusqu’à présent, s’il n’y a pas fermeture, il n’y a pas non plus de démarche en faveur de plus de rapprochement. On est comme face à une mise en attente, un message de souffrance de la séparation qui n’est pas entendu, alors que la spiritualité du cœur ouvert de Jésus semblerait y inviter.

La fréquentation et la rencontre des uns des autres pourrait conduire à reconnaître la source commune de l’Esprit-Saint à l’œuvre dans le renouveau charismatique et dans les assemblées évangéliques-pentecôtistes. Mais celles-ci n’ont pas lieu et ne sont pas recherchées actuellement, la priorité restant toujours donnée au renouveau de l’Eglise catholique. Lorsque l’on lit le récit des débuts et du déploiement de la communauté de l’Emmanuel, lorsque l’on écoute le témoignage de Laurent Fabre, « berger » de la communauté du Chemin Neuf, ou à la lecture de nombreux ouvrages racontant ce qui est perçu comme l’œuvre de Dieu, par son Esprit-Saint au milieu des hommes, on peut être frappé d’y reconnaître la même dynamique, la même inventivité, le même surgissement inattendu de nouvelles missions ici ou là, dans tous

369

Ibid., p 178.

370 Informations données par Michel Aubry, membre de la Communauté de l’Emmanuel, à l’origine de ces contacts avec les orthodoxes, et à travers lui, par Dominique-Marie David, membre du conseil de la communauté et responsable des contacts interconfessionnels.

les lieux, domaines, milieux, des tziganes aux plus hauts responsables d’entreprises, des plus jeunes aux plus âgés : un exemple peut en être souligné par l’expérience de Jean-Loup et Nelly Dherse. Celle-ci nous en a donné un témoignage lors de notre entretien (3 mars 2015).

« Jean-Loup, alors vice-président de la Banque Mondiale, en poste à Washington, a rencontré professionnellement le directeur de l’EDF, à Rome en 1985. C’était un homme rayonnant de foi, qui appartenait à la communauté de l’Emmanuel. Il nous a invité à rencontrer Pierre Goursat et à venir faire une retraite à Paray le Monial. Lors d’un temps de prière en petit groupe de huit personnes, priant les unes pour les autres, nous avons vécu une conversion incroyable. L’Esprit Saint, total inconnu auparavant, nous est ‘tombé dessus’. Une parole nous a percutés : ‘le Seigneur vous attend depuis longtemps. Il veut que vous le reconnaissiez comme votre Seigneur’. Notre vie a alors changé du jour au lendemain. Nous avons commencé à vivre avec l’Esprit Saint. La troisième personne de la Trinité est à côté de soi et n’attend qu’une chose, que nous lui demandions son aide. L’Esprit Saint se manifeste de façons très variées par des rencontres, des intuitions vérifiées justes, par exemple. L’Esprit Saint est ma grande ‘passion’, il a changé ma vie au quotidien, du matin au soir ».

Jean-Loup et Nelly Dherse371 sont un bon exemple des déplacements des frontières sociales visibles au sein des réalités charismatiques. En 1986, tous deux ont « eu l’appel » de renoncer au luxe, aux premières places et aux honneurs. Ils ont fait don de tous leurs meubles à leurs enfants et ont vécu pendant dix ans dans un logement social de deux-pièces, à Clichy. Ils y ont été profondément heureux. Cette expérience a permis de multiples occasions de témoignage, parfois mal compris par leurs amis. Ils y ont aussi appris un certain détachement et une plus grande proximité avec des milieux sociaux qu’ils n’auraient pu côtoyer (les tziganes en particulier).

Sur le plan œcuménique, la question de l’unité les touche personnellement car leur fille est devenue anglicane. Mais Nelly Dherse reconnaît le peu de sensibilité actuelle de la communauté à cette dimension. Cependant, c’est une même fécondité, comme un même souffle, qui semble donner une énergie et une direction nouvelle à des gens très différents qui osent mettre en œuvre ce qu’ils croient avoir reconnu comme une intuition de Dieu. « Faire non plus des œuvres pour Dieu, à la force du poignet, mais l’œuvre de Dieu », insiste sans cesse Laurent Fabre, qui paraît suivre bien plus que précéder l’ouverture de tant de foyers d’étudiants, centres de retraites et de formations, redonnant vie à d’anciennes maisons religieuses en difficulté. Des ponts sont possibles, pour une meilleure connaissance et compréhension communes ; la communauté du Chemin Neuf peut ici avoir un rôle essentiel pour favoriser rencontre et dialogue.

11.1.2 La communauté du Chemin-Neuf

Nous avons souligné combien le premier contact de Laurent Fabre, jeune jésuite, avec le renouveau charismatique, a été œcuménique, et le fondateur de la communauté du Chemin Neuf aime à le rappeler encore 40 ans plus tard. Cela se traduit dans la définition de la communauté du Chemin Neuf (CCN) comme « communauté catholique à vocation œcuménique, ouverte aussi aux fidèles d’autres Eglises. Elle regroupe des couples, des familles, des hommes et des femmes consacrés, des prêtres, qui ont choisi de témoigner ensemble (catholiques, protestants, orthodoxes) de leur foi en Jésus-Christ et d’œuvrer pour l’unité des chrétiens *…+ La spiritualité de la CCN s’inspire des enseignements de saint Ignace de Loyola et de sainte Thérèse d’Avila, et se réfère à l’expérience du Renouveau Charismatique372 ».

La CCN présente une double insistance : Elle est catholique et ses statuts canoniques en témoignent : depuis le 20 avril 1984, elle est érigée en Association publique de fidèles de droit diocésain, et le 14

371 B. PEYROUS et C. LOYER, Visages de l’Emmanuel, Paris, Editions de l’Emmanuel, 2013. 372

septembre 2009, l’Institut du Chemin Neuf a été reconnu comme Institut religieux clérical de droit pontifical, pour les prêtres et les jeunes en formation. Elle est œcuménique, comme le développent les Constitutions de la CCN dans un chapitre intitulé « Passion de l’Unité ». Nous en citons ici quelques extraits :

Unité des Chrétiens, « Monastère Invisible » : « Nous croyons que cette prière « que tous soient un afin que le monde croie » (Jn17, 21), cette vision de Jésus sera un jour réalisée. Nous osons croire à l’Unité visible de l’Eglise et nous recevons comme une mission d’y travailler de toutes nos forces. Is 40, 3-5 ; Lc 3, 4-7 : Préparer le Retour du Seigneur, hâter sa venue, se concrétise pour nous dans le don de notre vie pour l’Unité de son Peuple. En ce sens, notre communauté a vocation œcuménique et se veut pleinement catholique (universelle). Les pensées du Seigneur dépassent nos pensées et les chemins de l’Unité ne ceux pas ceux que nous imaginons.

Nous voulons être prêts à nous laisser déconcerter par l’Esprit :

- ‘qui nous enseignera toute chose’ (Jn 14, 26)

- ‘nous annoncera les choses à venir’

- ‘nous conduira vers la Vérité tout entière’ (Jn 16, 13).

Cet appel de Jésus à l’Unité est pour nous un appel pressant, plus pressant que jamais, mais nous avons bien conscience qu’il résonne pour nous là où nous sommes.373»

« La spiritualité de la Communauté s’enracine à la fois dans la tradition ignatienne et dans l’expérience du Renouveau charismatique. *…+ Nous croyons en l’Esprit Saint et nous désirons nous mettre à son écoute et vivre sous sa conduite personnellement et en communauté374 »

Cette « Passion de l’Unité » se décline donc ici sous plusieurs accents :

-C’est l’appel de Jésus, la vision et la prière de Jésus qui initie toute chose : c’est un appel pressant, le don de la vie de chacun pour l’unité est total : la CCN ajoute un quatrième vœu pour les prêtres, frères et sœurs consacrés, aux trois vœux de tout religieux d’une communauté catholique (pauvreté, chasteté dans le célibat et obéissance): donner sa vie pour l’unité des chrétiens. Ce don est aussi celui de tout membre de la CCN.

-Cette vocation est vécue sous la conduite, même « déconcertante » de l’Esprit. La communauté est « charismatique » et le baptême dans l’Esprit Saint est une expérience fondatrice de chaque membre de la communauté. (Nous en reprendrons dans la partie théologique sa définition). De ce fait, c’est l’Esprit Saint qui « enseignera, annoncera, conduira » : c’est bien « l’Unité, telle que Dieu la veut, par les moyens que Dieu veut » comme l’exprime la prière de l’Abbé Couturier.

« L’unité de l’Eglise ne peut venir que de l’Esprit Saint ; nous n’avons pas une vision, un modèle définitif de l’Eglise ou de l’Unité ; ce ne sera que par l’Esprit-Saint, un type d’unité donné par Dieu lui-même. Nous n’allons pas donner un plan de route au Seigneur. Mais nous avons un présupposé théologique : l’obéissance à l’Eglise et rester dans l’Eglise. L’unité est une communion d’Eglises et non une fusion d’Eglises.375 »

373

Constitutions de la Communauté du Chemin Neuf, Finalités de la Communauté, In Communauté du Chemin Neuf,

Plaquette de présentation de la communauté, p 20, 21, (www.chemin-neuf.org).

374

Spiritualité de la Communauté du Chemin Neuf, op. cit., p 14. 375

E. VETÖ et O.MATRI, entretien du 19 décembre 2012.

Etienne Vetö est prêtre catholique de la Communauté du Chemin Neuf, agrégé de philosophie et docteur en

théologie, responsable du Studium de philosophie de Chartres, maître-assistant au Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris.

Oliver Matri est luthérien, étudiant en théologie ; il réside depuis janvier 2014, dans le palais de Lambeth avec 3 autres membres catholique et anglicans de la CCN, à l’invitation de l’Archevêque de Canterbury, Justin WELBY ; (ce point important sera développé plus loin).

-La foi en l’accomplissement de la prière de Jésus, par l’Esprit-Saint et le travail de chaque membre de la