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Sa fonction thérapeutique au niveau psychique

2. Cadre théorique

2.3 Les différentes caractéristiques et fonctions du cheval dans les activités

2.3.3 Sa fonction thérapeutique au niveau psychique

Comme déjà évoqué, le corps à corps qu’il est possible de réaliser avec le cheval, ainsi que les nombreuses autres actions (le sentir, l’étreindre, se laisser bercer ou au contraire griser par la vitesse, sentir son souffle, etc.), induisent le holding, mais également de nombreuses stimulations

35 sensorielles, permettant de prendre conscience de son propre corps et d’approcher indirectement l’image inconsciente de son corps (Garnier, 1995). Selon cet auteur, le cheval peut permettre un développement psychique en faisant vivre à la personne des étapes manquées par le passé. Il explique que cet animal permet une médiation, qui ne serait pas forcément réalisable par un thérapeute humain, le patient pouvant refuser le contact humain, justement (Garnier, 1995).

Le cheval peut également permettre l’émergence de mots, « d’images ou “d’impressions” » (Garnier, 1995, p.55), au sein de la relation thérapeutique. Le participant peut en effet sortir d’un mutisme en étant avec son cheval, ou s’exprimer, dans ce contexte, sur des sujets qu’il ne saurait aborder en dehors, comme « le sexe, la mort, la filiation, les interdits » (Garnier, p.55).

Garnier (1995) évoque en outre que le cheval peut servir de « suppléance » (p.56), ou, reprenant les travaux de Lacan (1975), de « sinthome » (p.56). Selon cet auteur, « donner la contagion du cheval » (p.56) à son patient, ou au participant, pourrait lui offrir le moyen de pallier à une

« défaillance » (p.56), par exemple éducative, lui évitant ainsi de « basculer dans une psychose » (p.56). Jollinier (1995c) rejoint ce propos lorsqu’elle évoque que la relation intime qui est construite avec le cheval peut prendre, chez certains individus, « une importance capitale » (p.105), notamment dans « des phénomènes compensatoires de carence affective, par exemple », et « servir de support à une intervention éducative approfondie, voire thérapeutique » (p.105).

Finalement, nous ne pourrions clore ce chapitre sans aborder la question de l’ancrage dans la réalité. En effet, plusieurs auteurs, dont Atmaïdjan (1995) et Jollinier (1995c), relèvent que le cheval, par ses caractéristiques éthologiques et primitives déjà abordées (animal instinctif, à la très grande sensibilité, aux sens exacerbés, répondant immédiatement et spontanément aux stimuli extérieurs) et la pureté que cela procure à ses réponses comportementales, demande au participant se trouvant face à lui une « attention omniprésente » (Atmaïdjan, 1995, p.94 et 98). Il oblige celui-ci à se trouver dans une « présence effective et permanente » afin de « poser l’acte juste, au moment le plus juste, et à la juste mesure » (Atmaïdjan, p.94), ou, en d’autres termes, à effectuer des demandes cohérentes et précises par rapport à la réponse attendue, tout en étant adaptées temporellement, sous peine de se retrouver en danger. Ainsi, « la thérapeutique utilisant le cheval comme médiateur favorise chez l’individu l’accès au réel, tant dans le temps que dans l’espace » (Atmaïdjan, p.94). Sa présence rappelle sans cesse la réalité au participant (Jollinier, 1995c) et favorise son adaptation au réel, au cours de la séance, mais bien souvent pour des périodes de plus en plus longues (Atmaïdjan, 1995).

36 A RETENIR

Les différentes caractéristiques et fonctions du cheval dans les activités envisagées

Les caractéristiques éthologiques du cheval :

v Le cheval est un animal sensible, émotif et guidé dans ses réactions par son instinct. En tant que proie, il va réagir pulsionnellement par la fuite à tout ce qui le surprend ou l’inquiète.

v Il n’a pas de pensée conceptuelle et détient une capacité d’anticipation très limitée. De ce fait, il répond, ou réagit, immédiatement aux stimuli qui s’offrent à lui.

v Son comportement est fondamentalement égocentrique, il agit pour répondre à ses besoins.

Ainsi, il n’est pas capable de projection, de se mettre à la place de l’autre. De ce fait, ses réactions sont authentiques et non-jugeantes vis-à-vis de la personne se trouvant en face de lui, ce qui confère une importante authenticité à la relation.

Sa fonction affective, relationnelle et communicationnelle :

v Grâce à ses caractéristiques éthologiques primitives, le cheval est non intrusif, sans ambiguïté dans sa façon d’agir.

v Il facilite l’expression des émotions et peut favoriser l’accès au langage.

v Il permet la confrontation à soi-même, à la réalité, aux normes sociales. En introduisant des

« relais compensatoires » sur les plans affectifs et relationnels (Jollinier, 1995c, p.106), le cheval permet un apaisement dans les relations et participe à l’accommodation de la personne à son environnement, facilitant ainsi l’acquisition des règles sociales.

v Contrairement à l’humain, le cheval n’utilise pas du tout le langage verbal pour communiquer, mais une communication plus spontanée et intuitive, passant par le corps : la communication digitale (le « langage des aides » (Jollinier, 1995a, p.24)), et la communication analogique (micro-gestes et postures, conscientes ou non, auxquelles le cheval est très réceptif, renseignant sur les émotions ou intentions profondes de la personne).

Sa fonction thérapeutique et rééducative au niveau psychomoteur ou fonctionnel :

v Le cheval peut favoriser un développement psychomoteur complet de la personne, en permettant notamment de travailler le schéma corporel, l’équilibre, la latéralité, la coordination, la dissociation, la décontraction ou le tonus musculaire, ou encore la structuration spatio-temporelle.

Sa fonction thérapeutique au niveau psychique :

v Le cheval peut permettre un développement psychique de la personne grâce au holding, notamment en lui faisant vivre certaines étapes manquées de son développement (Garnier, 1995).

v Il peut favoriser l’expression du participant sur des sujets que celui-ci ne saurait aborder dans un autre contexte (Garnier, 1995).

v La relation construite avec le cheval peut permettre de compenser certaines « défaillances » (Garnier, 1995, p.56) ou carences affectives (Jollinier, 1995c).

v Le cheval favorise l’ancrage dans la réalité et l’adaptation au réel (Atmaïdjan, 1995 ; Jollinier, 1995c).

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2.4 Les gestes et postures des professionnels impliqués dans