• Aucun résultat trouvé

Sémantique narrative

Dans le document LE DIEU DU JEUNE HOMME NU (Page 61-104)

1 - JEU DES ÉLÉMENTS DE BASE

2. Sémantique narrative

Ainsi montrés dans leurs interconnexions primaires, ainsi interdéfinis, ces éléments de base constituent l'une des deux grandes composantes d'une grammaire narrative: la syntaxe (avec sa morphologie). Elle réclame en complémentarité la composante sémantique, dont l'approche et la description peuvent également s'étager en niveaux. Un modèle, qui met en place les unes par rapport aux autres un certain nombre de cases propose une simulation des opérations nécessaires à la production du sens et à son articulation en signification, qui prend la forme d'un parcours génératif6. Il va du plus élémentaire au plus finement articulé (à noter, pour éviter d'emblée des malentendus courants: sa redescente n'est pas le parcours obligé d'une analyse!). Les procédures de passage d'un niveau à l'autre ne sont pas a1sees à déterminer, la recherche a d'ailleurs évolué et tendu plutôt vers une reconnaissance d'autonomie.

-A - La structure élémentaire de la signification

Au niveau profond, logico-sémantique, la sémantique et la syntaxe donnent lieu à un unique modèle, permettant la représentation à la fois d'une taxinomie de termes et d'opérations logiques sur ces termes. La taxinomie classe des unités de contenu (sèmes) de grandeur inférieure aux mots (lexèmes) qu'un texte construit entre eux (et non le savoir d'un état de culture, ou la mémoire de textes antérieurs, enregistré par un dictionnaire ou une encyclopédie). A ce niveau d'abstraction, on trouve des universaux (vie vs mort, identité vs altérité, nature vs culture, un vs multiple, etc.), les textes de la littérature des peuples portant les questions fondamentales de l'homme. Autre malentendu persistant, à éclaircir au passage: mettre à jour ces catégories profondes, ce n'est pas détenir le sens du texte, sinon effectivement, quelle pauvreté et que de répétitions d'une analyse à l'autre! Le mouvement est inverse: ce qui est fascinant, c'est de mesurer que quelques questions aient pu générer une telle et si diverse production de textes; pour le progrès de la théorie, on peut dès lors chercher les règles de cette création, et pour la connaissance des univers de pensée et de représentation, explorer les chemins particuliers de sens qui relient systèmes de valeurs et images du monde.

Deux sèmes, construits par un texte en contrariété, constituent une catégorie sémique (vie vs mort); celle-ci correspond à la structure élémentaire de la signification: un ensemble de deux termes et de leur relation. Mais chacun des deux termes appelle aussi logiquement, par négation, son contradictoire (vie / non-vie; mort / non-mort), ce qui donne lieu à une structure à quatre termes dont le fameux "carré sémiotique" est le plus simple modèle de représentation:

vie

mort

non-� Î non-vie

A ce niveau de profondeur et d'abstraction, la syntaxe se résume aux opérations logiques d'affirmation et de négation sur les termes, qui dessinent des parcours orientés de l'un à l'autre. Dans un récit, passer des épisodes et des images du monde qui mettent en scène la vie, à son contraire, la mort, nécessite logiquement des événements détruisant cette vie, qu'ils soient racontés explicitement ou non (ils correspondent, en terme de syntaxe profonde, à une opération logique de négation de la valeur

sémantique élémentaire /vie/ présupposée par l'affirmation du terme contraire /mort/).

Mais un récit ne traite pas indifféremment ces valeurs dans leur opposition, il a un point de vue. Une catégorie de base, dite

thymique, articulée en euphorie vs dysphorie (les deux pôles d'une humeur, d'une disposition affective de base), projetée sur ce micro­ univers sémantique, le transforme en axiologie. /Non-mort/ et /vie/ appartiennent alors à l'espace (deixis) euphorique, valorisé par le texte, ou, dans un récit transgresseur de l'attente courante, dysphorique, et inversement pour les termes /non-vie/ et /mort/7.

En suivant les étapes du parcours génératif, les valeurs sémantiques profondes s'enrichissent, par augmentation d'articulations toujours plus fines; les effets de sens se multiplient8. Au niveau des structures narratives, les valeurs appartenant à un même thème sémantique se disséminent et s'investissent dans des rôles actantiels (valeur sémantique du sujet, de l'objet, etc.); on parle alors de rôles thématiques, dont la jonction avec un rôle actantiel est nécessaire pour donner naissance à un acteur du récit; celui-ci est défini non seulement par son faire (sujet, par ex.) mais par la valeur sémantique de son faire (pêcheur ou prédicateur, par ex.).

B - L'univers figuratif

Au niveau de la manifestation, quand a eu lieu l'opération de mise en discours, le passage par l'énonciation, ces unités, 7 Dans deux de ses ouvrages, A. J. GREIMAS a particulièrement étudié l'opposition de la vie et de la mort et les univers sémantiques des auteurs qui l'ont mise en scène: au niveau d'un macro-univers, dans !'oeuvre de Bernanos, cf. Sémantique structurale (Langue et langage), Paris, Larousse, 1966 (PUF, 19862); au niveau d'un micro-univers, avec une attention extrême au détail, dans la nouvelle de Maupassant, Deux amis, cf. Maupassant. La sémiotique du texte: exercices pratiques, Paris, Seuil, 1976. Dans ce dernier ouvrage, il a rapproché les modèles qu'il a construits à partir de ces deux oeuvres. La distribution des quatre Eléments constitutifs de la Nature, dit-il, pour figurer la vie et la mort dans l'univers idiolectal de chacun des deux auteurs, ne se recoupe pas: si la vie est représentée chez tous deux par le feu (soleil chez Maupassant), la mort l'est par la Terre (Mont-Valérien) chez fui et par l'Eau chez Bernanos, la non-vie par le Ciel (air) chez Maupassant et la Terre chez Bernanos, la non-mort par l'Eau chez Maupassant et l'Air chez Bernanos (p. 141). L'écart entre ces deux analyses et leurs procédures marque aussi nettement deux étapes de la recherche et permet d'en mesurer l'avancée.

8 Pour tenter de définir le sens, dans cette théorie, c'est encore la métaphore du sang, par ce qu'elle suggère, qui permet la meilleure approche: une grandeur partout présente, circulant partout mais saisissable seulement là où le geste analytique opère une incision; alors jaillit un "effet de sens". Le travail de l'analyse consiste ensuite à construire le vaste réseau, à plusieurs niveaux, des corrélations entre les effets de sens pour les structurer en signification.

abstraites du niveau profond, devenues anthropomorphes au niveau narratif de surface, s'inscrivent alors dans des figures du monde. A une syntaxe qui gère un dispositif de personnages dans un cadre spatio-temporel, selon une perspective, c'est-à-dire inscrits dans des procès aspectualisés (apparaissant selon les aspects de l'inchoatif, du duratif, du terminatif), correspond une sémantique qui reflète de plus en plus le monde réel, avec des valeurs non seulement thématiques, mais figuratives, ou même iconiques s'il y a vraiment "illusion référentielle", icone du référent (la thématique de l'ouverture-clôture, peut donner lieu à la figure de la porte, devenant elle-même, par adjonction d'un nom propre qui renvoie à la réalité mais augmente aussi les effets de sens par l'adjonction de ses traits sémantiques propres, par ex. l'Arche de 1�. Défense9).

Les figures n'apparaissent pas seulement isolées; sélectionnées par l'opération d'énonciation dans des configurations discursives auxquelles elles appartiennent, elles s'inscrivent dans des parcours figuratifs (qui sont la projection dans l'axe syntagmatique d'une des virtualités de la configuration, comme paradigme). Le travail de l'analyse contribuera à les regrouper, en détectant dans le texte les plans homogènes de signification, les

isotopies, puis en découvrant le système de leur organisation interne et, le cas échéant, en procédant à leur homologation.

L'avancée des travaux de recherche, la complexité des textes, en particulier de la littérature biblique, et les résistances qu'ils offrent aux modèles trop simples, l'impossibilité en particulier d'établir terme à terme des relations entre le thématique et le figuratif, ont conduit progressivement à penser un dynamisme

9 On parle d'illusion, parce que dans un texte qui s'y réfère, le monde comme

l'événement sont de toute façon reconstruits par l'acte de discours. Le concept de transparence entre une unité du monde textuel et une unité du monde naturel est trop naïf. Par son inscription dans le réseau de la langue, dans les opérations de l'écriture, un terme ne perd certes pas toutes ses possibilités de renvoi à la réalité externe mais celui-ci fonctionne désormais avec du jeu, à travers des médiations. Le nom propre "Arche de la Défense" perd pour beaucoup de lecteurs la puissance évocatrice de ses lignes architecturales, de sa valeur économique, du prestige discuté de ses concepteurs, etc., mais des connotations du lexème "arche" comme celles de "défense" peuvent s'actualiser dans un texte précis en fonction des relations qui s'y noueraient avec d'autres unités sémantiques appartenant au même univers de signification mais totalement indépendantes du lieu concret de l'édifice référentiel. Ou pour le dire en une ligne, en reprenant une différence suggestive utilisée par P. Ricoeur, un texte n'est pas seulement un document, il est lui-même un monument.

comme personne et comme lieu qui, par sa présence dans cet espace, devient le point où l'espace prend sens.

Enrichissant et validant son étude par l'analyse d'une seconde scène construite par les paraboles insérées dans la séquence narrative et qui, par un jeu très riche de renvois, de représentations réciproques, de condensations, de déplacements métaphoriques, etc. , "miment" l'organisation spatialeao, L. Marin souligne comment Jésus devient lui-même métaphore du Temple, lieu donc du repas mais aussi son sujet, comme époux d'un repas de noces, et son objet comme corps à consommer.

Le jeu du sens se noue ici, la transformation s'opère en un procès qui est à la fois métonymique et métaphorique, où se conjuguent et le déroulement du récit et l'instauration de son déchiffrement. La salle du repas est une métaphore de Jérusalem et du Temple mais aussi, comme l'une de ses maisons, une métonymie de la ville. Elle métaphorise le tout dont elle tient lieu. La répétition du déplacement de Jésus qui, deux fois, entre et sort, construit le "comme" métaphorique (il y a dans Jérusalem une maison qui est comme Jérusalem et dans cette maison une salle qui est comme le Temple); la succession de ces déplacements construit la métonymie (la partie pour le tout, la maison pour la ville). Matthieu et Marc inscrivent dans leur récit un troisième trajet, intermédiaire, de Béthanie à la ville où le signe du figuier est un moyen d'entrer et d'arriver mais sous le mode décepteur: la ville est alors définie comme espace de la faim inassouvie et à jamais insatisfaite. Le texte substitue à cet itinéraire celui, positif, vers le lieu du véritable repasa1.

Ainsi la transformation de l'espace apparemment positif lorsqu'il est orienté vers Jérusalem comme lieu d'avènement royal s'opère en un espace vectoriellement négatif, l'espace de la faim, pour pouvoir alors constituer un espace positif marqué par les noms devenus communs de la ville, puis de la maison, puis de la salle dans laquelle le vrai repas sera consommé.

Dans la variante de Marc, l'insertion du récit des vendeurs chassés du Temple entre les deux scènes de la "malédiction miraculeuse" du figuier ouvre une nouvelle différence génératrice de sens: par homologie, elle définit les vendeurs comme signes négatifs d'une nourriture inconsommable et prépare la disparition du Temple. La réapparition du figuier en parabole, dans le discours eschatologique, indique, dans la métaphorisation de ce discours, la proximité, positive, de "l'espace aux portes" qu'est le Royaume

80 81

Ibid., p. 58-71.

(opposé à la négativité de l'espace orienté vers la ville dans la "réalité" du récit primaire)s2.

L'analyse prolifère encore en d'autres fragments textuels car le jeu du sens foisonne, mais cela suffit à montrer la dynamique à !'oeuvre dans les textes mais aussi dans l'observation du travail de la signifiance. L'envergure du projet et la souplesse analytique à son service me semblent tenir, certes au "génie personnel" de L. Marin mais aussi à la position de l'homme de lettres, critique d'art et philosophe: libre de fixation sur un discours théologique à tenir, habité par la question de la production du sens. L'envers en est peut-être parfois la naïveté, apparente du moins, de notations exégétiques et la mise entre parenthèses des problèmes classiques ainsi que de leur traitement dans l'histoire.

Les tableaux qui terminent cette première partie condensent la problématique, les hypothèses de départ et les résultats; ils appuient encore une fois la liaison fondamentale de la spatialité et du sens; ils font apparaître du coup aussi l'absence quasi totale de la temporalité. L'analyse de L. Marin n'inscrit-elle pas alors en creux le champ d'un travail nécessaire, sinon sur les figures du temps beaucoup plus rares que celles de l'espace sur la scène du récit évangélique du moins sur les articulations temporelles productrices de cette scène?

Ce que L. Marin dit de l'énonciation énoncée devrait pouvoir se transposer au niveau de l'énonciation elle-même: si la forme de structuration de l'espace dans les discours de Jésus dépend étroitement de la position du sujet de discours dans l'espace du récits3, la forme de structuration de l'espace dans le récit primaire ne dépend-elle pas aussi étroitement de la position du sujet d'énonciation du récit lui-même? L'étude de cette structuration permet-elle de construire quelque chose de ce sujet hors texte mais présupposé par lui?

8 - Le texte comme corps:

l'échange pour une médiation par la figure du traître Mais la scène toponymique n'est que la

l'événement lui-même neutralisation du apparaît comme 82 83 Ibid., p. Ibid., p. 72.56-57. héros, l'autre de la médiation qui Jésus, par le traître, du héros, celui qui

représentation de a lieu dans la Judas. Le traître permet au héros

d'accomplir sa mission qui est essentiellement: se constituer en parole racontable, produite par la communauté et produisant cette communauté même.

Pour construire une sémiotique du traître, en une deuxième parties4, L. Marin adopte le modèle du conte proppien formalisé par A. J. Greimas; il envisage le récit de la Passion comme celui des épreuves du héros pour établir un nouveau contrat entre Dieu et les hommes constitués en communauté universelle. L'objet de la quête que le sujet Jésus réalise à travers les oppositions peut se définir comme "lui-même sous une autre forme"ss.

L. Marin met en évidence la particularité de l'épreuve dans le schéma narratif, qui est le seul moment non corrélé à un autre et qui du coup fonde l'équilibre relationnel de tous les autres. Il pose plus précisément la question de la dynamique narrative, du point où s'effectue la transformation, le renversement, le "versus" de la grande corrélation entre la rupture initiale du contrat et de la communication et leur rétablissement. Pour le récit de la Passion, il fait l'hypothèse que cet élément est tenu par la figure du traître; il le voit comme ce "lieu vide que les corrélations enjambent"s6, figure de l'absence de nécessité dans la structure et donc de l'affichage dans la manifestation du récit du lieu où le modèle actantiel se focalise et, plus encore, où la structure trouve son équilibre relationnel, où elle s'engendre comme structure. Judas en effet apparaît comme une figure doublea1, comme la représentation même de l'écart entre les deux ensembles des Douze auxquels il appartient et des Grands-prêtres avec lesquels il collabore; il correspond à la fois au pôle complexe (et...et...) et neutre (ni. .. ni. .. ). S'il y a dans la structure un élément et positif et négatif, ni positif ni négatif, qui fonctionne comme carrefour de l'échange des fonctions et des valeurs, le traître dont le rôle thématique est le "donneur" (et non le "dissimulateur" ou !"'imposteur") peut en être et le personnage et le lieu.

a) Le traître comme supplément

Si L. Marin recourt à A. J. Greimas et C. Lévi-Strauss, c'est que le récit lui semble bien lever progressivement une antinomie fondamentale. Dans sa dualité (Dieu/homme, comme le trickster observé par C. Lévi-Strausssa), le personnage de Jésus résout en 84 85 8 6 87 88 Ibid., p. 95-186. Ibid., p. 102. Ibid., p. 104. Ibid., p. 219, notes 27 et 28. C. LEVI-STRAUSS, Anthropologie, p. 248-251.

effet la contradiction, en médiateur, mais son ambiguïté est une réduction de ce qui se déploie dans les épreuves dont A. J. Greimas a précisé le modèle. Le personnage du traître est bien en supplément des personnages et des fonctions de l'organisation structurale; la traîtrise est l'événement imprévisible et unique qui intervient en supplément de la logique narrative pour lui donner sa dynamique. Le traître se greffe sur le héros au moment du renversement des signes, de l'échange des pôles contraires de l'antinomie fondamentale, mais de façon immotivée, contingente, pour que la médiation s'opère dans et par le médiateurag_

La trahison se réalise en effet à l'entrecroisement de deux séries d'événements, celle, transcendante, du plan de Dieu, et celle, immanente, de l'histoire. Elle vient répondre au problème posé par les récits évangéliques, celui de la mort de Dieu, nécessaire mais impossible. L'acte aléatoire de la traîtrise rend possible le nécessaire. Il y a en effet échange des modalités des deux séries; avec la trahison, le plan de Dieu échange sa nécessité qui se heurtait à l'impossible contre la contingence caractéristique de l'histoire humaine et du coup devient possible9o.

L. Marin remarque qu'avec Judas, il y a inversion de l'ordre habituel dans la distribution des fonctions narratives relatives à la traîtrise puisque celle-ci est découverte et annoncée d'avance par Jésus - ce qui ne l'empêche pourtant pas de se réaliser - puis dénoncée après coup par le traître lui-même (alors que dans les contes populaires, le traître est le dissimulateur, démasqué en finale dans une épreuve où le héros est glorifié). Cette inversion paradoxale a pour L. Marin une signification structurale remarquable, elle indique la nécessité opérationnelle du traître, qu'il explicite dans une hypothèse: il est nécessaire que le traître existe pour rendre fortuit et aléatoire ce qui est nécessaire, la mort de Dieu91. Cet échange des modalités de nécessité en contingence s'opère d'ailleurs avec ce récit aussi bien au niveau de la structure narrative - il permet une dynamique par laquelle le

8 9 La traîtrise est donc à la fois immotivée au niveau des événements et nécessaire au niveau de la dynamique structurale du récit.

9 0 L. MARIN, op. cit., p. 106-107.

91 Dans une note (60, p. 223), faisant référence aux travaux de M. Bakhtine sur Dostoïevski, L. Marin montre que l'immotivation d'un acte, son caractère de supplément, ouvre un espace dans lequel le récit peut se structurer à un autre niveau.

récit peut se raconter - que du contenu - Jésus peut être livré92. b) Les signifiants de Dieu

Jésus est dans le récit le sujet héros porteur du message que Dieu destine à l'humanité. Or, constamment déplacé, ce message prend corps en lui, il est lui-même ce message, il se fait l'objet.

Cette parole à recevoir se donne à comprendre, elle est force de vie, elle fait miracle, elle nourrit. Jésus va alors .,,,vâ jusqu'à se livrer comme corps à consommer. Finalement il devient même

destinataire, assimilé dans le repas eucharistique, il se constitue corps communautaire universel.

"Jésus" est un nom, un signifiant, le signifiant du Dieu Père; il répond à la mise en question de son être par un jeu de signes qui signifient son identité, distribués selon trois séries: paroles, forces, corps93. L. Marin observe dans le récit des tentations le paradigme de ces trois séries signifiantes par lesquelles Dieu se transmet aux hommes, paradigme négatif en ce lieu puisque le sujet y oppose trois refus aux propositions du tentateur, puisque les signifiants apparaissent comme cases vides que le récit remplira

Dans le document LE DIEU DU JEUNE HOMME NU (Page 61-104)