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CHAPITRE 1. LA RELIGION VAUDOU AU BÉNIN : PRÉSENTATION ET APERCU HISTORIQUE

1. Quelques repères historiques et géographiques

1.3 Du Royaume du Danxomἑ à la République du Bénin

Le Royaume du Danxomἑ est né du brassement culturel que représentent les mouvements migratoires. Il fut fondé au XVIIe siècle, entre autres, par les Fon, les Yorubas et les Ewe. Les Fons bâtissent les trois plus grands royaumes alors présents dans le Danxomἑ : Abomey, Allada et Adjatché (actuelle Porto-Novo). Entre le XVIIe et le XIXe, le royaume du Danxomἑ édifie sa puissance sur les traites négrières en commerçant auprès de marchands européens et étrangers.

24 Il s’agit d’un terme inventé par Fernand Braudel pour traduire le mot Allemand « Welwirtschaft ». 25 Soit environ 16 euros ou 10400 francs CFA.

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Au début de la colonisation, ce territoire n’a aucune unité territoriale, politique, sociale ou culturelle.

La fondation du royaume du Danxomἑ reste floue. La culture, basée sur une transmission orale, rend difficile l’étude de l’histoire dahoméenne dans sa période précoloniale. Ajoutons à cela les différents lignages et clans existants couplés aux nombreuses migrations qui, bien qu’elles mettent en place un brassage culturel important, contribuent à compliquer la compréhension de ces peuples. La première étude rapportant des informations sur ce pays est publiée au XVIIIe siècle et concerne uniquement la Traite des esclaves. Il faut attendre 1793 pour voir publier le premier ouvrage intitulé « History of Danxomἑ » portant sur l’histoire politique du royaume sous la plume d’Archibald Dalzel, gouverneur britannique de la Gold Coast et de Ouidah. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle avec l’abolition de l’esclavage26 que les informations concernant la politique et la société de ses anciens royaumes africains fleurissent. Des ethnologues, nous apportent également des informations précieuses, comme l’écossais John Duncan ou encore les britanniques Frederick Edwin Forbes et Richard Francis Burton (Argyle, 1996 : 3).

L’extension du royaume sur le plateau d’Abomey débuta entre 1625 et 1650. Durant cette période, les Agassouvi commencèrent à accroître leur puissance sur les différentes populations présentes dans cette aire géographique. Leur première victime fut un chef du nom d’Ouo qui leur avait légué, quelque temps auparavant, des terres. Un autre épisode montrant leur domination est narré ; un des chefs de village fut assassiné après qu’il fit référence aux Agassouvi comme étant « ledahonou », c’est-à-dire des mauvaises personnes (Argyle, 1996 : 7). Dès lors, les chefs de villages se rallièrent progressivement à cette dynastie. Au fil du temps, les rois conquièrent de plus en plus de territoires pour étendre et asseoir leur souveraineté. De cette domination territoriale découle une nécessité de mise en place d’une nouvelle organisation territoriale et politique. Ces conquêtes et le nouveau système politique qui en résulte inspirent les populations voisines.

À partir des années 1870-1880, les Français, après avoir passé un accord avec le roi Glélé en vue de modifier le port de Cotonou en protectorat, s’ancrent un peu plus sur le territoire et gèrent, ainsi une partie de la zone côtière du pays. Cet accord créa des rébellions, ce qui

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conduisit à deux grandes guerres ; entre février et octobre 1890, la première guerre du Danxomἑ fit rage. L’affrontement se conclut par l’acceptation du protectorat et la transmission de la ville de Cotonou aux Français. Deux ans après, entre juillet 1892 et janvier 1894, la seconde guerre du Danxomἑ menée par Alfred Dodds contre le roi Béhanzin éclata. Elle mit fin au royaume du Danxomἑ qui est, dès lors, entièrement annexé par l’empire colonial français.

Le 22 juin 1894 un décret présidentiel paraît et déclare que le royaume du Danxomἑ est désormais rattaché aux territoires coloniaux français sous le nom de « Colonie du Danxomἑ et dépendance ». Le Président français Sadi Carnot déclare :

« L’ensemble des possessions françaises de la côte occidentale d’Afrique, situées sur la Côte des Esclaves, entre la colonie anglaise de Lagos à l’est et le Togo Allemand à l’ouest prend la dénomination de « Danxomἑ et dépendances ». L’administration supérieure de cette colonie est confiée à un gouverneur, qui est en charge en outre de l’exercice du protectorat de la République sur les territoires de l’intérieur compris dans la zone d’influence française » (Delcassé, 18794 : 479-482).

Le 17 juin 1895 un autre décret de la République française met en place l’Afrique- Occidentale-Française (AOF) qui s’intègre à l’empire colonial français. L’arrêté ministériel du 18 octobre 1904 déclare la colonie du Danxomἑ membre de l’AOF (Glélé, 1969 : 23). Désormais, le Bénin est une colonie française (avec délimitation des frontières d’un commun accord avec la Grande-Bretagne) (Fig. 01). L’administration, la politique, la justice sont gérées depuis la France par la France. Cette volonté répond, selon les pro-AOF, à une volonté de mettre en place une unité entre les cinq colonies à savoir le Sénégal, le Haut-Sénégal, le Niger, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Danxomἑ.

Il faut attendre le décret officiel du 4 décembre 1958 pour voir l’ancien royaume du Danxomἑ devenir la « République du Bénin » (l’indépendance vis-à-vis de la France n’arrive que le 1er août 1960 sous Charles De Gaulle lors de sa tournée africaine) (David, 1998 :54).

Le 30 novembre 1975, la « République du Danxomἑ» devient la « République Populaire du Bénin ». Cette entité perd le qualificatif « populaire » en décembre 1990 pour devenir la « République du Bénin » que nous connaissons actuellement.

40 Fig. 01 : Carte du gouvernement général de l’AOF27 (1925).