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La supériorité européenne : un concept pontifiant

CHAPITRE 1. LA RELIGION VAUDOU AU BÉNIN : PRÉSENTATION ET APERCU HISTORIQUE

1. Quelques repères historiques et géographiques

1.2 Les explorations archéo-anthropologiques au Bénin : le choc des croyances 1 L’arrivée des explorateurs

1.2.3 La supériorité européenne : un concept pontifiant

Le XIXe siècle voit également un engouement pour les missions d’exploration notamment en Afrique desquelles va découler le fameux processus du Scramble for Africa. Ces missions font connaître de nombreux explorateurs tels que l’Écossais David Livingston (1813-1973), les Britanniques Cecil Rhodes (1853-1902) et Henry Morton Stanley (1841-1904) ou encore le français Louis-Gustave Binger (1856-1936). Le « colonisateur » européen est obsédé par le personnage de « l’Homme évolué », de « l’Homme humaniste » qu’il veut incarner. Des idéologies basées sur le polygénisme apparaissent. L’encyclopédiste français Pierre Larousse définit dans son « Grand Dictionnaire Universel, 1866-1880 » le terme « nègre » comme ceci :

« C’est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l’espèce nègre est aussi intelligente que l’espèce blanche. Quelques rares exemples ne suffisent point pour prouver l’existence chez eux de grandes facultés intellectuelles. Un fait incontestable et qui domine tous les autres c’est qu’ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que celui de l’espèce blanche »143.

141 Ces libations sont également effectuées sur le plateau d’Abomey. Lorsque l’on arrive chez un habitant, on offre

aux invités de l’eau puis du sƆɖàbí. L’invité doit boire une gorgée d’eau et laisser quelques gouttes tomber sur le sol. L’acte est répété avec le sƆɖàbí.

142 On retrouve cette croyance dans l’Antiquité.

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L’anatomiste français George Cuvier, qui contribua à la création de la paléontologie écrit :

« La race nègre est confinée au Sud du mont Atlas. Ses caractéristiques sont un teint noir, une chevelure laineuse, un crâne comprimé et un nez plat. Par la partie inférieure proéminente de sa figure, et l’épaisseur des lèvres elle se rapproche manifestement des espèces de singes. Les hordes sont se composent cette variété sont toujours demeurées dans un état de complète barbarie » (Curvé, 1827, cité par Curvin, 1964 : 231).

Les Dahoméens ne sont pas épargnés puisque cette pensée polygénisme touche les voyageurs comme l’explorateur britannique Richard Francis Burton qui écrit dans son ouvrage « A mission to Glèlè » :

« Les modernes Dahoméens, disais-je, sont une engeance bâtarde et mauvaise… Ils sont menteurs comme des Crétois, crétins quand il s’agit d’apprendre, peureux et cependant cruels et sanguinaires, joueurs et par conséquent tricheurs, brutaux, bruyants, tapageurs, irrespectueux, désobéissants […] bouffis d’orgueil : c’est un vaniteux troupeau de barbares […] qui entreprennent d’humilier tous ceux avec lesquels ils traitent […] c’est en fait une race esclave » (Burton, 1864 :331).

L’explorateur français Ernest Armand Dubarry fait preuve d’un certain excès lors de ses descriptions issues de son séjour au Danxomἑ :

« La férocité des nègres égale leur frivolité, leur immoralité ; Elle est la raison de la profondeur de leur ignorance. Il n’est donc pas surprenant qu’ils possèdent les gouvernements les plus despotiques, les plus sanguinaires qui se puissent imaginer… ».

« Rien n’égale le fanatisme des Dahoméens, si ce n’est leur cruauté stupide, leur gloutonnerie, leur ivrognerie, leur ignorance, leur bassesse, leur fourberie, que l’esclavage, la religion de la force, la passion de la guerre et du pillage, ont développé outre mesure et perpétuent ; Pour eux la famille n’existe point. Le Dahoméen ne se marie pas, il achète une femme, deux femmes, autant qu’il peut en nourrir et les revendre quand il en est las, avec

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leurs enfants, si cela lui plaît, aux négriers marron qui trafiquent encore de la chair humaine sur les côtes de Guinée, ou à tout autre individu » (Dubarry, 1879 :94 et 164).

Dès les premiers mouvements colonisateurs, l’infériorité de ce que l’on qualifie de « race nègre » est mise en place. Le colon se sent investi d’une mission, celui d’éduquer ces personnes. Malgré tout, la fin du XIXe siècle voit un léger assouplissement des récits. Ainsi, le géographe français Edouard Foa (1862-1901) justifie la Traite négrière en ces termes :

« Quoique cela puisse choquer certaines opinions nous pensons que si la traite était répréhensible par la façon dont l’homme « traitait » son semblable, elle était, comme résultat, une entreprise plutôt philanthropique » (Foa, 1895 : 208).

Face à ces positions radicales qui cantonnent le « nègre » à un soumis, sans connaissances intellectuelles, civisme ou encore moralité, des récits mettent à mal cette vision souvent étonnée de « l’Homme noir » et prônent une vision plus juste. C’est le cas de l’abbé Bouche qui séjourna au Bénin de 1866 à 1869144 il écrivit à son frère :

« Les livres te montrent le noir toujours courbé sous le fouet, toujours prêt à se jeter sur ses maîtres, insociables, étrangers presque à tout sentiment humain. Ce noir, je ne le vois pas ici : c’est le noir des colonies, arraché violemment à son pays, à ses parents, a mené comme une brute, avili sous le joug. Ici le noir est chez lui ; et, même au milieu des abaissements et de la dégradation inhérente à l’idolâtre, il conserve, empreints dans son caractère et dans ses habitudes, les signes non équivoques de la dignité humaine. Il vit avec ses semblables ; il a sa religion et son culte, il a ses prêtres son roi, ses chefs, etc. La vérité s’imposait à moi, lorsque je traçais ces lignes : le nègre ne me paraissait pas vil et méprisable, comme le présentent les récits de certains voyageurs et les systèmes anthropologiques. Nous sommes, hélas ! Habitués à voir le nègre à travers le prisme des préjugés méprisants, on l’a ravalé dans l’opinion ; on a accumulé sur son

144 De janvier à septembre 1866 : Porto-Novo, Septembre 1866 à avril 1968 : Whydah et d’octobre 1868 à

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compte tant d’idées fausses, absurdes, révoltantes, qu’il est presque impossible de reconnaître l’homme en lui ».

« […] Nous le trouvons (NDLR : l’homme noire) semblable à l’homme blanc et à l’homme jaune. Rien ne manque au nègre de ce qui constitue la nature humaine : son organisation physique est la même que celle du blanc ; l’un et l’autre ont les mêmes facultés intellectuelles et morales » (Bouche, 1885 : 14-16).

Il écrit également à ses parents en date du 24 février 1868, en précisant « rassurez-vous, et n’infligez pas à mes chers nègres la flétrissure d’une épithète qu’ils ne méritent pas : ils sont moins sauvages qu’on le dit » (Bouche, 1885 :67).

La traite des noirs dérange les opposants, alors que les pro-esclavagistes avancent des arguments justifiant cette traite145146. Signalons que cette entreprise ne fut possible uniquement grâce à la collaboration des chefs et dirigeants locaux en fournissant des « noirs » aux Européens (Pétré-Grenouilleau, 2004). Les enfants147 sont des cibles privilégiées pour la traite des esclaves :

« Quant aux enfants, on les attirait souvent au moyen de fruits et de friandises dans les endroits isolés, et on les enlevait loin des yeux de leurs parents. Aussitôt qu’un navire négrier paraissait, le père vendait ses enfants ; et si un fils pouvait amarrer son père ou sa mère il les conduisait

145 Certaines avances que les « nègres » seraient issus de la Malédiction de Cham. D’autre que ces individus

seraient apparentés à des singes et donc sans utilité pour l’espèce humaine.

146 Signalons qu’il y a eu trois traites esclavagistes. En effet la zone géographique sub-saharienne, dont le Bénin,

a connu trois traites (Lugan, 2009 : 353) : 1. La traite interne ou interafricaine,

2. La traite arabo-musulmane entre le VIIIe siècle et le début de la colonisation,

3. La traie Atlantique (XVIe-XIXe siècle).

Les sources et donnée historiques concernant la première traite sont quasi-inexistant. Pour la seconde, les sources sont parcellaires et de nombreux hiatus sont présents. La troisième est beaucoup plus connue au vu de l’abondance des documents, récits et témoignages. Concernant le nombre d’esclaves, l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau nous donne les chiffres suivants (Pétré-Grenouilleau, 2004 : 147-148, 185-186 et 192) :

- La traite interne ou interafricaine : 14 millions d’individus,

- La traite arabo-musulmane : 17 millions d’individus entre l’an 650 et 1920, - La traie Atlantique : 11 millions d’individus.

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à bord du vaisseau espérant y trouver en échange de l’eau-de-vie » (Describes, 1875 :3).

Lors du « Marché aux esclaves » ces derniers étaient enfermés dans des « parcs d’attentes » où ils étaient nourris avec des feuilles, de l’herbe et du manioc. Le père Horner148 raconte que lors de la mort d’un malade, il était découpé et donné à manger aux esclaves en leur racontant que c’était du mouton. Les scènes étaient très difficiles à regarder :

« J’ai conduit sur un marché des officiers de marine, qui ont été si péniblement impressionnés de ces scènes d’horreur, qu’ils me disaient les larmes aux yeux : Mon père, je me trouve mal !…. Le cœur me manque ! De ma vie je n’aurais cru voir quelque chose de si pénible !… »149.

Les esclaves étaient examinés comme des animaux ; hygiène buccale, dermatologique, ophtalmique, etc. Toutes les parties du corps étaient inspectées afin de constater d’éventuels signes de maladie ou de malformations. Le prix variait suivant l’état de santé, l’âge et le sexe de l’individu (ex : un enfant âgé de 6/7 ans se vend jusqu’à 150 Francs CFA) (Describes, 1877 :5). S’ils survivaient à la traversée de l’atlantique qui comportait son lot de souffrance, les esclaves étaient revendus à l’unité à un bon prix ; un esclave acheté en Afrique 200 Francs CFA (généralement payable en marchandise et non en monnaie) était revendu entre 1500 et 2000 Francs CFA en Amérique (Describes, 1877 :12). Pour l’abbé Describes, seul l’église peut arrêter ce trafic et apporter la liberté à ce peuple. L’église réprouve cette pratique qui est contraire à la loi divine. En 1537, la bulle du pape Paul III, Sublimis Deus, condamne l’esclavage. En 1482, le Pape Pie II réclame l’affranchissement des esclaves nègres ou Indiens, en 1557 c’est au tour du Pape Paul III. Le 22 avril 1639, la bulle du pape Urbain VIII, commissum nobis, condamne les privations faites au nègre en menaçant d’excommunication les esclavagistes. Les Français sont les premiers à abolir l’esclavage le 4 février 1794 sous la houlette de l’évêque Grégoire et de la Convention, mais elle fut rétablie sous Napoléon Bonaparte le 29 mai 1802 avant d’être définitivement abolie le 27 avril 1848 en France (Baudrillart, 1912 : 684).

148 Entre 1867 et 1870, il fit plusieurs missions d’exploration en Afrique avec les pères Baur et Duparquet. 149 Père Horner cité par Describes, 1877 :4.

113 1.2.4 L’iconoclasme européen

L’évangélisation de l’Afrique occidentale débute lors de l’expansion portugaise au XVe siècle. En 1485, Fernando Pô, « découvre » la côte du golfe de Guinée (Bonfils, 1999 : 11). Les missionnaires vont se heurter aux populations locales qui possèdent leurs propres croyances et cultures. Rapidement, les populations locales sont perçues comme des personnes immatures sans culture, ni savoir. De là découle une nouvelle idée : le missionnaire apporte la civilisation via la pédagogie et l’éducation donc christianisée c’est civiliser les populations (Balard, 1998 : 35-37).

En 1658, le roi d’Allada150 envoya son ambassadeur Bans, ainsi qu’un serviteur à la cour du roi d’Espagne Philippe IV. Il demanda l’envoi de missionnaires afin d’évangéliser son royaume et établir des relations commerciales entre ces deux royaumes. Il fit de même quelques années plus tard en 1670 en envoyant son ambassadeur Matéo Lopez à la cour du roi Louis XIV. Le roi d’Allada avait peut-être un désir, celui de rivaliser avec Ouidah alors en plein essor dans le commerce des esclaves (Bonfils, 1999 : 14). Dès leur arrivée à la cour de Philippe IV, Bans et son serviteur furent baptisés sous le nom de Felipe et d’Antonio et apprirent la religion catholique. Ils participèrent également à la traduction de la Doctrina Christiana, premier catéchisme en langue du sud-Bénin151. En 1659, onze missionnaires capucins accompagnés de Bans et de son serviteur prirent la mer en direction du royaume d’Allada. Arrivés sur place, ces missionnaires se heurtèrent aux difficultés de l’évangélisation. Ils découvrent alors que les populations locales sont très attachées au roi, mais également à la religion, aux traditions et aux coutumes. Un voyageur hollandais du nom de Guillaume Bosman passa à Ouidah et décrit ceci :

« Du temps que j’étais à Fida, il y avait un prêtre de Saint Thomas de l’ordre de Saint Augustin, pour convertir les nègres, s’il lui était possible. Mais sa peine fut inutile, le point de la polygamie leur tenant trop au cœur pour y renoncer, ils auraient passé le reste, pour cela, c’était un morceau de trop dure digestion. Ce prêtre invita un jour le roi pour lui voir célébrer la messe ; ce que le Roi fit, et comme je lui demandais à son retour comment il trouvait la messe, il me répondit que cela était fort joli à voir, mais qu’il aimait mieux s’en tenir à son fétiche. Ce même prêtre était entré en

150 Parfois orthographié Alada, Arda ou Ardres.

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conversation avec un Grands de la Cour qui était en fait compère dit comme pour le menacer que si les habitants de Fida continuaient à vivre comme ils avaient fait jusqu’alors sans se convertir, ils iraient infailliblement auprès du diable en enfer pour y brûler, à quoi ce Grand répondit : « Nos pères, grands-pères et jusqu’à l’infini, ont vécu comme nous vivons, et ont servi les mêmes Dieux que nous servons. S’il faut qu’ils brûlent à cause de cela, patience, nous ne sommes pas meilleurs que nos prédécesseurs, et nous serons contents d’avoir le même sort qu’eux ». Cela fit bien voir au prêtre qu’il n’y avait rien à faire pour lui à Fida » (Bosman, 1795 : 411-412).

Aux XVIIIe et XIXe siècles, les portugais ont évangélisé l’ensemble de la côte guinéenne au travers des missionnaires intermittents (pour éviter une trop grande oppression qui conduirait à des révoltes ? Pour protéger la vie des missionnaires ? En 1660, cinq missionnaires sur onze trouvèrent la mort en un an à cause du climat, de l’hygiène et du mode de vie. Ça peut être la cause de cet envoi saccadé de missionnaires.

En 1830, des milliers d’anciens esclaves désormais libres arrivent sur la côte guinéenne et notamment sur l’île portugaise de Sao-Tomé qui vit la formation des premiers prêtres noirs (Balard, 1998 :40). Monseigneur Melchior De Marion Brésillac152 (1813-1859), estime qu’il faut mettre en place très rapidement un clergé africain. L’objectif d’un tel clergé est d’avoir la collaboration pleine et entière d’un clergé local et de favoriser les conversions. De plus, un clergé uni et puissant permet de réelles conversions et une éradication des pratiques vaudou qui subsiste au sein même des baptisés153. Pour lui, il vaut mieux :

« […] pour un peuple avoir beaucoup de prêtres nationaux, dont plusieurs sont mauvais, que de n’en avoir pas du tout, et même que de n’avoir que des missionnaires étrangers […]. Sans clergé local et nombreux, rien ne s’opérera de stables […] »154.

152 Fondateur de la Société des Missions Africaines (S.M.A).

153 Voir en annexe 05 le rapport de Monseigneur De Marion Brésillac adressé à la Sacrée Congrégation de la

Propagande en date du 4 janvier 1856.

154 Rapport de Monseigneur De Marion Brésillac en date du 4 janvier 1856, archives missions africaines Rome,

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Cependant, tout le monde n’est pas de cet avis. En 1861, Le Père François Borghero, parti de Toulon le 5 janvier 1861 avec le prêtre Edde Louis du Diocèse de Chartres et François Fernandez du Diocèse de Lugo en Galicie, à bord de « l’Amazone » en direction du Danxomἑ, fut gêné lors de son arrivée de la présence d’un aumônier noir. Il saisit l’occasion d’une accusation de vol et déclara que les habitants d’Ouidah n’en voulaient plus pour le faire partir155. Il célébra sa première messe le dimanche 21 avril 1861 accompagné de portugais et de païens et décréta dans la foulée la création canonique du Vicariat du Danxomἑ. Il considéra le « départ » du prêtre comme le début d’une nouvelle religion, purgé de toutes influences et pratiques locales. Malgré le départ de l’aumônier noir, trois prêtres revenus du Brésil cohabitent avec les nouveaux missionnaires non sans mal. À cet instant, la communauté catholique compte environ 1500 à 2000 personnes (Balard, 1998 :43)

Jusqu’au XVIIIe siècle, il faut un mandat du pape pour évangéliser les territoires conquis. Au début du XIXe siècle, le Traité de Vienne (1815) est un véritable tournant dans les conquêtes territoriales et les missions religieuses. Désormais, ce traité garantit la libre circulation des bateaux, développe la marine marchande qui s’accompagne des progrès technologiques notamment la machine à vapeur qui facilite et accélère les déplacements. À partir de cet instant, la France et l’Angleterre fournissent l’essentiel des missions religieuses (à la fin du XIXe siècle, la France fournit à elle seule les deux tiers des missions catholiques) (Balard, 1998 :34). Au niveau de la côte des esclaves, trois sociétés religieuses de missionnaires ont parcouru cette vaste zone géographique. La première société est la « Church Missionary Society » (C.M.S) qui apparaît en 1842 en pays Yoruba. Il s’agit d’une Église anglicane. La seconde société est la « Société des Missions Africaines de Lyon » (S.M.A) qui apparait en 1861 au Danxomἑ puis s’implante en pays Yoruba une vingtaine d’années après. Elle est rattachée à l’Église catholique romaine. La société dernière est la « Wesleyan Methodist Missionary Sociéty » (W.M.M.S) qui est présente dès 1840 sur la Côte des esclaves pour ensuite s’étendre en pays Yoruba. Elle est affiliée au méthodisme c’est-à-dire à un mouvement protestant réformiste (Salvaing, 1995 : 19).

Pour le Major Ellis, une évangélisation est possible, mais elle doit se faire progressivement afin d’être pérenne :

155 « Celui qui se trouvait à Whydah pendant notre arrivée avant assez scandaliser ses compatriotes et ceux-ci

n’en voulait plus. Lui-même avait été mis en accusation devant les autorités indigènes, avait prit la fuite en dérobant je ne sais quels objets sacrés de la chapelle […] notre arrivée au grand contentement des Brésiliens et des portugais dégoutés de la conduite de leur chapelain » (Mandirola et Morel, 1997 : 45).

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« Contre l’option de la plupart des Anglais, surtout ceux qui sont intéressés dans la promulgation des différentes formes de la religion chrétienne, qui semblent penser que si cette religion était imposée à un nègre, une civilisation approximativement équivalente à celle de l’Europe s’en suivrait presque immédiatement de façon évidente […] En tout cas cependant, nous sommes actuellement en avance de quelque deux mille ans sur le nègre, et c’est un fossé qui ne peut être franchi d’un bond. Toute tentative pour lui imposer des conditions artificielles d’existence est vouée à l’échec, on ne peut transformer d’un coup le caractère racial et même s’il nous était possible de lui imposer notre civilisation, ce ne serait pas durable, car les différentes étapes de transition entre sa position et la nôtre auraient été manquantes. La civilisation doit venir graduellement pour être permanente, car c’est seulement à chacun des pas en avant successifs que le caractère racial s’affirme et peut continuer son avance » (Ellis, 1894 :12).

Avec la traite des esclaves, un syncrétisme religieux va naître. Ouidah étant directement reliée à Bahia au Brésil, qui voit de nombreuses révoltes dues à une forte concentration d’esclaves, les autorités prennent des mesures pour contrer ces révoltes en y incluant l’église. Désormais, les esclaves originaires d’une même zone géographique peuvent pratiquer leurs dévotions, leurs chants et leurs danses le tout encadré par un prêtre. Rapidement, le terreiro156

et les statues de saints catholiques s’entremêlent dans les cérémonies. De là naît le Candomblé qui est une religion mêlant des éléments chrétiens, indigènes et africains qui honorent les Orisha. Qu’en est-il au pour le Danxomἑ ?