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Rous ** prépétrovienne et de la vie du peuple au sein de la commune rurale) suscitaient

Dans le document Dictionnaire de la philosophie russe (Page 34-40)

aksakoV

certaines critiques parmi les membres du cercle des slavophiles (notamment de la

part de khomiakov). a., qui défendait activement l’abolition du servage, s’efforça de

démontrer la nécessité de la réforme en s’appuyant sur les principes généraux de sa

théorie de la société. en 1855, il adresse à alexandre ii une note consacrée à « la

si-tuation intérieure de la russie » [o vnutrennem sostoânii rossii], dans laquelle il

ex-pose un certain idéal de société, qui permettrait, de son point de vue, d’éviter les

révo-lutions qui ébranlent l’europe à cette époque. dans le domaine des rapports juridiques

et politiques, cet idéal implique une séparation des pouvoirs, grâce à laquelle chacun

d’entre eux aurait son champ d’activité spécifique et ses tâches propres à réaliser. À

l’État reviendraient la défense et le soin d’assurer l’activité du gouvernement, des

or-ganes législatifs et judiciaires. des affaires locales relèverait « la vie du peuple dans

tous ses aspects, c’est-à-dire outre sa vie spirituelle et sociale, ce qui touche à son

bien-être matériel aussi : l’agriculture, l’artisanat, le commerce » (Théorie de l’État chez les

slavophiles. Recueil d’articles [teoriâ gosudarstva u slavânofilov], p. 27, cf. bibl.).

l’obligation effective de l’État consiste dans la défense de la vie du peuple, de sa

li-berté et de sa prospérité. dès lors que le pouvoir intervient dans la vie intérieure du

peuple, il le pousse à chercher une « vérité extérieure », autrement dit à développer

une activité politique. la forme de gouvernement qui, selon a., correspond à toute

l’histoire de la russie, est la monarchie. toutes les autres formes de gouvernement

tolèrent que la société prenne part à la résolution des questions politiques, ce qui

en-tre en contradiction avec le caractère du peuple russe. cependant, a. estime

néces-saire de rétablir l’institution du zemski sobor**, assemblées où doivent être représentés

tous les ordres de la société, ce qui permettrait au peuple d’exprimer une opinion,

mais sans que le souverain se trouve contraint d’en tenir effectivement compte. a.

cri-tiquait vertement toute manifestation aristocratique de la part de l’élite de la société

(« le public, c’est le peuple. essai de synonymes » [publika – narod. opyt

sinoni-mov]). le problème social majeur, celui qu’il fallait absolument résoudre, c’était, pour

a., le schisme résultant des transformations opérées par pierre i

er

, quand les élites

avaient été détachées du terreau national, constitué par les principes de l’orthodoxie

et de la commune rurale. seul le simple peuple était demeuré fidèle à ces principes qui

faisaient de lui le dépositaire des valeurs universelles et le gardien du christianisme

véritable. les conceptions esthétiques d’a. s’étaient surtout formées dans la mouvance

de la philosophie romantique, et avant tout, de la philosophie de l’art de schelling. par

la suite, a. n’avait pas épargné ses efforts pour donner une interprétation

philosophi-que du développement de la littérature et de l’art russes. rejetant aussi bien la

concep-tion de « l’art pur » (« l’art pour l’art ») que le « naturalisme » en littérature (l’« école

naturelle » de la littérature russe des années 1840), a. faisait de la narodnost* (esprit

national) le premier critère pour évaluer l’œuvre d’art. il affirmait que l’objet de la

lit-térature n’était pas obligatoirement « ce qui avait trait au peuple » et rien d’autre, mais

que toute littérature devait exprimer la vie du peuple « par la lettre autant que par le

verbe ». a. espérait que la littérature, qui avait pris le relais de l’art populaire

tradi-tionnel, céderait finalement la place à un art « synthétique » nouveau, dont le

proto-type lui paraissait être le « poème » de Gogol*, les Âmes mortes, avec leur charge

épi-que. cependant, d’une manière générale, il était fort critique à l’égard de la vie

litté-raire de son temps (Panorama de la littérature actuelle [obozrenie sovremennoj

lite-ratury], 1857). pour établir l’originalité de l’histoire russe, a. se référa fréquemment à

l’analyse des grandes œuvres du patrimoine littéraire et au folklore national.

aksakoV

Œuvres : Poln. sobr. soč., M., 1860-1880, i-iii ; Teoriâ gosudarstva u slavânofilov. sb statej,

spb., 1898 ; literaturnaâ kritika, M., 1981 (sovmestno s i. s. aksakovym).

Études : Pis’ma M. A. Bakunina k A. I. Gercenu i N. P. Ogarevu, spb., 1906 ; Vengerov

s. a., « peredovoj boec slavânofil’stva », in : Sobr. soč., spb., 1912, iii ; herzen a. i., Byloe

i dumy, in : Sobr. soč., M., 1956, ix, p. 162-163, 169-171 ; chmielewski e., Tribune of the

Slavophiles : Konstantin Aksakov, Gainsville, florida, 1961 ; Galaktionov a. a., nikandrov

p. f., « istoriko-sociologičeskie vzglâdy k. s. aksakova », in : Vestnik Leningradskogo un-ta,

1965, iii, n° 17 ; cimbaev n. i., Slavânofil’stvo, M., 1986.

a. a. popov, V. V. serbinenko / trad. c. bricaire

AKSAKOV ivan (1823, kouroïedovo (nadiojino), province d’orenbourg -1886, M.) –

philosophe, essayiste, théoricien du slavophilisme*. fils de l’écrivain s. aksakov, frère

de constantin aksakov*. diplômé de l’institut impérial des sciences du droit de spb.

(1842). Jusqu’en 1851, il sert dans la fonction publique. en mars 1849, ses prises de

position slavophiles lui valent d’être arrêté : rapidement relâché, il est cependant placé

sous surveillance policière secrète. en 1852 paraît, sous la rédaction d’a., le Moskovski

sbornik, d’inspiration slavophile. dès le deuxième volume, la publication est interdite,

et a. perd sa licence de rédacteur. pendant la guerre de crimée, a. s’engage dans la

division de serpoukhov, au sein du corps des réservistes de M. début 1857, il part en

voyage à l’étranger. À londres, il rend visite à herzen*. en 1858, l’almanach Poliarnaïa

Zvezda fait paraître sa satire intitulée Choses vues au tribunal ou Séance à la chambre

criminelle [sudebnye sceny, ili prisutstvennyj den’ ugolovnoj palaty] (herzen qualifia

l’œuvre de « géniale »). de retour en russie (fin 1857), a. prend part à l’édition de la

revue Rousskaïa beséda, et une fois levée la condamnation qui restreignait son

activi-té professionnelle, il entre à la rédaction du quotidien Parous, interdit dès le deuxième

numéro pour son engagement contre le servage. dans les années 1860, a. devient

ré-dacteur en chef de Dien (1861-1865) puis de Moskva (1867-1868), journaux qui, non

conformistes et critiques, durent finalement fermer leurs portes sous la pression de la

censure. partisan d’une indépendance culturelle et politique des peuples slaves, a. a

contribué à la création de sociétés de bienfaisance pour les slaves (dans les années

1870, il a dirigé le Comité slave de M.), qui furent également bientôt fermées. durant

les dernières années (1880-1886), a. est le rédacteur en chef du journal Rous, où il

promeut toujours les idéaux slavophiles, l’idée de l’unité slave, et persiste dans une

pensée sociale indépendante et engagée. ses points de vue sur la société sont proches

de ceux de son frère constantin et de khomiakov*. pour lui, l’idée fondamentale est

celle de la narodnost*, concept par lequel il entend un ensemble de particularités en

matière d’esprit, de morale et de mœurs (telles que la foi, la commune rurale*, le

quo-tidien du paysan etc.) qui caractériseraient la vie des couches inférieures de la société.

a. espérait que la réforme du monde rural permettrait aux différents ordres sociaux

de russie de se rapprocher, et que l’institution du zemstvo** pousserait au

rétablisse-ment des liens organiques qui – croyaient les slavophiles –, caractérisaient la société

de l’ancienne Rous**. leur projet suggérait que la noblesse mette fin d’elle-même à

son existence en tant qu’ordre, que toutes les « différences artificielles entre ordres

so-ciaux » soient supprimées, ce qui impliquait l’extension à tous des privilèges de la

no-blesse. a. perdit bientôt foi en la possibilité d’une harmonisation sociale rapide par la

suppression des ordres, mais il n’en continua pas moins à critiquer le

constitutionna-lisme, dans la mesure où il regardait la constitution réclamée par les libéraux comme

étrangère à l’esprit du peuple et susceptible d’entraîner une rupture définitive entre

alexeïeV

le peuple et le pouvoir autocratique. les convictions monarchistes d’a. s’alliaient à la

certitude que la reconnaissance de la liberté individuelle et civique était indispensable

et que tout type d’état est fondamentalement imparfait. pour lui, la fracture entre le

peuple et l’État pouvait être surmontée par une force sociale nouvelle (la « société »,

un « peuple pleinement conscient de lui-même », au fond, une intelligentsia*

popu-laire) qui jouerait un rôle avant tout en tant que force morale et spirituelle, mais non

politique. cependant, à observer les processus sociaux à l’œuvre dans son pays, il en

vint à la conclusion que la « société » s’était montrée impuissante, incapable de

rem-plir cette mission créatrice et unificatrice dont la russie avait tellement besoin. sa vie

durant, a. s’efforça de se conformer aux idées des premiers slavophiles non seulement

en matière politique et sociale, mais aussi religieuse et philosophique. en beaucoup de

choses, il identifiait identité slave et confession orthodoxe. il poursuivit le débat

en-gagé par ses prédécesseurs avec le rationalisme, dans lequel lui-même voyait un savoir

logique, « coupé » de tout principe moral. a. entretint des relations profondes, tant

personnelles qu’intellectuelles, avec nombre des plus éminents acteurs de la culture

russe (dostoïevski*, tiouttchev*, Vl. soloviov* etc.).

Œuvres : Soč., M., 1886-1887, t. 1-7 ; I. S. Aksakov v ego pis’mah, M., spb., 1888-1896,

t. 1-4 ; Literaturnaâ kritika, M., 1981 (en collab. avec k. s. aksakov) ; « I slovo pravdy… »

Stihi, p’esy, stat’i, očerki, ufa (oufa), 1986.

Études : solov’ev V. s., Iz vospominanij. Aksakovy, in : Pis’ma V. S. Solov’eva, spb., 1911, iii ;

cimbaev n. i., i. s. Aksakov v obĉestvennoj žizni poreformennoj Rossii, M., 1978 ; lukashevicg

s., Ivan Aksakov, 1823-1886. A Study in Russian Thought and Politics, cambridge, 1965.

V. V. serbinenko, a. a. popov / trad. c. bricaire

ALEXEÏEV nikolaï (1879, M.-1964, Genève) – philosophe du droit, idéologue de

l’eurasianisme*. après des études à l’univ. de M., séjours d’études à berlin, heidelberg

et p.. enseigne le droit à M. de 1912 à 1917. en 1917-1918, membre du comité de

ré-daction de la revue Narodopravstvo. en 1918, s’installe à kiev. Élu professeur à l’univ.

de tauride à simféropol. participe à la Guerre civile. après l’évacuation de l’armée

des volontaires passe un an à constantinople. À partir de 1922, enseigne le droit à

l’université de pr.. À partir du milieu des années 1920, rejoint le mouvement eurasien.

en 1931 il part à berlin, où il enseigne à l’institut universitaire russe. après l’arrivée

au pouvoir des nazis, il s’installe en france, où il enseigne les disciplines juridiques à

strasbourg et p.. durant les années 40, il est à belgrade, professeur à l’univ., et à partir

de 1950, à Genève. a. a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de la doctrine

eurasienne du droit public et de son modèle d’organisation de l’État russe. partant

de l’idée qu’un territoire aussi vaste que la russie-eurasie* devait se doter d’un État

bien organisé s’il voulait en garantir la pérennité, a. estime nécessaire de fournir un

projet développé susceptible d’entraîner non seulement l’élite dirigeante, mais aussi

la masse des citoyens. l’organisation étatique devait donc savoir concilier les

prin-cipes aristocratique et démocratique, à travers une politique mise en œuvre par une

minorité cultivée et consciente dans l’intérêt des masses (Les Eurasianistes et l’État

[evrazijcy i gosudarstvo]). dans cet État, la couche dirigeante serait constituée par

une « sélection » d’individus issus du peuple : elle façonnerait l’idéal de l’État,

exprime-rait la volonté unifiée de la nation ou des groupes de nations, en formant une espèce

d’« ordre monastique » dont la première fonction serait d’offrir une direction

spiri-tuelle à la société et de dégager pour elle une vérité philosophique et religieuse

supé-rieure. dans le système d’a., le droit se conçoit d’abord comme « capacité juridique »

alexeïeV

[pravomočie], c’est-à-dire comme la possibilité de réaliser différentes actions, par

opposition aux systèmes juridiques qui mettent au premier plan les notions d’«

obli-gation » et de « devoir ». aux modèles européens de l’État, fondés sur la théorie du

droit naturel*, a. oppose l’idéal de « l’État-Justice » [gosudarstvo-pravda] propre à la

russie ancienne, dans lequel l’État est soumis au « principe d’éternité » : cette notion

de « vérité-justice » (pravda), qui inclut à la fois le droit subjectif et les normes de la

justice, permet d’opérer la synthèse entre le droit et la morale, de faire des droits et

des devoirs du citoyen un principe unique. l’approche d’a. suppose le dépassement

du « droit objectif » normatif, lequel laisserait la place à ce qu’il appelle « le droit

éta-bli » : celui qui, fondé sur les idées religieuses et morales de la société, émane de la

conscience juridique collective. dans un État doté de ce système juridique, l’individu

ne peut exister que comme incarnation de la totalité sociale, en quoi a. voit à la fois

le but, le devoir et le droit du citoyen (« pour préciser la doctrine du “droit objectif” »

[k učeniû ob « ob”ektivnom prave »], p. 221-254, cf. bibl.). a. joua un rôle actif dans

l’élaboration du programme social et économique de l’eurasianisme, dont le pivot était

l’idée d’un « système de gestion mixte ». cette proposition était inspirée par l’espoir de

venir à bout de la polarisation de la société en « ultra riches » et « ultra pauvres »,

typi-que de l’économie de la propriété privée. convaincu typi-que le socialisme était incapable

de résoudre le problème (puisqu’il se contentait de limiter le nombre des sujets de la

propriété sans en modifier la structure), a. pensait qu’il fallait introduire une nouvelle

conception, « fonctionnelle », de la propriété, en vertu de laquelle l’État imposerait

aux possédants des obligations déterminées, et garantirait l’adéquation de l’activité

des sujets économiques aux intérêts de la société. il a aussi proposé un modèle pour

les relations internationales au sein de la communauté formée par les peuples

d’eura-sie, en extrapolant à partir de l’expérience idéalisée de l’État soviétique. toutefois, ce

dernier était critiqué pour sa promotion de la solidarité internationale du prolétariat,

censée fonder la relation entre les peuples face à la menace supposée que représentait

l’ennemi de classe. du reste, pour a., si le principe fédéral est nécessaire à

l’organi-sation de la russie-eurasie, il doit être débarrassé de l’idéologie communiste et

s’ap-puyer sur la prise de conscience, par les peuples de l’eurasie, qu’ils partagent un destin

historique commun (« le fédéralisme soviétique » [sovetskij federalism], p. 240-261,

cf. bibl.).

Œuvres : Osnovy filosofii prava, pr., 1924 (rééd. spb., 1999) ; Na putâh k buduĉej Rossii

(Sovetskij stroj i ego političeskie vozmožnosti), p., 1927 ; “evrazijcy i gosudarstvo”, in :

Еvrazijskaâ hronika, 1927, ix ; « sovetskij federalism », in : Evrazijskij vremennik, p. 1927,

V ; Sobstvennost’ i socializm. Opyt obosnovaniâ social’no-èkonomičeskoj programmy

evra-zijstva, p., 1928 ; « evrazijstvo i marksizm », in : Evrazijskij sbornik, pr., 1929, Vi ; alekseev

n. n., il’in V. n., savickij p. n., « o gazete « evraziâ » : gazeta « evraziâ » ne est’ evrazijskij

organ », p., 1929 ; Religiâ, pravo i nravstvennost’, p., 1930 ; Teoriâ gosudarstva. Teoretičeskoe

gosudarstvovedenie, gosudarstvennoe ustrojstvo, gosudarstvennyj ideal, p., 1931 ; « k učeniû

ob “ob”ektivnom prave” », in : Tridcatye gody, p., 1931 ; Puti i sud’by marksizma. Ot Marksa

iÈngel’sa k Leninu i Stalinu, berlin, 1936 ; « o buduĉem gosudarstvennom stroe rossii »,

in : Novyj grad, 1938, n° 13 ; Russkij narod i gosudarstvo, М., 1998 ; Ideâ gosudarstva, spb.,

2001.

Études : Zenkovsky b., Histoire…, iV, chap. iV, 7 ; dugin a., « teoriâ evrazijskogo

gosu-darstva » in : alekseev n. n., Russkij narod i gosudarstvo, M., 1998 ; deforž i., Filosofiâ

pra-va N. N. Alekseepra-va, M., 2006.

V. p. kocharny / trad. c. bricaire

alexeïeV

ALEXEÏEV (pseud. askoldov) sergueï (1870/1871, M.-1945, postdam) – philosophe

religieux, vulgarisateur. a participé aux recueils Problèmes de l’idéalisme [problemy

idealizma]*et De profundis [iz glubiny]*.fils du philosophe alexeï kozlov*, qui, à

l’époque de l’engouement pour le populisme, avait épousé une paysanne, dont il s’était

bientôt séparé ; mais sa femme lui ayant refusé le divorce, les enfants nés de son

se-cond mariage, civil, ne purent légalement porter le nom de leur père : le nom alexeïev

est donc formé sur le prénom du père. après des études de physique-mathématiques à

l’univ. de spb., a. obtient son magistère** de philosophie à l’univ. de M. pour son livre

Pensée et réalité [Mysl’ i dejstvitel’nost’].À partir de 1908, il est membre de la société

de philosophie religieuse* de spb. sa carrière universitaire commença tard (comme

ce fut le cas pour son père), mais fut de courte durée. dans les années vingt il fonde

la fraternité saint-séraphin-de-sarov**, société religieuse tenue à rester secrète, vu

l’époque. arrêté comme tous les membres de cette société, il est d’abord déporté dans

la république des komi, puis à novgorod. au cours de la seconde Guerre mondiale,

après l’occupation de novgorod, il est emmené en allemagne. les idées

philosophi-ques d’a. se sont formées sous l’influence de kozlov, et sont dans la droite ligne de la

tradition leibnizienne en philosophie russe. au point de départ de ses conceptions se

trouvent le « moi » et l’idée d’un univers « plein d’âme » (panpsychisme**). « le point

central et jusqu’à présent le seul, qui ne puisse faire aucun doute, écrivait a., est notre

conscience, dans tout ce qui de son contenu est accessible à la réminiscence,

c’est-à-dire ce que nous appelons notre “moi” » (Problèmes fondamentaux de la théorie

de la connaissance et de l’ontologie [osnovnye problemy teorii poznaniâ i ontologii],

p. 127, cf. bibl.). À côté du « moi », il existe d’autres formes d’être, dont l’essence

re-lève de l’esprit. bien que l’esprit d’autrui ne nous soit connaissable que de manière

médiate, rien ne nous empêche d’étendre ce principe de l’âme à la nature organique

et inorganique. l’idée d’un univers entièrement imprégné d’âme, estimait a., « n’est

pas seulement la seule possible et pensable du point de vue purement gnoséologique,

elle est aussi totalement corroborée par les données des sciences empiriques » (Ibid.,

p. 204). le monde matériel, a. le voyait comme l’image en perspective du monde

ex-tra-spatial rempli d’essences spirituelles – les âmes –, depuis celles des atomes de

l’éther jusqu’aux âmes humaines, et de ces dernières jusqu’aux âmes des planètes,

au-dessus des êtres humains (Id., p. 236). la hiérarchie des âmes (de tout en bas jusqu’au

plus haut) est couronnée par l’âme du monde, qui apparaît comme le principe général

d’unité. les substances individuelles (les âmes) qui constituent le monde comme

tota-lité, sont en interaction, ce qui signifie d’après a. leur fusion, le passage ininterrompu

« de la condition de l’une à celle de l’autre », au cours duquel pourtant leur singularité

est conservée. dans l’organisme qui constitue le monde, totalité vivante, l’âme doit

aspirer à l’immortalité personnelle. « concevoir la loi universelle qui régit le

dévelop-pement du monde, se conformer à cette loi sans se laisser détourner et sans faiblir,

ainsi qu’à ces obligations individuelles qui échoient à chacun en partage et ne sont que

l’application de cette loi à la manifestation singulière de chaque âme dans le système

de l’univers, c’est justement cela qui signifie assurer stabilité et continuité au

dévelop-pement de sa propre âme » (Id., p. 249). ainsi, l’homme forge lui-même sa propre

im-mortalité. les disciplines qui peuvent aider à comprendre l’essence de l’ordre du

mon-de pris comme un tout, ce sont la philosophie et la religion, qui découvrent à l’homme

la possibilité de communier aux « sources de l’immortalité », afin qu’il en fasse les

principes directeurs de sa vie quotidienne. la théorie de la connaissance, chez a., se

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