l’univers ; 3) par comparaison avec l’absolu, l’univers est illusion (Maïa), même si
celle-ci est en soi suffisamment réelle ; 4) ce qui constitue le fondement substantiel de
l’univers, c’est l’unité de l’esprit et de la Matière, que l’on retrouve à tous les niveaux
de différenciation de l’Être cosmique. la conscience est matière sublimée et la matière
esprit cristallisé. la conscience (esprit, énergie) est un principe de vie qui pénètre tout
et qui, en spiritualisant la matière, l’amène à se manifester. de la sorte, toute forme de
matière est douée d’une vie qui, lorsqu’une forme matérielle est détruite, passe à une
autre. le processus de différenciation de l’esprit-Matière se réalise selon le principe du
septénaire, auquel est soumis tout ce qui existe dans la nature. il y a dans la nature sept
plans de l’Être cosmique. À chacun de ces plans la matière est d’une densité donnée.
c’est le plan physique qui est matériellement le plus dense. les autres mondes, dits
« finement matériels », sont pour la perception humaine divers états de conscience.
tous ces mondes s’interpénètrent et forment un seul et même cosmos. selon la loi de
l’analogie (« ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »), la structure
métaphysi-que de la personnalité reprend la structure septénaire de l’univers et correspond aux
plans de l’Être cosmique. la majorité des gens fonctionnent sur les trois plans
infé-rieurs – le physique, l’astral et le mental – dont chacun, dans l’ordre, est constitué
d’une matière à niveau de vibration croissant. les deux plans suivants de l’Être
cosmi-que, le spirituel (Buddhi) et le nirvanien (Atma) sont accessibles à ceux dont le
déve-loppement spirituel devance celui du reste de l’humanité. les deux derniers plans
di-vins – l’Anupadaka (plan des êtres supérieurs engendrés par les sept rayons du Logos)
et l’Adi (plan du Logos premier) – ne peuvent être compris que par les initiés ; 5)
l’univers est en état de développement et de modification permanente de nature
spi-raloïde et cyclique. son évolution est le dévoilement graduel, dans l’éternité, de
l’uni-que réalité absolue qui se révèle dans ses manifestations. la loi de l’évolution suppose
l’alternance perpétuelle des Manvantara (périodes de manifestation active de
l’uni-vers) et des Pralaïa (périodes où l’univers existe sous sa forme non manifestée). chaque
éveil du cosmos après une Pralaïa commence par la reproduction de l’état atteint au
cours de la Manvantara précédente avant de se poursuivre comme processus unique.
l’univers crée à l’aide de monades, qui sont les vecteurs de l’unité de l’être et qui,
subs-tantiellement, correspondent à un rayon de l’absolu. avant de commencer à évoluer,
la monade connaît une involution, c’est-à-dire qu’elle passe des plans cosmiques
blaVatski
rieurs aux plans inférieurs, ne se manifestant que sous des formes matérielles pour
parvenir à la conscience de soi propre aux conditions de ce niveau de l’être. enrichie de
l’expérience ainsi acquise, la monade remonte ensuite vers les sphères supérieures de
l’existence, se libérant par-là même des formes étroitement matérielles qui l’entravent
pour les remplacer par des états plus subtils ; 6) l’évolution de l’homme est analogue à
celle des autres règnes de la nature. Jusqu’alors, le développement de l’homme avait eu
pour cadre les cinq races fondamentales, qui avaient évolué en même temps que la
planète. la branche descendante de l’évolution des quatre premières races
fondamen-tales avait connu des modifications dans le sens d’une densification de la nature
éthé-rée et du développement de la raison, ainsi que d’un affaiblissement de la vie
spiri-tuelle. la majeure partie de l’humanité actuelle en est au dernier stade de l’évolution de
la cinquième race fondamentale et se prépare à entrer dans la sixième. comme la
septième qui la suivra, elle sera plus spirituelle que la cinquième, dans laquelle le
déve-loppement de l’entendement terrestre a trouvé sa manifestation la plus élevée. pendant
les trois prochains cycles de l’évolution (il y en a sept en tout), l’humanité, comme la
planète qu’elle habite, doit atteindre l’état spirituel le plus élevé qui soit possible dans
l’évolution considérée ; 7) la signification ésotérique de l’Évolution cosmique est dans
la réalisation de l’idée d’unité spirituelle à tous les niveaux de l’être entre toutes les
créatures de l’univers étant donné que tout ce qui est dans la nature est un par son
origine, par son mode d’évolution et par le but général de son développement. l’opinion
russe de la fin du xix
eet du début du xx
esiècles a accueilli de façons très diverses les
idées de b., depuis les accusations de charlatanisme et d’hypocrisie (de la part de
criti-ques littéraires comme Vsevolod soloviov, Zinaïda Vengerova) jusqu’à la
popularisa-tion de ces idées par la société russe de théosophie, en passant par une certaine
recon-naissance des mérites de b. et de l’importance du savoir théosophique (Vladimir
soloviov*, Mérejkovski*, Viatcheslav ivanov* et berdiaev*). elles ont trouvé un
prolon-gement logique dans la doctrine de l’éthique vivante** (Agni Yoga) et ont exercé une
influence sur le développement du cosmisme* et de l’anthroposophie** russes.
(la théosophie de b. s’inscrit dans le prolongement du vaste courant spiritualiste
gnostique qui traverse tout le xix
esiècle et qui marquera la pensée et l’œuvre
d’hom-mes aussi différents qu’auguste comte ou le peintre rœrich*. Mais son œuvre, plus
fascinante que profonde, est surtout une compilation d’éléments disparates assemblés
par une érudition peu sûre et maçonnés en un ensemble qui tient surtout par la force
de conviction et la fantaisie séduisante de son auteur. Même si la théosophie se veut
le reflet d’une tradition primordiale censée être à l’origine de toutes les religions, sa
doctrine « réincarnationniste » est incompatible avec le judéo-christianisme. de fait,
la théosophie est résolument antichrétienne, raison pour laquelle un rudolf steiner
s’en détachera en 1913 pour fonder le mouvement anthroposophique. c’est
essentiel-lement par l’action d’une proche disciple de b., l’anglaise annie besant (1847-1933),
que la théosophie prendra une dimension politique majeure, puisque annie besant
inspirera vigoureusement l’activité du congrès national indien (dont elle sera un
temps la présidente) et lancera en inde le mouvement féministe, contribuant ainsi de
façon décisive à amener l’inde à accéder à la modernité et à l’indépendance,
occiden-talisant les élites indiennes déjà anglicisées (nehru avait été à l’école de la théosophie)
et contribuant à répandre dans les esprits des occidentaux ce syncrétisme d’ashram –
fait d’orientalisme religieux, de parapsychologie, de végétarisme et d’utopie politique
et sociale – qui est une des composantes de la modernité – n. du. t.).
blok
Œuvres : Zakon pričin i posledstvij, ob”âsnâûĉij čelovečeskuû sud’bu (karma), l., 1991 ;
Iz peĉer i debrej Indostana, M., 1991 ; Klûč k teosofii, M., 1993 ; Novyj Panarion, M., 1994 ;
Razoblačennaâ Izida : i : nauka ; ii : teosofiâ, M., 1992 ; Svet na puti. Golosbezmolviâ.
Sem’ vrat. Dva puti. Iz « Knigi zolotyh pravil » (obnarodovano blavatskoj e. p.), kiev, 1991 ;
Skrižali Karmy, M., 1994 ; Tajnaâ Doktrina, i : kosmogenesis ; ii : antropogenesis ; iii : net
religii vyše istiny, l., 1991 ; Teosofiâ i praktičeskij okkul’tizm, M., 1993 ; les œuvres
princi-pales d’hélène blavatski sont disponibles en trad. franç. aux éditions adyar, p.
Études : solov’ev Vs., Sovremennaâ žrica Izidy. Moe znakomstvo s E. P. Blavatskoj i
« Teosofičeskim obĉestvom », M., 1994 (réed.) ; teosofiâ i bogostroitel’stvo (stenografičeskij
otčët zasedaniâ religiozno-filosofskogo obĉestva 24 noâbrâ 1909 g.), in : Vestnik
teoso-fii, spb., 1910, n° 2 ; Vest’ E. P. Blavatskoj, ed. l. n. Zasorin, l., 1991 ; Želohovskaâ V. p.,
Radda-Baj. Pravda o Blavatskoj, M., 1992 ; nèf Mèri k., Ličnye memuary E. P. Blavatskoj,
M., 1993 ; Elena Petrovna Blavatskaâ, Biografičeskie svedeniâ, h-kov, 1991 ; pazilova V. p.,
Sovremennaâ li « žrica Izidy » ?, M., 1991 ; « e. p. blavatskaâ i predskazanie naučnyh otkrytij
xx veka », in : Vestnik teosofii, M., 1992, n° 1 ; solov’ev Vl., « Zametka o e. p. blavatskoj »,
in : Œuvres, foyer oriental chrétien, bruxelles, 1966, Vi, p. 394-398.
l. i. krachkina / trad. b. Marchadier
BLOK alexandre (1880, spb.-1921, pg.) – les liens du symbolisme* avec la
philoso-phie sont particulièrement manifestes dans l’œuvre de b. à ses débuts. il faisait partie
de la « jeune génération » des poètes symbolistes, avait reçu sa formation à l’époque
où, selon ses propres termes, « un colosse faisait son entrée dans l’immense arène de
la philosophie : Vl. soloviov ». « les fleurs inconsistantes du positivisme se fanaient et
le vieil arbre de la pensée toujours insoumise reverdissait et se couvrait à nouveau des
fleurs de la métaphysique et de la mystique ». dès l’univ., il « s’était senti très proche
de la philosophie ». les idées platoniciennes dans lesquelles il se trouvait plongé
don-nèrent l’impulsion première à sa création poétique, comme en témoigne son premier
cycle de poèmes, Ante lucem. les idées de platon sur les deux univers, l’esprit et la
chair, « l’âme du monde », l’œuvre divine de création, tout cela apparaît dans d’autres
cycles poétiques de jeunesse, inédits, intitulés « poème philosophique. trois
supposi-tions premières » (1900) et « dernière partie du poème philosophique » (1901). ces
idées étaient perçues à travers les théories de Vl. soloviov* sur la féminité Éternelle
([Večnaâ ženstvennost’] – nous avons préféré garder l’équivalent exact du russe – n.
du. t.) comme harmonie de la beauté et du bien. b. essaya même de « jeter les
fonda-tions d’une philosophie mystique, de mettre en évidence, à sa base, comme son
prin-cipe le plus stable, un prinprin-cipe féminin ». Mais en tant que système de déductions
lo-giques, la philosophie l’attirait peu, et c’est dans sa poésie (particulièrement les « Vers
sur la belle dame »[stihi o prekrasnoj dame]) que les idées de soloviov furent mises
en œuvre, réfractées à travers le prisme de la vision mytho-poétique. ses « Vers sur la
belle dame » l’introduisirent dans le cercle de la « jeune génération » symboliste. ils
avaient en commun une même admiration pour Vl. soloviov, et, en plus de ce dernier,
les mêmes sources : platon et les néoplatoniciens, schelling, schopenhauer, nietzsche,
Wagner. À la suite de soloviov, ils se réclamaient du principe intuitionniste* en
gno-séologie, voyant la poésie comme une forme de connaissance. la caractéristique des
théories symbolistes (de b. en particulier), c’était le panesthétisme, l’idée d’une
syn-thèse de tous les phénomènes spirituels et intellectuels, de la théurgie*, une foi dans la
puissance de l’art capable de transfigurer le monde, et la figure de l’artiste démiurge.
b. a apporté sa contribution à l’esthétique des « correspondances » qui reposait sur
l’idée platonicienne des deux univers. Mais, malgré ses liens étroits avec le
blok
lisme comme courant littéraire et philosophique, b. était loin de tout admettre dans
ce que produisait son entourage littéraire le plus proche. il était offusqué par « les
schémas sans vie qu’on voulait imposer, comme les parallèles entre le monde païen
et le monde chrétien, Vénus et la Mère de dieu, le christ et l’antéchrist », qu’il
qua-lifiait « d’occupation digne de clercs ou de cadavres » et de « grand péché devant des
gens moralement épuisés et désorientés ». ce qui l’attirait, c’était « l’idée synthétique
et flamboyante » sur laquelle reposait la pensée russe des xViii
e-xix
es., « cette
in-trication prodigieuse de la question fondamentale de notre ère – la question sociale
–, avec la spéculation, avec les questions les plus graves, celles de la personne, et les
questions les plus profondes concernant dieu et le monde ». la révolution de 1905,
selon ses propres termes, a été décisive pour l’écarter d’une « mystique puérile ». elle a
inauguré son passage à une thématique sociale (le cycle poétique « la ville » [Gorod],
les drames lyriques « l’inconnue » [neznakomka], « le roi sur la place » [korol’ na
ploĉadi], « le petit théâtre de foire » [balagančik], 1906). dans les années 1907-1908,
il est chargé de la partie « critique littéraire » pour la revue Zolotoe rouno. dans ses
ar-ticles, les problèmes qu’il aborde sont : les rapports du peuple et de l’intelligentsia*, de
la russie et de l’occident, l’histoire de la culture et sa situation du moment, le progrès
qui conduit à un univers de « machines » et la faille ouverte entre l’homme et la nature,
la mission de l’artiste. cette conception nouvelle de l’art et du rôle de l’artiste l’entraîne
à critiquer les positions de « l’art nouveau », à faire référence à l’héritage humaniste
de la littérature russe du xix
es., à affirmer la nécessité de se rapprocher du réalisme.
les symboles panthéistes de l’« Âme du monde », de la « féminité éternelle », sont
remplacés par l’« Élément », l’« esprit de la musique » et plus tard l’« orchestre du
monde », la « Musique de la révolution », qui renvoient à ceux du début, mais libérés
de la dogmatisation mystique. aux principes « antimusicaux », mécanicistes, qu’il voit
s’affirmer dans la vie, le poète opposait l’activité de l’artiste, dynamisme créateur de la
culture. les recherches de l’intelligentsia russe, le conflit entre « culture » et «
civilisa-tion », entre le principe de la musique et le principe antimusical dans le monde, entre
l’esprit de création et celui d’une existence machinale privée de spiritualité devient
le noyau non seulement de sa prose philosophique, mais également de sa poésie (les
grands poèmes « chanson du destin » [pesnâ sud’by], « châtiment » [Vozmezdie], le
drame « la rose et la croix » [roza i krest] ; le cycle « sur le champ de koulikovo » [na
pole kulikovom], le poème « l’artiste » [hudožnik], etc.). en la personne de b., le
sym-bolisme apporte son tribut à la poésie philosophique* russe. ses méditations lyriques
traitent du mouvement des mondes, de la course des astres, de la place de l’homme et
de son âme dans l’infini de l’espace et du temps ; non seulement elles sont des modèles
de lyrisme philosophique, mais elles font aussi partie du cosmisme* russe. b. a été de
ceux, dans l’intelligentsia russe, qui ont accepté la révolution d’octobre. après la
révo-lution, b. a écrit le premier grand poème révolutionnaire, « les douze » [dvenadcat’]
(1918), et divers articles dans lesquels il invitait l’intelligentsia à construire une culture
nouvelle, « synthétique », lui-même s’impliquant directement dans cette construction.
dans ce contexte historique, il était resté fidèle aux idées de l’époque antérieure – la
force élémentaire comme fondement premier de tout phénomène de la vie, l’énergie
vivifiante de l’art capable de transfigurer le monde, la recherche d’un art véritablement
national, capable de surmonter la rupture entre l’artiste et le peuple.
Œuvres : Poln. sobr. soč. i pisem v 20 t., M., 1997-2003, i-Vii ; Sobr. soč. v 8 t., M.,
1960-1963 ; Zapisnye knižki, M.-l., 1965 ; Ob iskusstve, M., 1980 ; Andrej Belyj i Aleksandr Blok.
blonski
Perepiska, 1903-1919, M., 2001 ; Quatre Poètesrusses, avec les douze de blok, traduits
par armand robin (1949), rééd. le temps qu’il fait, 1985 ; blok, in : Anthologie de la poésie
russe, la Renaissance du XX
esiècle, par n. struve, p., 1970 ; Œuvres en prose (1906-1921),
trad. et préface J. Michaut, l’age d’homme, 1974 ; Œuvres dramatiques, trad. et
présenta-tion G. abensour, l’age d’homme, 1982.
Études : Literaturnoe nasledstvo. Aleksandr Blok. novye materialy i issledovaniâ v 4 t., M.,
1980-1987, xc, 1-4 ; Mašbic-Verov i. M., Russkij simvolizm i put’ Aleksandra Bloka, kujbyšev,
1969 ; spivak r. s., A. Blok. Filosofskaâ lirika 1910-h godov, perm, 1978 ; Maksimov d. e.,
Poèziâ i proza Al. Bloka, l., 1981 ; Gromov p. p., A. Blok, ego predšestvenniki i sovremenniki,
l., 1986 ; krohina n. p., « Mifopoètizm al. bloka v kontekste simvolistkogo mifomyšleniâ »,
in : Izvestiâ A. N. ser. literatury i âzyka, 1990, xlix, n° 6 ; isupov k. G., « istorizm bloka
i simvolistskaâ mifologiâ istorii », in : Aleksandr Blok. Issledovaniâ i materialy, l., 1991 ;
smirnova G. a., « a. blok. k opisaniû “kartiny mira” », in : Poètika i stilistika.
1988-1990, M., 1991 ; belyj a., O Bloke, M., 1997 ; Magomedova d. M., Avtobiografičeskij mif v
tvorčestve A. Bloka, M., 1997 ; Minc Z. G., Poètika Aleksandra Bloka, spb., 1999 ; prihod’ko
i. s., Aleksandr Blok i russkij simvolizm : mifopoètičeskij aspekt, Vladimir, 1999 ; Aleksandr
Blok. Pro et contra. ličnost’ i tvorčestvo aleksandra bloka v kritike i memuarah
sovremen-nikov. antologiâ, spb., 2004 ; cf. également Histoire de la littérature russe, le xx
esiècle,
fayard, 1987.
l. a. sugaj / f. lesourd
BLONSKI pavel (1884, kiev-1941, M.) – psychologue, philosophe et pédagogue.
Étudiant à la faculté d’histoire et de philologie de l’univ. de kiev, il traduit les textes de
platon et d’autres philosophes grecs de l’antiquité. son mémoire de magistère** porte
sur la philosophie de plotin. il publie à kiev Problèmes de la réalité chez Berkeley
[problemy real’nosti u berkli], La Question éthique chez E. Hartmann [etičeskaâ
pro-blema u Èd. Gartmana], et des ouvrages dédiés à la philosophie de la fin du xix
eet du début du xx
esiècle. dans ses travaux sur la philosophie antique, il réfute un
certain nombre d’idées communément admises sur parménide (sa contribution
an-ticonformiste au congrès de la société de psychologie, à M. en 1916, déclencha un
vaste débat), sur héraclite et les néoplatoniciens. on lui doit des réflexions originales
sur descartes, spinoza, J.-J. rousseau. Élève de tchelpanov*, il manifeste un intérêt
profond pour la psychologie. en 1907, il suit tchelpanov à M. c’est là, parallèlement
à la philosophie, qu’il se consacre activement à la psychopédagogie et à l’histoire de la
didactique, expérimentant nombre de leurs théories dans son travail d’enseignant. en
1913, il est privat-docent** à l’univ. de M., tout en enseignant à l’univ. de chaniavski**
certaines disciplines du cycle de socio-pédagogie. d’abord proche du parti s.r., il se
rallie aux bolcheviks après février 1917. il défend un système d’enseignement fondé
sur des principes démocratiques, qu’il croit possible de promouvoir dans une
perspec-tive socialiste. avant octobre 1917, il avait publié des brochures intitulées « pourquoi
tous les travailleurs doivent devenir socialistes », et « l’école et l’ordre social ». en
1919, il fonda l’acad. d’instruction publique de M. (de 1921 à 1924 : acad. d’Éducation
sociale) dont il fut recteur. de 1930 à 1941, il travailla à l’institut de psychologie, où
il conduisit des expériences dans le domaine de la psychologie de la mémoire et de
la psychologie du désir. il s’est intéressé à la pédologie avant son interdiction, au
dé-but des années 1930, défendant une approche globale et systématique dans l’étude de
l’enfant et par conséquent, la pratique de l’enseignement ; pour ce faire, il envisageait
les processus de cognition et d’apprentissage à la lumière de la philosophie. c’est ainsi
qu’il proposa une théorie génétique de la mémoire (dite « théorie des stades ») selon
laquelle des stades mémoriels se succèdent au fur et à mesure que se développent
bobroV
l’homme et sa pensée, ce qui n’est pas sans influer aussi sur son rapport à la réalité.
sa conception propre de la pédologie a donc été marquée en profondeur par l’analyse
philosophique et la culture classique (historique, littéraire et philosophique), et par là
même humanisée, à la différence des approches instrumentaliste et behaviouriste qui
caractérisent beaucoup de chercheurs occidentaux. les recherches de b. en
pédolo-gie gardent l’empreinte originale de ses travaux sur le néoplatonisme, dans lesquels il
avait examiné comment apparaissent une chose ou une qualité nouvelles. on le sent
également dans la définition qu’il donne de la pédologie comme « science des
symp-tômes qui marquent les âges de l’enfant, les phases de sa croissance » (« pédologie des
âges », in : Encyclopédie de pédagogie [pedagogičeskaâ ènciklopediâ], i, p. 154). au
cours de sa vie, les conceptions philosophiques de b. ont subi un retournement
com-plet : de l’idéalisme (dans l’esprit de platon et de plotin), il est passé au mécanicisme
(dans l’esprit de descartes), puis au volontarisme (sous l’influence de son travail en
psychologie) ; il a aussi adhéré au marxisme, bien qu’il n’ait rien écrit sur le
matéria-lisme. ses recherches en histoire de la philosophie ont ceci de précieux que b. s’est
attaché à revenir aux origines de la philosophie, c’est-à-dire à la pensée grecque
an-tique. ainsi, dans La Philosophie de Plotin [filosofiâ plotina] (1918), les conceptions
philosophiques de plotin et de ses héritiers sont déduites de la mythologie, qui est
ainsi présentée par b. comme le fondement de la philosophie contemporaine (la
phi-losophie idéaliste), qui « apparaît précisément comme une mythologie modernisée »
(Mes souvenirs [Moi Vospominaniâ], p. 131, cf. bibl.). c’est en référence à la
philoso-phie que b. analyse les problèmes concrets de la pédagogie et de la psychologie, qu’il
étudie les particularités du développement en fonction de l’âge, celles du caractère, et
celles de l’instruction et de l’éducation considérées dans leur nature sociale.
Œuvres : Sovremennaâ filosofiâ, M., 1918-1922, i-ii ; Filosofiâ Plotina, M., 1918 ;
Očerk naučnoj psikhologii, M., 1921 ; pedologiâ, M., 1925 ; Pamât’ i myšlenie, M., 1935 ;
Psikhologičeskij analiz pripominaniâ, M., 1940 ; Psikhologiâ i želaniâ, M., 1965 ; Izbr. ped.
proizv., M., 1961 ; Izbr. psihol. proizv., M., 1964 ; Moi Vospominaniâ, M., 1971 ; « Vozrastnaâ
pedologiâ », in : Pedagogičeskaâ ènciklopediâ, M., 1927.
i. e. Zadorojniouk / trad. c. bricaire
BOBROV evguéni (1867, riga-1933, rostov-sur-le-don) – philosophe religieux,
écrivain, vulgarisateur et critique. illustre l’influence de leibniz en russie. a été
élève de teichmüller et adepte du panpsychisme** de kozlov*. il a traduit en
rus-se la Monadologie (cf. Actes de la société de psychologie de M. [trudy Moskovskogo
psikhologičeskogo obĉestva], 1890, iV), a consacré une série de travaux à la
philoso-phie de leibniz. après des études à l’univ. de dorpat (iouriev, aujourd’hui tartu), où
Dans le document
Dictionnaire de la philosophie russe
(Page 91-97)