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Le risque lié aux addictions au volant reste important malgré les actions menées

POLITIQUE DE SECURITE ROUTIERE ET POLITIQUE DE SANTE PUBLIQUE

3.1 Le risque lié aux addictions au volant reste important malgré les actions menées

3.1.1 L’étude épidémiologique SAM confirme et quantifie le sur risque lié à l’alcool et au cannabis

Selon l’étude épidémiologique stupéfiants et accidents mortels (projet SAM)22, les sur-risques d’être responsable d’un accident mortel sont les suivants :

- de l’ordre de 1,8 pour une conduite sous influence cannabique ;

- de l’ordre de 8,5 pour une conduite en alcoolémie (tous taux confondus) ; toutefois, cette moyenne ne rend pas compte de l’augmentation importante du risque avec le taux d’alcool ; - de l’ordre de 14 pour une conduite sous l’emprise des deux produits soit très proche du produit

des risques attachés au cannabis seul (1,8) et à l’alcool seul d’autre part (8,5).

Pour le cannabis, « le risque de responsabilité augmente avec la concentration sanguine en THC23. Cet effet-dose plaide pour l’existence d’une relation causale. En effet, le sur-risque d’être responsable de l’accident passe de 1,6 si le conducteur se situe en dessous du niveau de 1ng/ml, à 2,1 s’il se situe au-delà de 5ng/ml. ». Toutefois, contrairement à l’alcool, il n’y aurait pas un risque aussi exponentiel que pour l’alcool, les consommateurs ayant souvent des consommations de quantité similaire.

En revanche, « La consommation concomitante de cannabis et d’alcool multiplierait simplement les risques associés à une consommation soit de cannabis soit d’alcool, sans aucune potentialisation particulière des effets de l’un par l’autre. Ces résultats confirment ceux de plusieurs études expérimentales ou épidémiologiques antérieures (INSERM 2001). »

Compte tenu de l’évolution des produits cannabiques dont la concentration en THC augmente, il conviendrait cependant de suivre avec attention l’évolution de l’impact négatif de la conduite sous emprise de stupéfiant. L’étude SAM qui porte sur des accidents intervenus entre 2001 et 2003 est en effet assez ancienne. Il serait sans doute utile de refaire une étude sur ce sujet pour mesurer l’évolution du sur-risque.

Enfin, les produits de synthèse évoluent rapidement et il n’existe pas d’étude disponible à ce sujet.

3.1.2 La part du facteur alcool dans l’accidentalité reste stable en proportion mais recouvre des réalités sociologiques et médicales différentes

Si la part du risque alcool en matière d’accidentologie est bien connue et rapportée dans les bilans successifs de l’ONISR, ces statistiques d’accidentalité ne permettent pas d’avoir une bonne connaissance des conducteurs conduisant sous alcool et de leur rapport à l’alcool.

Les statistiques de l’ONISR mettent en évidence une part du facteur alcool stable Les statistiques de l’ONISR (2012) permettent d’avoir une vision assez claire de la fréquence du risque alcool et de son impact sur l’accidentalité mortelle qui reste stable autour de 30% sur les dix

22 Etude SAM 2005 - Groupe SAM : Ceesar, LAB PSA Peugeot-Citroën/Renault, Inserm, INRETS et OFDT ; sous la responsabilité scientifique de Bernard Laumon (INRETS/UCBL/InVS UMRESTTE).

Etude réalisée par l’observatoire français des drogues et toxicomanies, sur un panel de 10 748 conducteurs ayant subi, entre le 1er octobre 2001 et le 30 septembre 2003, un dépistage systématique urinaire et ou sanguin en raison de leur implication dans un accident mortel (7 458 accidents).

23 Trétra-hydro-cannabinol, molécule contenue dans le cannabis.

174 dernières années. L’alcool au volant concerne tous les âges : près de 24 % des 18-24 ans et 23%

des 25-44 ans24.

« Dans ces accidents mortels, 67 % des personnes tuées sont les conducteurs alcoolisés, 19 % les passagers de ces conducteurs, 11 % les usagers de véhicules tiers et 3 % les piétons. Les 18-24 ans représentent 25 % des personnes tuées en présence d’alcool ; les 25-44 ans 38 %. »

La présence d’alcool est souvent associée à - une vitesse excessive ;

- des stupéfiants (12 % des cas) ;

- l’absence de ceinture de sécurité : 30,4 % des tués dans un accident mortel avec alcool ne portent pas la ceinture contre 4 % dans un accident mortel sans alcool.

« La nuit, une infraction au taux d’alcool est présente dans près d’un accident mortel sur deux (48 % en 2012). »

Les alcoolémies associées à un accident mortel sont pour près des deux tiers des alcoolémies supérieures à 1,5g/l de sang. « Parmi les conducteurs impliqués ayant une alcoolémie positive, pour 10 % d’entre eux elle est comprise entre 0,5 g/l et 0,8 g/l, et pour plus de 60 % supérieure à 1,5 g/l. » Ceci est cohérent avec l’étude SAM précitée, qui montre que le sur-risque, qui existe pour tous les taux d’alcool dans le sang, augmente de façon importante au-delà de 0,5g/l dans le sang.

Le risque de l’alcool au volant ne doit pas être confondu avec l’alcoolo-dépendance Les statistiques de la sécurité routière, comme celle des infractions relevées en matière d’alcool, permettent uniquement de connaître le taux d’alcool dans le sang des personnes qui ont un accident corporel ou sont testées positives à l’alcool. Elles ne permettent aucunement de connaître le rapport à l’alcool des conducteurs concernés.

La première erreur serait donc de considérer que les personnes conduisant avec de l’alcool dans le sang, notamment avec un taux élevé, sont toutes alcoolo-dépendantes (« alcooliques » dans le langage commun). Les conducteurs alcoolisés peuvent en effet tout aussi bien être des personnes rentrant d’une fête familiale un peu trop arrosée, que des jeunes ayant des pratiques ponctuelles d’alcoolisation

24 Seuls les séniors de 75 ans et plus présentent un taux faible (4,1 %) de conducteurs alcoolisés dans les accidents mortels.

175 festive, des personnes ayant une consommation régulière importante d’alcool, nocive pour la santé sans être dépendants, des salariés ayant des pratiques d’alcoolisation sociale habituelles ou bien encore des personnes alcoolo-dépendantes.

Certes, des indices peuvent exister pour cerner les « véritables alcooliques » : récidives multiples, alcoolisation le matin… Mais ces éléments ne figurent pas dans les statistiques de l’ONISR ou des forces de l’ordre.

Seul point commun de ces conducteurs, leur infraction atteste qu’ils ont eu, au moins une fois, une conduite à risque en matière d’alcool puisqu’ils ont pris le volant avec un taux d’alcool dans le sang les mettant en danger ainsi que leurs passagers et les autres usagers.

Il convient en outre d’insister sur l’effet de latence de l’alcool, encore bien présent dans le sang après plusieurs heures de repos, sans que les personnes concernées en soient conscientes. On compte classiquement deux heures pour éliminer une dose d’alcool, ces temps variant selon le sexe et la corpulence ; un jeune qui a bu 10 verres le samedi en soirée devra donc attendre au moins 16 heures avant de conduire à nouveau sans risque.

Les pratiques d’alcoolisation ponctuelle à risque demeurent chez les jeunes

Les pratiques d’alcoolisation massives de type festif ont toujours existé. L’ensemble des études s’accorde sur une consommation d’alcool en baisse des jeunes, dans la moyenne européenne. « En revanche, les études pointent une augmentation des ivresses ou consommations ponctuelles importantes et la diminution de l’écart de consommation entre garçons et filles, ces dernières buvant plus qu’auparavant. ».

Les jeunes et l’alcool - évolution des comportements, facteurs de risque et éléments protecteurs

« Selon l’enquête Ireb 2007, la majorité des jeunes Français de 13 à 24 ans consomme de l’alcool de façon modérée, une fraction boit de façon abusive ponctuellement – proportion qui s’élève toutefois, notamment chez les filles – et une minorité – 6 % des garçons, 2 % des filles – présente de graves problèmes avec l’alcool.

Le contrôle parental joue un rôle modérateur décisif. Si les problèmes s’expriment plus fortement lorsque l’âge augmente pour fléchir à partir de 23-24 ans, des facteurs de vulnérabilité jouent dès avant. L’ensemble des enquêtes converge sur le fait que la consommation baisse légèrement, à l’instar de celle des adultes, mais que les ivresses sont en hausse (Amsellem-Mainguy, 2011). »

Laure Com-Ruelle, Nelly Le Guen (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) nov. 2013 Ces phénomènes concernent majoritairement la population des 17 à 23 ans, celle qui est par ailleurs à risque du fait d’une faible expérience de la conduite.

176 3.1.3 Le facteur stupéfiant est plus mal connu

Le recul sur la part des accidentés sous l’emprise de stupéfiant est moins important, les tests de dépistage étant plus complexes et onéreux et donc moins systématiques.

« La présence d’un test positif aux stupéfiants chez au moins un conducteur impliqué dans un accident mortel se situe depuis 2008 entre 22 % et 26 % (23,2 % en 2012). Dans 42 % des cas, le conducteur est présumé responsable de l’accident. »

Selon l’ONISR (2012), la moitié des conducteurs positifs aux stupéfiants impliqués dans un accident présente un taux illégal d’alcool. Les 25-44 ans cumulent plus souvent ces deux facteurs que les autres tranches d’âge.

3.2 Le dépistage des addictions au volant ne peut pas être suffisamment dissuasif malgré la

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