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PARTIE II – ACTUALITES DE L’HYPNOSE MEDICALE

3) La phase de travail pendant la transe

3.7. La rhétorique hypnotique

Durant la phase de travail le praticien utilise des moyens spécifiques de communication afin de mener le patient vers ses propres ressources.

3.7.1. La grammaire hypnotique 3.7.1.1. Les pronoms personnels

. le « je » renforce chez le sujet l’impression de se confondre avec l’hypnotiseur dans une relation fusionnelle, que l’on retrouve dans la relation mère/nourrisson. Or, certains auteurs comme L. KUBIE en 1961, cité par D. MICHAUX (143)identifient l’essence de la relation de l’hypnotiseur au sujet comme l’abolition des frontières du “je“ et du “non je“ de ce dernier, venant se confondre alors avec l’hypnotiseur.

Il peut de plus être utilisé lors de l’apprentissage de l’autohypnose.

. le « il » permet d’accentuer le langage dissociatif, en parlant par exemple d’une partie du corps que le sujet observe : « cette main devient légère, elle s’élève lentement vers le

. le « nous » accentue la complicité entre le patient et le praticien, et met l’accent sur un travail qui est fait en équipe. Il situe les protagonistes comme co-thérapeutes, dans la réalisation d’un même objectif.

. le « vous » est utilisé plutôt en début ou fin de séance afin de se réassocier, car il crée une certaine distance avec le thérapeute et peut isoler.

3.7.1.2. Les temps de conjugaison

En hypnose la conjugaison employée diffère de celle que nous utilisons habituellement, en effet la relation au temps se trouve être modifiée. De plus, nous parlons au cerveau figuratif. . Il est préférable de parler des expériences négatives du passé, au passé. Nous les laissons derrière nous, les éloignons de l’expérience présente : « Quand vous aviez vécu cet

accident… »

. Les expériences positives du passé se conjuguent au présent. Il s’agit de réactualiser un sentiment de confort ou un apprentissage, une ressource dans l’ici et le maintenant afin de pouvoir projeter, généraliser cela dans le futur en train de se construire.

Une technique utilise même des fautes de conjugaison volontaires car cela n’est pas perçu comme tel en hypnose mais permet, en plus de l’emploi de la confusion décrite ci-après, de revivre au présent un événement passé : « Revoyez-vous en classe, plus jeune et vous écoutez

le professeur… »

.Les anticipations du futur, comme préparer un examen ou un accouchement par exemple, se conjuguent au présent. Elles ne s’inscrivent pas dans l’avenir, qui lui peut être incertain. Par exemple dire « demain je fais » a beaucoup plus d’impact que « demain je ferai » ou

« demain je vais le faire ».

.Il peut exister un passé du futur, correspondant à la technique d’ERICKSON(75)de “pseudo- orientation dans le temps“ : « Ça s’est passé comme cela, la semaine prochaine » disait le lapin à Alice…

L’inversion temporelle est un outil hypnotique important lors de la réalisation des séances.

3.7.1.3. La négation

Le langage hypnotique mobilise l’imagination du patient, or le concept de négation fait défaut au langage figuratif.

obligés de penser à cette voiture de couleur rouge avant de comprendre la phrase. De même si l’on dit à un patient anxieux ou douloureux : « Ne faites pas attention à cette sensation dans

votre jambe », on l’amène justement à être attentif à sa jambe.

Ainsi il vaut mieux ne pas utiliser la négation pendant la transe hypnotique, afin d’éviter de provoquer des réactions non voulues.

Néanmoins, elle peut parfois être utilisée pour contourner certaines résistances en suggérant de ne pas répondre à la proposition faite : « Je vous demande de ne pas vous détendre trop

vite, de ne pas fermer les yeux trop vite… », et peut faciliter la coopération : « Je ne sais pas si vous avez remarqué cette main qui devient plus légère… ».

3.7.1.4. Les questions

Elles permettent une forme particulièrement intéressante de suggestion indirecte, en focalisant l’attention et la conscience de la personne, stimulant ses associations inconscientes et facilitant sa réceptivité.

La question n’amène pas forcément une réponse, mais permet de susciter un travail chez le sujet d’autant plus que la forme permissive accentue la centration sur la personne et l’activation de ses ressources intérieures, selon G. SALEM (167).

De plus les suggestions interrogatives introduisent de façon simple les truismes ou les “double liens“, dont nous parlerons un peu plus loin, facilitant ainsi les séquences d’acceptation, comme par exemple : « Pouvez-vous vous souvenir, comme il est agréable et relaxant de

s’allonger au soleil chaud et de sentir la chaleur sur votre peau ? »

3.7.1.5. La suggestion composée

Il s’agit d’énoncer et de relier plusieurs propositions, dont les premières sont des évidences et la dernière aléatoire est une suggestion. Cela amène l’esprit du patient à les associer comme étant toutes évidentes : « Vous êtes maintenant dans mon bureau… confortablement installé

dans ce fauteuil… et vous trouvez progressivement un soulagement à votre inconfort. »

De plus, les suggestions sont plus efficaces lorsqu’elles sont reliées entre elles, se renforçant mutuellement.

L’on utilise en outre ce type de suggestion pour déclencher des comportements post- hypnotiques, c'est-à-dire des réactions inconscientes une fois la séance d’hypnose terminée :

votre pouce et sentir la douleur puis vous apercevoir que les sensations nerveuses et désagréables disparaissent. »

3.7.1.6. La suggestion implicite

Elle est donc sous-entendue, et laisse le sujet construire inconsciemment mais à son rythme l’aspect hypnotique des implications psychologiques. Elle s’intègre généralement dans une directive globale divisée en trois partie. La première fixe le cadre temporel et centre le patient sur la suggestion à suivre, la seconde correspond à la suggestion implicite, et la troisième est une réponse comportementale indiquant que la suggestion a été suivie, ainsi que l’explique Y. HALFON en 2007 (143):

« Dès que vous saurez… / qu’il n’y a ici que vous ou moi, ou seulement vous et ma voix…/ votre main droite va descendre en direction de votre cuisse… »

3.7.1.7. La suggestion post-hypnotique

Comme dit précédemment, il s’agit de la suggestion directe ou indirecte donnée au sujet alors qu’il expérimente le processus hypnotique, et à laquelle il répond inconsciemment après être sorti de la séance d’hypnose. Elle est censée être adressée à l’inconscient, et se manifeste ultérieurement parvenant alors à la conscience du sujet, mais généralement de façon incomplète. Une suggestion post-hypnotique peut se montrer efficace longtemps après qu’elle ait été donnée. Elle peut être associée à certains comportements : « Lorsque vous serez

réveillé dans un moment, comme l’on se réveille chaque matin, vous vous sentirez plein d’énergie, et l’inconscient pourra vous faire à nouveau bénéficier de ses ressources… »

3.7.2. Les truismes et la séquence d’acceptation 3.7.2.1. Le truisme

C’est une observation de “bon sens“ qui paraît être si évidente qu’elle semble incontournable. C’est une forme masquée d’argumentation irréfutable, utilisée pour amener l’acceptation de la suggestion qui suit, en se basant sur l’acceptation du truisme : « Chaque personne est unique, nous le savons tous, c’est pourquoi vous pouvez éprouver l’hypnose profonde dans votre propre façon unique . »

En effet il est important afin d’obtenir des réponses affirmatives de créer dans l’esprit du patient une disposition à l’acceptation.

Le truisme est beaucoup utilisé en hypnose pour créer une séquence d’acceptation, le “yet set“ ericksonnien qui entraîne consciemment ou non des acquiescements, amenant plus facilement la réalisation d’une proposition faite par l’hypnothérapeute (76).

3.7.2.2. La séquence d’acceptation

Il est toujours très intéressant de commencer par une séquence d’acceptation autour d’évidences sensorielles pour induire l’état hypnotique. Les suggestions que l’on présente sous la forme de truismes créent une séquence d’acceptation : « Vous êtes assis dans le

fauteuil et vous entendez les différents bruits autour de vous, vous pouvez écouter ma voix et sentir l’air calme de la pièce, en effet chacun de nous a déjà fait l’expérience de marcher par une froide journée d’hiver avec l’air froid sur le visage, tandis que le reste du corps est bien protégé par les vêtements…, tout en prenant conscience de la position de votre corps… et vous pouvez entrer dans un état de plus grande détente en fermant les yeux, votre respiration se faisant plus calme et plus profonde. »